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En 25 ans, 14 longs métrages de fiction mais aussi un important travail documentaire et plusieurs courts métrages, le cinéma d’Olivier Assayas s’est affirmé comme une des œuvres majeures du cinéma français, et comme une des plus importantes propositions du cinéma contemporain dans le monde entier. Les beautés, les forces et les singularités de chaque film ne s’éprouvent qu’en le regardant un par un, la grande diversité des sujets et des styles n’empêche pas de discerner à la fois une cohérence de l’ensemble, et les étapes d’un parcours, d’une évolution.
Les sources de l’œuvre d’Olivier Assayas, né en 1955, sont multiples. Il est possible de relier à son héritage paternel (il est le fils de Jacques Rémy, un des grands scénaristes français d’après-guerre), son sens du récit, son goût pour la fiction, un talent de scénariste qui s’est affirmé très tôt, notamment aux côtés d’André Téchiné pour Rendez-vous (1985) et Le Lieu du crime (1986) avant d’être investi dans ses propres réalisations. Peut-être peut-on aussi attribuer son ouverture aux cultures étrangères et à la diversité du monde, qualité si rare dans le cinéma français, au fait d’être le fils d’une mère hongroise et d’avoir grandi en entendant parler plusieurs langues à la maison. De son adolescence, il garde un goût et une connaissance encyclopédique de la musique et de la culture rock et de leurs descendances, mais aussi une boulimie de connaissance, qui font de lui un véritable connaisseur en littérature, en arts plastiques, en histoire ou en politique internationale. Cela non plus n’est pas si courant parmi les réalisateurs…
• Les Destinées sentimentales |
En 1980, il devient critique aux Cahiers du cinéma, où il développera deux approches personnelles importantes : d’une part l’ouverture de la revue sur le cinéma de genre, notamment le fantastique, le film d’horreur et les recours désormais massifs de Hollywood aux effets spéciaux ; d’autre part l’exploration sur des cinématographies étrangères. A partir du numéro « Made in Hong Kong » de 1984, il devient un des meilleurs connaisseurs occidentaux des cinématographies d’Extrême-Orient, et comprend les singularités et les enrichissements que sont susceptibles d’apporter au langage du cinéma aussi bien les films d’action hongkongais que les œuvres des maîtres taïwanais qui deviennent ses amis, Hou Hsiao-hsien et Edward Yang.
A des titres divers, toutes ces caractéristiques sont actives dans l’œuvre qui s’inaugure véritablement en 1985 avec Désordre, consacré à un groupe de rock dont les membres doivent faire des choix au sortir de l’adolescence. Cette thématique est aussi au cœur des films suivants (L’Enfant de l’hiver, 1989, Paris s’éveille, 1992, Une nouvelle vie, 1993, L’Eau froide, 1994), mais cette cohérence ne met que mieux en évidence la diversité des tons et des styles avec lesquels Assayas construit son cinéma.
Irma Vep (1996), et le documentaire consacré à Hou Hsiao-hsien, HHH, Protrait of Hou Hsiao Hsien (1997) marquent l’ouverture du cinéma d’Olivier Assayas à de nouvelles dimensions. Il trouve désormais la capacité de faire dialoguer des films inscrits dans une tradition et des problématiques françaises (Fin août début septembre, 1998, Les Destinées sentimentales, 2000, L’Heure d’été, 2008), avec un souffle narratif et une justesse rares, avec des films explorant les enjeux les plus vastes et les plus contemporains, où la mondialisation et l’essor des technologies reconfigurent le monde, et les imaginaires (Demonlover, 2002, Clean, 2004, Boarding Gate, 2007).
• Eldorado / Prejlocaj |
Tracer une telle séparation entre ces films ne leur rend pourtant pas justice, tant les enjeux les plus amples sont présents y compris dans les films les plus intimistes et « locaux », tant la sensibilité aux personnes, aux émotions, au quotidien habite les projets les plus « globaux », et aux formes plastiques les plus aventureuses. L’activité cinématographique durant cette période féconde ne se limite d’ailleurs pas aux longs métrages de cinéma : programmant un concert rock dont il organise le filmage (Noise, 2006), transformant sa participation au film collectif Paris vu par en expérimentation personnelle (Quartier des enfants rouges, 2006), réalisant une installation vidéo pour l’exposition La Force de l’art, filmant aux côtés d’un chorégraphe, Angelin Prejlocaj travaillant avec un compositeur, Karlheinz Stockhausen (Eldorado/Prejlocaj, 2007), il ne cesse d’explorer de nouvelles pistes. 2010 aura marqué une nouvelle étape importante dans son parcours, avec la présentation triomphale à Cannes du monumental Carlos (5h30). Conçu en trois épisodes en vue de sa diffusion sur Canal +, ce portrait du terroriste le plus célèbre des années 70 et 80 devient le récit haletant et cosmopolite de vingt ans d’histoire du monde, dans toute sa complexité, portée par un souffle spectaculaire exceptionnel.
Olivier Assayas at the French Cinepanorama
Saturday 28 November 2010 at 5 pm
Hong Kong City Hall, Central
Olivier Assayas will meet the public after the screening of Carlos |
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25年內拍攝了14部長片,再加上相當數量的紀錄片和幾部短片後,奧利維耶阿薩亞斯已為自己在法國及世界當代影壇上奠定了電影大師的地位。我們惟有逐一欣賞他的每部電影才能感受到他的作品中的優雅風格和獨特之處。雖然他的電影之主題和風格之種類十分多元化,但觀眾仍然可以從他的整體作品中看到一致性,而他的每部電影亦似乎較前一部更加成熟和更有水準。
奧利維耶阿薩亞斯(1955年生)的作品靈感很多。他的敘事方式,他對虛構故事的興趣和創作劇本的才華等質素或許是與他的遺傳基因有關(他的父親積克雷米是第二次世界大戰後的偉大劇作家之一)。他劇作家的身份很早便被肯定了,1985及1986年間,他先後為安德烈泰希尼的電影《約會》(Rendez-vous)及《罪案現場》(Lieu du crime)創作劇本,之後他開始從事導演的工作。很有可能因為他的母親是匈牙利人,他是在一個講多種語言的家庭中長大,所以他對外國文化和世界的多樣性持開放的態度,這是法國電影界中少見的質素。自少年時代起,他已熱愛音樂和搖滾樂文化,並博覽這方面的知識,但他的求知欲也十分強,因此他對文學、造型藝術、歷史或國際政治等範疇上亦有廣博的知識。在導演行內這也是不常見到的……
1980年,他為《電影手冊》(Cahier du cinéma) 撰寫影評,並在那兒培養出兩種重要的個人方針:其一是讓雜誌接納〝世態電影〞,如幻想電影、恐怖片及荷里活今後大量運用特別效果拍攝的電影;另一方面是探索外國的電影。自1984年《香港製造》那一期開始,他成為了西方其中一位最了解遠東電影的人。他還因此與一些亞洲導演如台灣的侯孝賢和楊德昌成為好友。
1985年的《迷亂》(Désordre)是他執導的第一部長片,內容講述一隊搖滾樂隊的成員在成長的過程中必須面對的抉擇。而他之後拍攝的幾部電影:1989年的《冬之子》(L'Enfant de l'hiver) 、1992年的《巴黎甦醒》(Paris s'éveille) 、1993年的《新生命》(Une nouvelle vie) 、1994年的《赤子冰心》(L'Eau froide) 都是以這類題材為主題,但這種一致性卻反而更加突顯了阿薩亞斯的電影風格和調子的多元化。
《女飛賊再現江湖》(Irma Vep)和《侯孝賢面面觀》(HHH, Protrait of Hou Hsiao Hsien)這兩部影片標誌着奧利維耶阿薩亞斯的電影邁向一個全新的領域。自此,他成功透過電影以清新的敘事手法和少有的準確性講述有關傳統和法國所面對的問題(《我的愛情遺忘在秋天》(Fin août début septembre, 1998)、《情感的宿命》(Les Destinées sentimentales, 2000)、《夏日時光》(L'Heure d'été, 2008)),和探討一些牽涉範圍更廣泛,更切合現代的問題(《魔鬼情人》(Demonlover, 2002)、《錯得多美麗》(Clean, 2004)、《登機閘口》(Broading Gate, 2007))。
在這段多產的日子中,阿薩亞斯並非只專注於製作電影,他同時也製作了一個搖滾音樂會的節目,並將音樂會拍成電影《Noise》(2006年);他還將參與集體製作的電影《巴黎見聞》(Paris vu par)之經驗轉化為個人的體驗(《紅孩廣場》Quartier des enfants rouges, 2006);他更為展覽〝藝術的力量〞(La Force de l'art)創作了一件錄像裝置作品,並拍攝了紀錄片《普雷祖卡 / 黃金國》(Eldorado/Prejlocaj, 2007),內容紀錄編舞家普雷祖卡與德國作曲家史托克豪森的合作過程。2010年標誌着他的導演生涯中的一個里程碑,他成功在康城影展中介紹一套龐大的製作《卡洛斯》(片長5小30分)。這影片原本是為電視台拍攝一系列三集的電視片集,內容講述70至80年代最著名的恐怖份子卡洛斯,那是一個橫誇二十年,牽涉到世界各地的驚人故事。
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