| D’accord, l’ordinateur Apple faisait bien partie des choses dont je rêvais et que je ne pouvais pas m’offrir alors que j’étais étudiant à Paris dans les années 80 et les derniers gadgets de cette compagnie sont vraiment très utiles. Mais si c’est bien Steve Jobs qui a conçu l’idée de machines comme le iPhone et le iPad, il n’en a certainement pas été le véritable créateur, cet honneur étant en fait réservé à la petite armée d’ingénieurs employée par cette omniprésente compagnie. Steve Jobs me donne l’impression d’être un peu comme ces célèbres réalisateurs dont les films sont surtout connus par ce que leurs directeurs artistiques et leurs directeurs de la photographie ont discrètement accompli dans les coulisses. Si vous voulez vraiment aduler quelqu’un dans le monde de l’informatique, je suggère que vous alliez un peu plus loin dans le temps et (re)découvriez le père de cette chose sans fin qui a véritablement changé la planète. Le monde entier va célébrer le centenaire de sa naissance en 2012, j’ai nommé Alan Turing.
Curieusement, c’est en regardant Peeping Tom, le film qui détruisit pratiquement la carrière de Michael Powell, un des réalisateurs les plus originaux du vingtième siècle, qu’Alan Turing m’est revenu il y a peu à l’esprit. Leo Marks, le scénariste de ce film étrange était aussi un « briseur de codes » et avait travaillé sous la direction de Turing à ce qui allait finalement rendre le fameux système « Enigma » obsolète. D’abord un de ces mathématiciens dont la vie semble passée à résoudre des problèmes qui n’ont guère d’applications pratiques, la seconde guerre mondiale le força très rapidement à se confronter à des questions qui avaient la plus pratique des implications : contrecarrer la machine de guerre nazie. En dépit du fait que la machine Enigma elle-même fut volée par les espions alliés et donnée aux briseurs de code de l’équipe Turing, il fallait un esprit très particulier pour pouvoir en dévoiler les secrets.
Le briseur de code doit en effet tâcher de se mettre dans la tête de l’encodeur d’origine pour comprendre les mécanismes secrets de ce processus, un talent que Turing développa avec l’aide de la science des mathématiques qui lui ouvrait les portes de ces mystères profonds (pour l’auteur de cet article) que sont l’arithmétique, les statistiques, les calculs différentiels, etc. Au-delà de sa vie tragique, c’est aussi cette recherche cryptologique qui le mena à l’exploration des procédés de la pensée et à l’invention, entre autres choses tout aussi révolutionnaires, d’un algorithme permettant de savoir si un problème mathématique peut être solvable et du célèbre test de Turing qui fut à l’origine du débat sur la possibilité d’une intelligence artificielle et la création de la première machine appelée ordinateur.
Imaginez cette intelligence chez un homme certain de son talent et de sa place dans la société anglaise, le tout accompagné d’une certaine innocence sur ses propres privilèges, et vous obtiendrez une identité fort difficile à vivre dans l’Angleterre super-conservative de l’après-guerre. Homosexuel sans problème, au point que peu de gens de son entourage l’ignoraient (lisez Maurice d’E.M. Forster et vous aurez une idée de ce que ce genre de situations pouvait alors créer), Alan Turing fut victime de la bêtise ambiante et de sa propre ouverture d’esprit. Il fut ainsi condamné à subir une castration chimique et, les années cinquante étant dominées par le conformisme et la guerre froide, Turing perdit le droit de travailler pour le gouvernement anglais ainsi que tout prestige professionnel. Incapable de confronter cette humiliation, il se suicida au moyen d’une pomme couverte de cyanure.
L’année Alan Turing a son propre site Internet plein d’informations passionnantes sur la pensée et la vie de cet homme hors pair et des sites comme France Culture proposent encore les quelques émissions qui lui furent récemment consacrées. Nous savons que le Hong Kong Arts Centre organise une exposition en juin et que Winnie Fu (傅慧儀), la directrice du Microwave Festival à Hong Kong, a aussi confirmé qu’ils nous offriraient un tribut à Alan Turing cette année et, bien que ce projet soit encore inachevé, il est déjà question d’y inviter The Guerilla Dance Project, un groupe de danse plus technologie, ainsi que plusieurs groupes d’artistes dont les projets comprennent les mots CODE et AI (‘artificial intelligence). Mais le plus intriguant de ces projets demeure celui de découvrir la première lettre d’amour écrite par un ordinateur à l’université de Manchester où Turing travaillait. Je n’en sais pas plus mais cela me suffit amplement pour attendre la prochaine édition de Microwave avec encore plus de curiosité qu’à l’accoutumée. |
|
不錯，《蘋果》電腦是我上世紀八十年代在巴黎做大學生時夢寐以求但經濟上卻不允許的諸多事物中的一項。這家公司的一些最新玩意兒的確非常有用。都說iPhone和iPad是史蒂夫．喬布斯構思製作的，其實他並非真正的創造者，這榮譽應歸功於這家無處不在的公司僱用的工程師團隊。史蒂夫．喬布斯給我這種印象，他多少有點像那些著名的電影導演，他們之所以成名全賴一些幕後默默耕耘的藝術指導和攝影師。如果你真想恭維一個電腦世界的佼佼者，我建議不妨回溯一下歷史，發現這位真正改變了世界的這個無止境科學的祖師爺。今年2012年，全世界都將慶祝他的百年華誕，他便是艾倫．圖靈。
說來也怪，不久前在觀看《偷窺狂》(Peeping Tom) 這部電影時，令我想起了艾倫．圖靈。這部電影徹底摧毀了米高．鮑威爾 (Michael Powell) 的影壇事業，他是二十世紀最具獨創性的電影導演之一。Leo Marks是這部奇特電影的編劇，他亦是一名「密碼破解者」，曾在圖靈領導下從事密碼破譯工作，最終令著名的密碼系統Enigma武功盡廢。圖靈首先是一名數學家，似乎終生研究一些不着邊際的數學問題。是二次大戰迅即迫使他面對一些非常實際的問題：反制納粹德國的戰爭機器。雖然密碼機為盟軍的間諜所盜取並交予圖靈的「密碼破解者」團隊，但需非凡的智慧才能揭開其秘密。
密碼破解者必須頭腦裝有原來的譯碼器方能破解這個密碼系統。這需要圖靈那樣的才能，他博大精深的數學知識打開了一道道神秘莫測深淵的大門，諸如算術、統計學、微積分等等。在悲慘的人生遭遇外，密碼學的研究把他引向對人類思想方法的探究，在他許多具革命性的創舉中，尤其發明了一種可供探明一個數學問題是否可能解決的算法以及著名的圖靈試驗，它引發了對人工智能的可能性及製造那稱作電腦的第一部機器的爭論。
想像一下一個才智橫溢的人在英國社會對自己的才能和地位充滿自信，他天賦異稟，卻與世無爭，安於天命，但在戰後極端保守的英國卻難為人所容。他是一名同性戀者，這點盡人皆知 (請讀一讀Maurice d’E.M. Forster，你便對這個狀況所能引起的一切有所了解)。艾倫．圖靈成了週圍愚蠢偏見和自己的坦蕩的犧牲品。他被判接受化學去勢。上世紀八十年代籠罩着因循守舊和冷戰的氣氛，圖靈喪失了為英國政府工作的權利及一切體面有聲譽的職業。無法承受這種屈辱，他吃了一只塗滿山埃的蘋果自殺了。
艾倫．圖靈年設有專門的網站，提供有關這個舉世無雙人物的思想和生平的有趣資料，有些網址如France Culture，則提供最新製作的有關圖靈的廣播節目。我們知道香港藝術中心將會舉辦一個展覽，而香港微波國際新媒體藝術節的主持人傅慧儀亦証實了今年會製作專題向艾倫．圖靈致敬。這個計劃雖未完竣，但已知邀請了The Guerilla Dance Project，一個相當工藝化的舞蹈團體參與盛事，另外還邀請了一些藝術家組合，他們的計劃中都有CODE和AI (人工智能) 的字樣。在所有這些計劃中，最引人入勝的是由電腦書寫的致圖靈曾在那裡工作的曼徹斯特大學的第一封情書。我所知道的就這些，但這足以使我以比平時更大的好奇心盼望新一屆的微波國際新媒體藝術節的到來。 |
|
