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Christine Jordis, écrivain, critique littéraire et éditeur, fait pour l’esquisse d’un panorama du roman français contemporain. Invitée par l’Alliance Française de Hong Kong le 27 mai, elle parlera à La Médiathèque du métier d’éditeur en France au temps de la Mondialisation.
• MODIANO Patrick, photo C. Hélie Gallimard COUL |
Quand on se propose de dresser un panorama du roman français contemporain, les premières questions qui viennent à l’esprit sont : se porte-t-il bien ? est-il, comme d’aucuns le prétendent, surpassé par le roman « étranger » ? évolue-t-il et peut-on discerner les signes d’un renouvellement ? quels grands romanciers s’imposent et le dominent ?
On remarque tout d’abord qu’on n’a jamais publié tant de romans : plus de six cent nouveaux titres lors de la « rentrée littéraire » d’automne, parmi lesquels journalistes, critiques et membres des jurys littéraires se débattent aussi bien qu’ils le peuvent, faisant face à l’afflux, le phénomène - fait nouveau - se renouvelant à la rentrée de janvier, où le même nombre de livres ou peu s’en faut arrivent sur la scène. Ce trop-plein, s’il témoigne d’une belle vitalité du roman, peut produire sur les libraires et les lecteurs une impression d’égarement : comment se diriger dans cette pléthore d’ouvrages ? quels romans distinguer ? ne va-t-on pas passer à côté d’un livre important qui aurait mérité d’être sauvé ? En effet, une telle abondance se paye d’une sorte d’invisibilité pour bon nombre d’œuvres qui, passées quelques semaines, seront chassées de la librairie par une nouvelle vague de livres tout aussi tentants, et n’auront donc duré que l’espace d’une saison pour s’effacer par la suite du paysage – définitivement, qui sait ? Une autre conséquence de cet état de choses est qu’aucune figure ne le domine de façon évidente. Certes, Jean-Marie Le Clézio a récemment reçu le prix Nobel, mettant ainsi la culture française à l’honneur et attirant sur elle le feu des projecteurs du monde entier. Certes, chaque année un certain nombre de jeunes écrivains émergent avec fracas et déboulent sur le devant de la scène, faisant monter l’espoir (est-ce là le nouveau Proust, ou Céline, ou…) – mais pour combien de temps ? Et n’est-ce pas l’effet d’un lancement marketing réussi qui joue sur les modes et humeurs du moment ? Quels critères utiliser dans le tapage ambiant pour distinguer ce qui est destiné à s’inscrire dans le temps : à rester ?
Cependant, pour brouillé que soit le paysage, quelques lignes de force s’en dégagent si on l’observe de près. Je vais tenter de les évoquer, rassemblant ainsi un certain nombre d’auteurs qui comptent, sachant que je devrai en laisser d’autres qui comptent tout autant dans l’ombre, tels Jean Echenoz ou Jean-Philippe Toussaint, par exemple, que ce bref survol ne permet pas d’inclure (mais, après tout, une récente histoire de la littérature française au XXème siècle ne proposait-elle pas un index de sept pages de noms serrés ?)
Première constatation : les frontières se sont effacées entre récit, roman, essai, autofiction, ou, tout au moins, on ne sait plus exactement où les situer. Nombre d’ouvrages en prose intitulés « roman » procèdent en fait d’une écriture non romanesque, ou partiellement romanesque, et se placent délibérément hors du « code balzacien » fixé au XIXème, encore soutenu par ces critiques qui s’indignent de voir paraître « sous le nom fallacieux de roman », une « avalanche de chroniques romancées, de confessions romancées, d’essais romancés… fonctionnant comme la négation même de l’art qui avait émergé avec Rabelais et Cervantès ». Ainsi, quand Dernier royaume, de Pascal Quignard reçut le prix Goncourt en 2002, les mêmes critiques poussèrent de hauts cris : il ne s’agissait en aucune façon d’un roman, mais plutôt d’une méditation sur le « jadis », espace temporel d’avant le récit, que l’écriture, par des formes indirectes, tentait de capter. Situé fort loin de ce travail d’écriture, donc plus susceptible encore d’être attaqué, le récit de Jean-Louis Fournier, Où on va papa ?, l’histoire d’un père et de ses deux fils handicapés, un tour de force d’humour douloureux, lorsqu’il reçut en 2008 le prix Fémina du roman, fut démoli avec violence par certains journaux (avec le jury qui l’avait couronné), offensés que le mot roman soit ainsi détourné de son sens classique : là encore, ce n’était pas un roman, c’est-à-dire le déploiement d’un monde imaginaire, mais une relation purement autobiographique.
L’évocation de l’intime
Quoi qu’en aient ces critiques, il faut reconnaître que certains des meilleurs prosateurs de la littérature française actuelle s’expriment dans des œuvres qui ne sont romanesques qu’en partie et touchent aussi bien à l’essai, au pamphlet, à la méditation, à l’évocation de l’intime… Ainsi le travail d’Annie Ernaux qui, avec La Place (1984), premier roman directement inspiré par sa vie et racontant la mort du père - un ouvrier agricole en Normandie -, en arrive à une sorte d’autobiographie sociologique : le particulier y renvoie au général. Son livre le plus récent, Les Années (2008), qui connut un immense succès, organise certes une descente en soi, mais à travers « les marqueurs d’époque » qui ont constitué le moi, en recensant les preuves matérielles, extérieures d’une existence : « Une vie, c’est une expérience unique, mais d’abord un lieu commun », c’est une chanson, une coupe de cheveux, une émission télévisée… un contexte qui appartient à tous à un moment donné de l’Histoire. Ou encore : « Mes livres, c’est la fusion la plus étroite possible entre le collectif et l’individuel. » Annie Ernaux ne cherche pas ce qui la distingue et la définit en propre, mais au contraire ces éléments qui lui permettent de se fondre dans une totalité indistincte. En ce sens, sa démarche, pourtant inspirée par le tracé de sa vie, est radicalement différente de l’écriture de soi pratiquée par Christine Angot ( dont le roman, L’inceste, 1999, eut un succès de scandale) ou par Camille Laurens, qui explore dans une langue à la fois précise et ludique le romanesque amoureux dans ce qu’il comporte de fictif, de fantasmé, et de réel (Dans ces bras-là, prix Fémina 2000) ; ou encore par Catherine Millet, avec La vie sexuelle de Catherine M. (2001), où la narratrice raconte de façon totalement distancée, si bien que s’instaure une impression d’irréalité, les divers ébats pornographiques auxquels elle participe (en 2005, deux millions et demi d’exemplaires de ce livre s’étaient vendus de par le monde, témoignant d’un succès auquel personne ne s’attendait, pas même son éditeur) ; Jours de souffrance (2008), qui la met en scène avec son compagnon, Jacques Henric, est une analyse des dérives, hantises et obsessions de la jalousie sexuelle à l’intérieur du couple qu’ils forment.
• ERNAUX Annie, photo C. Hélie Gallimard COUL |
L’œuvre de Patrick Modiano exerce sur le lecteur une fascination étrange et continue ; elle comporte, elle aussi, un versant autobiographique, notamment dans Un pedigree (2005), où il parle directement de la mort de son frère. Modiano, archéologue de la mémoire, conserve jusqu’au moindre document : enquête minutieuse afin de recueillir des informations à propos de lui-même, de proches, ou d’inconnus - telle Dora Bruder, la jeune juive d’un fait divers - disparus, traqués dans la France de l’Occupation, une époque qui reste inscrite en lui. La petite musique qui se dégage de son œuvre fait de lui l’un des écrivains les plus subtils, comme les plus poétiques, de la littérature actuelle.
Alors sont-ils des romans, des essais, des confessions, ou de l’autofiction, ces livres qui ont marqué leur époque ?
La « littérature-monde » et la littérature « de la terre perdue »
La « littérature-monde » et la littérature « de la terre perdue »
A l’opposé d’une littérature centrée sur la recherche du moi, la « littérature-monde », selon l’expression employée dans un manifeste que signèrent en 2007 quarante écrivains regroupés par le fondateur de festivals et romancier Michel Le Bris (La Beauté du monde, 2008). Leur but : donner toute sa place à une littérature ouverte sur le monde, qui ne relèguerait plus dans les marges les auteurs dits « francophones ». Et retrouver le romanesque du roman en réhabilitant la fiction. Le plus connu des signataires est sans doute Jean-Marie Le Clézio, qui se définit lui-même comme un écrivain « français, donc francophone », et envisage la littérature comme « un bon moyen de comprendre le monde actuel ». La contestation, et même la révolte, est le trait le plus marqué et le plus permanent de son œuvre : dénonciation de la société urbaine et de sa brutalité, remise en cause du monde occidental, insistance sur la « guerre » cynique menée par le monde mercantile, sur le scandale de l’exploitation des enfants… La Ritournelle de la faim, publié au moment où il recevait le Nobel, et rédigé en Corée, à l’université de Séoul où il enseigne la poésie et le roman français, est le roman des origines, l’adieu à l’enfance, le livre de la mère, la chronique d’une apocalypse annoncée… Loin de se cantonner à un seul chemin, l’œuvre de Le Clézio veut tous les explorer.
Avant d’aborder aux rivages de la francophonie, sans doute faut-il placer, en regard de la « littérature-monde », une littérature de l’enracinement, ou plutôt, de « la terre perdue ». Des récits qui s’ancrent en province et témoignent du monde rural, non pas de façon réaliste, ni même nostalgique, mais « dans un rapport mystique à la dépossession », comme l’a écrit le jeune critique et romancier Yannick Haenel (Cercle, 2007). Pierre Michon (Vies minuscules, 1984), Richard Millet (La Gloire des Pythre, 1995) et Pierre Bergounioux (La Mort de Brune, 1996) comptent parmi les plus grands écrivains de prose aujourd’hui; ils illustrent cette ligne littéraire qu’on appelle « sédentaire ».
La grande vitalité des cultures francophones
La chance d’un vrai renouvellement du roman français vient de la grande vitalité des littératures francophones. Les écrivains sont originaires des Antilles, tels Edouard Glissant, Raphaël Confiant, Maryse Condé ou Patrick Chamoiseau, l’auteur de Texaco (1992), chronique d’un quartier populaire de Fort de France, où se pose la question de la langue : celle qui est chargée de dire l’histoire des pauvres. Mais les auteurs peuvent aussi provenir d’Afrique noire : c’est le cas d’Amadou Kourouma, du Guinéen Tierno Monénembo (Le Roi de Kahel, prix Renaudot 2008), ou d’Alain Mabanckou, qui, lui aussi, reçut le prix Renaudot pour Mémoires d’un porc-épic (2006), après que son roman, Verre cassé, (2005), une anthologie jubilatoire de la littérature composée à partir de bons mots entendus dans les cafés, l’avait fait remarquer du public et de la critique. Ils arrivent du Maghreb, comme Tahar Ben Jelloun (prix Goncourt pour La Nuit sacrée, en 1987), Salim Bachi, Yasmina Quadra ou Boualem Sansal, dont Le Serment des barbares (1999) révéla aux lecteurs un grand écrivain, et Le Village de l’Allemand (2008), avec l’équation faite entre nazisme et terrorisme, fit courir une onde de choc dans le public. Citons aussi ces écrivains venus d’ailleurs qui ont choisi d’écrire en français, telle Nancy Huston, de nationalité canadienne, avec Lignes de faille (prix Fémina 2006), une traversée des horreurs du siècle, et Dai Sijié, un écrivain chinois, auteur d’un roman à succès (dont un film a été tiré) Balzac et la petite tailleuse chinoise (2000), et du Complexe de Di qui obtient le prix Fémina en 2003. Notons que ces auteurs ont été rapidement remarqués et souvent couronnés par des prix littéraires, ce qui témoigne de l'intérêt porté, tant par la critique que par le public, à l'élément de renouveau dans la littérature française, qu'il s'agisse d'un élargissement des thèmes, d'un rapprochement des cultures ou d'innovations dans le domaine de la langue. (Chamoiseau, Glissant, Confiant, Mabanckou, Boualem Sansal….)
Avec ces auteurs venus d'horizons différents, confrontés à la problématique de la langue dans laquelle écrire aussi bien qu'à celle d'une situation politique particulière, le roman recule les limites de son champ d'investigation et continue à nous offrir le miroir de notre devenir.
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克里斯蒂娜.若爾迪斯 (Christine Jordis) 是一名作家、文學評論家及出版家,她為《東西譚》提供了一幅法國當代小說的簡圖。應香港法國文化協會之邀,她將於5月20日蒞臨法協的多媒圖書中心作一個有關全球化時代法國出版業的專題講座。
當我們欲對法國當代小說作一個簡略介紹時,首先想到的是它健康嗎?它是否有如一些人所說的為〝外國〞小說所超越?它有否發展?可否見到革新的跡象?有哪些重量級的作家坐鎮,執小說創作的牛耳?
首先我們看到,僅秋季的〝文學節〞,竟出版了六百多部小說,這是前所未有的。於是記者、文學批評家、文學獎的評委旋即爭論不休,並須面對一月份冬季的出版潮,大概亦有同樣數目的小說出版問世。這龐大的數目雖展現了小說創作的生機勃勃,但亦令讀者和書商感到茫然。如何在這汗牛充棟的小說堆中辨別?抉擇?會否與一本值得閱讀、足堪珍藏的小說失之交臂、擦肩而過?確實,如此浩瀚的書籍致令許多書幾乎無人問津,在書店裡滯留幾個星期後,便被新的所取代。它們只存在一個季節,便從風景線上消失,是否永遠銷聲匿跡,有誰知道?這種情形的另一個後果則是沒有一個明顯地高人一籌的作家出現。不錯,讓-瑪利.勒克萊齊奧榮膺諾貝爾文學獎,為法國文化帶來無上光榮,令全球的目光都向它投射過來。不錯,每年都有一定數目的青年作家脫穎而出,現身前台,令人感到鼓舞(是否出現了當代的普魯斯特,又或者塞利納?)但這能持續多久?是否這只是商業炒作形成的時尚潮流?在週遭亂哄哄的氣氛中,有哪些標準供我們辨別那些真正經得起時間考驗、可載入文學史冊的作品?
• LAURENS Camille |
雖然情況很亂,但仔細審視,從中亦可理出一些眉目來。我試着介紹一些作家。有些作家,限於篇幅,只好割愛,暫放一邊。最近出版的二十世紀法國文學史不也無法面面俱到,而用了整整七頁的索引,密密麻麻的排列了作家的名字供查閱嗎?
首先應注意到的一點是,故事、小說、散文、自傳體小說的界線已經消失,或者至少不能明確界定。許多作品都冠以〝小說〞之名,而實際上並非小說的寫法,或者只是部份用了小說寫法,完全脫離了十九世紀就已製訂的、至今仍為文學批評家景從的〝巴爾扎克創作法〞。因此,當他們看到這些欺世盜名的小說排山倒海而來時,異常憤怒。〝小說般的軼事、小說般的懺悔錄、小說般的隨筆洶湧而來,彷彿有意否定隨同拉伯雷和塞萬提斯一起誕生的小說藝術。〞因此,當Pascal Quignard的《最後王國》(Dernier Royaume)獲得2002年度龔固爾獎時,批評之聲不絕於耳:這根本不是甚麼小說,只能說是對〝往昔〞的沉思追憶,對故事發生前的時空以間接的手法加以捕捉。Jean-Louis Fournier寫的《爸爸,我們往哪裡去?》(Où on va papa ?)一書,由於與小說創作相距甚遠,更加遭人非難。這是一個爸爸和兩個殘廢孩子的故事。當該書於2008年獲費明娜獎時,即遭某些報刊的大肆攻擊,連頒獎與它的評審員也未能倖免。他們為小說一詞竟如此背離傳統的含義而憤憤不平:這又是一本偽小說,這只是對虛幻世界的描寫,純粹個人身世的敘述。
私人生活的敘述
不管如何批評,應該看到法國當代文學的一些散文高手創作不完全以小說手法寫的小說,以及隨筆、抨擊文章、思考、個人生活的敘述等等。比如Annie Ernaux的《廣場》(La Place, 1984),是她第一部直接取材於個人生活的小說,敘述她父親,一個諾曼底農業工人的死。可謂一本具社會學色彩的自傳體小說:以個性反映共性。她的近作《歲月》(Les Années, 2008)獲得很大的成功。她透過構成自己的〝時代印記〞,細數週遭的物質,我們生活其中的外界以探索自己。她說︰〝生命,這是一個特殊的經驗,但首先是一個普遍的東西〞。這是一首歌,一次剪髮,一次電視廣播……,是歷史的長河中某一時段所有人生活的背景。她又說:〝我的書是集體與個體的緊密結合。〞Annie Ermaux 不尋找與眾不同、純屬自己的東西,相反,她尋找的是令她和模糊的整體融為一體的東西。在這個意義上,她的取材於自己生活的寫作方法和Christine Angot或Camille Laurens專寫私隱的寫作方法迥然不同。前者的《亂倫》(L'inceste, 1999)一書令人嘩然,引起公憤。後者則在獲2000年度費明娜獎的《懷抱中》(Dans ces bras-là)一書裡,以既精確又富娛樂性的語言描寫虛構、荒謬、真實的愛情故事。Annie Ermaux 與Catherine Millet的寫法亦截然兩樣,後者在《卡特琳M的性生活》(La vie sexuelle de Catherine M. 2001)一書裡,敘述她本人亦參與其中的男女交歡的種種淫穢場景,由於她以超然的態度寫來,因此給人以一種不真實感。這本書僅2005年,即在全世界銷售了250萬冊,成績卓然,始料不及,連出版商也為之瞠目。而她的《痛苦的時日》(Jours de souffrances, 2008)則是描述了自己和男友的故事,分析了情侶內心深處那漂浮的、糾纏不休、揮之不去的性的嫉妒。
Patrick Modiano的作品對讀者則有一種奇特、持久的魅力。他的小說亦有自傳體的一面,尤其在《家譜》(Un pedigree, 2005)一書裡,他直接談到他的兄長Modiano的死。這位兄長可說是一個記憶的考古學家,他收藏了各種文獻檔案,巨細無遺;他窮根究底,蒐集有關自己、親友及陌生人的材料,如一則新聞裡提到的一個叫 Dora Bruder 的猶太姑娘。這些人在法國佔領時期被逮捕或失蹤,這是深刻在他腦海裡的一個時代。他書中漫溢出的一種樂音使他成為當今法國文學中最敏銳、最富詩意的作家之一。最後不禁要問一問,這些影響我們時代的作品,究竟是小說、散文、懺悔錄又或者是自傳體小說?
〝世界 - 文學〞及〝偏遠地方〞文學
與以探索自我為中心的文學相對的是一種〝世界 - 文學〞。這個稱謂是該流派發起人及小說家Michel La Brise (《世界之美》La Beauté du monde, 2008)召集的四十名作家於2007年共同簽署發表的宣言中首次使用。他們的目的是:予一種面向世界的文學應有的地位。其中表表者無疑當屬諾貝爾獎得主讓 – 瑪利.勒克萊齊奧。他自稱是用〝法語寫作的法國作家〞,並視文學為〝瞭解現今世界的最好方法〞。不滿、甚至反抗,是他作品永恆的主旋律。他揭露城市生活的野蠻粗暴、重審西方社會的價值觀、鞭韃唯利是圖社會的醜惡〝戰爭〞、對兒童的侵犯和剝削等等。《饑餓前奏曲》(La Ritournelle de la faim)是他於韓國首爾大學教授詩學和法國小說期間寫的,並在他榮獲諾貝爾文學獎之際出版問世。這是一本描述自己身世的小說,告別童年,追憶母親,一場即將來臨的災難的故事…… 他不局限於一種題材,他欲探知一切。
• Mabanchou, ACHermance |
在探論法語文學之前,似乎應將另一類文學和〝世界 - 文學〞相提並論,這便是原鄉文學,或稱〝偏遠地方〞文學。植根於外省的這類小說表現了一種鄉村世界,既非寫實亦非鄉愁的流露,正如年輕的文學批評家及作家Yannick Haenel (《圓圈》Cercle, 2007)所說的,它〝 和剝奪有一種神秘的關係〞。Pierre Michon (《Vie minuscules》, 1984)、Richard Millet (《La Gloire des Pythre》, 1995)、Pierre Bergounion (《La Mort de Brune》, 1996),均是今天富有才華的作家,他們發揚光大了這類稱作〝 家居〞(Sédentaire)的文學派別。
法語文化的強大生命力
法國小說的創新來自法語文學強大的生命力。這些作家有來自安得列斯的,如Edouard Glissant,Raphaël Confiant,Maryse Condé及Patrick Chamoiseau ,後者是《Texaco》(1992)一書的作者,該書描述法蘭西堡平民區的故事,作者使用的是敘述窮人故事的語言。還有一些是來自黑非洲的作家,如Amadon Kourouma,幾內亞人Tierno Monénembo,他的《卡赫爾王》(La Roi de Kahel)榮膺2008年度勒諾多獎。尚有Alain Mabanekou,他的小說《爛玻璃杯》(Verre cassé, 2005)是以咖啡館的通俗語言寫成的歡快小說,甚獲批評界及讀者好評。後又憑《箭豬的回憶》(Mémoires d'un porc-épic, 2006) 一書榮奪勒諾多獎。還有一些作家來自馬格里布,如Tahar Ben Jelloun ,他的《神聖之夜》(La Nuit sacrée, 1987)榮獲龔固爾獎。Salim Bachi,Ysmina Quadra,Boualem Sansal,後者的《野蠻人的誓言》(Le Serment des barbares, 1999)一書証明了他是一位有才氣的作家。而他的《德國鄉村》(Le Village de l'Allemand, 2008)遊弋於納粹和恐怖主義之間,令讀者不寒而慄。還應提一提來自其他地方用法語寫作的作家,如加拿大人Nancy Huston,她憑《斷層線》(Lignes de faille)一書榮獲2006年度費明娜獎,該書穿越了世紀的醜惡。還有中國作家戴思杰,他的小說《巴爾扎克和小裁縫》(Balzac et la petite tailleuse chinoise, 2002)獲得極大成功並被搬上銀幕。而他的《Le Complexe de Di》則榮獲2003年度費明娜獎。應該注意到這些作家很快便被人發現並經常獲頒文學獎。這証明無論是批評界抑或廣大讀者,對法國文學中出現的新因素,如題材的豐富多采,各種文化的比較,語言的革新試驗(Chamoiseau,Glissant,Confiant,Mabanckou,Boualem Sansal ……)均表現了極大的關注。
這些來自世界各地的法語作家,面對他們借以寫作的語言以及各自面臨的政治問題,將小說的探索範疇推遠擴大,不斷地為我們提供反映我們自身改變的一面鏡子。 |
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