Art contemporain 當代藝術

Texte: John Batten
 

La Biennale de Shanghai 2012
上海雙年展二零一二

 

La Biennale de Shanghai s’est ouverte en octobre dans l’ancienne centrale électrique récemment rénovée de Nanshi, construite initialement en 1897. On l’appelle à présent la « Centrale électrique de l’art » et elle est annoncée comme le premier musée consacré à l’art contemporain en Chine. Elle est située le long de la rivière Huang Po dans l’une des zones du site de l’ancienne Exposition de Shanghai. Ce vaste lieu héberge l’exposition principale de la Biennale et complète les sites satellites le long de Nanjing Road et d’autres quartiers de Shanghai.

Cette ambitieuse Biennale se compose de trois sections distinctes organisées par le conservateur en chef Qiu Zhijie (Chine), et des conservateurs Boris Groys (Allemagne), Jens Hoffmann (Costa Rica) et Johnson Chang Tsong-Zung (Hong Kong). La section principale, dont le thème est « Régénération », couvre les notions de « ressources », « revisiter », « réforme » et « république », réunissant 98 artistes originaires de 27 pays. La seconde section est constituée de présentations de projets installés dans des parcs, notamment le grand Zhongshan Park. La troisième section de la Biennale, quant à elle, est le « Projet des pavillons interurbains », et présente des œuvres d'art originaires de 33 villes des quatre coins du monde.

Travail abstrait au fond de la chiminée

Dans la section principale de la Biennale, Hong Kong est représentée par l’artiste Ho Sin Tung et son Festival du film Inter-Vivos de Hong Hong (HKIFF), une parodie de festival du cinéma imitant certains aspects du vrai Festival du film de Hong Kong (HKIFF). L’installation de Linda Lai se penche sur l’expérience vécue par de nombreux habitants de Hong Kong lorsqu’ils envoyaient des biens de consommation, de la nourriture et des cadeaux à des personnes de leur famille vivant en Chine, lorsque le pays était économiquement isolé du reste du monde.

Hong Kong apparaît également dans le travail de l’université de la ville de Hong Kong, en collaboration avec l’académie Dunhuang, sous la forme d’une reconstruction numérique de l’une des célèbres grottes bouddhistes de Dunhuang. Non loin de là, l’artiste Lee Kit, originaire de Hong Kong, a construit une installation représentant un salon avec un banc, des tables et des chaises, fort appréciée et bien utilisée par les visiteurs de la Biennale quelque peu fatigués. Lee Kit, très liée à l’Italie, exposait sous la bannière de la ville italienne de Palerme, qui fait partie du « Projet des pavillons interurbains ».

Pendant toute la Biennale, le conservateur Qiu Zhijie, lui-même un artiste accompli, fournit des esquisses élaborées qui sont comme une signalétique de présentation des différentes sections. Les esquisses sont de grands dessins au stylo qui tracent des liens entre les artistes et d’autres idées et objets, présentés comme une vue aérienne tracée sur le thème de la section donnée. Ces esquisses dominent la Biennale et sont extraordinaires. Cependant, elles rivalisent avec le travail d'artistes individuels pour attirer l’attention des visiteurs.
Globalement, cette Biennale est très stimulante pour l’esprit et un éventail artistique à travers différents médias y est exposé. Lorsque l’on entre dans la « Centrale électrique de l’art », on ne réalise pas forcément que l’on se trouve dans une ancienne centrale électrique. Pourtant, on peut pénétrer dans la grande cheminée (nommée « Harmonie » par les autorités gouvernementales de Shanghai, un exemple imperturbable de la propagande !) et elle est intelligemment utilisée dans la Biennale pour une « intervention » de l’artiste suisse Roman Signer. L'une de ses « sculptures du temps », une grande boule contenant du pigment bleu, est utilisée pour une mise en scène où elle tombe dans la cheminée. Le résultat de l’accident est un sol éclaboussé de bleu : une peinture abstraite sur site et un mélange de médias.
La Biennale comprend un large éventail de grandes installations, mais certaines des pièces plus petites disséminées aux quatre coins de l'exposition sont remarquables. L’artiste chinois Shen Yuan, né à Fuzhou et résidant aujourd’hui à Paris, expose Le puits, une sculpture en bois d’une rotonde Hakka inclinée et possédant une extension à la base du modèle, qui reproduit une goulotte de reprise d’eau s’écoulant dans un simple seau de village. Cette installation décrit la force des communautés traditionnelles Hakka, dont les rotondes, comme le dit l’artiste, « offrent la protection, la garde des enfants, l’ordre social et l’éducation ».

La manière dont les choses évoluent, de Peter Fischl et David Weiss, célèbre vidéo datant de 1989 décrit une série d’objets – dont des échelles, des pneus, des chaussures et de l’eau, animés à certains moments par du feu et des feux d’artifice – tombant les uns sur les autres au cours d’une séquence en constante évolution de 29 minutes. L’énergie cinétique représentée dans cette vidéo est fascinante, et des rangées de spectateurs stupéfaits la contemplent à Shanghai. Un autre grand succès auprès du public, Toi et moi, Horizontal 1 d’Anthony McCall, une installation lumineuse sculpturale qui utilise trois niveaux de lumières : une ellipse, une vague en déplacement et une ligne droite. Exposée dans une pièce sombre, cette projection est comme une forme lumineuse versatile qui se tortille et représente le corps humain.

La corruption et la largesse du gouvernement résonnent dans un projet appelé « Document d'une société perdue » de l’artiste taïwanais Yau Jui-chung et d’un groupe d’étudiants. Yau a dirigé les étudiants pour qu’ils photographient des bâtiments publics désaffectés à travers Taïwan. Une exposition élaborée de photographies accompagnées d’une brève description et du coût de chacun des bâtiments, ainsi qu’une vidéo expliquant le projet sont destinées à un public habitué à de tels gaspillages en Chine.

La présentation conceptuellement forte du groupe artistique « L’utilisateur » expose un groupe d’anciennes imprimantes matricielles dont le son, alors qu’elles impriment à l’unisson tel un quatuor, produit un ensemble musical rudimentaire composé et amplifié, mais immensément plaisant, au sein d’une même pièce. Le long de Nanjing Road, deux grands bâtiments commerciaux d’avant-guerre attendant d’être rénovés constituent l’endroit idéal pour des installations artistiques plus conceptuelles dans le « Projet des pavillons interurbains ». L’artiste américain Jon Rubin a acheté l’intégralité du contenu d’une succession à Pittsburgh aux USA et a transporté les biens à Shanghai, les vendant lors d’un marché aux puces pendant la Biennale. Le public peut acheter ces articles et l’artiste demande qu’une photographie de l’endroit où l’objet a été placé par son nouveau propriétaire lui soit envoyée.

Cette année, la Biennale s’étend partout dans Shanghai en utilisant à la fois des lieux officiels et des lieux de passage, à travers un grand nombre d’endroits, ayant pour résultat un évènement artistique plus proche du public. Un grand nombre d’espaces artistiques commerciaux, publics et non commerciaux se sont ouverts à Shanghai au cours des cinq dernières années. La ville et les futures biennales vont bénéficier de cette expansion, et le résultat, comme suggéré lors de cette Biennale, va mener à un esprit et une intention plus courageux.

 
L’installation de Linda Lai

屆的上海雙年展於十月開幕了,展覽在中國第一個當代藝術館「上海當代藝術館」舉行,英文名字非常直接,就是 Power Station of Art — 因為那是由一八九七年建成的南市發電廠改建而成的,就座落在曾經是上海世博園區的黃浦江邊。這個嶄新的巨大發電廠是雙年展的主場館,而南京路等地方也散落不同的小場館,作另類展覽計劃之用。

這次雙年展野心勃勃,由總策展人邱志傑(中國)、聯合策展人鮑里斯.格羅伊斯(德國)、晏思.霍夫曼(哥斯達黎加)和張頌仁(香港)分成三個部份進行。主場館部份的策展主題是「重新發電」,參展的九十八位藝術家來自二十七個國家,被安置於「溯源」、「復興」、「造代」、「共和」四個版塊裡;第二部份為特別展「中山公園計劃」,名為《口述與視覺文獻:爾冬強檔案館》;而第三部份名曰「城市館」,邀得三十三個不同的城市打造不同的藝術景觀。

在主場館裡,來自香港的藝術家有兩位:何倩彤以她的作品《吾友烏有》參展。作品是一個虛構的電影節,大量參照香港國際電影節的模式開展;而黎肖嫻則以一巨型裝置反映在中國對外封鎖的年代裡,香港人向內地親友大量投寄商品、食品、禮品的風俗經驗。
在主場館以外的地方都看得見香港藝術家的蹤影。香港城市大學與敦煌研究院合作,以數碼重構一個著名的敦煌千佛洞;鄰近的意大利城市館「巴勒莫館」亦展出了李傑的作品。李傑展示的是一個配有吧枱和桌椅的生活空間裝置,深得因逛雙年展而累不堪言的觀眾愛戴並使用。

邱志傑這次的角色雖是策展人,但大家可別忘了他本人也是個非常出色的藝術家。所以雙年展的牆上佈滿他親手繪畫的概念地圖,把所有藝術家和概念都連結起來。地圖的內容和技巧實在精彩,在雙年展裡異常搶眼,甚至對個別的參展藝術家做成「威脅」。

整體來說,這次的上海雙年展可謂百花齊放,不同媒介的藝術品都得以大嗚大放。當你走進這座「藝術發電廠」,感覺其實不那麼發電廠,唯獨靠那巨型的大煙囪道出觀者的所在(這枝大煙囪被上海的政府命名為「和諧」,實在是明目張膽得過份的官方宣傳!)。觀眾可從主場館走進煙囪內部一窺究竟,而雙年展更巧妙地安排了瑞士藝術家羅曼.辛格那的作品「時間雕塑」對煙囪的空間作出介入——將一個巨型藍色顏料球往煙囪下丟,從而形成一個隨性、抽象、混合媒介的,一地藍的繪畫作品。

雖然雙年展展示了為數不少的巨型裝置,但其實燈火闌珊處也有不少體形較小的佳作。例如出生福州,旅居法國的沈遠,展出了他的作品《井》,他將閩西南客家土樓的建築模型推倒,在底部裝上一道木製的水道,把水引到一個鄉村尋常木筒裡。作品表現了客家群體的傳統力量,套句藝術家本人的話,那群體「提供著庇護、養育、司法和禮教。」

彼得.費茨利和大衛.威斯於一九八九年的著名錄像作品《萬物之道》拍攝了一堆物件——包括樓梯、車軚、鞋子、水等物,如何被火或煙霧啟動而如骨牌般一個接一個運動下去,從而形成一段二十九分鐘的影像。錄像裡所描繪的力學是強制性的,在上海,觀眾更是情不自禁地圍攏起來一直看下去。另一個非常受觀眾喜歡的作品是安東尼.米凱爾的《你和我,水平》,是由橢圓、直線和行波組成的「固態光」系列裝置。作品在一個黑暗房間裡展出,光的投影會慢慢扭曲、變化,作為人體的隱喻。

政府的腐敗和揮霍的狀況則被台灣藝術家姚瑞中和一個由學生組成的團體「失落社會檔案室」 捕捉住了。姚瑞中把學生組織起來,要他們一起為台灣裡被人垢病的荒廢樓宇「蚊子館」拍照,在展覽裡把建築物的簡介和建造價格等資料連同照片一同展出。在中國這類社會現象也是見怪不怪,怪不得作品旁的解釋影片總是全院滿座。

概念上,來自加拿大的藝術家組合「用戶小組」的作品也是首屈一指的。他們採用四台舊式辦公室打印機運作時的聲音,編成一曲既人工卻甚悅耳的音樂四重奏。而南京路上的戰前舊建築裡,則佈滿了「城市館」的展覽,當中「匹茲堡館」的美國藝術家喬恩.魯本就把一整個匹茲堡沒落的家族都搬到上海來,把所有大大小小的家當都當成市集的貨品在雙年展裡出售。觀眾可把別人家裡的物品買下,然後藝術家會要求觀眾把物件放在自己家中拍一張照作保存

這次的上海雙年展藉著或堂皇或輕鬆的不同場館,把它的聲音滲透進整個上海。過去五年,無論是商業、公共還是非商業的藝術空間,都在上海紛紛冒起。上海這個城市和雙年展本身,都受益於這種蓬勃的氣象 — 誠今屆雙年展所言,我們的精神和視野將會越戰越勇。