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• Ba Jin |
De nombreuses recherches et plusieurs catalogues ont été réalisés sur la traduction franco chinoise à la fois en France et en Chine depuis le 19e siècle. Récemment de nouvelles publications ont eu lieu. Les années France-Chine en 2004-2006 avaient donné lieu à la publication par L’ADPF (Association pour la diffusion de la pensée française) d’un catalogue de 222 pages qui recensait les traductions d’ouvrages français en chinois et vice versa des ouvrages chinois en français. Ce catalogue édité par Marie Laureillard, Jean-Claude Thivolle et Thierry Sanjuan est divisé en plusieurs domaines : arts, littérature, sciences humaines et sociales, droit et économie, philosophie, pensée, religion et, chose précieuse, répertorie les auteurs mais aussi les traducteurs. Il comprend trois textes de ces auteurs qui donnent l’histoire et les tendances de ces travaux de traduction de la fin du 19e au début du 21e siècle. C’est à la fois une très bonne introduction et un ouvrage de référence de la traduction franco-chinoise.
La traduction n’est aujourd’hui plus seulement référencée, elle fait également l’objet d’études approfondies qui en analysent les tendances et mettent aussi en avant le rôle des traducteurs, car ce sont eux en premier et en dernier lieu qui sont les plus instrumentaux. A ce sujet, est paru aux Editions You Feng en décembre 2010 sous la direction de Isabelle Rabut un ouvrage intéressant qui regroupe les interventions de nombreux chercheurs et traducteurs : Les Belles infidèles dans l’empire du Milieu, problématique et pratiques de la traduction dans le monde chinois moderne. Cet ouvrage « se veut, selon Isabelle Rabut, une contribution à l’histoire de la traduction dans la Chine moderne, en même temps qu’une réflexion sur les conditions pratiques de cette activité, ses motivations, ses aléas et ses embuches… ». Il est divisé en trois parties : 1 Les écrivains chinois traducteurs, 2, Auteurs français en Chine, Auteurs chinois en France, 3 Auto Traduction et intra traduction.
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• Jing Yinyu |
• Zhou Zuoren |
La première partie rappelle que la traduction d’œuvres étrangères fut au début du 20e siècle le principal pilier du renouvellement culturel chinois, et trace trois portraits fascinants d’écrivains traducteurs qui ont effectué un énorme travail de traduction. Georges Bê Duc analyse d’abord l’œuvre et les théories de Zhou Zuoren, le frère de Lu Xun, qui considérait la traduction comme un devoir des intellectuels du début du siècle et fut également un fin théoricien de la traduction qu’il pratiqua pendant soixante ans. Liu Meizhou présente l’œuvre de Yang Jiang, traductrice à partir de l’anglais, du français et de l'espagnol (notamment de Don Quichotte), écrivain et chercheuse, née en 1911 à Pékin, et Angel Pino, celle de Ba Jin que l’on connaît en Occident en tant que romancier (l’auteur de Famille) mais peu en tant que traducteur. Et pourtant ce fut une grande partie de sa vie puisqu’il traduisit 81 ouvrages de 59 écrivains et 19 nationalités, ce qui semble presque incroyable si l’on considère à côté son œuvre prolifique. Le quatrième portrait écrit par Zhang Yinde est contemporain, époque où les écrivains traducteurs se font plus rares et n’ont plus la connaissance de plusieurs langues étrangères comme leurs aînés, c’est celui de l’écrivain Han Shaogong, traducteur de Milan Kundera en Chinois.
La deuxième partie de l’ouvrage se rapporte plus à la place des auteurs français en Chine avec un recensement par Shao Baoqing des premières traductions chinoises d’œuvres littéraires françaises avec une étude plus spécifique de Qiao Mijia sur La Dame aux camélias et de Yang Zhen sur le rôle de Xu Zhongnian et de L’Institut franco-chinois de Lyon dans la traduction de la littérature française du Moyen Age en Chine. Isabelle Rabut quant à elle, trace le portrait de Jing Yinyu, autre jeune chinois arrivé à Lyon en 1925, qui traduisit ou adapta en français des œuvres de ses contemporains dont Lu Xun et qui, ayant rencontré Romain Roland, entreprendra la traduction en chinois de Jean Christophe. Homme au destin tragique, qui, ayant contracté la syphilis sans doute dans un bordel lyonnais et atteint de troubles mentaux, se jettera dans le fleuve Huangpu, à son retour à Shanghai en 1930.
La dernière partie traite d’autres phénomènes, l’auto-traduction, avec, par Emmanuelle Péchenard, l’exemple de Eileen Chang, traductrice de ses propres œuvres, et par Esther Lin, le problème des écrivains taïwanais des années 1930 et 1940 qui écrivaient en japonais, et de l’intra-traduction par Li Jinjia, qui traite de la traduction de la langue classique chinoise (Wenyan) à la langue parlée (Baihua) en s’appuyant sur l’exemple des Chroniques de l’étrange au Pavillon du loisir (Liaozhai zhiyi)de Pu Songling (1640-1715). En conclusion il s’agit d’une collection d’essais précieuse pour tout traducteur mais également intéressante pour le lecteur ordinaire intéressé aux échanges littéraires entre la France et la Chine.
Amanda Hsu est l’auteur de La Bibliographie de la littérature de Hong Kong en langues étrangères. |
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過去,已有不少的研究和幾本書目是有關自十九世紀以來在法國和中國所作的法中翻譯。最近更出版了幾冊相關的新書。在2004至2006年間舉行的法中文化交流年促使法國思想傳播協會 (ADPF) 出版一冊共222頁的書目,列出翻譯成中文的法語作品及翻譯成法語的中文作品。這冊書目由 Marie Laureillard、Jean-Claude Thivolle 和 Thierry Sanjuan 編訂,內容分為幾個範疇:藝術、文學、人文及社會科學,法律與經濟、哲學、思想、宗教,及實用資料──作家及翻譯家的索引。本書包括以上作家的三篇文章,敘述自19世紀末至21世紀初的翻譯歷史和趨勢。這除了是一本很好的法中翻譯入門也是一本優秀的參考書。
時至今日,翻譯已不僅是參考工具,更成為了深入研究的對象:分析其趨勢,以及申論翻譯者角色的重要性,因為從頭至尾,翻譯最重要的都是翻譯者。就這主題,友豐出版社在巴黎東方語言文化學院教授何碧玉 (Isabelle Rabut) 的領導下,在2010年12月出版了一部受注目,有多位研究員和翻譯家參與的作品《在中原國土上的美麗叛譯:現代中文翻譯問題與實踐》。何碧玉宣稱這部作品「除了能在中國當代翻譯史上作出貢獻以外,同時對翻譯工作的具體情況、動機、變化和困難等作出反思……」。本書分為三部分:一)中國作家兼翻譯家,二)在中國的法國作家,在法國的中國作家,三)自我翻譯及內部翻譯(文言文-白話文翻譯)。
第一部份重申翻譯外國著作在20世紀初是中國文化變革的重要支柱,並描繪三位曾實現重大翻譯工程的作家兼翻譯家具魅力的輪廓。Georges Bê Duc 先分析魯迅的弟弟周作人的作品和理論。作為純翻譯理論家60年的周作人視翻譯為世紀初知識分子的職責。劉梅竹介紹楊絳的作品,後者翻譯英語、法語及西班牙語(尤以翻譯《唐吉訶德》(Don Quichotte) 為人所認識)。楊絳既是作家亦是研究員,1911年生於北京。漢學家兼翻譯家安必諾 (Angel Pino) 介紹巴金。在西方,巴金被視為小說家(《家》的作者)多於翻譯家。然而,翻譯在他生命裏佔一重要席位。他翻譯了59位來自19個不同國籍的作家所創作的81部作品。假如我們數算巴金翻譯的作品,再加上他多產的個人著作,他的創作產量簡直令人難以置信。由張寅德描繪的第四位作家兼翻譯家是屬於當代的──在這時期,作家兼翻譯家越來越少,而且他們不像前輩那樣懂得幾種外語──這位便是把米蘭.昆德拉 (Milan Kundera) 作品翻譯成中文的韓少功。
作品的第二部份講述更多關於法國作家在中國的地位。邵寶慶統計首批法語文學作品的中文譯本,而喬咪加專門研究《巴黎茶花女遺事》,楊振則探討徐仲年和里昂中法大學在中國翻譯中世紀法國文學的地位。至於何碧玉她描繪敬隱漁──另一位在1925年來到里昂的年輕中國人。這年青人把同輩的作品翻譯或改編成法文,當中包括魯迅的作品;當敬隱漁遇上法國大文豪羅曼.羅蘭 (Romain Roland) 後便著手把 Jean Christophe 的小說翻譯成中文。不過,他厄運連連,在里昂的一所妓院感染梅毒後就患上精神病,1930重返上海便投黃浦江自盡。
最後一部份講述其他現象,Emmanuelle Péchenard 研究作家翻譯個人作品的情況,如張愛玲;林惠娥探究在1930至1940年間台灣作家以日文書寫的問題;李金佳則以蒲松齡(1640-1715)的《聊齋誌異》為根據,研究翻譯文言文為白話文的現象。總括來說,這部作品結集了對於所有翻譯家而言都是珍貴的文章,對於法中文學交流感興趣的讀者來說,這作品同樣有趣。
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Le Livre de jade de Judith Gautier
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• Judith Gautier par Nadar |
C’est une belle histoire à conter : Un jour de l’année 1863, un ami du grand poète Théophile Gautier rencontre sur le pavé de Paris un être extraordinaire, un chinois du nom de Tin Tun Ling, qui se trouvait perdu, sans aucune ressource. Ce Chinois avait en fait été amené par Mgr Gallery, évêque de Macao, qui l’avait engagé pour rédiger un dictionnaire français-chinois, mais l’évêque était mort subitement, laissant là son protégé seul et sans ressources. Théophile Gautier, qui avait un grand intérêt pour la Chine s’attendrit sur le sort de cet homme et lui proposa de l’employer comme professeur de chinois pour ses deux filles. C’est ainsi que Tin Tun Ling devint un familier de la maison des Gautier, et que Judith la fille aînée se lança dans l’apprentissage du chinois. Elle se rendit avec son professeur, qui lui tenait lieu également de chaperon, à la bibliothèque nationale, rue de Richelieu, pour y fouiller les recueils de poésie dans la salle des manuscrits. Judith traduisit des poèmes de la dynastie Tang mais confrontée aux problèmes épineux de la traduction, les réécrivit en fonction de ses goûts et de son imagination, faisant œuvre ainsi de création personnelle.
Le Livre de jade parut en 1867 et connut une immense fortune en Occident pendant plusieurs décennies. Traduit en allemand en 1873, en italien en 1882, en portugais en 1890 et en anglais et en russe en 1918, il devint une sorte d’inspiration pour nombre de poètes occidentaux. Verlaine, Rémy de Gourmont et Anatole France firent des commentaires sur le livre et Victor Hugo envoya ces mots à Judith Gautier : « Le livre de Jade est une œuvre exquise, et laissez-moi vous dire que je vois la France dans cette Chine, et votre albâtre dans cette porcelaine. Vous êtes fille de poète et femme de poète, fille du roi, ou femme de roi, et reine vous-même. Plus que reine, muse. »
朱迪思.戈蒂埃的《玉書》
以下是一則有趣的故事:1863年的某一天,偉大詩人奥菲爾.戈蒂埃 (Théophile Gautier) 的一位朋友在巴黎大街上遇見一個很特別的人,一個名叫Tin Tun Ling的中國人,他迷路了,而且身無分文。這位中國人原先由澳門主教蒙塞格.卡勒里 (Mgr Gallery) 帶領,獲聘請編寫一部法中字典,但主教突然離世,因此剩下他一人山窮水盡。詩人奥菲爾.戈蒂埃對於中國非常感興趣,又同情這人,於是提出聘請他作為兩個女兒的中文老師。就這樣,Tin Tun Ling 成了戈蒂埃家的常客,而長女朱迪思就努力學習中文。她帶老師到位於黎塞留 街(rue de Richelieu) 的國家圖書館,在手稿室內翻尋詩集,而老師亦同時充當伴護。朱迪思翻譯唐代詩詞時遇到棘手問題,就按照自己的看法和想像,重新創作詩詞,使其成為個人作品。
《玉書》於1867年出版,在西方幾十年來賺得一大筆財富。
1873年被翻譯成德語,1882年翻譯成意大利語,1890年翻譯成葡萄牙語,1918年翻譯成英語和俄羅斯語,本書為許多西方詩人帶來靈感。魏爾倫(Verlaine)、雷米.德.古爾蒙 (Rémy de Gourmont) 和阿納托爾.法朗士 (Anatole France) 為本書給予評語,而雨果(Victor Hugo) 寫了以下的字句給朱迪思.戈蒂埃:「《玉書》是一部很出色的著作,從這中國,我看到法國;從這瓷器,我看到您的玉潔冰清。您是詩人之女,詩人之妻;王之女,或王之妻,您就是女王。更勝於女王,是詩神。」
La Dame aux camélias : L’ouvrage français le plus traduit en chinois
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• Lin Shu |
L’une des toutes premières œuvres traduites en français et l’œuvre qui a connu le plus grand nombre d’éditions est La Dame aux camélias de Alexandre Dumas fils. Elle fut traduite par l’un des plus fameux traducteurs chinois, Lin Shu (1852-1924) qui ne connaissait pas lui-même le français, mais à qui un ami, Wang Shouchang (1864-1926), qui avait étudié en France, conta l’histoire en Chinois. Publiée en 1899 à Fuzhou, cette traduction connut et connaît encore un immense succès. Une recherche faite par Qiao Mijia, Maître de conférence à la Capital University de Pékin, répertorie de 1899 à 1949 25 éditions différentes de La Dame aux camélias en chinois parues chez 21 éditeurs différents dont celle de Lin Shu utilisée à 14 reprises. Lin Shu traduisit ainsi plus de 170 ouvrages de différentes langues occidentales sans en pratiquer une seule, et a fait découvrir la littérature occidentale à des milliers de lecteurs chinois.
《巴黎茶花女遺事》:最廣泛翻譯成中文的法語作品
其中一部最早被翻譯成中文的法語著作,亦出版過最多版本的,非亞歷山大.仲馬或小仲馬(Alexandre Dumas fils)的《巴黎茶花女遺事》莫屬了。這作品是由中國其中一位最有名的翻譯家林紓(1852-1924)翻譯,林紓不懂法語,但他的朋友王壽昌 (1864–1926) 曾留學法國,因此以中文為他口述法語作品。這翻譯於1899在年福州出版,從那時至今均獲空前成功。北京大學講師喬咪加的研究裡,發現1899至1949年間的翻譯作品索引中,共出現了25部不同版本、來自21位發行人的《巴黎茶花女遺事》中文譯本,當中林紓的版本共用了14次之多。雖然林紓不懂任何一種外語,但他翻譯了170多部不同西方語言的作品,令無數中國讀者認識西方文學。 |
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