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Ode aux confins du surréalisme et du roman noir, « Rose, c’est Paris » est la première exposition monographique de la photographe Bettina Rheims à Hong Kong. Une exposition élaborée aux côtés de Serge Bramly, écrivain – distingué par le Prix Interallié pour son ouvrage Le Premier Principe, Le Second Principe en 2008 -, scénariste et critique d’art.
Cette exposition s’offre et se dérobe à l’œil du visiteur qui suit, au fil de treize chapitres, le parcours d'une jeune femme, B, blondeur à l’espiègle innocence, à la recherche de Rose, sa sœur jumelle disparue. B et R, comme les initiales de Bettina Rheims, ou les deux premières consonnes de Bramly :
« On a mis dans ce projet beaucoup de projets personnels, de souvenirs, des instants de notre enfance à Paris, des lectures, des œuvres qui nous ont marqués. Plus que tout autre projet. Je ne dis pas que Rose, c’est Paris est un récit autobiographique. Mais il y a des clés, assez lisibles pour nos proches. On a joué avec ces éléments en les masquant, les transposant, les détournant. »*.
Cette quête en eaux troubles plonge Rose dans un Paris souterrain, méconnu et mystérieux, bien loin du Paris des touristes et des cartes postales : le dôme de l’Observatoire, les sous-sols du Palais de Tokyo et du Palais de Justice, les magasins labyrinthiques de la Bibliothèque nationale de France, le cimetière du Père-Lachaise, autant de lieux qui
« nourrissent par eux-mêmes la fiction »*, pour devenir la raison d’être du projet photographique. Les artistes ont parfois passé des jours à la recherche d’un lieu pour une mise en scène, à l’image de leur héroïne en proie à l’errance et ouverte à tous les possibles.
Les six hypothèses envisagées pour expliquer la disparition mystérieuse de Rose sont autant de destins, de chemins de vie imaginés. Rose est rapidement gagnée par la surenchère du dédoublement, du déguisement et des fausses identités, apparaissant sous les atours d’une tricoteuse japonaise, d’une meneuse de revue ou d’une accordéoniste aveugle. Impétueux Zelig, elle évolue dans une atmosphère qui appelle les rencontres troublantes, sinon fantastiques (diseuse de bonne aventure, tireuse de cartes, danseuse hindoue). Esprits et fantômes (dont un fantôme chinois (dés)incarné par l’actrice Michelle Yeoh) surgissent au détour des photographies, créant l’opportunité pour Bettina Rheims de recourir pour la première fois au numérique.
• Sens unique ni perruque, 3/2009, Paris |
« Reconstituer le Paris du temps de Fantômas serait aussi coûteux que reconstruire le Paris de Louis XIV. Projet à reprendre dans un monde où l'action sera la sœur du rêve. » René Clair, Lettre à Marcel Allain, 1969 Sœur du rêve. Bettina Rheims et Serge Bramly réinventent, au fil de la centaine de photographies et du film qui l’accompagne, le Paris de l’entre deux-guerres, le Paris du Fantômas imaginé par Pierre Souvestre et Marcel Allain au début du XXe siècle. Fantômas « le maître du temps », « le mal absolu », personnage au formidable destin littéraire et cinématographique. La photographe et le réalisateur jouent des codes surréalistes par l’entremise de Rose, (anti)héroïne à la sensualité effrontée, au désir ironique. Fantômas au féminin, Rose virevolte sur les toits de Paris, poignard à la main, fréquente les bars interlopes et les antres obscurs de la capitale.
Second souffle qui traverse cette exposition, celui de Marcel Duchamp. Le titre est un emprunt explicite au pseudonyme choisi par l’artiste Rrose Selavy : Rose, c’est Paris = Rrose Selavy = Roses, séparées. Bettina Rheims et Serge Bramly jouent des références à Duchamp avec humour et légèreté ; certains titres d’œuvres (La Bagarre d’Austerlitz) ont été à l’origine même de la mise en scène d’une photographie (« L’air des rails »). La figure de la Joconde, le ready-made de La Fontaine (Air de Paris), les jeux de langage (« Sens unique ni perruque », « Bal perdu ? »), la « Mise à nu » de la mariée, l’« Etant donné » ultime de l’artiste détourné dans « Marcel eclairavit », sont autant de signes jubilatoires : « L’idée, pour nous, était d’emprunter des éléments et de les détourner. La clé principale, c’est le jeu. Au double sens du terme. Ce qui déplace, comme on dit qu’il y a du "Jeu" dans un mécanisme, et ce qui émerveille. » *
• Tenue de gala, 2/2009, Paris |
L’exposition « Rose, c’est Paris », à l’image du parcours artistique de Bettina Rheims, se révèle au confluent de tous les arts, un dialogue avec la peinture, la sculpture, la performance, la mode mais également le cinéma. Un film, réalisé par Serge Bramly sur un scénario écrit en amont par les deux artistes, offre une continuité à l’image fixe, crée le lien dans la narration, en exacerbe le mystère. Serge Bramly tournait à proprement parler autour de Bettina Rheims et de ses modèles pendant les innombrables prises de vue qui intègrent le crépitement des flashs de la photographe. Une photographe qui se décrit elle-même comme une « boulimique » sans limite, qui appuie sur le bouton « jusqu’à l’étouffement » : « Je vais jusqu’au moment où il n’y a plus de force en moi, où j’ai mal partout, où le corps me fait mal. Je sais alors que j’ai fini. »*
Artiste qui occupe une place particulière dans la création contemporaine française, Bettina Rheims a toujours suscité intérêt, passion, débat voire polémique. Ses multiples collaborations avec l’univers du luxe et des magazines de mode entrent en résonnance avec sa production artistique. A côté des figures inconnues, modèles et actrices phares de la scène internationale participent à « Rose, c’est Paris », « et c’est la mosaïque de leur visage qui compose notre portrait de Paris* » : Monica Bellucci (en Gala de Dali), Michelle Yeoh, Naomi Campbell, Charlotte Rampling, Anna Mouglalis, Valérie Lemercier, Louise Bourgouin, Inès Sastre, Rona Hartner etc.
L’idée de « Rose, c’est Paris » est née chez Bettina Rheims et Serge Bramly au retour du grand projet photographique de Shanghai il y a une dizaine d’années. De retour en Asie aujourd’hui pour y présenter cette allégorie poétique de Paris, les deux artistes inventent une nouvelle mythologie de la capitale à l’image de leur héroïne du mystère et de l’oxymore.
* Extrait du catalogue Rose, c’est Paris
Masterclass de Bettina Rheims et Serge Bramly
au cinéma Agnès b. le samedi 28 mai à 11 heures (dans la limite des places disponibles, il est recommandé aux personnes intéressées de se présenter à l'avance).
Dédicace de Bettina Rheims et Serge Bramly le samedi 28 mai de 15h30 à 16h30 à la librairie Parenthèses (2e etage, Duke of Wellington House, 14 Wellington Street, Central, Hong Kong).
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• Le Reflet du fantôme chinois, 11/2008, Paris
為歌頌超現實主義及黑色小說的極限,《粉紅,正是巴黎》是攝影師貝蒂娜.蘭斯在香港首次舉辦的攝影個展。沙治.布朗利也參與是次展覽,他既是作家──其小說《首原則、次原則》於2008年獲得法國聯盟文學獎──亦是電影編劇及藝術批評家。
對於那些追看分為十三章節的連載奇案小說《粉紅,正是巴黎》,此展覽既呈現亦隱藏年輕金髮女子B尋找失蹤了的孿生姐妹玫瑰(Rose)的路線。B和R就是貝蒂娜.蘭斯(Bettina Rheims)姓名的首字母或是布朗利(Bramly)的首兩個輔音。〝我們在這作品中投放大量令我們留下深刻印象的作品,回憶,及兒時在巴黎的片段。數量比所有其他作品還要多。我不是說《粉紅,正是巴黎》是我們的自傳。但它的確包含了在我們周邊顯而易見的事物,我們再把它們重新包裝。〞*
混水摸魚的探索叫玫瑰深入不知名的神秘巴黎地道,這些地方遠離遊客踏足的巴黎,在明信片上也找不到:天文臺的圓屋頂、東京宮及巴黎司法宮地庫、古老的國家圖書館內迷宮似的貯藏室、拉雪茲神甫公墓,還有許多地方造就了這個故事,也成就了這攝影展。有時,演員會花上數天尋找一處地方,為拍攝女主角受飄泊之苦,並面對一切未知之數。
六個假設以解釋爲玫瑰離奇失蹤都是想像出來的命運。阿B不斷化身,隨意易容,打扮成日本的編織女人,歌舞隊導演,及瞎眼的手風琴師。她心慌意亂,到印度跳舞女郎,占卜者那裡明查暗訪。拍攝鬼魂寫照(楊紫瓊演中國鬼魂) 讓貝蒂娜.蘭斯首次有機會運用數碼技術。
〝恢復在方托馬斯(Fantômas)時期的巴黎模樣,與重建在路易十四世時期的巴黎模樣相比,同樣花費。〞導演雷內.克萊爾,《給Marcel Allain的信》,1969 貝蒂娜.蘭斯和沙治.布朗利以百多幅照片和與照片相輔相成的電影,重新創造那個在兩次世界大戰之間的巴黎,以及在二十世紀初由文人蘇維斯特(Souvestre)和艾倫(Allain)想像出來的方托馬斯巴黎。方托馬斯在文學和電影中代表心狠手辣的千面人物,是絕對邪惡的化身、操縱一切的首領。這兩位攝影師和導演借助放蕩不羈而內心充滿諷刺情慾的女主角玫瑰,拍攝予人超現實感覺的巴黎。玫瑰作為女性方托馬斯,飛越巴黎屋頂,手中拿着匕首,在城市到處尋幽探秘。
是次攝影展的靈感也來自杜象。展覽名題取自Rrose Sélavy,略一變音,就成了Rose, c’est Paris。貝蒂娜.蘭斯和沙治.布朗利以幽默輕鬆的手法,在這個杜象的假名上玩了個文字遊戲。有些作品的名題(杜象的《奧斯特里茨的爭端》) 啓發了拍攝照片(《鐵路空氣》)。 〝對我們來說,意念就是先取材,然後把它們重新包裝。重點在於遊戲,這裡帶兩個意思。一,把原來的改頭換面;二,加入令人讚嘆不已的元素。〞*
展覽〝粉紅,正是巴黎〞顯示了貝蒂娜.蘭斯的藝術里程,所有藝術融為一體-與繪畫,雕刻,演出,時裝還有電影交流。沙治.布朗利拍製了一部電影,劇本由兩位藝術家共同撰寫,與展出照片相輔相成,延續這個巴黎玫瑰的奇幻故事。嚴格來說,當貝蒂娜.蘭斯為她的模特兒拍攝無數照片時,他捕捉這些情景,更收錄了快門發出的聲音。她認為自己會一直拍攝,至死方休: 〝我會一直走,直至筋疲力盡,渾身酸痛。〞*
貝蒂娜.蘭斯在法國當代創作佔一獨特地位,她總是能夠引起興趣,熱情,討論甚至爭論。她與花花世界和時裝雜誌的緊密合作,和她的藝術創作,兩者產生共鳴。除了一些較少人認識的面孔外,國際知名的模特兒和演員:意大利女星莫妮卡.貝魯奇(Monica Bellucci),楊紫瓊,黑人模特兒Naomi Campbell和英國女星夏樂蒂.夏佩玲(Charlotte Rampling)等也參與〝粉紅,正是巴黎〞,〝她們的肖像拼湊成我們對巴黎的描繪〞。*
大概十年前,當貝蒂娜.蘭斯和沙治.布朗利完成一個有關上海的大型攝影計劃後回到法國,創作〝粉紅,正是巴黎〞的念頭就在他們的腦海中萌生。這兩位藝術家今天回到亞洲,為了在此展示以寓言形式呈現的巴黎。他們借助故事中神秘的女主角,為這個城市創作了一個神話。
* 摘錄自〝粉紅,正是巴黎〞的圖錄
Bettina Rheims – Serge Bramly
Hong Kong City Hall, Exhibition Hall
27 mai – 21 juin 2011 11am-8pm
An event of Le French May
Presented by the Consulate General of France |
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