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• Xing Dan Wen, photographe, Pékin, 2009 |
Le photographe français Simon Virgile Bertrand est un maître du portrait. Travaillant internationalement, il vit à Hong Kong depuis de nombreuses années et expose à l’automne son travail de ces dernières années : des photos d’architectures et des portraits, un art pour lequel il voue une véritable passion, s’attachant autant à la personne qu’à la relation qu’elle entretient avec l’espace qui l’environne.
En 2003 Virgile Simon Bertrand avait été lauréat de la Meilleure photo de l’Année décernée par le Hong Kong Foreign Correspondent’s club, l’œuvre en question était un portrait de l’évêque hongkongais Joseph Zen, avant que le pape ne le nomme cardinal. L’évêque était photographié descendant un simple escalier intérieur d’immeuble, aux murs carrelés de vert, sous la lumière plongeante d’un vasistas. Décrivant ce lieu inhabituel pour faire un portrait, Bertrand se référait à l’architecte Louis Kahn : « L’escalier est un espace de transition où de façon presque imperceptible, on change d’espace physique et mental. On peut l’imaginer avec un palier où un paysage se dévoilerait à la personne qui monte, un désir ou une aspiration à la réflexion, au repos ». L’espace joue un rôle majeur dans les portraits de Bertrand qui a aussi photographié certaines des architectures les plus innovatrices du monde comme Chandigarh de Le Corbusier, Brasilia de Oscar Niemeyer ou le container Mobile Art de Zaha Hadid.
Virgile Simon Bertrand est un familier de l’Asie, basé à Hong Kong, il y travaille depuis la fin des années 1990. Sa carrière a débuté en France. Il a d’abord étudié les arts appliqués à l’Ecole Boulle à Paris, l’art graphique à l’Ecole Duperré (Paris) et la photographie à l’Ecole nationale de la Photographie de Arles. Il a commencé sa carrière comme assistant du photographe de Magnum, Abbas, avant de devenir photographe à l’Opéra de Paris. Il a exposé à Tai Pei, Hong Kong, Paris et Arles et à la National Portrait Gallery à Londres où son portrait de l’artiste chinoise de Pékin, Yin Xiu Zhen a été nominé au Taylor Wessing Portrait Prize. Il fut aussi cette année 2009 l’un des finalistes des AOP Awards dans la catégorie « Best Commisioned Portrait » et de la Hasselblad Masters Competion dans la catégorie « architecture ».
Cette exposition qui compte environ 80 œuvres est surtout axée sur l’architecture et le portait. Deux choses qui sont étroitement imbriquées dans son œuvre. Beaucoup sont des portraits de gens du monde de l’art contemporain, des artistes de Chine ou de Hong Kong ( Ho Siu Kee, Lee Man Sang, Bessmertny), des écrivains ou gens du cinéma (Zhang Yimou, Jia Zhang Ke, Josephine Siu Fong Fong) ou de la mode (Giorgio Armani), mais aussi des inconnus. Bertrand a récemment exposé à Arles, lors des rencontres internationales de la photographie en juillet 2009, une série de portraits d’adolescents et adolescentes de Hong Kong, à l’âge où ils basculent de l’adolescence à l’âge adulte. Ils sont photographiés sur un toit d’immeuble de Mongkok, à la fin du jour, heure où la lumière s’obscurcit. Afin d’éviter toute interférence du photographe, il les a pris à distance très rapprochée. Ces visages sont à ses yeux intéressants car ils donnent une image incertaine de ces jeunes comme hésitant entre l’enfance et l’âge adulte.
• Wang Qiang, Pékin, 2008 |
La distance entre le photographe et son sujet est l’une des composantes essentielles du portrait, elle peut rendre l’un ou l’autre à l’aise ou au contraire mal à l’aise. Il en est de même de l’environnement où évolue le sujet. Pour Bertrand cela n’influe pas réellement sur la véracité d’une photo, car « un portrait reste toujours une sorte de théâtre, une fabrication, un décor : c’est plus ce qu’on imagine être la vérité qu’une quelconque vérité. »
Cette question de distance est ce que la commissaire de l’exposition, Dawina Lee, veut souligner en choisissant le titre de l’exposition « Proxemics », (Proxémique), qui décrit la distance qui s’établit entre les personnes dans une interaction, cette distance varie par exemple selon les cultures, plus proche dans les pays latins, plus grande dans les pays nordiques ou au japon. La relation personnelle que chacun à aux éléments de l’espace varie également, c’est une « dimension cachée » explique Davina Lee, se referant à l’anthropologue Edwart T, Hall, auteur de cette notion de « Proxémique. » L’on ne ressent pas la même chose et ne se déplace pas de la même façon dans le Hall d’un aéroport, une minuscule chapelle ou sous les hautes voûtes d’une cathédrale. L’espace influe psychologiquement sur notre sentiment ou notre pensée et par conséquent sur notre attitude physique.
Pour le cadre de ses portraits, Bertrand tente de trouver un lieu qui, selon les informations qu'il a, est significatif pour la personne, « trouver une sorte de colonne vertébrale et construire dessus ; le lieu peut être transformé, c’est une question d’angle et de lumière. Je demande aux gens de se positionner et d’évoluer dans ce cadre, les laissant libres, regardant comment ils réagissent... Les gens les plus intéressants à photographier sont ceux qui ne sont pas habitués. Les chefs d’entreprise connaissent leur meilleur profil et il est difficile de casser cela. »
« Dans la réalisation d’un portrait, le temps n’est pas décisif - on sait quand la photo est bonne au moment où elle est faite, précise Bertrand, par contre entre le moment où on commence l’image et celui où on la finit on peut expérimenter des rapports de séduction, d’agressivité, d’indifférence, de tension ou même d’ennui - ce qui est très intéressant. La richesse de cet échange est ce qui me motive. »
La part du photographe dans un portrait est décisive. On peut lire également la fascination pour l’architecture dans les portraits de Virgile Simon Bertrand, elle prend parfois la première place, dans les volumes, la composition. Par exemple dans le portrait du peintre Xu Lei, on note que la composition de la photo se retrouve dans son tableau accroché au mur derrière lui. Ses portraits rejettent toute sensiblerie ou sentiments trop expressionnistes, ils ont une certaine rigueur et froideur qui dénude un peu le sujet, ou lui conservent son intimité ou son mystère.
« J’ai souvent l’impression d’imaginer l’image avant de voir le lieu ou la personne, et bizarrement, cela correspond souvent. C’est comme si je photographiais le produit de ma propre imagination. Peut-être est-ce parce que l’homme ne voit que ce qu’il veut voir… » conclut Bertrand. |
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法裔攝影師 Virgile Simon Bertrand 是一位人像攝影大師。他曾在世界各地工作,多年前來港居住,今年秋季將展出他近年的攝影作品:人像和建築物。這是他最熱愛的兩種攝影主題,因為他對探究人與人,以及人與空間的關係深感興趣。
2003年,Virgile Simon Bertrand 憑著一幀陳日君樞機的人物攝影奪得由香港外國記者協會頒發的年度最佳照片。相片中,這位主教處身於一座建築物的樓梯間。很少攝影師會選擇幽喑的樓梯間拍攝人像照的。Bertrand 引用建築師 Louis Khan 的話:“梯級是一處過渡性的地方,置身那裡的人在幾乎不自覺的情況下轉換空間和改變思想……”而在Bertrand 的人像攝影中,空間卻佔一個重要的位置。他曾拍攝了一些世界著名的新型建築,如勒高爾布斯(Le Corbusier)在印度旁遮普邦興建的新城,奧斯卡.尼麥耶(Oscar Niemeyer)的巴西利亞城,或女建築師薩哈.哈帝(Saha Hadid)的流動藝術。
• Lee Man sang, sculpture, Hong Kong, 2009 |
定居香港的 Virgile Simon Bertrand 對亞洲並不陌生,他自1990年便開始在亞洲工作。Bertrand 曾在巴黎 Ecole Boulle 修讀應用藝術,之後再分別於巴黎 Ecole Duperré 及亞爾勒國立攝影學院修讀平面設計及攝影。他的攝影生涯由 Magnum 攝影社開始,當時他以實習生身份擔任著名伊朗裔攝影師 Abbas 的助手,之後他成為巴黎歌劇院的駐場攝影師。他的作品曾在台灣、香港、巴黎、亞爾勒等地展出,而他在倫敦國家肖像館展出中國北京藝術家尹秀珍的肖像獲 Taylor Wessing Portrait Prize 的提名;而他亦入選 2009 年攝影師協會大獎(AOP Awards)最佳人物攝影組別的決賽入圍名單,並且是 Hasselblad 攝影大師比賽建築攝影組別的十位決賽入圍者之一。
是次展覽將展出 80 幀他以建築及人像為主題的照片。在他的作品中,人和建築物有着不可分割的關係。展出的肖像當中有很多是當代藝壇的知名人物,有中國或香港的藝術家(何兆基、李文生、君士坦丁),作家或電影界人士(張藝謀、賈章柯、蕭芳芳)或是時裝界的巨匠(Giorgio Armani),但也有一些是寂寂無聞的人。不久前,Bertrand 在亞爾勒 7 月份舉辦的國際攝影大會中展出了一系列香港少男少女的肖像。他是在旺角的一座大廈的天台上,在黃昏日落昏喑的光線下拍攝這批照片。而為了避免照片的主題受到任何的干擾,他全部以非常近的距離拍攝這些人像。他認為這些面孔非常有趣,原因是從這些面孔中似乎看到這些少年人的躊躇,他們正徘徊於童年和成年人之間。攝影師與拍攝對像之間的距離是拍攝人像照的其中一樣主要的組成部份,這距離可以令雙方感到自在,或相反地亦能使雙方感到侷促不安。拍攝主題對身處的拍攝場地是否感到自在也是同樣的重要。在Bertrand 而言,這並不會真正影響到照片的準確性,因為“人像攝影始終有某種戲劇、造型和裝飾的特質:與其說它是任何一種的真實倒不如說是我們想象中的現實吧。”
這次展覽的策展人 Davina Lee 以 Proxemics(人際距離)作為展覽的主題來探討人際關係,人與人、人與空間的關係。這種人際距離因文化背景不同而有所差別,例如拉丁國家之人際距離較近,而北歐國家或日本的人際距離則較大。Davina Lee引用了人類學家 Edward T. Hall 所提出的Proxemics 一詞作為展覽主題,是因為 Edward T. Hall 指出人際互動中,可按距離遠近與親疏關係,劃分成四個區域,而 Bertrand 的攝影作品正好以影像闡釋每個人在那些“無形空間”內,因應身處空間、環境與人所產生的不同反應。
至於取景的範圍,Bertrand 就着他對攝影對像所知的有限資料嘗試找一處對那個人具意義的地方,“找到某種支柱,然後建於其上,視乎角度或光線,地方可以而產生變化。我要求攝影對像在拍攝範圍內自由地擺姿勢和走動,然後看他們的反應…… 我覺得那些不習慣拍照的人是最值得拍攝的,因為那些企業主管早已知道自己的哪一個角度最上鏡,很難打破他們的想法。”
Bertrand 補充說道:“在製作一幀肖像時,時間並不是最重要,拍了之後便知道哪一張照片是好的,相反,由開始拍攝到完成一張照片之間的那一段時間我們可以體驗到誘惑、侵略、冷漠、緊張或甚至無聊之間的關係,而這是很有趣的。我的動力就是來自這種多姿多彩的交流。”
• Sik Ying, animatrice radio et écrivain, HK, 2004
拍攝人像照的決定性全在於攝影師。在Virgile Simon Bertrand的人像照中,我們明顯看到他對建築的興趣,從它們的體積及構圖可以看到建築在他的作品中有時甚至是佔首要的位置。他拒絕在人像作品中表達任何多愁善感或太豐富的情感,它們帶着一種冷漠嚴謹的感覺,有點兒淨化了主題,或是為他們保留神秘親密的感覺。
“我很多時都覺得在未看過某處地方或某個人之前已想過那些影像,而奇怪得很,它們通常都是吻合的。那感覺就好像是拍攝一些我自己幻想出來的產品一樣。這可能是因為人只看到自己想看見的東西吧。”─Bertrand 這樣總結。
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