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• Portrait de Genet par Jean Cocteau |
« Ses auteurs familiers ont été Villon d’abord et, peu à peu, tous les novateurs ; il aurait eu avec eux des satisfactions artistiques très supérieures à celles qu’ont pu trouver des intellectuels à l’existence plus régulière ou même bénéficiaires de ce que la fortune peut donner aux hommes. Ses modèles restent : Verlaine, Baudelaire et Mallarmé, et bien d’autres dont il exalte le talent, sinon le génie » (Rapport psychiatrique du professeur Henri Claude, daté du 19 juin 1943)
Etrange entrée en matière que ces quelques lignes d'un rapport psychiatrique sur Jean Genet, non ? Mais notre centenaire s'est plu toute sa vie à se fabriquer une légende et qu'il se soit réclamé en particulier de Villon, l'un de nos plus grands crocheteurs, est bien dans son personnage. Et Genet poète ?
Oui, son œuvre poétique ne compte à vrai dire, pas plus de six poèmes mais ses romans seront tous irrigués de fulgurances qui rivaliseront avec les plus beaux vers... Alors, célébrons Genet, cet auteur qui occupe une place si particulière, par sa vie et son œuvre, dans notre siècle vingtième et qui nous semble revenir de chez les fous.
Tout commencera le 19 décembre 1910, à l'hôpital Tarnier de l'Assistance publique, à Paris, où sa mère, «gouvernante», lui donnera le jour, le père demeurant, lui, « non dénommé », selon la formule administrative puis l'enfant sera très vite abandonné et l'Assistance publique le placera dans une famille du Morvan. On le baptisera, le mènera jusqu'à la communion solennelle et dans ses plus chers rêves, sa mère nourricière le voyait embrasser le noble état de prêtre car il se montrait un enfant de chœur zélé... Genet était d'ailleurs timide, effacé, se réfugiant dans les livres, mais il nous rapportera plus tard cet incident : « chaque élève devait décrire sa maison... Il s'est trouvé que ma description était, selon le maître d'école, la plus jolie. Il l'a lue à haute voix et tout le monde s'est moqué de moi en disant : "Mais c'est pas sa maison, c'est un enfant trouvé", et alors il y eut un tel vide, un tel abaissement... Oh ! le mot n'est pas trop fort, haïr, plus que vomir la France . » (L'Ennemi déclaré) Il écrira aussi : « J'ai su très jeune que je n'étais pas français, que je n'appartenais pas au village... » Peu après, il ouvrira la liste de ses chapardages, dérobant à l'école de menus objets et des piècettes à ses parents adoptifs afin d'offrir des friandises à ses camarades. « A dix ans, je volais sans remords des gens que j'aimais et dont je connaissais la pauvreté. On s'en aperçut. Je crois que le mot de voleur me blessa profondément. »
En juin 1923, Genet obtient son Certificat d'études primaires avec mention. Là s'achèvera sa scolarité mais grâce à ses bons résultats, il échappe à la condition de valet de ferme et se voit envoyé à Paris dans un centre d'apprentissage pour se faire au métier de typographe. Quinze jours suffiront pour qu'il s'enfuie avec l'idée en tête de partir en Egypte ou en Amérique. On le retrouvera à Nice et pendant deux ans il connaîtra différents placements qui se termineront abruptement par des vols. Son rêve de quitter la France le hante et ses pas le mènent toujours dans des gares, des trains ou aux abords de villes portuaires. En 1925, chez un compositeur aveugle de chansons populaires, il apprend à versifier mais ayant dilapidé une somme d'argent dans une fête foraine, il est mis en observation dans un service psychiatrique à Saint-Anne où on lui décèle « un certain degré de débilité et d'instabilité mentale ». Il fuguera et subira alors sa première incarcération de trois mois pour échouer ensuite à la colonie pénitentiaire de Mettray, « bagne d'enfants», où paradoxalement il dira avoir été heureux. Il y fera ses premières expériences homosexuelles et à l'âge de dix-huit ans, devançant l'appel, il trouvera en quelque sorte un refuge, intermittant, dans l'armée durant dix années. Volontaire dans les troupes du Levant, il embarquera le 28 janvier 1930 pour le Liban où il sera affecté pendant onze mois. C'est son premier contact avec le monde arabe auquel il restera profondément fidèle. Il sera envoyé ensuite au Maroc et en 1933, de retour à la vie civile, il descend à pied jusqu'en Espagne, étant parti pour « la Tripolitaine » mais le voyage tourne court et il « traîne de bouges en bouges » vivant de prostitution et de mendicité. En 1934, c'est son troisième engagement dans l'armée. Toul puis Aix-en-Provence dans un corps d'élite, mais lassé d'attendre un départ éventuel vers les colonies, il déserte et entame un long périple qui le verra en Italie, Albanie, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Pologne, Allemagne nazie... Partout il goûtera à la prison et subira expulsions en règle. Dernière escale en Belgique, puis Paris, après un an de vagabondage. Pas du tout assagi, il volera 12 mouchoirs à la Samaritaine. Sera arrêté pour port d'arme et en possession de pièces autographes de François 1er et Charles IX, ce qui lui vaudra cinq mois de prison. « Cet état de macération est, en somme, salutaire. N'est-ce pas ce que recherchent les grands saints du catholicisme ? » La liste des vols et des arrestations serait trop longue à décliner mais en 1942 se produira comme un miracle : la petite frappe doublée d'un voleur sans grande envergure qui purgeait encore une peine à la Santé, se transforme en écrivain, et Genet se met à rédiger Notre-Dame des fleurs et compose le poème Le Condamné à mort, imprimé à ses propres frais. Dans sa chambre, une pile de manuscrits de romans, de pièces de théâtre et de scénarios de films. L'année suivante, deux jeunes clients de son éventaire de bouquiniste, fait de livres plus ou moins volés, le présentent à Jean Cocteau, qui d'abord choqué par la crudité de Notre-Dame des fleurs, s'aperçoit très vite de la nouveauté de Genet qui a déjà entrepris l'écriture de son deuxième roman, Miracle de la rose. Ceci ne l'empêchait toujours pas de se livrer au vol de livres et Cocteau le sauvera de la « relégation pertétuelle » qu'il risquait en sa qualité de multi-récidiviste. Il sera peu après arrêté par la Milice, pour une autre affaire, et assimilé aux vagabonds, il sera à deux doigts d'être déporté dans un camp de concentration...
En 1944, paraîtra enfin non clandestinement Notre-Dame des fleurs dans la prestigieuse revue L'Arbalète. Il fait la connaissance de Jean-Paul Sartre et achève le Miracle de la rose, Pompes funèbres, Querelle de Brest, Journal du voleur, Le Pêcheur du Suquet, sans doute son plus beau poème, et travaille sur Les Bonnes que Louis Jouvet créera en 1947. Jean Genet adoptera dans ses textes la langue classique, jugeant l'argot trop évolutif et vite démodé. Alain Buisine dira très bien qu'il avait choisi Proust contre Céline et ses points de suspension. Notre-Dame des fleurs n'était-elle pas en plus de par son titre une petite cathédrale romanesque où étaient représentés les mystères sacrés célébrant la gloire des tantes et des criminels. Genet affirmera d'autre part qu'on ne lit bien Proust qu'en prison ou à l'hôpital. Et que dire de la Rose ? Chez Genet le floral constituera une thématique fondatrice à la fois physiologique, éthologique et stylistique... Alain Buisine ajoutera que ce livre constitue une sorte de réécriture, de détournement et une profanation du texte proustien.
« L'atmosphère de la nuit, l'odeur qui monte des latrines bouchées, débordantes de merde et d'eau jaune, font le souvenir d'enfance se soulever comme une terre noire minée par les taupes (...) La réminiscence qui m'endolorit avec le plus d'efficacité, c'est celle des cabinets de la maison d'ardoises. Ils étaient mon refuge. La vie, que je percevais lointaine et brouillée à travers leur ombre et leur odeur —une odeur attendrissante où le parfum des sureaux et de la terre grasse dominait, les cabinets étant tout au bout du jardin près de la haie — la vie me parvenait singulièrement douce, câline, légère, ou plutôt allégée, échappée à la pesanteur ». Drôle d'endroit où tremper sa madeleine... En 1949, Genet accèdera à une certaine reconnaissance et François Mauriac se penchera sur « le cas Genet » lors de la création de sa pièce Haute surveillance. Les éditions Gallimard entreprennent même la publication de ses Œuvres complètes mais Genet entre tout à coup dans une période de six ans de quasi-silence, en cause sans doute la grâce qui lui est accordée. Habitué à vivre sous de faux noms dans l'insécurité et l'inquiétude de contrôles policiers, cette grâce le coupait définitivement du monde de la délinquance et des prisons « Une fois libre, dira-t-il plus tard, j'étais perdu. » Ne l'oublions pas, Genet aura passé tout de même quatorze ans en prison.
Un autre facteur, la préface monumentale à ses Œuvres complètes, Saint-Genet comédien et martyr de Jean-Paul Sartre qui le rendit célèbre dans le monde entier. « Toi et Sartre, dit-il à Cocteau, vous m'avez statufié. Je suis un autre. Il faut que je trouve quelque chose à dire » Et ce sera le théâtre : en 1955, trois pièces le mettront d'emblée au premier rang des dramaturges contemporains : Le Balcon, les Nègres, Les Paravents qui représenté à l'Odéon avait nécessité, ironie du sort, un cordon de flics pour protéger le théâtre. Cette pièce, il la récrira quatre fois et publiée aux éditions de l'Arbalète en février 1961, elle sera la dernière œuvre publiée de son vivant.
Paul Thévenin nous confie quelque part que Genet a toujours eu le souci d'apparaître comme un poète : « Est-ce que vous croyez que je suis un poète, un vrai poète ? » Et de nous dire qu'il connaissait par cœur les poèmes de Mallarmé et que dans les dernières années de sa vie sa grande ambition était de parvenir à la légèreté de Nerval dans Aurélia... La politique et le monde contemporain s'empareront de Genet. En 1967, un long voyage en Extrême-Orient le mènera au Japon et en Chine après l'Inde et la Thaïlande. Un magazine américain l'invitera aux U.S.A. où il prendra part à des manifestations contre la guerre du Vietnam. En France, il prendra fait et cause pour les travailleurs immigrés aux côtés de Sartre et Foucault, et sa grande année sera 1970 où il sillonnera le territoire américain avec les « Panthères Noires » en faveur de la cause des Noirs. Il se rendra en Jordanie et rencontrera secrètement Yasser Arafat. Les dernières années, il s'installera progressivement au Maroc et en 1982, il sera le premier témoin européen du massacre de Palestiniens commis à Sabre et Chatila par l'armée israélienne. Cet événement déclenchera chez lui la reprise de « l'acte d'écrire » et à partir de notes accumulées pendant près de trente ans, il s'attellera à son dernier livre Un captif amoureux qui paraîtra en mai 1986, un mois après sa mort d'un cancer. Et pour finir, ces lignes de Paule Thévenin qui datent de 1993 : « Il faut bien m'en revenir maintenant à cette question qui m'indigne, cette célébration de Jean Genet que je vois de plus en plus se profiler et qui n'a d'autre but que de l'enfermer, de l'incarcérer parmi les écrivains célèbres, morts, alors que personne n'a jamais, même mort, été aussi vivant que lui, peut-être justement parce qu'il a su très tôt se mettre avec la mort dans un rapport d'intimité qui l'a préservé d'entrer dans un panthéon. »
TU VEUX PÊCHER à la fonte des neiges
Dans mes étangs de bagues retenus
Ah dans mes beaux yeux plonger tes bras nus
Que d'acier noir deux rangs de cils protègent
Sous un ciel d'orage et de hauts sapins
Pêcheur mouillé couvert d'écailles blondes
Dans tes yeux mes doigts d'osier mes pâles mains
Voient les poissons les plus tristes du monde
Fuir, de la rive où j'émiette mon pain.
Tremble. Au sommet de toi seul balancé
Ton talon rose accroche à la ramure
Le soleil levant. Tremble ton murmure
Frissonne sur mes dents. Tes doigts cassés
Peignent l'azur et déchirent l'écorce
Ô tremble qui te fait doux et frangé
De neige. Erige, exige ce torse
Blessé profond mais de plume allégé
A s'épanouir mes lèvres le forcent
(Le Pêcheur du Suquet, extrait) |
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〝他熟悉的作家首推維庸,接着是所有的革新者。他對他們的藝術感受遠超過那些生活正常或富裕悠閒的知識份子。他的偶像有魏爾倫、波德萊爾及馬拉美等,他讚揚他們的天賦和才智。〞(1943年6月19日亨利.克洛德教授有關熱內精神病的報告)
以精神病醫生的報告作文章的開場白,豈不有些怪誕?但我們這位百歲冥壽的詩人終其一生都喜歡製造傳奇,他特別推崇竊賊詩人維庸,在他身上更有他的影子。而作為詩人的熱內,又是如何呢?說實話,他的詩作充其量不超過六首。但他的小說卻是別一番情景,流光溢彩,斑駁陸離,堪與最美的詩歌比肩。好吧,讓我們來紀念這位以其人生經歷、以其作品,在二十世紀佔有一席特殊地位的詩人,他彷彿從一群瘋子中向我們走來。
• Portrait de Jean Genet, Alberto Giacometti, 1955 |
一切從1910年12月19日巴黎公共救濟事業局屬下的塔尼耶醫院開始。當〝女管家〞的母親把他生下來,但父親不知何人,他很快便被拋棄,由公共事業救濟局將他安置在莫爾旺的一個農家撫養。他受洗、領聖體。由於他是唱詩班裡一個虔誠的孩子,奶娘曾寄望他長大後成為高貴的神甫。然而熱內是一個生性羞怯不起眼、一心只埋頭讀書的孩子。後來他向我們講述了這樣一件事:〝每個學生都要寫一篇有關家庭的作文…… 結果老師說我的一篇寫得最好,並向大家高聲朗讀起來,但同學們卻嘲笑我,說這不是我的家,我是一個棄兒。我頓時腦海一片空白,感到一種莫名的羞辱。噢,我唾棄、我憎恨法國,我這樣說並不過份。〞(《不共戴天的敵人》L'énemi déclaré)。他這樣寫道:〝我年紀很小便知道自己不是法國人,不屬於這個村子……〞不久後,他便開始偷竊起來。他偷養父母的一些微不足道的東西和小錢,用來買糖果給小伙伴。〝十歲時,我便偷竊我喜歡的一些人,我知道他們都是一些窮人,但我並不感到內疚。後來被人發現了。我覺得小偷的稱號令我感到心痛。〞
1923年,熱內獲得好評小學畢業,結束了學習生涯。由於成績優異,躲過了在農莊當差的命運,被送到巴黎學印刷手藝。然而只半個月時間他便溜之大吉,萌生了到埃及或美洲的念頭。他在尼斯待了兩年,從事各種行業,但最後都因偷竊遭解僱。離開法國的念頭一直纏繞着他,於是他常出沒於火車站、列車上及一些港口城市。1925年,他跟一位盲人民歌作曲家學寫詩歌,但由於在市集裡偷了一筆款而被捕,關在聖-安娜一家精神病院裡接受觀察,醫生發現他有〝某種程度的弱智及情緒不穩〞。他潛逃了並第一次被監禁三個月,後轉至被稱做〝兒童苦役所〞的梅特雷教養院。在這兒,他卻一反常理,覺得非常快活。他第一次經驗了同性戀,十八歲那年,提前應征入伍,在斷斷續續十年的軍旅生涯裡,他找到了避難所。他自願加入外國兵團,於1930年1月28日遠赴黎巴嫩,並在那兒駐守了十一個月。這是他第一次和阿拉伯世界接觸,從此忠貞不渝。接着他被派往摩洛哥,1933年復員。他到了的黎波里塔尼亞後,徒步來到西班牙,但旅程突然中斷,於是他〝從一間酒吧到另一間酒吧〞,靠賣淫和乞討渡日。1934年,他第三次從軍,跟着精銳部隊,先在圖勒後前往艾克斯,候命前往海外殖民地。但他疲於等待,開小差逃走了,並開始了漫長的流浪生活,足跡遍及意大利、阿爾巴尼亞、南斯拉夫、捷克斯洛伐克、波蘭、納粹德國…… 他遍嚐鐵窗風味,四處被驅逐。最後一站來到比利時,經過一年的浪遊,終於回到巴黎。他毫無改邪歸正之意,在撒瑪利丹百貨公司偷了十二條手帕,並因被搜出藏有槍械及幾枚有弗朗索瓦一世及查理九世簽名的硬幣而被捕,在獄中渡過了五個月。〝這種苦行,可謂有益身心。天主教的大聖們孜矻以求的,不也是這嗎?〞他偷竊被捕,不計其數。但1942年,卻發生了一個奇蹟,這個小偷小摸的毛賊在教養院服刑期間,竟幻變成一位作家。他寫了詩歌《死囚》(Le Condamné à mort),並着手寫《鮮花聖母》(Notre-Dame des fleurs),自費出版。他的房間裡堆滿小說、戲劇和電影劇本的手稿。翌年,兩個收購他藏書(其中大部份都是偷來的)的顧客將他介紹給讓.科克托。科克托初時被《鮮花聖母》裡露骨的描寫所震驚,接着很快便發現了熱內作品的新意。這期間,他仍惡習未改,繼續偷書。由於他是積犯,險遭〝終身流放〞,是科克托把他拯救出來。不久,他卻因另一罪行被保安隊逮捕,險些與一群流浪漢一起被送到集中營。
1944年,《鮮花聖母》終於正大光明地由頗負盛名的《弩》雜誌(L'Arbalète)刊載發表。他認識了讓-保爾.薩特並完成了《玫瑰奇蹟》(Miracle de la rose)、《葬儀》(Pompes funèbres)、《布列斯特的爭吵》(Querelle de Brest)、《小偷日記》(Journal du voleur)和詩歌《敘凱的漁夫》(Le Pêcheur du Suquet),這也許是他最優美的詩歌,並着手創作《女僕》(Les Bonnes),1947年由路易.茹韋(Louis Jouvet)首演。讓.熱內的文筆古雅,他認為俗語行話變化太快,容易過時。阿蘭.比西納(Alain Buisine)說得好,他指出熱內選擇普魯斯特而摒棄塞利納(Céline)及其省略號,《鮮花聖母》如它的標題所示,豈非一座充滿詭異的小型大教堂,其中充斥着對斷袖分桃及其他種種罪惡的謳歌的神秘行徑。熱內說只有在監獄或醫院裡才能讀好普魯斯特。那麼〝玫瑰〞又意味着甚麼呢?在他的作品裡,花卉成了主旋律,同時具有生理學、動物行為學及文體學的色彩。阿蘭.比西納還補說道,這部作品是普魯斯特本文的重塑、騎劫和褻。
〝夜的氣氛,從糞便堵塞的茅坑升起的惡臭,像一塊被鼹鼠蚕蝕的黑土一樣,勾起童年的回憶,最令我感到痛苦的回憶是那石板瓦監獄裡的診所,這不啻是我的避難所。透過診所隱約的影子和氣味,那盪漾在花園深處籬笆附近的診所上空的泥土和青草發出的感人的氣味,我瞥見遠處朦朧的生活,那生活於我特別柔和、溫存、輕鬆、愉快,令我如釋重負。〞這是他把馬德蓮娜小蛋糕浸泡在茶水裡來吃的古怪的地方。1949年,熱內受到世人的某種認同,當他的《高度監視》(Haute surveillance)首演時,弗朗索瓦.莫里亞克非常關心〝熱內事件〞。伽里馬出版社正籌備出版他的著作全集,但這時他卻突然幾乎沉寂了整整六年,究其因這也許與政府對他的法外開恩有關。他習慣於用假名在警察的監視下過着動蕩不安的生活。這個寬恕使他和犯罪及牢獄一刀兩斷。他後來說:〝一朝自由,我便失卻了方向。〞別忘了熱內一生在獄中渡過了十四個年頭。
讓-保爾.薩特為他的全集所寫的序《聖.熱內:藝人與殉道者》 (Saint-Genet comédien et martyr)令他揚名於世。他對科克托這樣說道:〝是你和薩特為我塑像,我成了另一個人, 我應該對你們說些甚麼呢?〞1955年,他的三部話劇《陽台》(Le Balcon)、《黑人》(les Nègres)及《屏風》(Les Paravents)令他一夜間躋身於當代一流的戲劇大師的行列。《屏風》一劇在奧德翁劇院上演時,竟有勞大隊警察排成一線維持秩序,不無諷刺。這部戲劇他修改了四次,1961年由《弩》出版社出版問世,這是他在世時出版的最後一部著作。
保爾.泰弗南(Paul Thévenin)告訴我們,熱內總希望自己是一個詩人。他問人道:〝你以為我是一個詩人,一個真正的詩人嗎?〞並說他熟讀馬拉美的詩,在他生命的最後幾年,他的雄心壯志是能像奈瓦爾在他的《奧雷莉亞》(Aurélia)裡那樣輕盈飄渺。政治和當代世界無法使他置身事外。1967年,他到遠東做了一個長途旅行,足跡遠及印度、泰國、日本、中國。美國的一家雜誌邀請他赴美,在那兒,他參加了反越戰的示威遊行。在法國,他站在薩特和福柯一邊,支持外籍移民工的鬥爭。1970年對他十分重要,他跟〝黑豹〞 (Panthères noires)組織一起,為黑人的正義事業走遍美國大地。他到約旦並秘密會見了阿拉法特。在他生命的最後幾年,他漸漸移居摩洛哥並於1982年成為第一個目擊以色列軍人在Sabra和Chaltila屠殺巴勒斯坦人的歐洲人。這個事件促使他重新提起筆桿,並在將近三十年記錄下的豐富資料基礎上,寫下了他生平的最後一部著作《戀愛的囚徒》(Un captif amoureux),在他因癌症逝世後的一個月,即1986年5月出版。最後讓我們引用保爾.泰弗南1983年寫下的以下幾句話來結束本文:〝現在且來談談這個令我憤慨的問題,我發現對讓.熱內的紀念主題越來越清晰,即將其列入已死的著名作家的隊伍中。然而熱內雖已離我們遠去,但沒有一個人能像他那樣仍活在我們心中,大概這是因為他一早就和死神親密無間,才使他免以和死去的名人為伍。〞
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