Graffiti 塗鴉藝術

Texte : Gérard Henry

 
  Tsang Tsou-choi, Empereur de Kowloon
九龍皇帝曾灶財
 
 


• 30 juin, 1997, 16h30, la foule attend le passage de Chris Patten et de sa famille qui quitte pour toujours la résidence des gouveneurs de Hong Kong. L'empeueur de Kowloon est là aussi à quelques mètres, devant le grand mur blanc en face du jardin botanique.
Photo Gérard Henry

Il y a quatre ans, quelques semaines après le dixième anniversaire de la rétrocession, disparaissait à l’âge de 86 ans, l’Empereur de Kowloon, un homme singulier qui couvrit les murs de la ville de ses graffitis : une calligraphie dans laquelle, se disant descendant des empereurs chinois, il réclamait intempestivement à la Reine d’Angleterre les territoires qui lui avaient été volés. Aujourd’hui une exposition co-présentée par Swire Island et Hong Kong Creates retrace la vie et l’œuvre de cet homme devenu une icône culturelle hongkongaise.

Celui qui s’était lui-même proclamé « Empereur de Kowloon » véritable figure emblématique de la ville, était aussi à 86 ans, le plus vieil artiste de graffitis au monde. Il a inlassablement tracé sa calligraphie pendant 50 ans sur les lampadaires, les bancs, les portes, les armoires électriques et un grand nombre de murs de la ville. Pas un espace de cette mégalopole qu'il n’ait parcouru. Chaque jour il est sorti, un peu bossu, puis plié par l’âge, claudiquant péniblement sur ses béquilles, les pinceaux et un grand seau d’encre noire à la main.

Pour certains, cette calligraphie serrée, succession de grands et de petits caractères, tour à tour hachée, dansante, légère ou épaisse est géniale et rappelle la calligraphie de l’époque des Han, pour d’autres, elle est celle d’un fou. L’empereur, alias Tsang Tsou Choi, n’en avait cure, il ne s’était jamais dit artiste et écrivait de façon obsessionnelle, contant son histoire à qui voulait l’entendre et insultant sa grande rivale, la reine Élisabeth II d’Angleterre qui lui avait usurpé le trône. Notre empereur avait de la suite dans les idées, la police de sa gracieuse majesté la reine l’emprisonna de multiples fois pour délits sur la voie publique, les services de la voirie reblanchissaient inlassablement les murs après ses passages, mais rien de cela ne refroidissait son ardeur vindicative. Chaque matin, l’empereur, imperturbable, reprenait clopin-clopant son seau et ses pinceaux et entamait un nouveau mur. Cela dura ainsi 50 ans.

Tsang Tsou Choi pratiquait depuis quelques dizaines d’années sa routine quotidienne, lorsque soudainement dans les années 90, l’art moderne le rattrapa. A travers les discours éclairés de commissaires d’art contemporain, les Hongkongais découvraient que Oncle Tsang, leur empereur, était soudainement devenu un grand artiste, le roi du graffiti. Un grand couturier fit de sa calligraphie, le thème de son défilé de mode, des designers en firent des collections d’objets, des magasins de literie, des draps de lit. Chacun lui apportait qui, sa voiture, qui ses rideaux à calligraphier. On l’exposa même à la biennale de Venise, on vendit une de ses œuvres des milliers de dollars aux enchères. La presse internationale à la recherche de sujets épicés le traquait dans les ruelles hongkongaises, on organisa une rétrospective dans un centre d’art et on alla le chercher en Rolls.

Mais le vieil homme, tout en se laissant ainsi trimballer, était sérieux. Resté pauvre, il n’avait aucun intérêt pour quelque art que ce soit et continuait seulement avec véhémence à proclamer son droit sur son territoire. Le 30 juin 1997, lorsque le départ des Anglais sonna, il était là à deux pas de la résidence du dernier gouverneur, et lorsque ce dernier quitta pour toujours sa demeure, que tous les murs sur son trajet avaient été peints d’un blanc frais, que la Rolls royale passait solennellement, il entama à grands coups de pinceau ces murs fraîchement repeints. Ce fut le plus beau geste de cette journée de pluie battante qui marqua le dernier jour de l’Empire britannique en Asie.
Inlassablement, les Anglais partis, il continua néanmoins à peindre, car avant tout, il aimait surtout l’encre et le pinceau. Ses forces l’ont cependant lâché en 2007, quelques jours après les cérémonies du 10ème anniversaire de la rétrocession.

Après sa disparition en 2007, l’empereur a été sujet à bien des polémiques : Etait-il artiste, fou, malade ? Le gouvernement promit de protéger ses graffitis sur les murs, mais tous furent finalement pratiquement effacés par ses équipes de nettoyages. Certaines personnes l’avaient cependant fait peindre sur des panneaux ou des objets divers, qui ont été conservés. Etait-ce une tentative de créer une valeur marchande à ses œuvres et par là une exploitation pure et simple ou une volonté de conserver trace de cette œuvre unique qui aurait largement sa place dans un musée d’art brut comme celui de Lausanne en Suisse? Les avis sont partagés. Il a depuis inspiré de nombreux artistes et auteur de bandes dessinées à Hong Kong comme à l’étranger.

Aujourd’hui cette expo veut rappeler sa mémoire. Elle comprend 300 œuvres de calligraphie, de nombreux hommages ou témoignages d’artistes ou de personnalités qui l’ont connu, et une exposition de 40 étudiants qui se sont inspirés de son œuvre.

Memories of King of Kowloon
20/04 - 31/05 10 am -7 pm
Artis Tree, 1/F Cornwall House, Taikoo Place Island East
Presented by Swire Island and Hong Kong Create
(MTR Quarry Bay Station Exit A)

 

四年前,在香港回歸十週年後的幾個星期,享年86歲的〝九龍皇帝〞與世長辭。這位在港九新界的的牆壁上到處塗鴉的奇人自稱是中國帝皇的後人,他不合時宜地向英女皇討回被英國搶走的土地。現時,〝太古港島東〞及〝香港創造〞合辦一個展覽,以多角度呈現這位香港傳奇人物所創造的獨特城市面貌。

這位五十多年前自命為〝九龍皇帝〞的人,確實是這城市的象徵,他謝世時年屆86高齡,可謂世界上最年長的塗鴉藝術家。如果在近五十幾年,你曾來過香港旅遊,你可能無緣遇上他,但你一定走過他足跡可到之處。如果你目光敏銳又富有好奇心,你一定見到過五十多年來,他毫不疲倦地在燈柱、長凳、大門、電箱及城中多處的牆上留下的字跡,這個大都會沒有一個角落沒有他的足跡。每天,好比一隻外出尋找地盤的野獸,他走出自己的居所,由於年事已高,微駝着背,拄着拐杖,步履蹣跚地走着,手裡提着幾枝筆和一桶黑墨。

對於一些人來說,這個密密麻麻,大大小小,時而斷裂,時而跳躍,忽而輕盈,忽而濃重的字體是天才的表現,令人想起漢代的書法;而對另一些人而言,這完全是瘋子所為。我們的九龍皇帝,又名曾灶財却毫不在意。他從不認為自己是藝術家,只是一意孤行地寫着,他逢人便敘述他的故事,辱罵他的強勁對手英國女皇伊利莎伯二世,是她褫奪了他的皇冠。他說憑姻親,他是皇家的後代,尤其是在翻查了族譜和地冊之後,發現曾氏家族早在英國殖民者到來之前便擁有九龍的大片土地。他不停地控訴這種不公正,並指責女皇搶走了他的土地。我們的九龍皇帝思路清晰,高雅女皇的御用警察藉故他在公眾場所的不法行為無數次將他帶返警署,路政署的清潔工人在他走過的地方,不知疲倦地洗刷他在牆上留下的塗鴉。但所有這些都減弱不了他強烈的復仇願望。每天清晨,不屈不撓的九龍皇帝一拐一拐地重新提起他的水桶和毛筆,又在一堵牆上留下他的墨跡,就這樣持續了整整五十個年頭。

幾十年來,曾灶財每天都在做着他的例行公事,突然間在九十年代,現代藝術發現了他,透過當代藝術策展人卓有見識的言論,香港人發現九龍皇帝曾灶財叔叔剎那間變成了塗鴉藝術大師。一名高級時裝設計師將他的書法用來作時裝表演的主題,設計家將他的書法視作收藏品,床上用品商則將他的書法用來作床單圖案。大家爭相請他在自己的車上、窗簾上留下字跡,甚至在威尼斯藝術雙年展上也展出他的墨跡。在拍賣會上,他的墨寶竟以數萬元的高價賣出。喜歡獵取新鮮故事的國際媒體在香港的窄街小巷跟踪他。藝術中心為他辦了回顧展,人們開着勞斯萊司將他迎來送去。

然而他老人家,在讓人東拉西拽的同時,保持他的肅穆。他甘於清貧,對無論甚麼藝術都冷眼以對,他繼續強烈地宣示他對土地的所有權。1997年6月30日,當英國人在香港的殖民統治的喪鐘敲起時,他站在離最後一位港督的府邸幾步之遙,當這位總督永遠地離開他的住所,當他沿路走過的街道兩旁的牆壁都粉刷得煥然一新,當勞斯萊司莊嚴地駛過之際,他提起筆,重重地在新粉刷的牆上運筆。這是在標誌着英帝國在亞洲的殖民統治落幕的滂沱大雨天裡最精彩的一筆。

英國人走了,他仍然一如既往,不知疲倦地塗寫着,筆墨畢竟是他的至愛。這年夏天,在回歸十週年慶典後不久的某一天,他覺得精疲力竭。

自他2007年逝世後,這位〝皇帝〞成為了不少爭論的主題:他究竟是藝術家,是瘋子,抑或是有病?政府承諾保存他在各處牆上的塗鴉作品,可是它們最終還是被政府的清潔隊伍完全洗察掉。不果,有些人將他那些得以被保存下來的〝墨寶〞覆製在物品上。他們的意圖莫非是有意為他的作品建立商品價值,若是這樣,這便是純剝削的行為,又或是希望為這獨特的作品保留痕跡。事實上,這些〝墨寶〞非常值得收藏在一些原生藝術的收藏館,如位於瑞士洛桑的原生藝術博物館。坊間意見有很多分歧。自他死後,有不少香港及海外的藝術家和漫畫作家受到他的作品所影響。

這展覽將展出約三百件曾灶財的真跡,此外,還有多位政界及文化界人物的訪問片段,暢談他們對曾灶財及其所創造的文字樂園的看法。