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Peut-on enseigner un atelier d’écriture créative en chinois à l’aide de films français ? C’est l’un de mes projets de cette année. J’enseigne un cours d’écriture créative en chinois à l’Université Lingnam et tiens à faire quelque chose de nouveau chaque année, un cours d’écriture créatrice devant avant tout être créateur et ne pas s’en tenir toujours au même syllabus.
Notre programme d’Artiste en résidence a pu finalement voir le jour en 2003 en raison d’une nouvelle allocation de ressources. C’est merveilleux mais pourrons-nous toujours trouver un bon écrivain qui soit aussi bon professeur ?
Pourrons-nous nous concentrer sur un style ou genre différent d’écriture chaque année ? Ce n’est pas une tâche facile.
Je ne veux pas que les étudiants traitent les écrivains en célébrités, demandent des dédicaces, prennent des photos avec eux et s’en tiennent là. La lecture et l’écriture sont des sujets profonds, subtils et non d’excitants événements populaires de promotion.
J’essaye chaque année de donner au cours une nouvelle direction. Le critère pour lancer une invitation n’est pas la célébrité mais la possibilité des nouvelles expériences que pourront tirer les étudiants de cette rencontre.
Je pense aux faiblesses de l’écriture des étudiants qui souvent sont affaire de structures. Chacun à beaucoup à dire mais ne parvient pas toujours à en venir à l’essentiel, tandis que les scènes qui nécessitent un développement sont souvent réduites à quelques mots. Nous avons une fois pris comme sujet de discussion le montage cinématographique et j’ai réalisé que des exemples de « comment le montage d’un film met en forme sa structure, définit son rythme et enrichit les personnages » pourraient aussi aider à l’enseignement de l’écriture, d’où l’idée d’enseigner cette dernière au travers de l’analyse critique des langages cinématographiques. J’ai ensuite appris que mon amie Mary Stephen (Chef monteuse des films d’Eric Rohmer) venait à Hong Kong pour faire le montage d’un film et, l’idée m’est venue d’inviter, pour changer, une cinéaste comme artiste en résidence. J’avais aussi une autre invitée en tête, la critique de cinéma taiwanaise Christine Huang Chui-hua, qui aime Chantal Ackermann et Agnès Varda et a organisé des festivals de femmes cinéastes. Elle guiderait les étudiants sur une nouvelle route, le monde du cinéma français, et en tant que traductrice et écrivain pour le théâtre, elle pourrait facilement susciter l’inspiration pour transposer le film en écriture et en scènes de la vie.
Les films français m’ont beaucoup inspiré quand j’ai appris à écrire. Dans les années 60, il y avait peu d’exemples que nous pouvions suivre dans la littérature existante : à gauche les travaux des réalistes critiques à forte inclinaison communiste, à droite les travaux des premiers modernistes très pédants qui abondaient en allusions littéraires. Nous avons eu alors la chance de voir des films comme Hiroshima mon amour et L’Année dernière à Marienbad de Alain Resnais, Zazie dans le métro de Louis Malle, A bout de souffle de Godard, montrés au Studio One et à l’Alliance française de Hong Kong. Ils nous ouvrirent de larges horizons, nous laissant respirer le monde frais, humoristique et néanmoins malicieux des sentiments humains.
Nous avons commencé cette année notre atelier d’écriture avec des courts métrages français. Dans Paris vu par, six réalisateurs nous enchantent tour à tour. Eric Rohmer fait le portrait d’un vendeur monotone qui travaille sur la Place de l’Etoile autour de L’arc de Triomphe. Godard raconte l’histoire des artistes de Montparnasse ; Jean Rouch situe le mécontentement d’une femme au foyer des classes moyennes à la Gare du Nord, au milieu du bourdonnement d’un chantier de construction ; Chabrol raconte l’histoire d’un adolescent qui choisit de faire le sourd-muet pour survivre dans une famille dysfonctionnelle du quartier de La Muette.
Dans l’espace restreint d’un court métrage, des réalisateurs comme Eric Rohmer font un bon usage du lieu de tournage et du développement émotionnel de leurs personnages pour raconter leur histoire. Rendez-vous à Paris en est un bon exemple. Mais les courts-métrages français peuvent être aussi politiques, méditatifs, explorateurs et poétiques comme ceux de Alain Resnais, Chris Marker et Agnès Varda.
J’ai fortement ressenti la touche littéraire de Alain Resnais en regardant Guernica, Nuit et brouillard et Les Statues meurent aussi. Les lignes poétiques de Paul Eluard et de Jean Cayrol nous portent à méditer sur l’histoire et ses implications dans le futur.
Agnès Varda touche encore à un autre domaine : plein d’humour, chaleureux, improvisé tout en étant contemplatif. Elle voit les choses sous un angle très frais. Elle trouve toujours une perspective originale pour exprimer ses propres vues, que ce soit au sujet du féminisme dans Réponse de femmes ou sur les artistes de San Francisco dans Oncle Yanko.
C’est Ulysse que j’aime le plus, film qui nous met en présence des métamorphoses et tribulations de la vie par une seule photographie à partir de laquelle la réalisatrice ne cesse de partir pour à la fin retourner à cette image éphémère mais insistante. Du côté de la côte semblerait un croquis ordinaire du paysage pittoresque du sud de la France, si les lieux et les sujets d'intérêt n'étaient pas hors de l’ordinaire : Varda porte attention aux portiers d’un grand hôtel, à un olivier millénaire, à un chat escaladant les branches d’un arbre, aux couleurs à la mode bleues et jaunes portées par les femmes, à la statue de la Vierge Marie qui apparaît soudain derrière un mur. Elle ne regarde pas de haut les touristes, elle traite chacun avec curiosité, mais elle a des pensées plus transcendantales : la villa oubliée ressemble à une scène de film, une charrette vide longe un buisson en bord de mer. Pour elle l’Eden existe. L’Eden est un gland et un coin de plage.
Revoir ces courts et longs métrages de ces réalisateurs me rappelle les jours où j’apprenais à écrire, regardant d’abord les films avant d’aller me plonger dans la littérature contemporaine française. Chaque scène, chaque récit poétique m’inspirait, me permettait un coup d’oeil sur un nouveau monde à travers la poussière et le brouhaha de la réalité, m’aiguillonnant à créer, à écrire à propos d’une poursuite différente de la vie.
* Leung Ping Kwan (nom de plume Yasi) est professeur à L'université Lingnam de Hong Kong, critique de cinéma, écrivain et poète, il a publié de nombreux ouvrages, recueils de nouvelles et de poésie. En traduction française : Iles et Continents (Gallimard), De ci de là des choses (Youfeng). |
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• Oncle Yanko de Agnès Varda
可以通過法國電影來教中文創作嗎?這是我一年來一直在構思的一個計劃。我在大學裡負責一個中文文學創作的課程。每年都想有點新意,到底,教創作總不能沒有創意,總不能依書直說的呀!
2003年開始,學校得到銀行的捐助,每年可以推行駐校作家計劃,這敢情是好事。但能否找到又創作又能教人的作家,每年能否發展出一種不同文類 / 風格的寫作,這可不是容易的事。
我並不想同學把作家當明星,簽個名拍個照就算,閱讀和寫作,本身是幽微含蓄的事,啟發又是潛移默化的長遠過程,不是鬧烘烘的集體活動。
每年想創作課的方向,不是以作家的聲名為主,而是以能否給同學帶來新的寫作體驗為主。
想到近年同學寫作的缺點, 往往是結構把握得不好。無關重要的話說了一大籮還沒說到點子上去。該發展的場景,又三言兩語打發過去了。有一次談起電影的剪接,想起剪接怎樣幫助把握作品的結構,建立敍事的節奏,豐富人物的性格,就想:也許可以通過欣賞電影的語言來教寫作!
後來知道年初朋友雪美蓮要來香港為電影剪接,就想:何不別開生面找電影人來當駐校作家呢?另一位,黃翠華,在台灣策劃過不少影展節目,除了最愛尚桃阿克曼、安納華妲,還辦過女性電影節,會從另一個角度帶同學進入法國電影的世界。本身亦曾從事劇場、翻譯和文字工作,能把電影的靈感帶到寫作和生活。
我最初學習寫作,從法國電影得到許多啟發。 在六十年代末的香港,一面看到的是左派批判寫實主義的作品,另一面是引經據典頭巾氣重的早期現代主義作品。能夠從電影協會和法國文化協會看到阿倫雷奈的《廣島之戀》和《去年在馬倫巴》、路易馬盧的《地下鐵路的莎西》、高達的《斷了氣》,令我耳目一新, 彷彿打開了一扇大窗戶,呼吸到一個清新、幽默、溫暖而不失頑皮的人情世界。
我們今年的寫作課由短片開始。《六個導演眼中的巴黎》中,六個導演各出奇謀,如伊力盧馬寫環繞凱旋門星星廣場一個規行矩步的店員,高達寫蒙巴那斯的藝術家、盧治用北站建樓紛囂夾縫的中產太太對物質生活的不滿、查波爾則借用富有的Muette區拍在富裕、空虛錯亂家庭長大的兒子如何練就了一種聽而不聞的技倆!
在短片的短小篇幅之中,善用背景,塑造人物,發展感情,像伊力盧馬這樣旳法國導演優為之,《巴黎的邂逅》就是一例。但法國短片還有它的新聞性、思考性、探索問題,抒發感情,各擅勝埸。雷奈、 馬克和華妲都是其中佼佼者。
看雷奈的短片《居爾尼卡》、《夜與霧》和《雕像也死了》,特別感到他的文學性;艾呂雅和尚卡魯詩意的文字背後,有歷史的反省,文化的關懷。
安妮華妲的短片又是另一種境界:輕鬆、溫暖,即興中又帶出思考。她觀看的角度總是新鮮的:不管是《女性答問》中的女性話題,還是《耶高舅舅》的三藩市藝術家記訪,她都能舉重若輕,帶出自己靈慧的角度。
我最喜歡《尤里斯》,從一張照片帶出人事變化,世道滄桑,最後還是回到令人浮想連翩的一幀映象。《海岸之濱》似是法國南部風景的介紹,取景與地點總叫人莞爾不禁:她注意到酒店的看門人、千年的橄欖樹、貓爬上樹幹、流行的淺黃與粉藍、抬頭突然看見的聖母像。她沒有看不起遊客,却有比他們更空靈的思想:遺忘旳別墅像電影的埸景,沒載人的一輛馬車經過海邊的樹叢。對她來說伊甸是存在的,伊甸是一顆松子和海灘。
重看這些法國短片、這些導演同期的劇情片,令我回到初學寫作、初看法國片的日子,每一個畫面、每一句詩意的旁白,令我靈感泉湧,彷如在現實的塵世中瞥見另一個世界,令人想創作、寫出生活中可以有的情態、對生活的不同的追求。
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PROGRAMME AGNES VARDA
法國新浪潮討論會及短片作品選節目一︰安妮.華達
French / Beta / Col / 73mins
05/03 – 7:30 pm
Hong Kong Arts Centre, Cinema Agnes b.
Suivi d’une discussion animée par Leung Ping Kwan et le Centre for Humanities Research, Lingnan University
放映後設討論會(由嶺南大學人文學科研究中心主持)
On la surnomme la « grand-mère de la Nouvelle vague ». Agnès Varda n’avait aucune expérience du cinéma avant de réaliser son premier film, et cette inexpérience confère à toutes ses œuvres une faculté d’expression unique de par son honnêteté et son originalité. Dans le film Réponse de femmes : Notre corps, notre sexe (1975, 8 minutes), un groupe de femmes, toutes différentes, disposent d’un moment devant la caméra pour se dévoiler. Varda aime aller plus loin que la simple esthétique de belles images. Pour l’aventure à l’étranger d’Oncle Yanko (1967/ 18 minutes / en anglais sans sous-titres), son exploration dépasse le lien généalogique pour évoquer les thèmes de la vie de bohème et des mutations américaines. Le film Ulysse (1982/ 21 minutes) représente davantage qu’une simple traque de sujets photographiés des années auparavant en Egypte par la photographe Varda. Ce court-métrage étudie le concept de la mémoire et comment celle-ci, telle une créature métamorphique, s’adapte à chaque personne. Dans Du côté de la côte (1958/ 26 minutes), ce court-métrage conçu à l’origine comme une vidéo touristique sur la Côte d’Azur se transforme en un commentaire de société satirique sur le paradis perdu, la vie superficielle et les nantis. En regardant les images chaleureuses des films raffinés de Varda, le spectateur a l’impression d’être pris en charge et gentiment conduit dans un monde multicolore où il partage avec allégresse ses dernières découvertes tout en empruntant de son enthousiasme pour la vie.
安妮.華達被譽為〝法國新浪潮電影之母〞,製作其首部電影之前對電影一無所知,作品中往往有一種率真和原創性。在《女子答問》(1975 / 8')中,各式女子都暢所欲言。華達喜愛探索美麗表象的背後,描述長途旅程的《耶高舅舅》(1967 / 18’/英語對白,無字幕)在探討家族史以外更觸及波希米亞生活及美國社會運動等議題。《尤里斯》(1982 / 21’)也不光是追尋多年前在埃及的相中人,而是探討記憶的變幻無常。《海岸之濱》(1958 / 26’)本是介紹里維拉的遊記錄像,却變成諷刺富人膚淺生活的社會評論。華達的影像充滿暖意,看她那些風格流麗的影片,一如跟她温柔地牽手進入色彩繽紛的世界漫遊。
PROGRAMME ALAIN RESNAIS
法國新浪潮短片作品選節目二︰阿倫.雷奈
35mm / 115 mins
14 /03- 8 pm
Hong Kong Space Museum
Information and ticketing : www.ifva.com
Avant la sortie d’Hiroshima mon amour (1959), encensé dans le monde entier, Alain Resnais avait réalisé de nombreux courts-métrages où son talent original et ses préoccupations sociales transparaissaient déjà. Dans Guernica (1950/ 13 minutes), il met en parallèle les tableaux de Picasso avec la lecture simultanée d’un poème de Paul Eluard pour représenter le bombardement de la ville espagnole de Guernica. Dans son œuvre primée Nuit et brouillard (1955/ 35 minutes), Resnais juxtapose des plans longs et en couleurs du camp de concentration d’Auschwitz tel qu’il apparaissait à l’époque du film avec des images d’archives en noir et blanc afin d’immortaliser les évènements qui s’y sont déroulés et de s’interroger sur l’injustice prévalant en Algérie, alors une colonie française. Il aborde à nouveau les sujets de la culture africaine et du colonialisme dans Les Statues meurent aussi (1953/ 30 minutes), un court-métrage réalisé avec le metteur en scène Chris Marker. Aucun réalisateur n’a à ce jour égalé la manière sophistiquée d’Alain Resnais, d’associer une prise de vue expérimentale à une perspective sociopolitique.
在阿倫.雷奈因《廣島之戀》(1959)而成名之前所拍攝的短片,己見出他的影像創意與社會關懷。《格爾尼卡》(1950 / 13’)借艾呂雅的詩和畢加索的畫描繪法朗哥轟炸居爾尼卡小鎮的悲劇。得獎作品《夜與霧》(1955 / 35’)以當代奧斯威辛集中營的彩色畫面,拼上三四十年代的黑白影像來思考歴史以及法屬阿爾及利亞境內的不公義。《雕像也死了》(1953 / 30’)則涉及非洲文化及殖民主義。阿倫雷奈以實驗影像結合社會政治角度的敍事手法,至今仍無出其右。
PROGRAMME ERIC ROHMER + MARY STEPHEN
法國新浪潮短片作品選節目三︰伊力.盧馬
Suivi des projections de Labyrinthe, Labyrinthe Revisited et A very Easy Death de Mary Stephen
同場加映導演雪蓮作品《Labyrinthe》及《A Very Easy Death》
115mins / 35mm & 16mm & DV
16/03 – 7 :30 pm
Hong Kong Arts Centre, Cinema Agnes b.
Grand choc pour nous d’apprendre le décès d’Éric Rohmer. Sa mort représente une perte immense pour le cinéma dans le monde entier. Les trois vignettes des Rendez-vous à Paris (1995 / 100 minutes) présentés dans ce programme illustrent l’amour, sujet favori du maître et sont empreints de sa chaleur et de sa sagesse légendaires. Deux courts de Mary Stephen, qui fut sa collaboratrice pendant de longues années, seront également présentés : A Very Easy Death (1976/ 10 minutes) et Labyrinthe and Labyrinthe Revisited (1973 et 2005 / 7 minutes) et la célèbre monteuse participera à la discussion qui suivra leur projection.
« Trois tableaux exquis composent cette trilogie qui explore les folies, les malentendus et les erreurs faisant partie intégrante de l’amour. Chaque histoire se déploie à la perfection, marquée du charme caractéristique des films de Rohmer, et les plans de Paris tendrement filmée jouent pleinement leur rôle dans les évènements dépeints. » (le 20e Hong Kong International Film Festival)
正值籌備是次節目的時候,驚聞法國導演伊力.盧馬與世長辭的惡耗,不勝唏噓、婉惜。他的離世無疑是世界影壇的莫大損失。今次選映盧馬的《巴黎的約會》(1995/ 100’)的三齣短片,大師以一貫溫存而睿智的目光探視情愛世界。同場加映與盧馬合作無間的御用剪接師雪蓮的兩齣短片作品《非常容易的死亡》(1976/ 10’) 及《迷及重游故迷》(1973 and 2005 / 7’),她並會親身出席放映後的討論會。
〝以為‘浪漫’刻在巴黎額頭的多情男女,你們有福了!盧馬這部風趣喜劇不但是鐵塔下明媚的處處吻,而且買一送二,實行大中細碼三款愛情新裝齊齊奉上……〞── 摘自第二十屆香港國際電影節節目表及訂票小冊子 |
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