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La mort, à 89 ans, le 11 janvier 2010, du grand cinéaste français Eric Rohmer en début d’année a provoqué beaucoup d’émotion et de tristesse parmi ses nombreux admirateurs et ses collaborateurs très proches, notamment sa chef-monteuse, la hongkongaise Mary Stephen qui, invitée par l’Alliance française de Hong Kong lors de la journée de la femme, le 8 mars, a partagé avec le public l’étonnant parcours de sa vie, ses rencontres et sa carrière dans le milieu du cinéma.
• Eric Rohmer, Françoise Etchegaray et Mary Stephen sur le tournage des Amours d'Astrée et de Céladon |
Le destin prend parfois de curieux chemins, celui de Mary Stephen a pour parrains le voyage et le cinéma. La graine cinéma a germé à Hong Kong où Mary Stephen a grandi dans les années 60, la période intellectuelle la plus fertile de l’histoire hongkongaise. C’est en traînant autour du Cinéclub maintenant mythique du City Hall et en lisant les articles dans le Chinese Student Weekly des deux pionniers de la critique cinématographique de Hong Kong, Lo Kar et Lok Lei, qu’elle a mordu à l’hameçon. Elle y découvrit notamment la Nouvelle Vague française, avant son départ pour le Canada et Montréal, où son amour du cinéma grandit, lorsqu’elle alla l’étudier à l’Université, découvrant tout un nouveau cinéma « expérimental » et passant nombre de ses nuits dans les rétrospectives des films de Truffaut.
Vint le jour du départ pour la France au sein d’un programme universitaire à Paris. Quelque mois d’abord de confrontation avec la grammaire française, et pour s’initier au français de la rue, A bout de souffle de Jean-Luc Godart vu et revu. Elle découvre alors que l’un des compères de la Nouvelle Vague, Eric Rohmer, donne un cours à l’université près du Jardin du Luxembourg ; « Assis au fond de la salle, nous écoutions, avec notre français lacunaire, l’homme aux cheveux gris, grand et mince, parler en l’air de Perceval, du tournage en studio, de la musique médiévale et... du budget. »
• Mary devant l'affiche de son film sur Breytenbach |
Mary qui réalisait alors un film inspiré d’India Song de Marguerite Duras, avait justement besoin d’établir un budget. Elle passa donc au bureau des Films du Losange, pour demander copie de ce fameux budget, disant qu’elle était étudiante de Rohmer. On lui dit que l’on transmettrait le message. Elle rentra désenchantée à la cité universitaire.
Mais à son arrivée, surprise, on l’appela au téléphone communautaire: « Bonjour, ici Eric Rohmer » dit une voix légèrement rauque. Quelques heures après, elle était assise, muette et très intimidée sur une chaise face à Eric Rohmer. Il proposa de lui préparer du thé.
« Après, je devins une experte en thé, ayant bu du thé dans son bureau chaque après-midi, durant les mois suivants ».
C’était l’époque où Rohmer était en train de réaliser Perceval avec Fabrice Luchini. Elle raconte comment son français de la rue venu d’A bout du souffle ne lui servit guère, quand elle vit surgir Luchini, encore tout imprégné de Perceval et parlant en français médiéval.
Mary Stephen réalisera ensuite son deuxième film indépendant, Justocœur, avec Mathieu Carrière, avant de travailler comme assistante monteuse sur la Femme de l’aviateur de Rohmer. Elle quitta alors Paris pour le Sud de la France où elle resta huit ans. A son retour, accompagnée de trois enfants, la « famille Rohmer, celle du cinéma » lui ouvrit à nouveau les bras, et le réalisateur l’engagea pour monter Conte d’automne, pour lequel, elle composa (ce que beaucoup ignorent), la musique, car elle est aussi musicienne. Cette collaboration va durer. Elle va devenir à partir de Conte d'hiver, la chef-monteuse de Rohmer, et cela jusqu’à son dernier film, Les Amours d'Astrée et de Céladon.
• Mary Stephen et ses trois enfants à la sortie des Rendez-vous à Paris, 1995 |
Mary Stephen est aussi cinéaste, on lui doit notamment Une vision au bord de la faille, Breytenbach peint ses vers, un documentaire sur le poète et peintre sud-africain, à qui la lutte contre l’apartheid valut la prison, l’isolement et l’exil en France. Elle en trace un portrait « du dedans » dit-elle. Loin du documentaire historique et social, elle cherche à saisir au plus près de l’être le processus de la création.
En parallèle à son travail avec Eric Rohmer, elle a monté un grand nombre de films et de documentaires, notamment, My Marlon and Brando (2007), un film du réalisateur turc Huseyin Karabey, Meilleur réalisateur au Festival de Tribeca et 1428 (2009), un documentaire (120 min), du chinois Du Haibin, prix du Meilleur documentaire au Festival de Venise 2009.
Mary Stephen est à Hong Kong ce printemps pour animer des ateliers d’écriture à partir de la Nouvelle Vague française à l’Université de Lingnan et des ateliers de montage au Hong Kong Art Centre dans le cadre du Festival Vidéo et Court métrage (IFVA). Elle vient de terminer le montage d’un film hongkongais de Freddie Wong, The Drunkard (2009/10), adaptation d’un célèbre roman du vieil écrivain hongkongais Liu Yichang (dont l’ouvrage Tête bêche avait aussi inspiré Wong Kar Wai pour In the Mood for Love). Mary Stephen partagera son expérience et animera un débat sur Rohmer le 16 mars au Hong Kong Art Centre où seront montrés à côté de ceux de Rohmer ses propres courts métrages . |
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• Mary Stephen, jeune cinéaste
2010年1月11日,89歲高齡的法國名導演伊力.盧馬與世長辭,他的離世讓他的擁躉和親密的合作伙伴 ─ 如他的首席剪接師雪美蓮 ─ 感到悲傷和失落。三月八日婦女節,雪美蓮應香港法國文化協會的邀請來港,與公眾分享她奇異的人生歷程以及她在電影界的工作和見聞。
命運往往是出人意表的,而雪美蓮在旅遊和電影方面卻是特別受命運之神的眷顧。電影的種子早就在香港的時候已埋藏在雪美蓮的心內,她成長於六十年代的香港,那時是香港史上知識份子最輝煌活躍的年代。由於她經常流連於大會堂看火鳥電影會(現在已不復存在)放映的影片,以及閱讀兩位影評界先驅者羅卡和陸離在《中國學生週報》中刊登的文章,因而在不知不覺間迷上了電影,而從中她認識了法國新浪潮電影。離開香港移民往加拿大魁北克省後她對電影的興趣愈來愈濃厚,當她進入大學攻讀電影系課程時更發現新的一種〝實驗〞電影,之後花了無數個晚上重看杜魯福(Truffaut)的影片。
終於有日,她前往法國到巴黎一所大學修讀課程。最初的幾個月先要應付好法文的文法,她還藉著尚盧.高達(Jean-Luc Godart)的《斷了氣》(A bout de souffle)來學習法國的街頭俚語。這時候她認識了另一位新浪潮的盟友:伊力.盧馬(Eric Rohmer),他在盧森堡公園附近的校園內講課:〝我們坐在室內最後排的位置,用半聽得懂的法文來聽這名頭髮灰白,高瘦的男子以柏士浮的態度講解有關在片場內拍片、中世紀音樂和…‥經費預算等問題。〞
當時,雪美蓮正要拍一部靈感來自瑪格麗特.杜克絲(Marguerite Duras)的《印度之歌》(India Song)的電影,正好需要籌備經費。因此,她前往洛桑電影製作公司(Films du Losange)的寫字樓,說自己是盧馬的學生,希望索取那份了不起的預算計劃的副本。所得到的回覆只是會將她的話轉達。她惟有失望地返回大學宿舍。
但剛返抵宿舍,卻意外地被召喚往接聽電話:〝你好,這是伊力.盧馬〞一把輕微沙啞的聲音這樣說道。
幾小時後,她沉默害羞地坐在一張椅子上面對著伊力.盧馬。他問她要不要喝茶。〝之後,連續幾個月每日下午都在他的寫字樓喝茶,我已成為了茶的專家〞她這樣說道。
那時,盧馬正在製作由法布里斯.盧治尼(Fabrice Luchini)主演的《柏士浮》(Perceval)。她憶述說,面對一個仍然浸淫在柏士浮這角色中,講的是中古時代的法語之盧治尼,她在《斷了氣》中所學的街頭法語完全派不上用場。
跟著,雪美蓮拍了她的第二部獨立電影,馬素.加希耶(Mathieu Carrière)主演的《Justocœur》,之後她在盧馬的《飛行員的妻子》一片中擔任副剪接師。
後來她離開巴黎到法國南部逗留了八年之久。回到巴黎後再度重投〝盧馬大家庭〞的懷抱,導演讓她當《秋天的故事》(Conte d'automne)的剪接,她還為該片的音樂作曲(鮮為人知的事),因為她亦有玩音樂。自《冬天的故事》(Conte d'hiver)這部電影開始,她成為盧馬的首席剪接師,直至他最後的一部電影《女貴族與公爵》。
雪美蓮本身亦是導演,《邊瞳》(Une vision au bord de la faille, Breytenbach peint ses vers),一部有關南非裔詩人兼畫家布雷坦(Breytenbach)的紀錄片就是她的作品。布雷坦因為對抗南非的種族隔離政策而被監禁、隔離到最後流亡到法國。她說是為這位畫家繪畫一幅〝內在〞的肖像。與一般歷史性或社會性的紀錄片不同,她嘗試近距離捕捉這個人物在創作時的過程。那是一部色彩強烈深沉,由文字、影像、語言及音樂輕巧堆切而成,像詩一般優美的電影。
為伊力.盧馬工作之同時,雪美蓮亦為很多電影和紀錄片作剪接,如土耳其導演Huseyin Karabey拍攝,在翠貝卡電影節奪得最佳導演獎的《我的馬龍和白蘭度》(My Marlon and Brando, 2007),及一部由華裔導演杜海濱導演,2009年在威尼斯影展中奪得最佳紀錄片獎的紀錄片。
今年春天,雪美蓮來港,在香港獨立短片及錄像比賽期間分別在嶺南大學主持一個以法國新浪潮為題的寫作工作坊及在香港藝術中心主持一個電影剪接工作坊。她剛剛完成香港導演黃國兆的新片《酒徒》的剪接工作,這部電影是改編自香港著名小說作家劉以鬯的同名小說(王家衛的電影《花樣年華》的創作靈感也是來自劉以鬯的小說《對倒》)。3月16日,雪美蓮在香港藝術中心的討論會及短片節目將與公眾分享她的經驗,屆時除了放映伊力.盧馬的短片外,也會放映她自己的短片。 |
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