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La Biennale de Shanghai s’est ouverte en octobre dans l’ancienne centrale électrique récemment rénovée de Nanshi, construite initialement en 1897. On l’appelle à présent la « Centrale électrique de l’art » et elle est annoncée comme le premier musée consacré à l’art contemporain en Chine. Elle est située le long de la rivière Huang Po dans l’une des zones du site de l’ancienne Exposition de Shanghai. Ce vaste lieu héberge l’exposition principale de la Biennale et complète les sites satellites le long de Nanjing Road et d’autres quartiers de Shanghai.
Cette ambitieuse Biennale se compose de trois sections distinctes organisées par le conservateur en chef Qiu Zhijie (Chine), et des conservateurs Boris Groys (Allemagne), Jens Hoffmann (Costa Rica) et Johnson Chang Tsong-Zung (Hong Kong). La section principale, dont le thème est « Régénération », couvre les notions de « ressources », « revisiter », « réforme » et « république », réunissant 98 artistes originaires de 27 pays. La seconde section est constituée de présentations de projets installés dans des parcs, notamment le grand Zhongshan Park. La troisième section de la Biennale, quant à elle, est le « Projet des pavillons interurbains », et présente des œuvres d'art originaires de 33 villes des quatre coins du monde.
Power Station of Art - venue of Shanghai Biennial |
Dans la section principale de la Biennale, Hong Kong est représentée par l’artiste Ho Sin Tung et son Festival du film Inter-Vivos de Hong Hong (HKIFF), une parodie de festival du cinéma imitant certains aspects du vrai Festival du film de Hong Kong (HKIFF). L’installation de Linda Lai se penche sur l’expérience vécue par de nombreux habitants de Hong Kong lorsqu’ils envoyaient des biens de consommation, de la nourriture et des cadeaux à des personnes de leur famille vivant en Chine, lorsque le pays était économiquement isolé du reste du monde.
Hong Kong apparaît également dans le travail de l’université de la ville de Hong Kong, en collaboration avec l’académie Dunhuang, sous la forme d’une reconstruction numérique de l’une des célèbres grottes bouddhistes de Dunhuang. Non loin de là, l’artiste Lee Kit, originaire de Hong Kong, a construit une installation représentant un salon avec un banc, des tables et des chaises, fort appréciée et bien utilisée par les visiteurs de la Biennale quelque peu fatigués. Lee Kit, très liée à l’Italie, exposait sous la bannière de la ville italienne de Palerme, qui fait partie du « Projet des pavillons interurbains ».
Pendant toute la Biennale, le conservateur Qiu Zhijie, lui-même un artiste accompli, fournit des esquisses élaborées qui sont comme une signalétique de présentation des différentes sections. Les esquisses sont de grands dessins au stylo qui tracent des liens entre les artistes et d’autres idées et objets, présentés comme une vue aérienne tracée sur le thème de la section donnée. Ces esquisses dominent la Biennale et sont extraordinaires. Cependant, elles rivalisent avec le travail d'artistes individuels pour attirer l’attention des visiteurs.
Globalement, cette Biennale est très stimulante pour l’esprit et un éventail artistique à travers différents médias y est exposé. Lorsque l’on entre dans la « Centrale électrique de l’art », on ne réalise pas forcément que l’on se trouve dans une ancienne centrale électrique. Pourtant, on peut pénétrer dans la grande cheminée (nommée « Harmonie » par les autorités gouvernementales de Shanghai, un exemple imperturbable de la propagande !) et elle est intelligemment utilisée dans la Biennale pour une « intervention » de l’artiste suisse Roman Signer. L'une de ses « sculptures du temps », une grande boule contenant du pigment bleu, est utilisée pour une mise en scène où elle tombe dans la cheminée. Le résultat de l’accident est un sol éclaboussé de bleu : une peinture abstraite sur site et un mélange de médias.
Yau Jui-chung: installation view of Taiwan disused public
buildings photography display |
La Biennale comprend un large éventail de grandes installations, mais certaines des pièces plus petites disséminées aux quatre coins de l'exposition sont remarquables. L’artiste chinois Shen Yuan, né à Fuzhou et résidant aujourd’hui à Paris, expose Le puits, une sculpture en bois d’une rotonde Hakka inclinée et possédant une extension à la base du modèle, qui reproduit une goulotte de reprise d’eau s’écoulant dans un simple seau de village. Cette installation décrit la force des communautés traditionnelles Hakka, dont les rotondes, comme le dit l’artiste, « offrent la protection, la garde des enfants, l’ordre social et l’éducation ».
La manière dont les choses évoluent, de Peter Fischl et David Weiss, célèbre vidéo datant de 1989 décrit une série d’objets – dont des échelles, des pneus, des chaussures et de l’eau, animés à certains moments par du feu et des feux d’artifice – tombant les uns sur les autres au cours d’une séquence en constante évolution de 29 minutes. L’énergie cinétique représentée dans cette vidéo est fascinante, et des rangées de spectateurs stupéfaits la contemplent à Shanghai. Un autre grand succès auprès du public, Toi et moi, Horizontal 1 d’Anthony McCall, une installation lumineuse sculpturale qui utilise trois niveaux de lumières : une ellipse, une vague en déplacement et une ligne droite. Exposée dans une pièce sombre, cette projection est comme une forme lumineuse versatile qui se tortille et représente le corps humain.
La corruption et la largesse du gouvernement résonnent dans un projet appelé « Document d'une société perdue » de l’artiste taïwanais Yau Jui-chung et d’un groupe d’étudiants. Yau a dirigé les étudiants pour qu’ils photographient des bâtiments publics désaffectés à travers Taïwan. Une exposition élaborée de photographies accompagnées d’une brève description et du coût de chacun des bâtiments, ainsi qu’une vidéo expliquant le projet sont destinées à un public habitué à de tels gaspillages en Chine.
La présentation conceptuellement forte du groupe artistique « L’utilisateur » expose un groupe d’anciennes imprimantes matricielles dont le son, alors qu’elles impriment à l’unisson tel un quatuor, produit un ensemble musical rudimentaire composé et amplifié, mais immensément plaisant, au sein d’une même pièce. Le long de Nanjing Road, deux grands bâtiments commerciaux d’avant-guerre attendant d’être rénovés constituent l’endroit idéal pour des installations artistiques plus conceptuelles dans le « Projet des pavillons interurbains ». L’artiste américain Jon Rubin a acheté l’intégralité du contenu d’une succession à Pittsburgh aux USA et a transporté les biens à Shanghai, les vendant lors d’un marché aux puces pendant la Biennale. Le public peut acheter ces articles et l’artiste demande qu’une photographie de l’endroit où l’objet a été placé par son nouveau propriétaire lui soit envoyée.
Cette année, la Biennale s’étend partout dans Shanghai en utilisant à la fois des lieux officiels et des lieux de passage, à travers un grand nombre d’endroits, ayant pour résultat un évènement artistique plus proche du public. Un grand nombre d’espaces artistiques commerciaux, publics et non commerciaux se sont ouverts à Shanghai au cours des cinq dernières années. La ville et les futures biennales vont bénéficier de cette expansion, et le résultat, comme suggéré lors de cette Biennale, va mener à un esprit et une intention plus courageux.
Festival du film de la Biennale de Shanghai de Ho Sin Tung
Au début de l’année 2012, Ho Sin Tung a présenté à la galerie Hanart TZ son Festival du film Inter-Vivos de Hong Hong, une parodie de festival de cinéma. Cette ambitieuse imitation du vrai Festival international du film de Hong Kong (HKIFF) a été entièrement transportée à Shanghai pour la Biennale de cette année. Elle comprend les dessins et les peintures caractéristiques de Ho Sin Tung représentant des scènes et des affiches de films de différentes références cinématographiques inventées et rendant hommage à certains des plus grands réalisateurs de films au monde, dont François Truffaut, Abbas Kiarostami, Éric Rohmer et bien d’autres.
Ho présente également quatre bandes-annonces de scènes de films imaginaires et place un siège de cinéma rouge et somptueux afin d’embellir cette atmosphère de festival du film. Pour la Biennale de Shanghai, Ho publie également une parodie du catalogue des synopsis de ce festival du film (essentiellement humoristique), ainsi qu’une Newsletter du festival gratuite et offerte aux visiteurs de la Biennale – tous très rapidement emballés !
Les spectateurs en train de lire le journal gratuit Festival News de Ho Sin Tung |
On trouve une autre série liée au monde cinématographique dans Plan de salle du festival du film international de Hong Kong de Ho Sin Tung, également exposée à la Biennale. Dans mon essai précédent, Ne tirez pas, j’explique que Ho a « assidûment élaboré le plan des cinémas de Hong Kong, endroits qu’elle connaît très bien. Ses interprétations ne sont pas seulement des enquêtes architecturales objectives, ce sont aussi des rapports visuels réels d’endroits où l’on peut passer du temps pour regarder des films et passer un moment agréable ou pas. Son évaluation du Grand Théâtre au centre commercial Elements (« ... possède BEAUCOUP d’écrans... »). Le théâtre du City Hall (étiqueté « L’univers trapézoïde » – une observation des magnifiques murs en bois du théâtre, avec l’utilisation d’une forme en perspective illusoire). Enfin, le Lecture Hall du musée des Sciences de Hong Kong, son préféré, avec ses sièges confortables, ses larges angles de vision est un lieu idéal pour les festivals cinématographiques européens. »
Les dessins de Ho sont composés à l’encre et au crayon sur du papier coloré à la main (teinture au thé) inspirés par des modèles et des motifs classiques. Ces séries constituent un lien entre le travail de l’artiste alors qu’elle était étudiante, et son installation plus élaborée du festival du film de la Biennale de Shanghai. Ces plans de salle doivent être simplement utilisés pour naviguer jusqu’à votre siège. Cependant, une fois confortablement assis, le cinéphile est à même de comprendre ce monde agité, déroutant et exaspérant, car « Le monde entier est un théâtre... »
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L’installation de Linda Lai |
今屆的上海雙年展於十月開幕了,展覽在中國第一個當代藝術館「上海當代藝術館」舉行,英文名字非常直接,就是 Power Station of Art — 因為那是由一八九七年建成的南市發電廠改建而成的,就座落在曾經是上海世博園區的黃浦江邊。這個嶄新的巨大發電廠是雙年展的主場館,而南京路等地方也散落不同的小場館,作另類展覽計劃之用。
這次雙年展野心勃勃,由總策展人邱志傑(中國)、聯合策展人鮑里斯.格羅伊斯(德國)、晏思.霍夫曼(哥斯達黎加)和張頌仁(香港)分成三個部份進行。主場館部份的策展主題是「重新發電」,參展的九十八位藝術家來自二十七個國家,被安置於「溯源」、「復興」、「造代」、「共和」四個版塊裡;第二部份為特別展「中山公園計劃」,名為《口述與視覺文獻:爾冬強檔案館》;而第三部份名曰「城市館」,邀得三十三個不同的城市打造不同的藝術景觀。
在主場館裡,來自香港的藝術家有兩位:何倩彤以她的作品《吾友烏有》參展。作品是一個虛構的電影節,大量參照香港國際電影節的模式開展;而黎肖嫻則以一巨型裝置反映在中國對外封鎖的年代裡,香港人向內地親友大量投寄商品、食品、禮品的風俗經驗。
在主場館以外的地方都看得見香港藝術家的蹤影。香港城市大學與敦煌研究院合作,以數碼重構一個著名的敦煌千佛洞;鄰近的意大利城市館「巴勒莫館」亦展出了李傑的作品。李傑展示的是一個配有吧枱和桌椅的生活空間裝置,深得因逛雙年展而累不堪言的觀眾愛戴並使用。
Travail abstrait au fond de la chiminée |
邱志傑這次的角色雖是策展人,但大家可別忘了他本人也是個非常出色的藝術家。所以雙年展的牆上佈滿他親手繪畫的概念地圖,把所有藝術家和概念都連結起來。地圖的內容和技巧實在精彩,在雙年展裡異常搶眼,甚至對個別的參展藝術家做成「威脅」。
整體來說,這次的上海雙年展可謂百花齊放,不同媒介的藝術品都得以大嗚大放。當你走進這座「藝術發電廠」,感覺其實不那麼發電廠,唯獨靠那巨型的大煙囪道出觀者的所在(這枝大煙囪被上海的政府命名為「和諧」,實在是明目張膽得過份的官方宣傳!)。觀眾可從主場館走進煙囪內部一窺究竟,而雙年展更巧妙地安排了瑞士藝術家羅曼.辛格那的作品「時間雕塑」對煙囪的空間作出介入——將一個巨型藍色顏料球往煙囪下丟,從而形成一個隨性、抽象、混合媒介的,一地藍的繪畫作品。
雖然雙年展展示了為數不少的巨型裝置,但其實燈火闌珊處也有不少體形較小的佳作。例如出生福州,旅居法國的沈遠,展出了他的作品《井》,他將閩西南客家土樓的建築模型推倒,在底部裝上一道木製的水道,把水引到一個鄉村尋常木筒裡。作品表現了客家群體的傳統力量,套句藝術家本人的話,那群體「提供著庇護、養育、司法和禮教。」
彼得.費茨利和大衛.威斯於一九八九年的著名錄像作品《萬物之道》拍攝了一堆物件——包括樓梯、車軚、鞋子、水等物,如何被火或煙霧啟動而如骨牌般一個接一個運動下去,從而形成一段二十九分鐘的影像。錄像裡所描繪的力學是強制性的,在上海,觀眾更是情不自禁地圍攏起來一直看下去。另一個非常受觀眾喜歡的作品是安東尼.米凱爾的《你和我,水平》,是由橢圓、直線和行波組成的「固態光」系列裝置。作品在一個黑暗房間裡展出,光的投影會慢慢扭曲、變化,作為人體的隱喻。
The User: installation view of their “Matrix Printer Quartet” |
政府的腐敗和揮霍的狀況則被台灣藝術家姚瑞中和一個由學生組成的團體「失落社會檔案室」 捕捉住了。姚瑞中把學生組織起來,要他們一起為台灣裡被人垢病的荒廢樓宇「蚊子館」拍照,在展覽裡把建築物的簡介和建造價格等資料連同照片一同展出。在中國這類社會現象也是見怪不怪,怪不得作品旁的解釋影片總是全院滿座。
概念上,來自加拿大的藝術家組合「用戶小組」的作品也是首屈一指的。他們採用四台舊式辦公室打印機運作時的聲音,編成一曲既人工卻甚悅耳的音樂四重奏。而南京路上的戰前舊建築裡,則佈滿了「城市館」的展覽,當中「匹茲堡館」的美國藝術家喬恩.魯本就把一整個匹茲堡沒落的家族都搬到上海來,把所有大大小小的家當都當成市集的貨品在雙年展裡出售。觀眾可把別人家裡的物品買下,然後藝術家會要求觀眾把物件放在自己家中拍一張照作保存。
這次的上海雙年展藉著或堂皇或輕鬆的不同場館,把它的聲音滲透進整個上海。過去五年,無論是商業、公共還是非商業的藝術空間,都在上海紛紛冒起。上海這個城市和雙年展本身,都受益於這種蓬勃的氣象 — 誠今屆雙年展所言,我們的精神和視野將會越戰越勇。
何倩彤的上海雙年展電影節
Une vue de l’installation de Ho Sin Tung |
在二零一二年初,何倩彤在漢雅軒展出了她的虛構電影節作品《吾友烏有》。這個極具野心的作品是一個對香港國際電影節的擬仿,而在九月,何倩彤就把整個作品原封不動的搬到上海雙年展展出。整個作品包括為每一部箇中影片繪畫的海報和劇照,而電影內容也對不少重要的電影工作者作出致敬,例如杜魯福、阿巴斯.基阿魯斯達米和伊力盧馬等等。
除了平面作品外,她也拍攝了四段「電影預告片」錄像,還有自製了一張紅色的私人電影座椅,落力經營出一種電影節的氛圍。為了上海雙年展,她更特意加印了一份包含了所有虛構的電影簡介的「影節小冊子」(這可是整個作品的精髓所在!),還有一份「影訊」,都是給觀眾取閱的 — 不過以它們被拿走的速度來說,也可以說是給掠奪的!
另一系列與電影有關的作品也同場展出,那是一組《電影院座位表》的繪畫。在我之前的文章《日頭別彌留》裡,我如此形容這系列作品:「何倩彤勤勉不懈的標示出香港戲院的平面圖,而她對戲院可是瞭若指掌。她的構圖不只是客觀的建築勘測,還是對地點實際的視覺描繪,你可以在裡面消磨時間,快樂地或不快樂地看電影。她對圓方的 Grand Theatre 評論是『很玄』。對香港大會堂的劇院則命名為《梯形》。這是她觀察劇院裡美麗的木質牆壁,用一種虛幻的透視手法設計而成。還有她最喜愛的香港科學館演講廳,這裡的座位舒適、視線遼闊,而且還是不少影展的舉辦場地。 」
這系列的作品是何倩彤在學期間作品和《吾友烏有》的過渡橋樑。墨水和鉛筆被印章點綴,配以傳統的版面和花紋,舖展在以茶染色的水彩紙上。這系列的電影節座位表僅為你作帶位式的導航,一旦觀眾安然就座,他就可以把紛亂無序的世界都歸為一句:「這只是一場電影。」 |
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