Conférence 研討會

Texte et photos : François Boucher

 
  Fort-Bayard, colonie fantôme...
白瓦特城,名存實亡的殖民地……
 
 

Qui a jamais entendu parler de Fort-Bayard ? Et qui saurait situer l’endroit sur une carte ? Une carte de Chine, et non de France… Oui, vous avez bien lu, une carte de Chine. Fort-Bayard était la capitale de feu Kouang Tchéou Wan, éphémère colonie française perdue à l’entrée de la presqu’île du Leizhou, au sud du Guangdong.

Hôtel de la résidence

C’est là que j'ai situé l’intrigue de De ma jungle, affecTUEUSEment : une lettre arrive de Hong Kong, à destination d’un certain Jacques Sergent, habitant la rue François Ponsart, dans le 16e arrondissement de Paris. Il est absent mais sa concierge, Léonie, se pique de curiosité et ouvre le pli… Mal lui en prend ; un cadavre, celui d’une consœur, va bientôt défrayer la chronique des faits-divers de Passy. Léonie enquête, et découvre que Jacques Sergent a autrefois vécu à Fort-Bayard. Qu’y a-t-il fait de répréhensible, pour être la cible de mystérieux et lointains poursuivants ? Je n’en dirai bien sûr pas plus, mais sachez que j’ai largement nourri mon histoire de L’Histoire - la vraie - de Kouang Tchéou Wan. Car en fouillant les archives de ce territoire oublié, j’ai eu plus d’une fois l’impression de me plonger dans Alexandre Dumas, pour l’aventure, ou dans les Carnets du major Thomson, pour l’humour et le cocasse (généralement involontaires) qui ont fréquemment marqué la vie locale sous l'ère française.

La Marine conquiert ce bout de Chine en 1898, en lieu et place de l’île de Hainan, convoitée mais probablement trop grosse pour être correctement digérée par nos militaires et notre diplomatie. Comme souvent, un incident sert de prétexte : la canonnière Surprise croise dans les parages, pour effectuer des relevés cartographiques ; elle doit accoster et se ravitailler en eau. Sur la plage où ses hommes débarquent, des pêcheurs canardent de pierres et agonissent d’insultes les intrus. Le capitaine du vaisseau outragé décide qu’il faut laver l'affront, et s’installe. Il ne repartira que lorsque le mandarin du coin lui aura présenté ses excuses… Vous devinez la suite. Il n’y aura ni d’excuses, ni levée de siège : les Français resteront, et se feront céder Kouang Tchéou Wan.

Cathérale

La Marine veut d’abord l’administrer, puis renonce : le port en eau profonde qu’elle lorgne est trop difficilement accessible. Paris rattache alors Kouang Tchéou Wan au Gouvernement général de l’Indochine. Paul Doumer, le futur président de la république, en est alors le grand patron. Il fait de sa nouvelle annexe coloniale un port franc, un peu sur le modèle de Hong Kong. Mais Kouang Tchéou Wan, territoire isolé, pauvre et volontiers rebelle que la Chine elle-même peinait à administrer, ne rencontrera jamais le succès de son homologue britannique. Sauf pour… l’opium. Les Français en importent d’abord du Tonkin puis, voyant que la marchandise rencontre un marché florissant, implantent carrément une bouillerie à Fort-Bayard. Les trois-quarts de la production repassent bien évidemment en Chine, en contrebande malgré les conventions internationales qui prohibent le commerce international de la drogue. Le « Bureau pour l’interdiction de l’opium » de Chiang Kai-Shek - en réalité un monopole pour son commerce, dont les profits servent à financer l’armée nationaliste - figure parmi les clients notoires de la bouillerie de Fort-Bayard.

Kouang Tchéou Wan se trouvant dans la sphère de l’accord pour la défense commune de l’Indochine signé par Vichy et Tokyo en 1941, des troupes japonaises y séjournent pendant la seconde guerre mondiale. Rendue une première fois par Vichy au gouvernement pro-japonais de Nankin en 1943, la colonie est définitivement rendue à Chiang Kai-Shek en 1945.

Aujourd’hui rebaptisé Zhanjiang, l’endroit héberge encore quelques vestiges de l’ère française : une cathédrale, le bâtiment de l’administration du territoire, la résidence de l’administrateur général, l’ancienne succursale de la banque de l’Indochine, la chambre de commerce, le phare de l’île de Naozhou, etc. Ceux qui seraient tentés par une visite peuvent prendre l’avion de la China Southern ou le train de nuit qui desservent Zhanjiang à partir de Canton, ou encore un bus – comptez 7 à 8 heures de trajet – au départ de Canton, Shenzhen ou Hong Kong.

 

誰人曾聽說過 Fort-Bayard?又有誰能在地圖上指出這地方的位置呢?是中國地圖而不是法國地圖…… 對,你沒有看錯,是中國地圖。Fort-Bayard (白瓦特城) 即舊時的廣州灣,這位於廣東省南面,雷州半島入口處的城市曾短暫地成為法國殖民地。

我的小說《De ma jungle, affecTUEUSEment》的情節就是以那兒作背景:一封來自香港的信,收信人是一位住在巴黎十六區 François Ponsart 街的積克軍士。他不在家,但公寓的看門人李安尼卻因為好奇,打開了郵件…… 他實在倒霉;一具屍體,一個女看門人的屍體很快便成為帕西 (Passy) 區的頭條新聞。李安尼四出打聽,發現積克軍士從前住在白瓦特城。他究竟做了什麼不好的事而成為神秘組織的遙遠追殺目標呢?我當然不會在此再多講,但需知我的故事的靈感大部份是從歷史,真正的廣州灣歷史中掏取。因為當我翻查這已被人遺忘的地區的資料時,我不只一次感覺置身於大仲馬 (Alexandre Dumas) 的傳奇故事,或是《湯遜少校的日記》(Carnets du major Thomson)中那些滑稽惹笑的情境當中,這電影系列在法國管治時期經常為當地人的生活帶來高潮。

海軍於1898年佔領這片中國土地,代理了海南島的管治權,儘管萬分垂涎,但這片土地對我們的軍隊和外交來說,若要有效地的管理可能是太過廣闊龐大了。

很多事情的發生都只須一件事作為藉口:戰艦「奇襲號」沿着海岸巡邏作航道測繪;為了補給食水而必須靠岸。船員登上沙灘,當地的漁民以石頭襲擊和辱罵入侵者。憤怒的艦長決定作出報復,停留下來。誓要得到當地官員的道歉才肯離去…… 大家當然可以想象接續下來的發展。既沒有道歉也沒有徹離:法國人留了下來,並迫使中國交出廣州灣的管治權。

最先是由海軍管理,之後便放棄了:他們覬覦的深水港實在太難進入。巴黎把廣州灣歸併於印度支那的中央政附管理。當時的最高決策人保羅杜摩爾 (Paul Doumer) — 未來的共和國總統 — 讓他轄下這新的殖民地成為一個自由港,有點兒學香港的模式。但廣州灣地處偏遠、貧脊,又經常發生叛亂,就算是中國政府本身也難於管理,故此一直以來都沒有像英國人那麼成功。除了…… 鴉片煙。法國人最初從越南北部的東峴輸入鴉片,其後發現貨品大受歡迎,市場不斷增長,實行在白瓦特城興建一座鴉片蒸餾廠。四份三的製成品當然是用走私的方法運回中國,儘管國際公約禁止毒品的國際貿易。蔣介石的「禁煙局」— 實際上是他的獨家生意,所得利潤用於資助國民黨軍隊 — 人所共知,是白瓦特城鴉片蒸餾廠的其中一個客戶。

廣州灣正好歸入維希政府與東京在1941年簽署的印度支那共同防禦協議的範圍內,二次世界大戰期間,日本軍隊在那兒駐守。維希政府於1943年第一次將這殖民地交還給親日的南京政府,到了1945年,終於永久歸還給蔣介石。

現時已更名為湛江,那裡仍然保留一些法屬時代的痕跡:一間教堂、法軍廣州灣指揮部舊址、法國公使署、東方匯理銀行舊址、法軍廣州灣指揮部舊址、硇洲島燈塔等等。有興趣到那兒旅遊的人士可乘搭中國南方航空的客機或乘坐由廣東通往湛江的夜班火車,又或者乘搭從廣東、深圳或香港開出的巴士,全程須時約七至八小時。

Fort Bayard, colonie française...
Une présentation de François Boucher et signature de son livre De ma jungle, affecTUEUSEment
Mardi 17 septembre à 19h00
avec la participation de la libraire Parenthèses
Médiathèque de l’Alliance Française de Hong Kong
52 Jordan Road, Kowloon.
Entrée gratuite