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« Amour, gloire, meurtre, guerre, révolution et beauté, dans cette fuite ou cette quête, les corps de ce road-movie chorégraphique traversent tous les états et finiront moulés sur l’asphalte de cette route à la fois gelée et pop-artique. » Pierre Rigal
La danse contemporaine française voit surgir une génération de chorégraphes étroitement liée aux danses et musiques nées dans la rue. A la suite des grands chorégraphes toujours en activité tels que Joseph Nadj ou Angelin Preljocaj, la relève se fait, apportant des cités urbaines de nouvelles musiques et pratiques de la danse, faisant une grande part aux dernières technologies, mais aussi à des disciplines jusqu’alors peu reconnues. On assiste à de nombreux croisements entre danse contemporaine, arts de la rue, nouveau cirque et musiques urbaines. Asphalte en est un magnifique exemple. Son chorégraphe Pierre Rigal a un profil atypique : ancien sportif de haut niveau, spécialiste de 400m et de 400m haies, à la fois danseur et chorégraphe, il a une stature d’athlète impressionnante, mariée pourrait-on dire à une tête de mathématicien, discipline qu'il a étudiée de pair avec le cinéma (Ecole Supérieure d’Audiovisuel à Toulouse). Parallèlement, il travaille en effet en tant que réalisateur de vidéo-clips et de documentaires, comme Balade à Hué pour France 3 et installe des dispositifs vidéo pour la CIE 111.
Pierre Rigal a fondé la Compagnie Dernière Minute en 2003 et conçu et interprété sa première pièce, le solo Erection, dans une co-mise en scène avec Aurélien Bory, autre chorégraphe mathématicien que L’Alliance française avait aussi présenté dans le French May 2009, avec son impressionnant spectacle autour du Tangram, Les Sept planches de la ruse, réalisé avec les acrobates danseurs de la troupe de l’opéra de Dalian en Chine.
Erection était un solo dans lequel Pierre Rigal interprétait un homme, étendu au sol, inscrit dans un rectangle lumineux vert électrique et qui allait raconter la longue histoire de son passage de la position couchée à la position debout. Entre odyssée, conte philosophique et récit de science fiction, Erection cherchait à suivre le fil de l’évolution humaine et à exprimer dit-il « la difficulté à s’ériger, donc à grandir, à s’opposer, à lutter. » En octobre 2006, il crée en collaboration avec Aurélien Bory Arrêts de jeu au Théâtre National de Toulouse. En mai 2007, dans le cadre de la manifestation « comme un été », La mort est vivante, une installation photographique, et en février 2008, un nouveau solo qu’il interprète, Press, avec le soutien du Gate Theatre de Londres.
Son dernier spectacle, Asphalte, est l’expression de la rue, des banlieues des grandes cités, de la nuit. La nuit au-delà du périphérique, la peur, les poursuites avec la police, la joie d’être ensemble, l’énergie du désespoir, la musique qui transporte les corps dans un autre monde, la guerre et la poésie aussi. Les couleurs en sont pop, les danseurs virtuoses et habiles dans leurs jeux de bras, de mains et de doigts. Pour monter ce spectacle, Rigal a travaillé avec des danseurs Hip Hop non professionnels, des danseurs de rue, chacun d’eux représentant les dernières variantes du Hip Hop, c’est-à-dire pour les spécialistes : le Break, le Popping, le New Style, le Liquid et le Krumping. Quatre garçons et une fille. Pierre Rigal s’appuie sur ces techniques et les utilise pour diriger les danseurs vers son propre univers chorégraphique. Car, il ne s’agit pas d’un simple transfert de la rue sur la scène. Il détourne le Hip Hop pour inventer une nouvelle écriture chorégraphique. Il crée des ruptures de rythme, des mouvements arrêtés en plein essor, afin de saisir dans l’immobilité leur tension, leur énergie. Le spectacle commence dans l’obscurité, quelques lumières au loin, troubles, qui s’éteignent aussitôt et lentement les corps émergent de la nuit. Ces personnages voyagent en permanence autour d’un bloc de lumière en trois dimensions, une sorte de monolithe aux couleurs variables et interactives qui peut évoquer un mur ou une palissade.
En se présentant devant cette lumière abstraite, les danseurs créent des silhouettes urbaines qui évoluent au fur et à mesure de leur passage. Elles traversent des situations absurdes de violence, d’humour, de guerre ou de poésie. Elles se transforment peu à peu, elles perdent leur humanité, leur organicité, elles se robotisent. Grâce à une attitude, une chorégraphie, une utilisation des vêtements particulière, grâce aux différentes lumières mobiles qu’elles arborent, ces silhouettes muent doucement en créatures monstrueuses et fantomatiques, inquiétantes mais drôles à la fois.
« L’univers graphique, explique Pierre Rigal, est celui d’une ville que la bande dessinée et la science-fiction pourraient créer, elle est aussi médiatique et cinématographique. Le calme de cette ville imaginaire est perturbé par une violence abstraite et sournoise, par une guerre qui ne dirait pas vraiment son nom. Cette guerre est bien sûr douloureuse, mais elle est aussi pleine d’humour et de joie. C’est elle qui dicte les évolutions de ces personnages qui abandonnent au fur et à mesure leur humanité et se voient peu à peu gangrenés de l’intérieur par des entités vivantes, autonomes et mystérieuses. Et finalement au plus fort des conflits, des éclats et des frappes, les corps de ces personnages sont éjectés dans les airs. Pour finir inertes, projetés au sol. Sur l’asphalte glacé de cette ville imaginaire. »
Dans Asphalte, il y a l’idée d’une jeunesse qui essaye de trouver sa place dans un contexte urbain, moderne, « stéréotypique ». Les corps de ce road-movie chorégraphique traversent tous les états. Sous surveillance, ils cherchent une identité corporelle et collective, se faufilant à travers les mythes médiatiques modernes.
Dans cette pièce, Pierre Rigal s’intéresse à l’impact des contextes, des environnements sur le corps humain : « Le corps est aujourd’hui déjà investi par l’électronique. En surface, il est en contact très intime avec de nombreuses prothèses. Mais l’électronique envahit aussi l’intérieur du corps. Ce mouvement est inexorable. Dans mes chorégraphies, le corps n’est pas ‘le seul à bord’. Il est toujours animé, manipulé, influencé par des forces extérieures avec lesquelles il est au mieux en dialogue, au pire en conflit. » Pierre Rigal cherche à définir ce que l’individu doit abandonner peu à peu de ce qui est sa propre humanité. Mais heureusement face à ce monde nocturne, violent et parfois écrasant, il lui reste des armes, « celles de l’humour, de l’ironie et du cynisme ou celles de la poésie et de la grâce ».
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〝愛情、榮譽、謀殺、戰爭、革命和美好,在這舞蹈公路電影中那些軀體穿州過省,在逃跑或在尋覓,但最終都被澆鑄在這條既冷漠又充滿通俗文化的公路之瀝青上。〞─ Pierre Rigal
法國當代舞壇中冒起了一批與街頭的舞蹈和音樂有着極緊密關係的新一代編舞家。繼喬瑟夫.納許 (Joseph Nadj) 或安傑林.普雷祖卡(Angelin Preljocaj) 這些仍然活躍舞壇的偉大編舞家後,繼承的人長大成熟了,為都市帶來了新的音樂和新的舞蹈概念,當中的大部份是採用最新科技,但也有一些是迄今為止仍鮮為人認識的舞蹈形式。我們看到在現代舞、街頭藝術、新馬戲藝術和都市音樂之間出現很多交集。而《舞在柏油路上》正好是一個很好的例子。這作品的舞編 Pierre Rigal 有着非一般的背景:前400米 X 400米跨欄國家選手,他既是舞者亦是編舞家,他的運動員身份已令人印象深刻,還加上數學家的頭腦,他曾修讀數學及電影(圖盧斯高等視聽藝術學院)。事實上,他曾以導演的身份拍攝音樂短片和紀錄片,例如,他為法國第三電視台製作了《Balade à Hué》以及為CIE 111安裝錄像裝置。
Pierre Rigal於2003年創辦了〝最後一分鐘舞蹈團〞(Compagnie Derniere Minute) 並演繹了他的首個獨舞作品《Erection》,這作品是他與另一位數學編舞家Aurélien Bory一同作舞台導演。香港法國文化協會曾於2009年的法國五月藝術節中介紹了後者以中國七巧板為題,由大連戲劇學院的雜耍藝人演出的一個精彩節目。
在《Erection》這獨舞作品中,Pierre Rigal 演繹一個男人,他躺在地上,被強烈的綠色光線包圍着,他會講述他從臥着到站立的姿勢之間所經歷了的悠久歷史過程。介乎歷險故事、哲學故事和科幻小說之間,《Erection》試圖追蹤人類的進化過程和表達〝建立自我,如長大、反抗、奮鬥是何等的困難。〞2006年10月,他再次與 Aurélien Bory 合作,為圖盧斯國家劇場創作了《Arrêt de jeu》。2007年5月為藝術活動〝comme un été〞創作了攝影裝置作品《La mort est vivante》,並於2008年2月自編自演一個由倫敦Gate Theatre贊助的獨舞作品《Press》。
他的最新節目《舞在柏油路上》所表達的是街頭、大都市的市郊和黑夜的生活。那是市郊地區以外的黑夜,也表達了恐懼、警察的追逐、相聚的喜悅、垂死爭扎的力量、能把身體傳送到另一個世界的音樂、戰爭,還有詩歌。所採用的色彩是流行的顏色,舞者個個舞藝超凡。為這表演,Pierre Rigal 選擇與業餘的街頭 Hip Hop 舞者合作,他們每一位都是 Hip Hop 舞最新版本(Break、Popping、New Style、Liquid 及 Krumping) 的代表。共四男一女。Rigal 以這些技術為基礎,並利用它們帶領舞者進入自己的舞蹈世界。因為這表演並不在於簡單地由街頭轉到舞台上。他將 Hip Hop 改變,創出一種新穎的舞蹈表現手法。他在節奏中製造一些突變,在飛躍中加入停止的動作,藉着靜止不動來捕捉他們的張力,他們的能量。節目在黑喑中開始,然後遠處出現一些光線,那些光線搖曳不定的,很快又熄滅了,慢慢地在黑夜中出現一些軀體。這些人物不停地圍繞着一團立體的光遊走,那團光有如一塊顏色多變又互動的巨石,使人聯想起牆壁或圍欄。
Pierre Rigal 解釋:〝圖形世界可以是漫畫和科幻小說創造出來的一座城市;這城市也可以媒體的和電影的。這虛幻城市的寧靜平和被不可名狀和隱晦的暴力,一場並不是真的出師有名的戰爭破壞了。這戰爭當然是痛苦的,但也是充滿了幽默和歡樂的。它決定了這些人物的演變,他們慢慢放棄了人性,從內心開始一點一滴地被一些有生命、自我又神秘的本質腐蝕。最後,當衝突、憤怒和打擊到了最嚴重的時候,這些人物的身體被攆上了半空,最終被扔在地上,躺在這虛幻城市冰冷的柏油路上動也不動。〞
在《舞在柏油路上》中,它包含了年輕人試圖在一個都市化、摩登化和〝公式化〞的範圍內找到屬於自己的位置這意念。這舞蹈公路電影中的人體穿州過省。在監視下,他們潛入現代各種媒體的傳說中尋找一種自身和集體的身份。
在這作品中,Pierre Rigal 最想表達的是不同背景,不同環境對人體的影響:〝現今,人體已經被電子包圍着。表面上,它與無數的儀肢有緊密的關係。但電子已入侵到人體的內部。這已是不能逆轉的形勢了。在我的舞蹈中,身體並非‘唯一的主宰'。它隨時被外來的力量支配、操縱、影響着,它與這些外來力量有最好的溝通,亦有最嚴重的衝突。〞Pierre Rigal 想表達的是人類必須逐步放棄自己的人性。但幸好在面對這暴力,有時甚至令人透不過氣來的黑喑世界時,人類仍有可以對付的武器,〝就是幽默,諷刺和玩世不恭,或是詩歌和優雅〞。
Alsphate
28 - 30 May 8:00 pm
Sheung Wan Civic Centre, Theatre
Tickets : URBTIX
French May 2010
Présenté par l'Alliance française de Hong Kong |
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