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Texte : Gérard Henry, Sonia Au Ka-lai
 

Jean Cocteau : Un poète à l’imagination débridée
尚.高克多:一位想象力奔馳的詩人

 

Inutile de demander à Jean Cocteau (1889-1963) qui il est ! Il répond par lui-même : « Je suis un poète. Je suis un écrivain, l m’arrive de peindre aussi, de faire des chapelles… Je perds l’étiquette de poète en faisant autre chose, je suis dans une espèce de no man’s land.» Comme le dit le commissaire de l’exposition de Hong Kong Ioannis Kontaxopoulos : « Cocteau a touché à presque tous les domaines de la création pour constituer sa poésie, voire la réinventer : romans, pièces de théâtre, textes critiques, dessins, films, giclent de lui comme l’eau de la pomme de l’arrosoir. »

Le génial agité

Andy Warhol, Jean Cocteau blue portrait, 1983, Silkscreen, 80x97 cm
Jean Cocteau, 50 years of Air liquide in Japan, 1960, First edition book,
26 x 34 cm
Jean Cocteau, Adam and Eve, circa 1959, Markers on paper, 40 x 49 cm

Cocteau, le génial agité, car il ne tenait pas en place, surgissait partout là où on ne l’attendait pas, se méfiait de toutes les écoles et doué d’une grande facilité, allait d’un moyen d’expression à un autre : le dessin, la peinture, la céramique, la tapisserie, le théâtre, le ballet (Parade) et le cinéma (7 films). Il disait lui-même : « L’homme génial, c’est l’homme capable de tout. Quelquefois brutalement, une question se pose : les chefs-d’œuvre seraient-ils des alibis ? » (Essai de critique indirecte). Cocteau a d’abord fréquenté l’avant-garde cubiste, puis les surréalistes avec qui il eut des relations houleuses, le courant ne passa jamais entre lui et Breton qui ne l’aimait guère.

Il publia un premier recueil de poèmes La lampe d’Aladin en 1909. Il rencontra la même année un homme qui aura une énorme influence sur lui, le compositeur Igor Stravinsky : « Le Sacre du printemps de Stravinsky me bouleversa de fond en comble. Stravinsky, auprès de qui j’avais déjà vécu en 1913 à Leysin, m’enseigna cette insulte aux habitudes sans quoi l’art stagne et reste un jeu. » Autre rencontre capitale, celle de Serge Diaghilev et des Ballets russes pour lequel il fera les dessins du Spectre de la rose (1911). Il dessina d’ailleurs son danseur Nijinsky, future étoile mondiale.

Cocteau fit connaissance avec des grands artistes tels Picasso, Braque, Derain et Modigliani en fréquentant les cafés de Montparnasse et de Montmartre de 1914 à 1916. Il s’y lia aussi aux poètes Apollinaire, Max Jacob. Dans la même époque, Cocteau rencontra le grand amour de sa vie Raymond Radiguet, un écrivain adolescent surdoué à 15 ans, qui mourra tragiquement à l’âge de 20 ans et l’inspirera beaucoup.

Le sang d’un poète

L’autre  artiste qui  l’influença beaucoup et  avec  qui  il  collabora est  Picasso : «  Picasso m’a  enseigné à  courir plus vite  que  la  beauté. Je  m’explique. Celui qui court à la vitesse de la beauté ne fera que pléonasme et carte postalisme. Celui qui court moins vite que la beauté ne fera qu’une œuvre médiocre. Celui qui court plus vite que la beauté, son œuvre semblera laide, mais il oblige la beauté à la rejoindre et alors, une fois rejointe, elle deviendra belle définitivement. » En 1917, Cocteau créa le ballet Parade, produit par Diaghilev, sur une musique d’Eric Satie et une chorégraphie de Léonide Massine et dont Picasso fit le décor et les costumes, un spectacle étrange qui allait faire scandale et marqua une rupture définitive avec l’art du XIX siècle.

C’est Parade qui rendit célèbre Cocteau, mais c’est le cinéma qu’il appelait « l’encre de lumière » qui le fit connaître du grand public. Cocteau se passionna pour le cinéma populaire (comme celui de Charlie Chaplin) et quand le mécène Charles de Noailles lui proposa en 1929 de faire un dessin animé, il réalisa Le Sang d’un poète avec des personnages vivants, où l’on trouve tous les thèmes qu’il développera plus tard et où il est lui-même l’auteur, le personnage central. L’un des thèmes favoris de Cocteau qui hantera son cinéma du début à la fin est le Mythe d’Orphée. Cocteau en fera une pièce de théâtre et deux films, Orphée en 1949 et son dernier film, Le Testament d’Orphée en 1959. Dans Orphée on entre dans le monde souterrain à travers un miroir, la mort est une femme somptueuse, la modernité se mélange à l’antiquité. Le Testament d’Orphée est en écho au Sang d’un poète un retour de Cocteau sur lui-même et sur son œuvre, sa poésie, sa peinture, ses expériences mythiques. Il est de nouveau lui-même le héros du film qu’il qualifie d’« autoportrait d’ordre interne ».

Artiste aux multiples talents

Si Jean Cocteau fit une grande œuvre théâtrale et cinématographique, c’est dans l’art graphique et dans la poésie qu’il excelle. Il n’y a d’ailleurs pas pour lui de différences entre les deux. Par ailleurs, Kontaxopoulos remarque que dans l’œuvre graphique de Jean Cocteau, un seul trait fixe à jamais l’image et qu’il n’y a aucune trace d’estompe, aucun repentir. C’est ce trait, tel le fil d’Ariane, que Ioannis Kontaxopoulos a choisi comme fil conducteur de l’exposition intitulée « Jean Cocteau — l’esprit de la scène parisienne des années 20 » présentée à Hong Kong, à l’occasion du 50e anniversaire de la mort de Cocteau. Cette exposition qui rassemble 230 œuvres de 1920 à 1960 de Cocteau et de ses amis, est constituée de 12 sections : «Autoportraits et  portraits»,  «Mythologie»,  «Religion»,  «Érotisme»,  «Tauromachie», « Cirque », «Cocteau et la danse : les Ballets russes», «Profil», «Mode, théâtre et décor», «Cocteau, critique d’art», «Le poète et le peintre», «Cocteau vu par des grands artistes». Une place est réservée aux céramiques du poète.


Jean Cocteau à Hong Kong

Lors de son arrivée à Hong Kong le 9 mai 1936 pendant son tour du monde en quatre-vingts jours, Jean Cocteau remarqua ainsi que « La magnificence sordide et la pompe théâtrale de Hong-Kong l’emportent sur le spectacle des villes chinoises de la péninsule. (…) Hong-Kong, c’est le dragon. Il ondule et se cabre et plonge et s’enroule de tous ses boulevards hérissés de rues adjacentes, de bazars qui sont des ruelles, d’impasses borgnes et d’escaliers à pic. Et toutes ces rues, tous ces boulevards, ces ruelles, ces impasses, ces marches, ont l’air d’attendre une procession religieuse, d’être pavoisés pour quelque fête effrayante, de conduire à l’échafaud d’un roi. » (Mon premier voyage : Tour du monde en 80 jours)

Et de façon surprenante, coïncidence du hasard, Jean Cocteau a une vision similaire à celle de Eileen Chang, écrivain à l’origine de Shanghai qui a vécu à Hong Kong (1939-1941), quand elle dit que les Occidentaux regardent la ville comme un opéra chinois, il y voit lui aussi littéralement un vrai théâtre déployé sous ses yeux : « ce spectacle dont nous nous attristâmes si souvent, Christian Bérard et moi, de ne pouvoir faire jouir le public, ce spectacle de l’entracte, singulier et grandiose, c’est à quoi il est impossible de ne pas penser à Hong-Kong dès qu’on plonge dans la coulisse de ses rues dont les  boutiques et le cadre des chambres grandes ouvertes à chaque étage semblent les loges où des artistes prodigieux se déguisent et se fardent avant de descendre jouer leur rôle sous l’éclairage vert et rouge des lampadaires : (…) ». Aujourd’hui, c’est au tour des Hongkongais de découvrir au travers de cette exposition « le théâtre visuel » et l’imagination débridée de Jean Cocteau.

 

 

 

必問尚.高克多(1889-1963)是誰!他自己會回答你:「我是一個詩人。我是一個作家,有時候我也畫畫 ,也會為教堂塗抹起色彩來...... 我因為同時從事其他創作,失去了作為詩人的標籤。我活在一個無人地帶。」正如「尚.高克多 ─ 二十世紀巴黎景觀的魅影」香港展覽策展人 Ioannis Kontaxopoulos 所說:「高克多幾乎涉足了每一種創作領域,用盡所有創作途徑來締造他的詩歌,他甚至透過各種創作媒介去重塑詩歌的意象:在他筆下,小說、劇本、評論文章、圖畫、電影等各類作品如泉水湧現。」

不安分的天才

高克多,一位非常好動的天才;隨著他在哪兒都呆不住的性格,他會常常出現在人們意想不到之處;他懷疑所有的學派,而他橫溢的才華卻足以讓他自在地奔馳於不同的藝術表現手法之間:素描,繪畫,陶瓷,掛毯,戲劇,芭蕾舞 (如前衛舞劇《遊行》) 和電影(創作過七部之多)。他自己曾說:「才氣橫溢的人,是無所不能的。有時候,問題卻突然而來:種種偉大的傑作,會不會是各種層出不窮的藉口呢?」高克多早期與前衛立體主義者們談笑風生,其後又與超現實主義者們渡過不少吵吵鬧鬧的日子,可是,始終跟那個完全不喜歡他的布列東 (Breton) 互不理睬。

1909年,高克多出版了第一部詩集《阿拉丁神燈》(La lampe d’Aladin)。同年,他遇上了作曲家伊戈爾.史特拉汶斯基 (Igor Stravinsky) — 一個對他有莫大影響的人:「史特拉汶斯基的《春之祭》(Le Sacre du Printemps),徹頭徹尾地震撼我。1913年在萊辛 (Leysin) 時期,我已是史特拉汶斯基的鄰居,他教懂我打破常規的創作視野,否則藝術只會停滯不前、只能是一個遊戲。」與廸亞格烈夫 (Serge Diaghilev) 和俄羅斯芭蕾
舞團的相遇,是他創作生命的另一個關鍵性時刻,他因此而為《玫瑰幽靈》 (Spectre de la rose , 1911) 繪畫素描,也為未來世界級的舞蹈明星尼金斯基 (Nijinsky) 畫肖像畫。

1914年至1916年,高克多在蒙帕那斯和蒙馬特咖啡館流漣期間,結識了不少偉大的藝術家,如畢加索 (Picasso)、布拉克 (Braque) 、德蘭 (Derain) 和莫迪尼阿尼 (Modigl iani)等。在那兒, 他也認識了詩人阿波利奈
爾 (Apol l inai re) 和馬克斯.雅各布 (Max Jacob)。與此同時,高克多遇見了令他刻骨銘心的愛人雷蒙德 ─ 一個當時十五歲、但在二十嵗時便悲劇性地去世的少年天才作家。這個早夭天才對高克多啓發良多。

詩人之血

另一位深刻地影響了他,又與他一起創作的藝術家是畢加索:「畢加索教懂我如何跑得比『美』快。讓我來解釋一下。跟『美』跑得一樣快的,只能成為多餘又重復的詞彙和印品。跑得比『美』更慢的,只會成為平庸的作品。一個跑得比『美』更快的人,他的作品貌似醜陋,但卻會強迫『美』跟隨它的步伐,一旦兩者渾然一體,作品會變得美麗絕倫。」1917年,高克多創作了由廸亞格烈夫監製的芭蕾舞劇《遊行》(Parade) ─ 一場奇特而引起爭議,並標誌著與十九世紀藝術永久決裂的前衛演出;當中,埃里克.薩蒂 (Eric Satie) 創作音樂、萊奧妮德.馬辛 (Léonide Massine) 編舞,而畢加索則設計佈景和服裝。

《遊行》令高克多一舉成名,而被他稱為「上了墨的光影」(l’encre de lumière) 的電影卻讓他廣為人知。高克多對流行電影 (諸如卓別靈的電影) 著迷,當熱衷電影藝術的贊助人 Charles de Noailles 在1929年建議他創作一部動畫,他便運用起活生生的真人拍攝了《詩人之血》,這部影片裏的主題日後在他的電影世界裏不斷發展和深化,他自己也成為了電影的中心人物,扮演「作家」這個他戲裏戲外的身份角色。高克多由始至終最鍾愛的主題之一,是 « 奧菲斯 » (Orphée) 的神話,這主題在他的電影裏縈繞不去。高克多以這個神話創作了一部戲劇,還有兩部電影:1949年的《奧菲斯 》(Orphée) 以及他最後一部電影,1959的《奧菲斯的遺囑》(Le testament d’Orphée)。在《奧菲斯》裏,我們通過鏡子進入陰間,遇見的死神是一個美艷的女子,所看到的,是現代的影像混雜了古代的戲碼。《奧菲斯的遺囑》除了呼應《詩人之血》以外,是高克多
回歸自己和作品的歷程,從而反思自己的詩歌、畫作和傳奇經歷。他再次成為被自己視為「內心自畫像」的電影裏的英雄。

多才多藝的藝術家

假如說尚.高克多創作出偉大的戲劇和電影作品,他更出衆的才華倒是在繪圖藝術和詩歌上的發揮。於他而言,這兩者同出一轍。Kontaxopoulos也注意到高克多的作品裏,「有一條線將影像永遠固定,沒有丁點褪色或任何懊悔的痕跡」。這條線,就像阿里亞德涅 (Ar iane) 的線,實際上是Kontaxopoulos 策劃是這次展覽的相關指引線。適逢詩人高克多逝世五十週年,「尚.高克多 ─ 二十世紀巴黎景觀的魅影」在香港展出。展覽由12個部分組成,包括了1920年至1960年代詩人的圖像創作和他身邊朋友創作關於他的作品:《尚.高克多和他的世界:自畫像和肖像畫》、《神話》、《宗教》、《情色》、《鬥牛》、《馬戲團》、《高克多和舞蹈:俄羅斯芭蕾舞團》、《輪廓綫條》、《時尚,戲劇和裝飾》、《高克多,藝術評論家》、《詩人和畫家》、《偉大的藝術家眼裏的高克多》。是次展覽匯集了230件作品中,包括15件詩人以簡單圖像繪製或創作的陶瓷作品。


尚.高克多在香港

尚.高克多在他環遊世界八十天的行程中,於 1936 年5月9日抵達香港後,他體會到:「香港島的骯髒威嚴和舞台般的絢麗遠勝九龍半島唐人街的景色。(……) 香港這條龍時而盤屈交結,時而向四方八面伸延;大街小巷左穿右插,滿佈市集人潮,大小階梯此起彼落,節日彩旗舉目皆是。所有街道台階都好像為宗教巡遊而設, 直通皇帝的竹棚。」(《我的第一次旅遊: 環遊世界80 天》)

令人驚訝的是,巧合地,尚.高克多如張愛玲(曾於1939-1941來港生活的上海作家)一樣,當她說西方人視香港城市如中國歌劇,看在高克多眼裏的香港,也就是一幕緩慢地開展的真實戲劇:「我還記得,不能讓觀眾見識轉場時佈置舞台的神奇和壯觀過程,往往令我和基斯丁安貝拉爾感到遺憾。在香港這裡,一切都讓我想起這點。這裡的街道令我想起舞台佈景兩翼;那些小店和敞開的窗戶可當作化妝間,演技精湛的演員在裡面化過厚膩濃妝,才下來在那紅紅綠綠的街燈下演對手戲。」今天,透過這個儼如「視覺劇場」的展覽,轉而由香港人發現尚.高克多那種脫繮野馬似的想像力。