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Le 19 juin 2011, l’université Lingnan organisait en collaboration avec Paroles, le magazine de l’Alliance française de Hong Kong, le magazine Muse et l’éditeur MCCM un événement littéraire public intitulé « Traduire Hong Kong » (Translating Hong Kong) à la Bibliothèque centrale de Hong Kong, regroupant écrivains de Hong Kong, traducteurs, éditeurs et critiques à partager leurs écrits, leurs expériences de traducteurs et leurs lectures en littérature de Hong Kong. Ce fut aussi l’occasion de lancer officiellement la récente Bibliographie de la littérature de Hong Kong en langues étrangères (A bibliography of Hong Kong in Foreign Languages) récemment publiée par l’université Lingnan. Ce symposium fut suivi d'un débat dont nous donnons ci-dessous un compte-rendu.
Traduite en 15 langues étrangères mais avec l’anglais, le japonais et le français se partageant la plus grosse part, la littérature de Hong Kong n’éveille qu’un intérêt modeste parmi le lectorat international. Lin Shaoyang, expert en littérature chinoise et japonaise, observait à juste titre que les études sur la littérature hongkongaise vivent sous le voile d’une « métaphore chinoise », signifiant par là que la position de Hong Kong à la périphérie de la Chine est souvent utilisée comme tactique pour contrecarrer le discours centralisateur de cette dernière. Cela s’est vu dans l’intérêt suscité chez les sinologues internationaux lors de la rétrocession de 1997 et dont il reste un zeste 14 ans plus tard. L’un des poètes participants, Huang Canren, un écrivain immigré dans le sud qui a édité trois anthologies de poésie hongkongaise, nous a éclairés sur la citoyenneté de seconde classe de la littérature de Hong Kong en prenant comme exemple le prix Nobel anglophone trinidien V.S. Naipaul. Faisant allusion à ce que Naipaul dit un jour qu’íl fallait beaucoup de courage pour faire d’une rue de Port of Spain un roman en langue anglaise car le roman anglais et l’anglais en soi sont un « vaste contexte » alors que Port of Spain est un très « petit endroit » dans le monde. Huang souligne que les poètes en Chine, à l’exception de Hong Kong, ont tendance à écrire sans aucune référence à leur situation géographique mais dans le large contexte de la langue chinoise. En d’autres mots, les poètes de Hong Kong écriraient sur leur petit endroit dans leur petite cité in dans un contexte étroit. Une telle définition ou même originalité de la littérature de Hong Kong, doit être facilement rejetée comme une vision trop étroite. Voilà pourquoi il est extrêmement difficile pour un étranger, et même pour un local qui se place dans un contexte plus large, de comprendre la littérature Hongkongaise. Le langage est aussi un problème selon Huang. Alors que la sonorité joue un rôle déterminant dans l’appréciation de la poésie, Huang, dont la langue maternelle n’est pas le cantonais trouve toujours que la lecture de la poésie de Hong Kong est une expérience très différente que celle de son écoute. Il ajoute même de façon ridicule que dans le cercle sinophone la poésie hongkongaise aurait peut-être besoin d’être « traduite » en « chinois » pour être comprise par le lecteur chinois du continent.
Alors que la littérature sinophone est l’objet de débats dans le monde universitaire international, les gens familiers de la littérature francophone ne trouveront peut-être pas ce débat très excitant. S’il est très difficile pour la littérature de Hong Kong de s’extraire du discours de pouvoir et de politique dans le cadre de la référence à la littérature chinoise moderne, se tourner vers la dynamique du cantonais face à d’autre langues étrangères offre par contre des portes de sorties. Les intervenants dans la section « Théâtre » du symposium, ont choisi de parler non de la traduction de pièces hongkongaises en d’autres langues, mais de pièces étrangères en cantonais en tant qu’adaptation ou re-création. Sonia Au Kalai, traductrice en cantonais de la pièce française Le Dieu du carnage de Yasmina Reza qui a été montée sur la scène hongkongaise à la fois en cantonais et en anglais cette année, explique sa « fidélité » à l’original aussi bien que les « trahisons » résultant des négociations avec le metteur en scène et les acteurs : Lorsque par exemple, le prix d’un bouquet de fleurs à « dix euros la brassée de 50 » devient en cantonais « dix euros pour cinq » afin de satisfaire la vanité du public cantonais pour qui « plus c’est cher, meilleur c’est », ou dans l’adaptation anglaise que j’ai vue, le « clafoutis » qui mène à la scène de vomissements et révèle les dessous des familles petites bourgeoises françaises et dont, de ce fait, la traduction ne souffre aucun compromis, est traduit en « Eggtarts », changement qui n’apporte rien au public si ce n’est quelques rires. Partageant avec Sonia la même expérience d’adaptation de pièces étrangères en cantonais, Harriet Chung, traductrice et aussi auteur de théâtre, devient plus sensible au choix de son vocabulaire et au ton général de ses propres pièces qu’elle traduit. En gardant tout cela à l’esprit, on comprend mieux la susceptibilité des écrivains hongkongais et le défi de traduire une littérature hongkongaise connue pour la surabondance de ses références culturelles à l’Orient et à l’Occident ainsi qu’au passé et au présent.
Prenons par exemple Liu Yichang, l’un des premiers écrivains de la littérature moderne hongkongaise, ceux qui ont entendu parler de lui l’ont peut-être connu par le film de Wong Kar-wai, In the Mood for Love qui est une adaptation libre d’une de ses œuvres, sans savoir qu’il existe des traductions françaises de ses nouvelles ou même avoir eu connaissance de sa rencontre directe et indirecte avec la littérature française. Ecrivain ayant migré de Shanghai à Hong Kong en 1948, Liu fut le premier à introduire le nouveau roman français des années 50 et 60 à Hong Kong alors que ses contemporains traduisaient avec enthousiasme Sartre et Camus dans les magazines littéraires locaux. Dans ses débuts à Shanghai, il était sous l’influence de l’école néo sensationniste (sensationnaliste) de Shanghai qui découle du principal courant réaliste du mouvement du 4 mai et est redevable de la littérature néo sensationnaliste japonaise et de l’œuvre romanesque de Paul Morand. Il n’est pas faux de dire que son style moderniste est une dérivation fascinante de cette littérature française. Il est non seulement intéressant de voir comment Liu Yicheng récupère des techniques modernistes marginales pour écrire sur la société hongkongaise mais il aussi intéressant de voir comment la traductrice et sinologue française Annie Curien, spécialiste des études sur les minorités chinoises, rend en français la nouvelle de Liu, Dispute, qui s’approprie lui-même le nouveau roman français en tant que contexte culturel et système de langage alternatif pour le chinois. De tels croisements linguistiques, intertextuels et interculturels entre la littérature hongkongaise et une littérature étrangère ne peuvent être complètement articulés dans le vocabulaire politiquement discursif qui prédomine dans les principaux courants d’études sur la littérature chinoise moderne.
L’intérêt étranger ou du moins l’intérêt français pour la littérature hongkongaise, commence souvent selon Gérard Henry, participant au symposium Translating Hong Kong, par les films, comme on a pu le voir dans le cas de Liu Yicheng (son roman Tête bêche ayant été traduit à la suite de la sortie de In the Mood for Love en Europe). En fait au cours de l’histoire culturelle de Hong Kong, la littérature trouve toujours son public sous le déguisement de la culture populaire, tandis que la culture populaire voit la littérature comme une source d’inspiration. En dehors du domaine cinématographique, la fusion de littérature et de la culture populaire a lieu à Hong Kong dans le monde de la bande dessinée. Toujours selon Gerard Henry (voir Paroles 218 mai-juin 2009) les œuvres de dessinateurs de bande dessinée tels que Chihoi, Yeung Hok-tak, Lai Tat Tat Wing, etc, qui ont une profonde dimension littéraire, ont été traduites en français et en autres langues étrangères et sont appréciées des lecteurs européens. Contrairement à la culture américaine de la bande dessinée considérée comme de basse culture ou à des buts de divertissement ou de satire politique, il existe depuis longtemps en Europe, particulièrement dans les traditions francophones, une culture de la Bande dessinée, ouverte à des sujets littéraires. La bande dessinée est même considérée comme le « neuvième art » comme le défendit dans les années 60 Maurice de Bevere (alias Morris.) L’influence de la bande dessinée francophone sur la nouvelle génération des bédéistes hongkongais est encore à prouver, mais il est certain que leur participation à des festivals internationaux de bande dessinée tel que celui d’Angoulême élargit leur horizon et que la traduction de leurs œuvres en français et en d’autres langues européennes incarne la transplantation de l’art et de la culture du continent européen à Hong Kong, et en retour devient pour Hong Kong au travers de la traduction un véhicule pour introduire sa culture en Europe. Cette influence réciproque en boucle aide, même si c’est de façon souvent maladroite, les écrivains et autre acteurs du domaine littéraire à mettre un pied en dehors leur propre cadre culturel de référence et à repenser la définition et les possibilités de la littérature.
Amanda Hsu est l’auteur de La Bibliographie de la littérature de Hong Kong en langues étrangères. |
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嶺南大學人文學科研究中心與《東西譚》、《瞄》、MCCM 出版社以及香港中央圖書於六月十九日合辦「翻譯香港」研討會,邀請了一些本地作家及香港文學譯者分享創作和翻譯經驗,與文藝愛好者一起閱讀香港文學。會上三組戲劇、小說以及新詩作、譯者對讀作品選段的原文及譯文,另有本地藝術及文化評論專家和出版社代表共同探討香港文學翻譯的發展前景,並發布了由嶺大人文學科研究中心最新出版的《香港文學外譯書目》。
香港文學作品至今曾被翻譯成十五種外語,其中以英、日、法外譯數量最多,可惜未廣為國際讀者所知。正如中日文學專家林少陽稱,香港文學研究常被視為「中國隱喻」,其邊緣位置往往被用以抗衡中國大陸中心論述。香港文學於九七前後一度吸引國際漢學者關注,但回歸至今十四年,海外的香港文學研究明顯熱情冷卻。曾編輯三部香港新詩選的詩人黃燦然會上借諾貝爾文學獎得主千里達英語作家耐波爾 (V. S. Naipaul) 的話,說明了香港文學的困難處境。耐波爾曾言要把西班牙港 (Port of Spain) 寫入英文小說需要莫大勇氣,因為英文小說或英語本身是個「大語境」,西班牙港側不過是個「小地方」。黃燦然認為中國各地大部份的作家都很少在作品中詳寫自己的地方,多寫入主流中文的大語境。唯獨香港作家常不厭其煩地在一個小語境寫他們的小地方,這特點或原創性令香港文學常被貶為視野狹隘,香港圈外人甚至本地有大語境思維者不懂欣賞香港新詩也就不足為奇。語言亦引伸出另一問題。聲音在詩歌扮演著重要角色,由於黃燦然的母語並非廣東話,在紙上讀詩時常感別扭,然而聽廣東話詩人朗誦時,又有另一番體驗,覺得原本看來陌生蹩腳的詩句聽起來其實不錯。他甚至說也許香港詩需要被翻譯成另一種中文內地讀者才能讀得明白——這實在可圈可點。
這也不其然令人想起學術界近年流行的華語文學 (Sinophone literature)討論。但其實華語文學這概念,對於熟悉有關法語文學(la littérature francophone) 討論的讀者而然,也許並不新鮮。香港文學往往被置於現代中國文學這參照系作政治或權力論述,其實何不看看香港文學與外語圈的關係,或能見出新意。於會上的戲劇文學討論,參與的作者及譯者談了不少她們譯介或改編外國劇作的經驗。法劇作《撕殺之神》(Le Dieu du carnage)的廣東話譯者歐嘉麗分享了她「忠於」同時「偏離」原著的翻譯經驗,是出於與改編劇導演和演員的協商。例如她把原著中「十歐羅五十朵」鬱金香,改譯為「十歐羅五朵」,為的是滿足本地觀眾「越貴越好」的物質虛榮想象。但她堅持保留了原著中導致嘔吐的法式甜品“clafoutis”,則為有效表達劇中中產家庭光鮮表面下的污穢。這大大有別於差不多同時在港上演的英譯改編,把甜品改為不大地道的冰凍蛋撻,為了是引起香港觀眾共鳴,聊博一燦。同樣翻譯外國劇經驗豐富的鍾燕詩,同時身為新一代香港劇作家,分享說翻譯外劇的經驗令她在創作和翻譯自己創作時對選字用語更敏感。如此種種,或能令我們更了解香港作家的敏銳文化觸角,以及香港文學豐富的東西新舊兼蓄、跨文化的互文性為翻譯香港文學所帶來的挑戰。
以香港文學代表作家劉以鬯為例,外國讀者大概多是看王家衛的《花樣年華》(2000) 時得悉大名,卻不知道他的短篇小說曾被法譯,更不會知道他與法國文學的一段淵源。劉氏於1948年新中國成立前夕由上海南來香港。當同代作家忙於香港文學雜誌譯介沙特、卡繆等時,劉氏大力引介五六十年代法國新小說。早在他的上海時期,劉氏的創作深受偏離五四主流的上海新感覺派影響,而上海新感覺派與日本新感覺派和法國作家保羅.穆杭(Paul Morand)則有著淵源。由此可見法國文學對劉氏直接或間接的影響。劉以鬯如何挪用非主流的現代主義筆法寫香港現實固然值得探討,而研究中國少數民族文學、師承老舍專家保羅.巴迪 (Paul Bady) 的法國漢學家安妮.居里安 (Annie Curien) 如何翻譯劉氏放置在另類中文語境、大中國以外現實的新小說仿作《吵架》,更值得研究。香港文學和外語文學的跨語言、跨文化及互文經驗,也許並不是主流中國文學研究的政治性論述語言所能表述。
敖樹克 (Gérard Henry) 在會上指出,以劉以鬯為例,外國對香港文學的興趣和關注,往往源於電影。事實上香港文學和流行文化密不可分,文學往往借流行載體尋找觀眾,流行文化則從文學中汲取靈感。文藝與流行文化的結合除見諸香港電影,近年也見之於香港漫畫。正如敖樹克在接受《香港文學外譯書目》編輯訪問時以及在他刊於《東西譚》第二一八期(2009年5-6月)的文章提及,香港漫畫家智海、楊學德、黎達達榮等人富有文藝氣息的作品,近年被翻譯為法語及其他歐洲語言,在歐洲開拓了讀者群。不同於以漫畫為娛樂、政治諷刺工具的美國漫畫文化,漫畫在法語圈傳統從來不排拒文藝題材,甚至如摩里斯 (Maurice de Bevere, a.k.a. Morris) 於六十年代所提倡般有著「第九藝術」的地位。歐洲的漫畫文化對香港新一代漫畫家的影響尚待探討,但可以肯定的是他們的作品近年被譯介到歐洲以及他們積極參與以昂古萊姆 (Angoulême) 為代表的國際漫畫節,都說明了香港作者對這種歐洲文化的吸收,並透過這能與歐洲對話的文藝表現形式把香港介紹到歐洲大陸。這循環不息的相互影響,有助香港文藝作者跳出自身的文化參照系,重新思考文學的定義和可能。
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