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Eric Dessert, voyageur et photographe, sait prendre le temps de regarder un paysage, un visage ou un objet avant de poser sa chambre noire sur son trépied et de créer une image. Grand voyageur, il construit son œuvre autour de ses nombreuses expériences à l’étranger, au Japon, en Roumanie, en Chine ou à Jérusalem. Son art est une forme d’ascèse. Appareil à l’épaule, il trimbale sa chambre dans le monde entier et nous rapporte des images en noir et blanc, précises et expurgées de tout exotisme.
Né en 1957, Eric Dessert est diplômé d’arts plastiques et de photographie. Il travaille depuis 1980 à la direction de l’Architecture et du Patrimoine du Ministère de la Culture pour la Région Rhône Alpes et est professeur associé à l’Ecole Supérieure de l’Image de Bruxelles. Dans son travail pour le patrimoine, il expérimente l’image numérique de grand format, mais dans ses voyages, il continue à utiliser une petite chambre en bois 4x5.
C’est à l’occasion des années croisées France Chine en 2002 qu’il a l’occasion de partir en Chine, d’abord dans la province du Guizhou pendant cinq semaines durant l’automne 2002. Il arpente ensuite, de 2002 à 2009, les provinces reculées du Sichuan, du Guizhou, du Xinjiang et du Gansu, c’est-à-dire, une Chine qui ne fait pas l’actualité internationale comme Shanghai et Pékin, mais qui s’étend presque infiniment vers l’Ouest. C’est celle-ci qu’il photographie car il est attaché au monde paysan, comme il le souligne dans une interview pour Galerie-photo à la sortie de son livre qu’il a intitulé Une autre Chine, sans doute un clin d’œil discret à L’autre Chine, journal photographique de Cartier Bresson dans la Chine en pleine révolution de 1949: « J’y trouve mon bonheur où que je sois partout dans le monde. Le sujet semble à première vue, au regard des millénaires qu’il lui a fallu pour s’ériger, inépuisable et apparemment intangible, il est pourtant si fragile dans son équilibre, à chaque pas prêt à basculer, à s’effondrer se laissant dévaster ou engloutir au moindre des faux pas des hommes qui en vivent. » Il précise qu’il ne vient pas en reporter, mais « par goût et par amour de la vastitude, de l’air qu’on y respire et des hommes qu’on y rencontre. »
Dessert a bien entendu vu la réalité sociale, économique et politique de la vie rurale, mais son effort se concentre ailleurs, sur « ce qui est beau » à son sens.
Photographier à la chambre demande préparation et pose, composition en quelque sorte. Le photographe prend du temps pour faire naître l’image. A regarder ses photos avec attention, on ressent chez Dessert l’amour du geste, on y voit le temps s’étirer en durée. La chambre est son outil, comme la charrue ou la houe le sont au paysan. Dessert photographie avec précision et simplicité arbres, coins de cours, outils, murailles, portes, comme s’il traquait l’âme d’un lieu. De simples bouilloires disent tout un mode de vie, un âne harnaché au repos sous un arbre, le dur labeur et la chaleur. Ses portraits sont parfois curieux dans leur cadrage. D’un visage, il montre le crâne, le front et les yeux, l’endroit où se concentrent la vivacité, l’intelligence, l’esprit, mais aussi dans les rides du front et de l’œil, l’expérience, le caractère, taciturne ou enjoué.
Une autre Chine, photographies de Eric Dessert préfacé par un texte de l’éminent historien et sinologue Lucien Blanco est publié aux Editions Lieux Dits.
Eric Dessert
Conférence et diaporama
31 mars 2010 à 19h00
Salle Segalen, Consulat général de France
25/F, Admiralty Centre, Tower II
18 Harcourt Road, Hong Kong
Présenté par l’Alliance française de Hong Kong et le Centre d’Etude français sur la Chine contemporaine |
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熱愛旅遊的攝影家埃里克.德塞爾(Eric Dessert)在拍攝每一個影像之前,他都會先花時間仔細看清楚要拍攝的景物、面孔或物件,之後才將他那古老的木頭鏡箱架在三腳架上拍照。這位偉大的浪遊者利用他遊歷日本、羅馬尼亞、中國及耶路撒冷的見聞建立他的作品。他的藝術是某種形式的修行。肩上托着相機,他帶着他的鏡箱走遍世界,為我們帶回一些準確,完全沒有任何獵奇探秘色彩的黑白影像。
1957年出生,埃里克.德塞爾畢業於造型藝術及攝影文憑課程。他自1980年開始在法國文化部的羅納 - 阿爾卑斯省建築及古蹟古物資產局工作,他同時是布魯塞爾高等影像學院的副教授。當他為古蹟古物資產局工作時,他曾經嘗試製作大尺寸的數碼圖像,但當他旅遊時,他仍然繼續用他的小型4x5木頭機拍攝照片。
他是因為2002年法中交流年而得以有機會到中國旅遊。2002年秋天,他先在貴州逗留了五星期。之後由2002年至2009年間,他走遍中國的四川、貴州、新疆、甘肅等偏遠的省份,換言之,他遊歷的中國並不是國際間所認識的如上海及北京等都會城市,而是一個幾乎是向西邊無盡地延伸的中國。埃里克.德塞爾所拍攝的就是這樣的一個中國,原因是他對農村的世界特別關注。正如他為其新作《另一個中國》(Une autre Chine)問世而接受Galerie-photo的訪問時強調:〝無論我在世界的任何一個地方也能在農村中找到快樂。第一眼看拍攝的景物,看到的是這需要千百萬年才得以形成的世界似乎是取之不盡並且看來是不可動搖的,但其實它的生態平衡十分脆弱,任何一步也足令它失衡,而賴以生存的人類只需走錯一小步便能使它分崩離折。〞他還指出他並不是到那兒作報導的,而是因為〝喜歡和熱愛它的遼闊,以及在那兒所呼吸到的空氣和所接觸到的人。〞
當然,德塞爾從農村生活中看到了社會、經濟和政治的實況,但他着重的並不是這些,而是他認為〝美好的東西〞。
用鏡箱相機拍攝在某程度上是需要的先擺好姿勢和佈置的。攝影師需要時間讓影像誕生。當我們細心察看他的照片時,會感覺到德塞爾在拍攝時是充滿愛心,從照片中看到時間持續地延伸。鏡箱相機是他的工具,一如犁與鋤是農夫的工具。德塞爾以準確簡單的手法拍攝樹木、庭院的角落、工具、牆壁、門,好像是要探索該處地方的靈魂。一個簡單的水壺道盡一種生活模式、一隻上了鞍的驢在樹下休息、辛勤工作和炎熱。德塞爾的肖像在拍攝角度方面有時是很奇怪的。一個只看到頭顱,前額和眼睛的臉孔,那兒是活力、智慧、思想集中之處,而從額上的皺紋和眼睛內可以看到這人的人生經歷、性格,是沉默寡言的或是活潑的。
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