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« Moi, je suis un hasard, qu’on peut certes analyser. Mon frère et moi étions d’une famille d’exilés malheureux, qui devaient travailler très dur. J’ai l’impression que nous avons tous deux voulu nous échapper de cette famille que nous adorions mais qui parlait trop de sacrifices. »
« La poésie m'’accompagne tout le temps. J’aime construire des phrases, avec des mots que j’ai d’abord rencontrés comme ça et que je change sans cesse car je vais dans les dictionnaires. » (Rencontre avec Gisèle Prassinos, Europe, Janv-fév. 1994)
« Ses yeux sont des noix percées d’où sortent des mines de crayons rouges. Elle a une bouche très bleue et une rangée de dents noires et pâteuses. Comme elle est nue, on peut voir son corps parsemé de grosseurs en laine et son nombril d’où pend un petit pissenlit fleuri. Ses courtes jambes ne sont pas terminées par des pieds mais par des sabots de vache. Dans l’ensemble, elle fait l’effet d’une colombe blessée. » Est-ce le portrait que Gisèle Prassinos dresse d’elle-même dans son texte Description d’une noce ? Pourquoi ne pas l’imaginer puisque cette grande dame de nos Lettres qui vient d’un temps désormais révolu, garde encore tout son mystère. Est-elle un hasard ou une colombe blessée, certainement cette exilée qui change sans cesse ses mots.
Gisèle Prassinos naquit à Istanboul en 1920, grecque par son père et italienne par sa mère mais dès 1922, sa famille s’installe à Paris. A sept ans, elle perdra sa mère et sera livrée aux mains de sa grand-mère et de ses deux tantes, car pour le père elle n’était qu’un petit chat qu’il adorait et caressait, préférant parfaire l’éducation du fils, Mario. Elle se souvient aussi de lui comme d’un érudit grand amateur de livres qui tapissaient les murs de l’appartement et d’objets précieux qui s’alignaient sur des tables recouvertes de velours ou de soie. Mais il lui reste par delà toutes ces années l’impression profonde qu’elle était vouée à l’univers infiniment triste des femmes qui se devaient de tirer sans cesse l’aiguille afin de faire vivre la maisonnée. La salle à manger faisait d’ailleurs office d’atelier et à une certaine heure apparaissait le père à qui on servait l’unique repas de la journée. Face à cette lourde monotonie, Gisèle développera très tôt le goût de fabriquer des objets avec son frère Mario car elle avait à cœur de fuir un destin qui semblait l’attendre et ces femmes marchant avec des bas filés et des souliers éculés, vision quotidienne qui blessait son caractère d’enfant sensible... Et puis un jour, à quatorze ans, elle s’est retrouvée seule. Son amie partie en vacances lui avait offert des cartes mauves sur lesquelles elle s’est mise à écrire, ce qui lui passait par la tête, dans l’espoir de meubler sa solitude. Elle venait de découvrir l’écriture automatique qui lui apporta tout d’abord les éclats de rire de son père, au courant de tout ce qui se faisait dans le monde littéraire et amusé de voir sa fille rejoindre les recherches des poètes surréalistes...
Mario à cette époque en relation avec Henri Parisot montra à ce dernier les textes de sa sœur qui furent transmis ensuite aux surréalistes tout étonnés qu’une enfant de 14 ans écrive ce qui à eux paraissait si difficile... Gisèle Prassinos dira plus tard qu’ils étaient trop cultivés, trop vieux déjà alors qu’elle n’était qu’innocence. Piqués par la curiosité et habités encore par un certain doute quant à l’auteur de ces textes, les surréalistes l’invitèrent chez Man Ray et lui demandèrent d’écrire. « J’aurais fait cela toute la journée ». L’enfant apparut deux ou trois fois au café de la Place Blanche. « Mais je ne comprenais rien à leurs discussions. Pensez, je jouais encore à la poupée... Bellmer me faisait peur parce qu’on m’avait dit qu’il aimait les petites filles, et tous m'impressionnaient. » Ils la traitèrent d’ailleurs un peu comme un objet et lui attribuèrent le titre de femme-enfant ne lui parlant jamais directement mais comme si elle était absente. Sur la fameuse photo de Man Ray, elle se souvient toujours de son maquillage, du rouge lui collant aux lèvres et exposée aux regards des surréalistes qui s'émerveillaient de voir parler l’inconscient. André Breton, jamais à court de formules, écrira dans son Anthologie de l’humour noir que « Gisèle Prassinos est unique : tous les poètes en sont jaloux. Swift baisse les yeux, Sade referme sa bonbonnière... » Ses premiers poèmes seront publiés dans Document 34 et la prestigieuse revue Minotaure puis sortira en 1935 son recueil La Sauterelle arthritique chez GLM, avec une préface de Paul Eluard et une photo de Man Ray.
« J’ai cherché partout un lieu de repos pourquoi pas
sans même attraper un rond sur la peau que non pas
J’ai trouvé un rail avec du goudron il faut le dire
ma fleur a perdu son premier bouton mais en rire
J’ai piqué une vache avec un bonbon pas pour ça
dis que c’est une blouse de papier marron j’en ai pas
J’ai craché de l’encre dans la poêle à frire si mon cœur
tout en dégustant de la gomme à écrire quelle douleur
J’ai mangé du son qu'avait la rougeole sans crier
puis l’estomac gros j’ai bourré ma pipe ton soulier est détaché. »
Gisèle Prassinos avouera avoir toujours été attirée par une certaine obscurité, par l’insolite qui faisaient en quelque sorte déjà partie d’elle-même et que les surréalistes ne lui ont rien inculqué. D’ailleurs, ils lui avaient défendu de lire pour éviter les influences étrangères. Elle publiera très rapidement un deuxième recueil chez GLM Une demande en mariage, puis des contes : Quand le bruit travaille, en 1936 et d’autres recueils suivront mais très vite, elle s’apercevra que les conceptions de l’écriture automatique ne lui convenaient pas. Elle n’y voyait qu’une utopie car dès le début ses phrases automatiques donnaient naissance à des personnages qui l’aidaient à continuer. L’inconscient était certes déverrouillé mais une logique interne permettait au texte de se déployer et de trouver sa propre cohésion. « Vous ne pouvez pas savoir comme mes textes sont travaillés, retravaillés, pour parvenir à l’harmonie. Je cherche le bon mot dans le dictionnaire ; certes quand je ne le trouve pas, j’en mets un autre, mais enfin, je biffe, je rature. Je ne crois pas qu’on puisse se contenter de l’automatisme. » Ici, ce n’est plus l’enfant qui parle mais la dame de nos Lettres... Les surréalistes ne la convièrent que très peu à leurs jeux mais Henri Parisot lui fit part de leur idée d’écrire un roman à sept mains avec Eluard, Ernst, Hugnet, Carrington, Arp, Pastoureau. En est sortit, L’Homme qui a perdu son squelette, jamais publié, inachevé, perdu lui aussi et commencé sans idée préétablie.
Peut-être en avaient-ils assez de tout cela, la guerre approchait, et Prassinos ne le lut jamais, s’en fichant d’ailleurs comme d’une guigne. André Breton dans la rue l’ignorait complètement quand il la croisait, arborant la dégaine abominable qu’il affichait à cette époque, les poches débordant de romans policiers...Gisèle Prassinos prendra donc tout naturellement ses distances avec les surréalistes et quand on l'interroge sur cette période de sa vie, elle répond indéfectiblement : « Vous m’emmerdez avec le surréalisme ! » A vrai dire, elle trouvait que ce mouvement n’était pas assez humain et ne pensait pas que n’importe qui puisse faire de la poésie comme cela mais qu’il fallait une sorte de don pour l’écriture. Au panier donc l’idée que la poésie se fera par tous... Elle n’apprendra réellement ce qu’était le surréalisme que la vingtaine venue où elle fut littéralement prise d’une envie de « bouffer » de la littérature... Elle confessera d’autre part que la transition fut difficile et qu’après sa rupture avec les surréalistes, ses écrits devinrent franchement mauvais si bien qu’au cours de la guerre et dans les années 50, elle cessera de publier, travaillant dans des crèches... Elle ne se remettra à écrire qu’à la suite de la traduction avec son mari, de La Liberté ou la mort de Nikos Kazantzakis et d’Alexis Zorba. Ses œuvres seront tout aussi inclassables que ses premiers écrits mais elle avouera cependant ne pas avoir le souffle d’un romancier.
« Mes romans qui n’ont rien de psychologique, sont des fragments ajoutés les uns aux autres et qui forment une unité. Ma préférence va aux moments forts tandis que le roman exige des liaisons qui m’ont toujours paru embêtantes à faire. » Prassinos privilègiera toujours la forme courte qui lui rappellera sa période surréaliste et ses personnages seront souvent « des gens raccommodés » qui, s’il leur manquait, par exemple un bras, étaient tout à fait capables d’en ramasser un et de se l’attacher avec une ficelle. Ses histoires partiront du réel et basculeront très vite vers autre chose « si ça ne basculait pas, je cesserais de m’y intéresser ». Le sol se fissure, se dérobe sous nos pieds et s’ouvrent des abîmes inquiétants. Une maison s’éloigne en sautillant, une jeune fille vit dans une maison engloutie sous les eaux. Des animaux étranges aux drôles de couleurs... Le merveilleux qui devient horreur et le rose qui tourne au noir. « Ce qu’est exactement la nouvelle, je l’ignore. Pour moi, peut-être la description d’une crise, d’un événement malheureux ou heureux chez un être humain, un couple, une famille... » L’œuvre de Gisèle Prassinos est dispersée chez divers éditeurs, GLM, Plon, Belfond, Grasset, mais elle n’avait pas l’air de s’en soucier outre mesure. « Ce que je veux, c’est continuer à écrire. Ça ne me fait pas manger, mais ça me fait vivre », avait-elle déclaré en 1994, mais la Dame ne nous donne plus trop de signes et l’on attend que son œuvre enfin rassemblée, prenne sa juste place dans notre littérature.
« Moi qui fais la garde
seule et tremblante feuille
dans l’arbre qui me tient loin des nuages »
« En 1933, je m’appelais déjà Gisèle Prassinos »
La vieille se tut pendant quelques secondes. Puis elle se leva, décolla légèrement du mur l’étagère à cinq rayons, glissant une main dans l’espace ainsi ménagé et retira un morceau de papier plié en quatre, sale, usé, qu’elle tint un moment contre sa poitrine. « Avant de se tuer, dit-elle, mon mari fit établir un testament en faveur du mineur géorgien dont il avait sauvé la tête. Comme j’avais, entre temps, vendu ma propiété des Ardennes, et dépensé l’argent qui m’en était revenu, je me trouvais complètement sans ressources. Après les formalités de succession, je dus quitter notre appartement car l’héritier allait venir l’occuper. J’eusse aimé voir cet homme et lui dire toute ma sympathie, mais le notaire m’en dissuada. Le rescapé souffrait, me dit-il, d’une timidité maladive. D’autre part, depuis sa résurrection, il était très occupé et ne se permettait pas une heure de répit. (Le Visage effleuré de peine, roman, 1964)
Le ciel partout
uniforme muet
Où ses frontières et dans quels temps ?
Existerait-il là-bas
avant l'irréparable
un seul frère visible :
brin d'herbe, fleurs, oiseau
paroles aux bras tendus
qui percerait le mur
ferait enfin venir les larmes
s'éveiller le dedans
la vie.
(L'Instant qui va, Ed. Folle Avoine, 1985) |
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〝我是一個偶然,當然可以分析。我的兄長和我生長在一個不幸的流徙異鄉的家庭裡,必須辛勞方能生存。我印象中我們倆都極想逃離這個我們雖然熱愛卻飽經苦難的家庭。〞
• Gisèle Prasssinos
〝詩歌長伴我身邊。我喜歡用我最初接觸到的詞彙,以及因勤翻詞典而詞義不斷更新的詞彙遣詞造句。〞(吉賽爾.普拉西諾斯訪談錄,《歐羅巴》一、二月號,1994年)
〝她的眼睛是深陷的兩個核桃,從中冒出紅鉛筆芯。她有一張藍藍的嘴和一排黑而黏糊的牙齒。她全身赤裸,可看到渾身佈滿羊毛狀的腫塊,肚臍外掉着一朵盛開的蒲公英。她短小的大腿下長的不是一雙腳而是牛蹄。一眼觀之,她是一隻受傷的白鴿。〞這段摘自吉賽爾.普拉西斯的《一場婚禮》(Description d'une noce) 的文字,是否是她自己的寫照?對於這個來自逝去的歲月,而又總是那麼神秘的我們文學中的女傑,作些想像並不為過。她究竟是一個偶然抑或一隻受傷的白鴿?這個他鄉的浪遊者總是改變着詞彙。
• Gisèle Prassinos à 14 ans, photo Man Ray national Gallerie DR
吉賽爾.普拉西諾斯於1920年誕生於伊斯坦布爾。父親是希臘人,母親是意大利人。1922年全家定居巴黎。她七歲喪母,交由祖母及兩位姑姑照顧。在父親眼中,她只是一隻受愛撫的小貓。父親將全部心力都放在造就兒子馬里奧身上。她記憶中父親是一個博學多才、酷愛書籍的人。室內四壁佈滿書籍,鋪着天鵝絨和絲綢的桌面上,排列着各種珍翫擺設。但往昔的日子給她留下的最深刻印象是女人無限淒涼的世界,為養家活口,穿針引線,做不完的女紅。餐廳用來做工作坊,父親只是在某個時間出現,服侍他吃一天中唯一的一餐。面對這個枯燥無味的日子,吉賽爾很早便養成了和兄長馬里奧一起製作各種小玩意兒的興趣,她心裡一直想擺脫這個似乎等待着她的命運。女人們穿着抽絲的破子、拖着一雙鞋跟磨壞的鞋子蹀躞忙碌的景象傷害了她一顆敏感的童心。十四歲那年的某一天,她突然變得孤獨起來,女友離開她渡假去了,臨行送給她一些淡紫色的卡片,她就在這些卡片上開始寫了起來,她寫腦海裡浮現的景象,希望藉此排遣孤寂。她剛發現了自動寫作,起初,對文學界瞭如指掌的父親開懷大笑,看到女兒竟和超現實主義詩人們一起玩起來了,覺得有趣。
彼時,馬里奧和亨利.帕里佐 (Henri Parisot) 有交往,他將妹妹的詩文拿給他看,接着輾轉傳到一班超現實主義者手中。他們對一個十四歲女孩竟能寫出在他們看來如此艱難的文字感到驚奇。後來,吉賽爾.普拉西諾斯說這是因為他們太有文化了,年紀太大了,而她則是純真無邪。這些超現實主義者出於好奇,並且半信半疑,於是把她請到曼.雷(Man Ray)家中,要她當着大家的面寫。〝我大概整整寫了一天。〞小女孩兩、三次來到〝白色廣場咖啡館〞(Café de la Place Blanche)。〝但是,我全然不知他們在談論些甚麼。想想看,我還在玩着洋娃娃呢…… 貝爾梅爾(Bellmer)令我害怕,聽人說他喜歡未成年女孩,他們都給我留下深刻印象。〞他們多少把她當一件物品對待,並稱她為孩子氣的女人,從不直接和她說話,彷彿她根本不存在似的。至於曼.雷為她拍攝的那張著名的照片,她總記起那滿臉的化妝,滿嘴唇的口紅,展現在超現實主義者眼前,而他們則驚嘆無意識在叨叨絮語。安德烈.布勒東從不缺乏風趣,在他的《黑色幽默文選》(Anthologie de l'humour noir) 裡,他這樣寫道:〝吉賽爾.普拉西諾斯的確是個奇才,所有詩人都嫉妒她。斯威夫特 (Swift) 低下了眼,薩德(Sade)關上了他精緻的密室……〞她最初的詩作發表在《Document 34》及享有盛名的《彌諾陶洛斯》雜誌上。1935年GLM出版社出版了她的詩集《患關節炎的蚱蜢》(La Sauterelle arthritique),由保爾.艾呂雅作序並有一張曼.雷拍攝的照片。
吉賽爾.普拉西諾斯承認自己總是被一種晦澀和異常所吸引,這幾乎成了她自身的一部份,而超現實主義者們甚麼都沒有灌輸給她。再者,他們還不准她閱讀,生怕她受外來的影響。她很快又由GLM出版社出版了第二部詩集《求婚》(Une demande en mariage),接着1936年,故事集《當喧囂升起》(Quand le bruit travaille)出版,後來又發表了一些詩集,但很快她便發覺自動寫作不適合她。她認為這只是一種烏托邦的行為。她從一開始以自動寫作方式寫出的文字都催生出一些人物,這才助她繼續寫下去。不錯,無意識打開了閘門,但畢竟內在的邏輯方能使文字伸展開來並得到統一。〝你不知道我的文字是怎樣經過修飾又修飾才達到完美和諧的。我在詞典裡尋找恰當的字;當然,如果找不到,我會試着換上另一個,但後來又被我塗掉,劃去。我不相信有人會滿足於自動寫作。〞說這番話的時候她已經不是一個小女孩,而儼然是一位文壇女傑。超現實主義者們很少邀請她參與他們的遊戲活動。但亨利.帕里佐卻告訴了她一個秘密,他們想創作一部七人聯手寫的小說。這七個人是艾呂雅、恩斯特、于涅(Hugnet)、卡林頓(Carrington)、阿爾普及帕斯圖羅(Pastoureau)。後來終於製作了一部名叫《遺失骨骼的人》(L'Homme qui a perdu son squelette) 的書,從未發表,亦未完成,後來也不知所終,匆匆開始,無預定的計劃。
也許他們也厭倦了這一切,戰爭即將來臨。普拉西諾斯從來沒讀過它,對它嗤之以鼻。布勒東在街上遇見她時裝做沒看見,臉上露出他那時常愛做的可惡的怪相,口袋裡裝着偵探小說。吉賽爾.普拉西諾斯也就自然地疏遠了超現實主義。當有人問她這段時期的生活時,她總是回以:〝不要拿超現實主義來煩我!〞說實話,她認為這場運動不夠人性,不相信無論誰都可以這樣寫詩,她認為寫詩作文是需要天賦的。讓人人可作詩的理念見鬼去吧。她是在二十歲上才認識超現實主義的,那時正值她對文學痴迷、恨不得將它一口〝吞下〞。她坦承轉變是相當困難的,在與超現實主義決裂後,她的文字也變得拙劣起來,以致在大戰期間及五十年代,她停止發表作品,在托兒所工作。她只是在和丈夫一起翻譯了尼科斯.卡贊扎基斯(Nikos Kazantzakis) 的《自由或死亡》(La Liberté ou la mort)及亞歷克西.佐爾巴(Alexis Zorba)之後才重新提筆寫作的。她的作品和她早期的文字一樣難以歸類。她認為自己沒有小說家的靈感。
〝我的小說沒有任何心理描寫,只是一個片斷一個片斷堆砌起來的。我喜歡描寫重大時刻,而小說則要求首尾呼應,互相連結,我感到厭煩,不想這樣做。〞普拉西諾斯強調短小精悍,這令人聯想起她超現實主義時期的作品。她小說中的人物經常是一些〝修補過的人〞。譬如他們少了一隻胳膊,便撿起另一隻用線縫上。她的小說從現實出發,很快轉向荒謬。〝如果不轉向,我便會興趣索然。〞土地在腳下開裂,塌陷,變成令人不安的深淵。一座房子彈跳着遠去。一個年輕的姑娘生活在沉入水底的房子裡。一些顏色光怪陸離的奇特野獸…… 奇妙變成恐怖,粉紅轉為黑色。〝究竟甚麼叫小說,我一無所知。對我而言,所謂小說大概便是描寫一個人、一對男女、一個家庭的危機、幸與不幸……。〞吉賽爾.普拉西諾斯的作品由不同的出版社出版,如GLM、Plon、Belfond、Grasset等,但她不在乎這些。〝我所需要的,是繼續寫作。雖然這不足以維持生計,但可令我活下來。〞1994年她這樣說道。然而這位女中豪傑不會再給我們更多的了,我們冀盼她被收集起來的作品,在我們的文學殿堂中能佔據它應有的一席地位。
〝我孤獨地守衛着
彷彿樹上一片顫抖的葉子
遠離雲端〞
〝1933年,我已經叫做吉賽爾.普拉西諾斯了。〞
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