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• Craig Au Yeung |
La bande dessinée hongkongaise, pour qui fait la démarche de la découvrir, à l’instar de la veine cinématographique originale qui s’est épanouie dans l’archipel sur le même terreau, apparaît vite pour ce qu’elle est : riche d’une identité singulière, qui lui permet de s’affranchir aussi bien du modèle envahissant du manga que des contraintes idéologiques pesant ailleurs en Chine sur les auteurs et leurs éditeurs.
Cette identité, la bande dessinée de Hong Kong la tire évidemment de la liberté d’expression dont on jouit au sein du territoire hongkongais, mais aussi, en grande partie, de la diversité de ses artistes et des tendances dont ils sont porteurs : Une bande dessinée populaire lorsqu’elle s’attache à relayer les goûts des lecteurs pour le spectacle, les grands mythes et l’action, ou davantage créative et innovante lorsque ses auteurs les plus exigeants choisissent de privilégier l’expression de soi ou de dévoiler les illusions du « miracle » hongkongais – mais quoi qu’il en soit toujours en prise avec l’inépuisable vitalité qui constitue, depuis des décennies, la marque de fabrique du « made in Hong Kong ».
C’est l’histoire récente de cette bande dessinée-là, foisonnante, composite, contrastée, que retracera à Angoulême l’exposition conçue par le Hong Kong Arts Centre, inédite en Europe. «Récente» au sens moderne du terme: le parcours de l’exposition débute à l’orée des années 60, à l’époque où le territoire de Hong Kong, alors formellement une colonie sous administration britannique, connaît l’une de ces arrivées massives de populations (en l’occurrence des vagues de réfugiés fuyant les famines qui sévissent en Chine communiste toute proche) qui ont historiquement ponctué son essor.
À compter de ces sixties à la fois chamboulées et pleines d’espoir, Hong Kong va connaître sans la moindre pause un développement phénoménal, et devenir en à peine cinquante ans l’un des principaux pôles de prospérité de la région Asie-Pacifique.
Le parcours de l’exposition, chronologique, égrène, une à une, les décennies qui se sont succédé depuis lors et met l’accent, pour chacune d’elles, sur les œuvres et les auteurs les plus significatifs de la période. Chaque décennie est matérialisée, dans l’enceinte des Ateliers Magelis, un bâtiment historique d’Angoulême, par une sorte de grande caisse de transport multimédia contenant panneaux de présentation, reproductions de planches de bande dessinée, albums à feuilleter et écrans de consultation où sont présentées des interviews d’auteurs et les principales productions audiovisuelles inspirées de séries en bande dessinée.
Le cheminement au sein de l’exposition s’achève chronologiquement aujourd’hui, au seuil des années 10 du nouveau millénaire, et montre à quel point la bande dessinée de Hong Kong a su mûrir au rythme du développement économique, culturel et politique du territoire, générant aussi bien une sensibilité indépendante attachée à commenter le monde et ses imperfections qu’une école plus grand public, héritière des grandes épopées aventureuses, fantastiques ou martiales qu’affectionne tant l’imaginaire chinois.
Le programme de la présence hongkongaise au Festival comporte également une série d’animations et de rencontres, dont des conférences publiques, des séances de dessin, des rétrospectives de dessinateurs, ainsi qu’un stand de vente et la publication d’une monographie en anglais pour promouvoir la créativité de la production de Hong Kong.
Une vingtaine de professionnels et dessinateurs se rendront à Angoulême fin janvier: Craig Au Yeung, Lee Wai-chun, Lee Chi-ching, Jeffrey Lau Wan-kit, Li Chi-tak, Ted Yeung Hok-tak, Chihoi Lee, Stella So, Laitattatwing, Kongkee et Rainbow Leung, Ahko and Kai. Les versions françaises de Twinkle Twinkle Little Star (L’enfer de Jade) de Laitattatwing, ainsi que de Tonight I Kill My Dog (traduit en français par Pourquoi j’veux manger mon chien) de Ahko seront exposées. Hijacking (Détournement), la dernière collaboration entre Kongkee et Chihoi, est également en cours de traduction française.
Sur la BD Hongkongaise lire sur le site de l'Alliance - Paroles:
Eloge de la lenteur (Chi Hoi), Jacques Laruelle, Paroles Nº 193
La litterature hongkongaise piratée, Sonia Au Ka-lai, Paroles Nº 211,
La bande dessinée hongkongaise en traduction française, G. Henry,
Paroles Nº 218
http://www.alliancefrancaise.com.hk/paroles/archive/index.html |
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香港的漫畫如同在同一片沃土綻放吐艷的香港電影一樣,有志探索它的人一眼便可瞥見其特殊的身份。它既可擺脫那咄咄逼人的日本漫畫,亦不受中國大陸對作者及出版商的思想限制。
• Laitattatwing |
香港漫畫的這一特點來自香港地區言論自由自不待言,但在很大程度上,亦受益於漫畫家的流派紛呈,多姿多采。有為人喜聞樂見的漫畫,傳遞着讀者對一些電視劇目、傳奇故事的興趣;又或者一些極富創意和革新精神的漫畫,態度嚴謹的漫畫家在作品中刻意表現自我或揭示所謂的香港〝奇跡〞的幻象。但不管怎樣,這幾十年來,香港漫畫總是生機勃勃,充滿創意,是地地道道的〝香港製造〞。
香港藝術中心精心製作的這一豐富多采、內容駁雜、對比強烈的近代香港漫畫史,將首次在歐洲、在安古林的國際漫畫節中向世人展出。所謂〝近代〞是因漫畫是由上世紀英國殖民政府統治下的六十年代說起,彼時香港人口暴漲,大陸逃荒避難者蜂擁而至。從混亂卻充滿希望的六十年代起,香港經歷了不可思議的迅猛發展,在短短五十年間,搖身一變成為亞太地區車舟輻輳、商賈雲集的繁華地之一。
展覽按時序每十年逐個推進,重點介紹每一時期成績卓著的漫畫家及其作品。在安古林Ateliers Magelis這座歷史建築物內,有六個多媒體互動展箱,展出每個時期的漫畫作品、漫畫冊、漫畫家訪談影片以及根據一些漫畫系列製作的錄像等等。展覽以新世紀的頭十年煞尾,展示了香港漫畫隨着地區經濟、文化、政治的發展而日趨成熟,既產生了批判世事、針砭時弊、有獨立思想的漫畫,亦孕育出一個受眾更廣的流派,繼承發揚了繪畫神奇、驚險、功夫武俠這些為中國人迷戀的漫畫。
• Stella So |
是次漫畫節,香港的參展項目除漫畫作品外,亦包括一系列交流活動,如公開講座、現場作畫表演和示範、漫畫家專題介紹,漫畫書銷售攤位以及出版有關香港漫畫的英文專著,以促進香港漫畫的創新。一月杪,將有二十多位香港專業人士和漫畫家遠赴安古林參與盛會,計有歐陽應齊、李惠珍、李志清、劉雲傑、利志達、楊學德、智海、蘇敏怡、黎達達榮、江康泉、李香蘭、阿高及Kai等。而當中黎達達榮出版了法文版的《龍虎門徒》(L'enfer de Jade),阿高出版了法文版的《殺狗記》(Pourquoi j'veux manger mon chien)。江康泉與智海的《大騎劫》(Détournement)法文版已處於翻譯階段。
關於香港漫畫的其他資料可瀏覽法協網址《東西譚》:
《緩慢頌》,Jacques Laruelle,《東西譚》第193期
《騎劫香港文學》,Sonia Au Ka-lai,《東西譚》第211期
《香港漫畫的法語版》,G. Henry,《東西譚》第218期 |
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