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« The Drunkard » (L’Ivrogne) devrait bientôt sortir sur les écrans, c’est une adaptation d’un roman de l’écrivain Liu Yichang. Le réalisateur Freddie Wong a étudié en France et a été assistant de Alain Corneau. Rentré à Hong Kong dans les années 80, il a travaillé longtemps dans le cinéma comme critique, producteur et organisateur de festival avant de réaliser ce film. Paroles l’a rencontré.
Vous avez adapté pour ce film un roman de Liu Yichang qui était cette année l’écrivain vedette de la Hong Kong Book Fair. A plus de 90 ans, il connaît un nouveau printemps chez les lecteurs chinois, pourquoi avoir fait ce choix ?
Je connais le nom de cet écrivain depuis presque 50 ans. Quand j’étais étudiant, il écrivait des feuilletons littéraires dans les journaux de Hong Kong. A cette époque, on n’avait pas de livres à la maison, il fallait aller dans les bibliothèques ou lire ces feuilletons littéraires dans la presse quotidienne. Liu Yicheng était célèbre et écrivait énormément de nouvelles intéressantes.
J’avais lu ce livre dans les années 70, je l’aimais beaucoup et l’avais emporté en France quand je suis allé faire des études de cinéma à Paris, mais je pensais alors que c’était difficile d’en faire un film.
Pourquoi une adaptation au cinéma vous semblait-elle si difficile ?
Les littérateurs ou amateurs de littérature pensaient que c’était impossible d’adapter cet ouvrage, certains disaient même que j’étais fou. Liu Yichang est le premier romancier chinois à avoir utilisé cette technique du « Flux de conscience » qui tend à suivre directement la pensée de l’auteur. Il y a de plus beaucoup d’évocation de souvenirs et de conversations littéraires entre les personnages dans ce roman, comme entre l’écrivain Lau et son jeune collègue Mak qui rêve de fonder une revue littéraire. Liu Yichang mentionne dans ce livre de nombreuses œuvres littéraires chinoises et occidentales et de nombreux écrivains, comme Joyce, Proust et même Françoise Sagan. Ce n’était donc pas facile d’adapter ce livre à l’écran.
Cependant quand plus tard, j’ai produit le film Love Will Tear Us Apart de Yu Lik Wai, j’ai alors relu le roman et pensé que c’était faisable. J’ai contacté M. Liu pour obtenir les droits du roman. M Liu qui est amateur de cinéma, notamment de films comme Rashomon de Kurosawa, m’a dit qu’il avait lu beaucoup de mes articles et a accepté de me vendre les droits.
Que représente pour vous cette histoire dans notre société d ‘aujourd’hui ?
Le roman reflète la société de Hong Kong dans les années 60. Cet écrivain immigré de Shanghai se retrouve dans une société où chacun court après l’argent et où personne n’a besoin de littérature. Il est forcé de survivre en écrivant des romans d’arts martiaux populaires et trouve sa seule échappatoire dans l’alcool. Il est trompé par un réalisateur qui vole son scénario sans le payer et est obligé de déménager constamment. C’est l’histoire de ses déboires et de ses rencontres avec quelques femmes qui croisent son chemin.
Je trouve en fait qu’aujourd’hui, 40 ans après, cette histoire est toujours d’actualité, la situation n’a guère changé, cette société court toujours après l’argent et les artistes ont la vie difficile. J’ai fait un film qui reste littéraire même si j’ai ensuite coupé ses scènes trop littéraires qu’éventuellement j’aimerais remettre dans le DVD pour les amateurs du roman.
Comment s’est passé le tournage ?
On a tourné dans le vieux quartier de Wanchai, à Malory Street pour reconstituer l’époque des années 60 et dans la White House à Pokfulam où l’on a reconstitué intérieurs et night club de l’époque. On a dû tourner en 16 jours, travaillant parfois 24 heures d’affilée. J’avais d’ailleurs une équipe francophone et francophile avec des collaborateurs de grande qualité, le peintre et directeur artistique Yank Wong, l’un des meilleurs décorateurs de cinéma de Hong Kong qui a reconstitué le années 60, la monteuse de Eric Rohmer, Mary Stephen et pour la musique, un français, Da Jamz (a.k.a. Jean-Michel Ou). Seul Henry Chung, le directeur de la photo ne parlait pas français.
15 October- 21 November 2010
Programme et Billets
www.newvisionfestival.gv.hk |
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• Le réalisateur Freddie Wong et l'acteur John Chang |
電影《酒徒》快將公映,本片是改編自作家劉以鬯的同名小說。導演黃國兆曾在法國留學並曾經擔任法國導演阿倫.哥爾奴(Alain Corneau)的助手。他在八十年代回到香港,拍這部電影之前曾以影評人、製片及香港電影節策劃的身份在電影界工作了一段很長的時間。《東西譚》特別為他作了一次專訪。
你這部電影是改編自劉以鬯的小說,他是今年書展的明星,這位九十多歲高齡的作家再次受到華語讀者的重視。你為甚麼有這樣的選擇呢?
我認識這位作家的名字已差不多五十年了。當我還在求學的時候,他已為報香港的報章寫連載小說。當時,一般人的家裡都沒有甚麼藏書的,看小說必須到圖書館或閱讀刊登在報章上的連載小說。劉以鬯很出名,他寫了很多精彩的短篇故事。
我在七十年代看過這本書,非常之喜歡,當我去巴黎攻讀電影的時候還帶了去法國,但那時我覺得很難將它拍成電影。
若認為很困難,那為何你又將它改編成電影呢?
那些搞文學的人或文學愛好者都認為不可能將這作品改編成電影,甚至有人覺得我發神經。劉以鬯是第一個華人作家採用〝意識流〞的寫作手法,這種寫作手法傾向於直接隨著作者的思想走。此外,這本小說中有很多令人回味的回憶及人物間精闢的對白,例如姓劉的作者與他那位一直夢想辦一本文學雜誌的同事之間的一席話。劉以鬯在小說中提及多本中、西方的文學作品,以及不少作家,如喬也斯(Joyce)、普魯斯特(Proust),甚至乎莎岡(Françoise Sagan)。因此,將這本書改編成電影真的是不容易。
然而,當我後來監製余力為的影片《天上人間》時重讀了這本小說之後,我便覺得那是可行的。為取得這本小說的版權我聯絡了劉先生。本身也是電影發燒友的劉先生(他特別喜歡黑澤明電影,如《羅生門》)對我說他曾讀過很多我的文章,並同意將版權賣給我。
依你所言,這故事在我們今日的社會中代表甚麼?
這小說反映了香港六十年代的社會。這位由上海移民來港的作家發現自己置身於一個所有人都重視金錢,並不需要文學的社會中。為生計他被迫寫一些流行的武俠小說,並終日借酒消愁。他被一名導演欺騙,不付錢之餘還盜用了他的劇本,害得他要不停地搬家。這故事是描寫他的挫折以及他人生歷程中所遇到的幾個女性。
我發現其實在四十年後的今日,這個故事仍然是現實,情況根本沒有多大的改變,這個社會仍然追逐金錢,藝術家的生活仍然困難。雖然我後來剪了一些太過文學性的情節,但我製作的仍是一部文學電影,而我亦打算在推出DVD時為熱愛這本小說的人將剪掉的的部份重新加入。
拍攝的過程順利嗎?
為了重現六十年代的景貌,我們在灣仔舊區茂羅街一帶取景,並在薄扶林的白屋重建當時的室內和夜總會的景貌。我們必須在十六天內完工,因此有時要24小時不停地拍攝。不過,我有一隊極之出色的工作團隊,他們都是說法語的或是熱愛法國文化的人,如畫家兼美術總監黃仁逵,他是香港五大美術指導之一;伊力.盧馬的〝御用〞剪接師雪蓮(Mary Stephen)負責剪接,而音樂則由法國音樂人吳杰(Da Jamz),又名Jean-Michel Ou配樂。攝影指導鍾有添是唯一一個不諳法語的隊友。
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