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L’actrice Arletty (1898-1991) portant un chapeau
Suzanne Talbot au concours d'élégance automobile de
Bagatelle |
L’Alliance Française de Hong Kong et la Bibliothèque nationale de France (BnF) présentent pour la première fois dans le cadre du French May sur l’Avenue of Stars trente tirages choisis parmi les photographies de mode des Séeberger. Cette exposition offre des grilles de lecture multiples : histoire de la photographie de mode, révélation d’une iconographie très riche et souvent inconnue sur la mode elle-même, chronique amusante ou nostalgique de la vie mondaine d’avant la guerre. Elle est également l’occasion de rendre aux Séeberger la place qu’ils méritent parmi les photographes de mode.
Entre 1909 et 1939, les Séeberger consacrent une grande partie de leurs activités à photographier les nouveautés de la mode et de la haute couture lors d’événements mondains ou dans les lieux de villégiatures les plus courus. Ils travaillent pour le compte des magazines illustrés comme Vogue, Harper’s Bazaar, La Femme Chic, le Jardin des Modes, Femina, etc. mais également dans des titres plus généralistes comme L’Illustration, Vu, Excelsior…
Ces photographies sont le plus souvent reproduites, à l’époque, sous forme de doubles pages qui chroniquent en images, assorties de commentaires détaillés sur les personnalités et les toilettes, les points forts et les hauts lieux de la saison :
d’abord et surtout les courses hippiques, mais aussi les bains de mer, les sports d’hiver, etc. Apparaissent en vignettes de nombreuses images prises le même jour : le lieu, les noms des célébrités et des couturiers forment une manière de roman photo passionnant pour les lecteurs. Ce « concept » qui attise la curiosité et l’imagination est inusable : il existe toujours aujourd’hui dans de nombreux magazines de mode et d’actualité, même s’il est moins systématiquement lié à la haute couture qu’à l’actualité mondaine.
Girls du Casino, en maillot de bain et espadrilles, sous une ombrelle à Deauville |
Contrairement aux grands photographes de mode de l’entre-deux-guerres, tels de Meyer, Hoyningen Huene, Man Ray, Horst, qui travaillent surtout en studio et élaborent des oeuvres très raffinées, maîtrisées et construites, les Séeberger sont plutôt des reporters qui prennent des images sur le vif, des instantanés. Souvent tronqués, recadrés ou détourés dans les publications de l’époque, ces clichés sont ici présentés dans leur format original ce qui permet de mieux apprécier leur qualité.
En effet, si le but premier est d’enregistrer les variations rapides de la mode, le charme de ces photographies vient du fait qu’elles nous racontent simultanément bien d’autres histoires, que le parcours met en valeur tour à tour.
Tout d’abord les photographies permettent une promenade dans l’histoire de la mode. Et l’on sait que c’est pendant la première moitié du XXe siècle que celle-ci a subi les modifications les plus spectaculaires. Abandon du corset, variation de la longueur des robes, apparition du pantalon, du maillot de bain : toutes ces révolutions sont présentées d’emblée pour permettre au visiteur de mieux apprécier la suite du parcours.
L’attention se porte ensuite sur les grands couturiers. Souvent photographiées par les Séeberger, ces nouvelles figures du chic marquent l’époque de leur personnalité et de leur style. Même si les mannequins auxquels les maisons de couture font déjà appel apparaissent sur ces images car on leur demande de se mêler aux foules pour mettre en valeur les nouvelles collections. Les Séeberger photographient très souvent entre 1927/ 1928 et 1939 un petit groupe de femmes du monde considérées comme des « icônes de la mode » de ce temps.
Les photographies des Séeberger accordent au fil du temps une place de plus en plus importante aux accessoires de mode. A partir de 1935, ils adoptent le Rolleiflex, nouvel appareil qui leur permet plus de souplesse dans la prise de vues des détails des toilettes élégantes. Les chapeaux, bien sûr, dont l’importance ne se dément pas jusqu’en 1939, mais aussi les sacs, chaussures, lunettes de soleil, poudriers et jusqu’aux animaux de compagnie. Ces gros plans fournissent quelques-unes des images les plus drôles de la sélection.
Madame Robert Revel en tenue de patinage Madeleine de Rauch à Saint-Moritz |
Les photographies des Séeberger sont des reportages pris sur le vif : elles reflètent ainsi, et ce n’est pas le moindre de leur charme, le calendrier et les pérégrinations de la vie mondaine, les villégiatures. Jusque dans les années 1920, ils se limitent aux champs de courses, lieux par excellence des élégances nouvelles. Puis leur terrain d’action se diversifie : Deauville, qui est « la » station normande de l’entre-deux-guerres, reçoit leur visite en juillet et août, Biarritz en septembre, Cannes au moment de Pâques, Saint-Moritz pour les fêtes de fin d’année. Chacun de ces lieux a ses codes, ses décors et ses ambiances. C’est sur les planches de Deauville ou la plage de Biarritz qu’ils photographient les créations des couturiers pour l’été : maillots, pyjamas de plage, etc. Apparaissent également, là ou à Saint-Moritz, les premières lignes de « sportswear » dont Chanel, Patou et Hermès sont les pionniers. Enfin, ces images révèlent nombre des célébrités que les Séeberger ont choisi de croquer sur le vif. C’est un monde en représentation, un échantillon du Who’s who de l’entre-deux-guerres qui défile sous nos yeux : aristocratie, artistes, mannequins, sportifs, riches étrangers sont ainsi saisis plus ou moins à leur insu pour les pages des magazines. Les vedettes de la scène parisienne et internationale : Mistinguett, Joséphine Baker, les Dolly Sisters, Suzy Solidor, Elvire Popesco, Simone Berriau, Gaby Morlay, Arletty, Josette Day portent volontiers, spontanément ou parce qu’on les leur a offertes pour les lancer, les créations de la haute couture, mais on croise aussi dans les rubriques plus people Charlie Chaplin, Buster Keaton, Georges Carpentier, Suzanne Lenglen, Alphonse XIII, les Rothschild, la famille Citroën, l’Aga Khan et la Bégum, lady Mountbatten et tout le gotha international.
Jules (1872-1932), Louis (1874-1946) et Henri (1876-1956) Séeberger s’orientent en premier lieu vers le dessin industriel. A partir de 1903, Jules se lance dans la photographie en réalisant des séries de reportages sur Montmartre, entraînant bientôt ses frères à sa suite. Ils fondent un atelier familial qui fonctionnera pendant près de 70 ans. L’essor commercial de la carte postale assure un important débouché à leurs paysages et tableaux urbains et leur forge une réputation.
En 1909, la revue La Mode pratique leur commande des photographies des femmes élégantes sur les champs de courses et l’allée des Acacias au Bois de Boulogne. C’est là que se lancent les nouvelles modes qui passionnent les lectrices, là qu’évoluent celles qui donnent le ton en élisant les dernières créations des grands couturiers.
Quittant les champs de courses et le Bois de Boulogne, ils se rendent dès les années 1920 dans les villégiatures à la mode, lieux de rendez-vous de la haute société cosmopolite : Cannes au printemps, Deauville en juillet et en août, Biarritz en septembre, Saint-Moritz en décembre et en janvier.
Plusieurs dizaines de reportages sont réalisés chaque année pour être publiés dans des revues comme le Jardin des modes, Vu, Fémina, Vogue… Les trente images présentées font partie d’un trésor de trente cinq mille clichés réalisés entre 1909 et 1939, que la Bibliothèque nationale de France (BnF) a acquis en 1975.
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Modèles Hermès sur la plage de Deauville
香港法國文化協會與法國國家圖書館在法國五月藝術節首次合作,在星光大道展出三十幀西伯格兄弟(Séeberger brothers) 的時尚照片。這展覽提供多層參考價值:時尚攝影的歷史;公開一些時尚界本身往往也未必知道的名人;以有趣或緬懷的方式按年代展示戰前上流社會的生活。此外,亦藉此機會賦予西伯格兄弟在時尚攝影界本來應得的地位。
1909至1939年間,西伯格兄弟的工作大部份都是拍攝上流社交界出席活動或在最受歡迎的渡假勝地時所展示的最新時尚和高級時裝。他們除了為多家著名的雜誌社工作:如 《Vogue》、《Harper’s Bazaar》、《La Femme Chic》、《Jardin des Modes》、《Femina》等,亦會為一些較大眾化的雜誌如 《L’Illustration》、《Vu》、《Excelsior》……工作。
當時,這些照片很多時都是以雙頁形式刊載,並附有詳盡說明文字介紹知名人士和他們的裝扮,當季流行的款式和最受歡迎的場所:最先和最重要的是賽馬場,但當然還有海浴場、冬季運動的地點等等。再加上很多同日拍攝的照片以小插圖的形式出現:地點、名人和時裝設計師的名字組成一些照片式的小說,廣受讀者的喜愛。這種能挑起好奇心和想像力的「概念」歷久不衰:現今仍被無數時尚或時事雜誌採用,甚至一些不是一貫與高級時裝或上流社會時事有關的雜誌也會採用這種排版方式。
與兩次大戰之間的其他知名攝影師,如 Meyer、Hoyningen Huene、Man Ray、Horst 等喜在攝影室工作和精心地製作一些經過細緻熟練技巧加工的作品相反,西伯格兄弟基本上是在現場即時拍攝的攝影記者。這些照片經常被當時的出版物大肆刪剪,重新調整或修改輪廓,這次展出的是它們原裝版本,讓大家更能欣賞它們的優點。
事實上,雖然這些照片首要的目的是紀錄急劇變化的時尚潮流,但它們的魅力卻是來自它們同時也向我們講述許多其他的故事。
首先,這些照片帶大家漫遊時裝的歷史。人所共知,時裝在二十世紀上半葉經歷了史無前例的變化。放棄了緊身胸衣,改變裙子的長度,褲子、泳衣相繼出現。展覽一開始便展示了這些改革,讓參觀者在欣賞餘下的歷程時更感興趣。
之後焦點集中於著名的時裝設計師。在當時,這些帶領時尚潮流的都是一些個性和風格標新立異的人物,他們往往是西伯格兄弟的拍攝對像。就算是那些已受聘於時裝品牌的模特兒亦有機會出現在這些照片中,因為她們被要求混在人群中,好讓那些新系列更為突出。1927/1928年到1939年間,西伯格兄弟經常拍攝一群被當時上流社會視為「時裝界代表」的婦女。
隨着時代,時尚配件在西伯格兄弟的照片中所佔的比重越來越重要。自1935年起,他們採用Rolleiflex,一款新出的相機,更方便他們取景對焦,拍攝優雅服裝的細節。帽子,那是必然的,雖然直到1939年帽子才掀起熱潮,但還有手袋、鞋子、太陽鏡、粉盒,甚至寵物。這些大特寫照片為整個系列提供了幾個最有趣的影像。
西伯格兄弟的照片是即場拍攝的報導:它們反映 (亦是它們吸引人的地方) 上流社會旅遊的週期和渡假的地方。直到1920年為止,他們都只是在最適合展示新款式的賽馬場拍攝。而且,賽馬的場地各有不同:在兩次大戰之間,丹維爾 (Deauville) 是人們每年七月和八月「必」停的諾曼第站,九月是比亞里玆 (Biarritz),康城則是復活節的時候,而聖摩里茲 (Saint-Moritz) 是為了年底的節慶。這些地方各有自己不同的準則、裝飾和氣氛。他們是在丹維爾的看台上或在比亞里玆的海灘上拍攝設計師們的夏季新裝:泳衣、沙灘裝等等。就是在那兒或是在聖摩里茲最早出現「運動裝」系列,而香奈兒,Patou 和 Hermès 便是這方面的先驅。最後,這些圖像顯示了西伯格兄弟選擇在即場捕捉之名流的數量是何其多。那是一個具代表性的世界,在我們眼前逐一走過的是二次大戰之間的 Who’s who 的代表:貴族、藝術家、模特兒、運動員、外國富豪,這些人在大致上不知情的情況下被刊登在雜誌上。除了時裝以外,西伯格兄弟的作品還記載現實中的點滴,捕捉了上流社會的意氣風發。有不見經傳的美女,也有知名演員、歌手、舞蹈家,包括蜜絲婷瑰、約瑟芬.貝克、阿爾萊蒂;時裝設計師嘉布麗葉兒.香奈兒;歌舞雜耍演員桃麗姊妹、查理.卓別林、巴斯特.基頓;羅斯柴爾德銀行家;貴族雪鐵龍家族等等。
西伯格三兄弟:朱利 (Jules, 1872-1932)、路易 (Louis, 1874-1946) 及亨利 (Henri, 1876-1956) 最初是朝着工業設計的方向發展。自1903年起,朱利投身於攝影行列,完成了一系列有關蒙馬特區的報導,很快便吸引了他的兄弟跟隨。他們成立了一間家族式的工作室,這工作室運作了近七十年之久。明信片在商業上的蓬勃發展為他們的風景照片和都市景貌的市場打開了重要輸出口,亦因此為他們打響了名聲。
1909年,他們受時裝雜誌《La Mode pratique》委托,到賽馬場和 Bois de Boulogne 的洋槐巷 (allée des Acacias) 一帶拍攝名媛淑女的照片。而女讀者所關注的新時尚就是在那些地方推出,那些被揀選的名設計師的新設計為當季潮流定下基調,再從那些地方發揚光大。
離開了賽馬場和 Bois de Boulogne 後,西伯格兄弟自1920年開始到國際上流社交界人士活躍的渡假勝地拍攝採訪︰春天到康城,七、八月到丹維爾,九月份到比亞里茲,十二月和一月則是聖摩里茲。每年他們為多本不同的雜誌如《Jardin des Modes》、《Vu》、《Fémina》、《Vogue》……作幾十個攝影採訪。
是次展出的三十幅圖像是屬於法國國家圖書館於1975年獲得的一批總數三萬五千幀攝於1909年至1939年間的珍貴照片的一部份。 |
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