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« Nous sommes quelques-uns qui, chaque matin, en nous réveillant, aimerions consulter Picabia comme un merveilleux baromètre sur les changements atmosphériques décidés dans la nuit. » André Breton
Tout est niaiseries - en Amérique tout est DADA
Moi je suis Francis Picabia
C'est là mon infirmité.
Cet article aurait voulu saluer les 130 ans de Picabia, mais le temps passe décidément bien trop vite. On me le pardonnera. Mais comme l'écrit Marc Dachy « Picabia a tout aimé : la peinture d'abord, et ensuite : New York (avant Duchamp), l'Armory Show, les photographies de Stieglitz, les automobiles de course (Mercer), la mécanique, les "revues en voyage" — imprimées à Barcelone, New York, Zurich et Paris — les taches d'encre (la Sainte-Vierge), le Bœuf sur le toit, Marthe Chenal, les soirées en mer, les yachts et l'amitié », sans oublier évidemment la poésie.
Picabia naquit donc le 22 janvier 1879 à Paris, enfant unique d'un Espagnol né à Cuba et d'une Française, fille de la bourgeoisie dont l'un des ancêtres « rapporta le cèdre du Liban dans son chapeau » selon les dires mêmes de Picabia. Sa mère mourra de la tuberculose quand Francis aura ses sept ans, sa grand-mère un peu plus tard, laissant alors l'enfant seul avec son père, son oncle et son grand-père. Le dessin et la peinture lui permettront d'échapper à la solitude et à l'ennui de cette « maison sans femme ». Mais plus tard, il se rattrapera... Il aura une scolarité tumultueuse et très tôt suivra des cours aux Arts décoratifs où Braque et Marie Laurencin seront ses camarades de classe.
Il fréquentera aussi les nombreux ateliers à la mode et en très peu d'années aura acquis une réputation de peintre impressionniste. En 1905, a lieu sa première exposition personnelle et il connaît une période très prolifique qui l'amène à perfectionner sa technique impressionniste conforme cependant aux concepts de cette fin de XIXe où l'art n'est plus considéré comme une reproduction de la nature mais comme une expérience émotionnelle face à celle-ci. Ceci exprimé dans une synthèse de formes et de couleurs. Picabia est déjà reconnu, coté et acheté car doté d'un indéniable talent de dessinateur et de coloriste. Danthon, un marchand de l'époque, flaire la bonne affaire et lui propose un contrat mirifique pour seulement reproduire ses Eglises de Moret ou ses Brumes à Paris. Malheureusement pour notre marchand, il était tombé sur un Picabia qui aspirait plus que tout à briser cette cage dorée dans laquelle on voulait l'enfermer. Le contrat sera rompu et la corporation des marchands de tableaux se vengera en s'entendant pour ne pas soutenir sa cote dans les ventes publiques. Libre de toute entrave, il pourra désormais laisser s'exprimer son inventivité et dérouter son monde par la violence de ses coloris.
• Mai 1924 |
Il rencontre les Duchamp, Albert Gleizes, Robert Delaunay, Juan Gris et ouvre en quelque sorte la voie de l'abstraction avec Paysage en 1907 et Caoutchouc en 1909. Il élaborera même une théorie « musicale » de la peinture, codifiée par Apollinaire sous le nom d'« Orphisme » dans ses Peintres cubistes. En 1913, Picabia s'embarque pour New York à l'occasion de l'Armory Show, exposition qui inaugure la naissance de l'Art moderne aux Etats-Unis où pendant six mois il jouera l'ambassadeur de la peinture française d'avant-garde. Le succès de l'Armory Show est immense et en mars 1913, Picabia aura sa première exposition américaine. De retour en France, après avoir subi le choc d'un monde alors jeune et avide de nouveautés, il oriente ses recherches vers une direction toute nouvelle, empruntant des éléments à la machine et ce sera sa Fille née sans mère. A la même époque Marcel Duchamp commence à manifester sa révolte contre « l'intoxication à la térébenthine ». La Première guerre mondiale l'enverra sous l'uniforme qu'il ne supportera d'aucune manière et à la faveur d'un obscur achat de mélasse à effectuer au nom de l'intendance militaire, il sera expédié en mission à Cuba. Mais devant faire escale à New York, il n'atteindra jamais l'île et rejoindra le contingent des émigrés européens venus se protéger de la grande boucherie organisée. Il y créera la revue 291 et la chronique nous raconte qu'épuisé par des excès en tous genres, et plongé dans une dangereuse dépression, il battra à nouveau pavillon vers l'Europe aux anciens parapets. En août 1916, il sera à Barcelone où en peu de temps il se reconstituera un cercle d'amis français venus là dans l'attente de la fin des hostilités (Marie Laurencin, Albert Gleizes, Cravan...). Ses loisirs seront abondants et germera en lui l'idée de lancer une nouvelle revue. Ce sera 391,qui manifestera de prime abord sa volonté de faire scandale, bien dans le caractère de Picabia. Quatre numéros sortiront mais fin mars 1917, Picabia s'en retourne à New York où trois autres numéros de 391 verront le jour entièrement rédigés par ses soins. A New York, il connaîtra de nouveaux excès, détériorant sa santé et incapable de tenir un pinceau, cloîtré dans sa chambre, ce sera encore une fois Barcelone car il lui était impossible de mettre les pieds en France avant la régularisation de sa situation militaire.
En octobre 1917, il publie son premier recueil de poèmes 52 Miroirs
Ma tête se gonfle
De quoi rendre fou
C'est l'existence
En milieu du monde
D'où je ne puis sortir
(Vœu)
A l'automne 1917, pourvu enfin du précieux sésame, il rejoint Paris mais ses anciens amis ont quitté la place, enrôlés qu'ils étaient pour certains, en fuite pour d'autres ou tout simplement préoccupés par la situation nouvelle. Livré à lui-même et toujours en proie à ses angoisses et hallucinations d'intoxiqué, il écrit les premiers poèmes de son livre à venir Poèmes et dessins de la fille née sans mère et prend la route pour Lausanne afin d'y consulter un neurologue de renom. Il y connaîtra une féconde période d'activité littéraire publiant cinq recueils de poèmes et de dessins. Ceci lui permettra d'entrer en contact avec Tristan Tzara, le grand prêtre du nouveau mouvement Dada qui débarque à Paris à son invitation le 5 janvier 1920. Cette année-là, Picabia publiera son recueil Unique eunuque, préfacé par Tzara et fruit de la théorie des « mots dans le chapeau » qui voulait rendre à ceux-ci un nouvel éclat par leur association surprenante. Breton écrira que « durant des années chaque nouvelle œuvre de lui fut un défi somptueux au déjà ressenti, au prévu, au permis, une merveille d'irrévérence, une quête toujours heureuse de ce qui peut faire fusée dans l'inconnu ». Il y aura aussi le recueil Jésus Christ Rastaquouère et l'exposition scandaleuse du Double monde, de la Sainte-Vierge et du Portrait de Cézanne, œuvre dévoilant un singe empaillé accroché à une toile. Pierre de Massot : « Lorsque je le voyais, en manches de chemise de soie noire, tête nue, dans le vent (...) au volant d'une voilure de course américaine et quand au retour d'une folle randonnée, j'ouvrai un de ses livres, j'éprouvais une sensation identique de bien-être et de liberté. Son style ne porte ni faux-col, ni cravate, ni gants. Nu, ce style a la grâce sauvage et capricante ; il vit au grand air, se dore au soleil et plonge dans la Méditerranée ». En 1921, Picabia se séparera cependant des Dadaïstes et dans une édition spéciale de 391 il les fustigera violemment en dénonçant « la médiocrité de leurs idées maintenant conformistes » et lancera que Dada n'a vraiment existé qu'entre 1913 et 1918. « En voulant se prolonger Dada s'est enfermé en lui-même... Dada, voyez-vous, n'était pas sérieux... si quelques-uns maintenant le prennent au sérieux, c'est parce qu'il est mort ! » Il aura aussi ces jolis mots : « Il faut être nomade, traverser les idées comme on traverse les pays et les villes. » Jésus Christ Rastaquouère s'efforçait de prouver le néant du très-haut et l'inanité de l'univers. « Evangile de scepticisme qui sera peut-être une sorte de Nouveau-Testament pour nos petits enfants » pour reprendre encore les mots de Pierre de Massot. Mais Picabia n'était-il pas ce rastaquouère qui avant son départ pour le Midi en 1925 offrira de nouveaux scandales tant à Paris (l'Œil cacodylate, la Danse de Saint-Guy, Chapeau de paille, la Veuve joyeuse...) qu'à Barcelone où il expose les œuvres de son dernier style mécanique. « Je trouve qu'il en faut pour tous les goûts. Il y a des gens qui n'aiment pas les machines : je leur propose des Espagnoles. S'ils n'aimaient pas les Espagnoles, je leur ferai des Françaises... Oui, je fais de la peinture pour la vendre. Et je suis étonné que ce soit ce que j'aime le mieux qui se vende le moins ». Après avoir soutenu Breton contre Tzara, il écrira en 1924 son pamphlet La Pomme de pin qui verra dans le surréalisme un mouvement fabriqué. « Des œufs artificiels ne font pas des poules ».
L'Instantanéisme, rival éphémère du Surréalisme et fruit de ses œuvres ne nous donnera que Relâche, produit par les Ballets suédois sur une musique d'Erik Satie et Entr'acte, film réalisé par René Clair. Puis 1925 comme je l'ai écrit et Cannes où il emporte sa notoriété jusqu'au Casino et à ses galas. Un an plus tard, il administre les derniers coups à Dada et clame que « l'inégalité est la seule chose supportable, la monotonie de l'égalité ne peut nous mener qu'à l'ennui ». Picabia vivra dans son « Château de mai » avec femme et compagne et en 1933, il s'installe sur son nouveau yacht ancré délibérément en face du Casino dans le port de Cannes où il se fera remarquer par une série de galas (la Nuit tatouée, le Bal des cannibales). Il aura aussi le loisir de faire des séjours à Paris afin d'assouvir sa passion des voitures : il en aura possédé 127. Il continuera à peindre énormément et en 1937 réalisera la puissante « Révolution espagnole ». Durant la Seconde guerre mondiale il affichera une belle indifférence provocatrice qui lui vaudra quelques ennuis à la Libération et il devra alors réduire son train de vie : un petit appartement contre son yacht et un vélo pour ses déplacements... « Ma peinture est de plus en plus l'image de ma vie ». « Tout ce qui a été moral en art est mort, heureusement ! C'est le seul service que le cataclysme qui nous entoure a rendu. »
Puis, ce sera bientôt pour ce « Christophe Colomb de l'Art » comme l'avait qualifié Jean Arp, la dernière saison. En 1951, une artériosclérose paralysante le coupe de sa peinture et il effectue sa descente jusqu'au 30 novembre 1953. André Breton lui rendra tout de même ce dernier hommage : « Une œuvre fondée sur la souveraineté du caprice, sur le refus de suivre, tout entière axée sur la liberté, même de déplaire... Seul un très grand aristocrate de l'esprit pouvait oser ce que vous avez osé. »
« Désespérément, je regardais ce beau visage tant aimé comme si j'eusse tenté d'arracher à ce masque un suprême secret (...) Je touchais doucement cette main qui n'avait cessé de peindre et d'écrire... » Pierre de Massot
« La société ne procure plus de plaisir, les hommes sont des esclaves fatigués par un travail qu'ils n'ont pas encore fait » (Francis Picabia)
Jésus-Chris Rastaquouère
Le Rastaquouère est possédé par l'envie de manger des diamants.
Il est propriétaire de quelques oripeaux disparates et de sentiments naïfs, il est simple et tendre ; il jongle avec tous les objets qui lui tombent sous la main, il ne connaît pas la manière de s'en servir, il ne veut que jongler — il n'a rien appris, mais il invente.
Le rastaquouère n'est pas une sorte d'équilibriste
(Francis Picabia)
L'Amphithéâtre chemise
Des éplucheurs digestions chapeaux ou redingotes
Anti-raison anti-vérité des pensées du cœur
Le cœur de l'homme n'est beau qu'à l'amphithéâtre
Chez les gens mariés
On demande l'âge du capitaine
Perruquier nager l'Odéon 30 sous lavements
Je ne vais nulle part
Les trottoirs de mon quartier sont bleus et verts
Je me sens à demi couché dans un fauteuil
Un orgue de barbarie m'oblige à écrire
Galop tangage le cou
J'ai désiré me désaltérer avec de l'eau salée
Le bonheur le malheur quelle blague
Niaiseries des ombres sur l'eau
Occupons-nous de l'art
L'enthousiasme dinde hélas
Ci-gît art.
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〝每天早上,我們幾個人醒來時,常愛請教皮卡比亞,彷彿他是顯示夜晚氣候變化的奇妙晴雨表。〞—— 安德烈.布勒東
〝一切均了無新意,在美國一切盡是達達
而我是弗朗西斯.皮卡比亞
這便是我的缺陷〞
本文原為紀念皮卡比亞誕生130週年而作,無奈時光匆匆,現在卻成了晚來的紀念,還望諸位原諒。誠如馬克.達希(Marc Dachy)所言:〝皮卡比亞熱愛一切:首先是繪畫,再次是紐約(杜尚前的紐約)、軍械庫展覽(Armory Show)、施蒂格利茨的攝影(Stieglitz)、默塞爾跑車(Mercer)、機械、在巴塞羅那、紐約、蘇黎世、巴黎出版的《旅遊雜誌》、聖母瑪利亞的污跡、Le Bœuf sur le toit、情婦瑪爾特.舍納爾(Marthe Chenal)、海上之夜、遊艇及友情〞,當然還有詩歌。
皮卡比亞1879年1月22日誕生於巴黎,是一位古巴出生的西班牙人和一個市民出身的法國女人的獨生子。據皮卡比亞自己說,母親的先輩〝將黎巴嫩雪松藏在帽子裡帶了過來〞。他七歲時母親死於肺癆,不久,祖母也接着離世,將稚子留給了父親、叔叔和祖父。所幸繪畫紓解了〝沒有女性家庭〞帶來的孤獨和苦悶。但後來,他在這方面得到了大大的補償。他的求學過程頗為曲折,他很早便習讀裝飾藝術,和布拉克(Braque)及瑪麗.洛蘭森(Marie Laurencin)均為同窗。
他亦經常出入時髦的畫室,沒幾年功夫便贏得了印象派畫家的美名。1905年舉辦了第一次個人畫展,並經歷了一個多產期。十九世紀末,繪畫不再被視為對自然的複製,而是對自然體驗感受的再現,繪畫由形象和色彩的綜合來表達。他頻頻創作,為迎合時代的藝術觀,竭力完善印象派的繪畫技巧。他的繪畫天才無庸置疑,且為一名色彩大師,他已經遐邇聞名,作品備受追捧、收購。畫商丹東(Danthon)嗅覺靈敏,覺得這是一門好生意,便以令人羨慕垂涎的合同誘他入彀,要他僅複製《莫雷的教堂》(Eglises de Moret)或《霧巴黎》(Brumes à Paris)這兩幅畫。然而該當他倒楣,竟遇上了一個不惜一切代價欲衝破禁錮他的牢籠的皮卡比亞。於是合同泡湯,畫商們聯合起來,一鼻孔出氣,在拍賣場中壓低他作品的叫價。皮卡比亞擺脫了一切羈絆,從此可以隨心所欲地盡情創造,以其強烈的色彩令人瞠目結舌。
他結識了杜尚兄弟,阿貝爾.格萊齊(Albert Gleizes)、羅貝爾.德洛奈(Robert Delaunay)、胡安.格里斯(Juan Gris)等人,並以其作品《風景》(Paysage, 1907年)及《橡膠》(Caoutchouc, 1909年)開創了抽象畫的先河。他甚至創立了繪畫的〝音樂〞理論,由阿波利奈爾在其《立體派畫家》(Peintres cubistes)一詩中以俄爾甫斯(Orphisme)之名將其系統化。1913年,正值〝軍械庫展覽〞之際,他登上郵輪遠赴紐約。這場畫展是現代藝術在美國的濫觴。整整六個月期間,他成了法國前衛畫家的代言人。〝軍械庫展覽〞獲得巨大成功。1913年3月,皮卡比亞在美國舉辦了第一次個人畫展。回到法國之後,他為紐約年輕激進的畫家革故鼎新的精神所動,開始了嶄新的探索,將機器的因素注入繪畫中。如《生來無母的女孩》(Fille née sans mère)即是一例。同一時期,馬塞爾.杜尚開始對〝松節油吸毒〞表示不滿。第一次世界大戰期間,他違願地服了兵役。後軍需處派他前往古巴採購廢糖蜜,途經紐約,他便停留下來,融入了因避戰亂而來的歐洲移民隊伍中,從未踏足古巴土地。他在紐約創辦了《291雜誌》,傳言他吸食各種毒品,令他身心具毀,一蹶不振,陷入危險境地。於是他再次揚帆歐洲。1916年8月,他來到了巴塞羅那。很快,在他週圍,等待戰爭結束的法國同胞形成了一個圈子,其中有瑪麗.羅蘭森、阿爾貝.格萊齊、克拉凡等人。他的休閑娛樂豐富多采,並萌發了創辦一個雜誌的念頭。這便是達達主義雜誌《391》,他首先想到的是掀起一些風波,這極符合他的性格。雜誌一共出了四期。但1917年3月,他再度來到紐約,其中三期是他在紐約期間親力親為出版的。他又重染毒癮,嚴重地危害了健康,他羸弱得舉不起畫筆,枯坐房中。於是他再次返回巴塞羅那,因為在他的軍籍問題未解決前,他是無法踏足法蘭西土地的。
1917年10月,他發表了第一本詩集《五十二面鏡子》(52 Miroirs)。
我的頭脹滿了
令人發狂的東西
我生存在
世界的中心
我無法從中解脫
—《心願》(Vœu)
1917年秋,他終於獲得有效證件,再度回到巴黎,但此時故人星散,面對動蕩的時局,有的從戎,有的遠走他鄉。他孑然一身,始終為吸毒引起的焦慮和幻覺所折磨,但他為未來的詩集《生來無母的女孩的詩歌和繪畫》(Poèmes et dessins de la fille née sans mère)寫下了最初的幾首詩並首途洛桑請教著名的神經科醫生。在瑞士期間,他經歷了文學生涯的多產期,發表了五部詩歌和畫集。他也因此得以和達達派的教父特里斯丹.查拉接觸。查拉並於1920年1月5日應他之邀抵巴黎。這一年,皮卡比亞發表了《奇特的太監》(Unique eunuque),由查拉作序,是《帽中詞語》理論的果實。這理論欲透過詞語的驚人結合賦它們以新義。布勒東這樣寫道:〝幾年以來,他的每一部新著都是對已感受、已預料、已期許的巨大挑戰,一種奇妙的不敬,對可爆出火花的未知的卓有成效的探索。〞他還有一本詩集叫《冒險家耶穌基督》(Jésus Christ Rastaquouère),並舉辦了一場引起公憤的〝雙重世界〞(Double monde)展覽,展出《童貞聖母》(La Sainte-Vierge)《塞尚的肖像》(Le Portrait de Cézanne),後者為一隻掛在畫布上的用稻草填滿的猴子。皮埃爾.德.馬索(Pierre de Massot)說:〝當我看到他穿着絲質的黑色襯衫,在風中光着頭,坐在美國跑車的駕駛座裡;當我在一次遠遊歸來,打開他的一本書閱讀時,我和他一樣感受到同樣的舒適和自由。他的文章既不穿假領,亦不打領帶也不戴手套,赤身裸體,有一種粗野和不拘的優雅。他愛生活在露天中,沐浴再陽光下,沉浸在地中海裡。〞1921年,皮卡比亞離開了達達派,在《391雜誌》的第一期號外裡,他強烈地鞭撻了達達主義者,揭露〝他們現在業已隨俗的思想的平庸〞,並宣稱達達只是1913年及1918年間存在過。〝達達為苟延殘喘而固步自封…… ,達達並不嚴肅…… 如果現在有人仍認真看待它,那是因為它已經死了!〞他還有這樣的妙語:〝應該做一個浪遊者,穿過思想,就好像穿越國家和城市一樣。〞《冒險家耶穌基督》竭力證明上蒼的空虛、宇宙的虛幻。再引用皮埃爾.德.馬索的話:〝這個懷疑主義的福音書將可能成為我們子孫的某種新約全書。〞皮卡比亞就是這名冒險家,他在1925年到法國南部前,在巴黎和巴塞羅那都搞得風風雨雨,醜聞四起。在巴塞羅那,他展出了最新的機械風格的藝術作品。他說:〝我認為必須滿足各種口味。有些人不喜歡機器,我便享他們以西班牙女郎,如果他們不喜歡,我便供他們以法蘭西美女…… 不錯,我畫畫是為了把它賣出。我驚奇地發現,我最愛的往往是最滯銷的。〞在支持布勒東反對查拉之後,1924年他寫了題為《松果》(La Pomme de pin)的抨擊文章,說超現實主義是一場製造出來的運動。〝真母雞不生假雞蛋〞。
瞬間主義,這個超現實主義的短暫對手和他作品結出的碩果,還為我們獻上了一齣舞劇《鬆懈》(Relâche),由埃里克.薩蒂(Erik Satie)作曲,瑞典芭蕾舞蹈團演出。尚有一部電影《幕間》(Entr'acte),由勒內.克萊爾(René Clair)執導。1925年正如我前面所言,他南下法國,在康城,他聲名遠播,從賭場到豪華宴會。一年之後,他對達達派作了最後的抨擊,聲稱〝高低不平才是唯一可以忍受的,單調一致只能令人煩悶。〞皮卡比亞和他的妻子及女伴們生活在他的〝五月古堡〞(Château de mai)裡,1933年,他搬到一艘新遊艇上住,有意將船停泊在康城港口賭場對面,他大擺盛宴,夜夜笙歌,甚麼〝紋身之夜〞、〝食人族舞會〞,十分令人注目。他還有餘暇到巴黎逗留以滿足他對汽車的嗜好,他一共有127輛汽車。他繼續努力繪畫,並於1937年完成了強有力的《西班牙革命》。第二次世界大戰期間,他態度冷漠,置身度外,這在光復後給他帶來一些麻煩。他不得不稍微收斂:小公寓代替了豪華遊艇,自行車代替了轎車。〝我的畫也越來越像我的生活〞,〝藝術中的一切道德因素都已死去,可謂萬幸!這便是災難給我們的一切。〞
接着,便是讓.阿爾普(Jean Arp)稱之為〝藝術的哥倫布〞的最後時日。1951年,動脈硬化症令他從此與畫訣別,他為疾病所折磨,一直拖到1953年11月30日辭世。安德烈.布勒東這樣盛讚他:〝你的文學業績是建立在高度的隨興、拒絕默守陳規、完全自由,甚至令人不悅的基礎上…… 只有大智如君方敢為君所為。〞
〝我絕望地注視着這副如此受人愛戴的俊俏面孔,彷彿我試圖從這張臉龐搜索出甚麼絕密…… 我輕輕地觸摸着這隻從來未停止繪畫和寫作的手……〞—— 皮埃爾.德.馬索
〝社會不再供我們歡樂,人類是被他們尚未動手做的工作折磨得精疲力盡的奴隸。〞—— 弗朗西斯.皮卡比亞
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