Poésie 詩詞

Texte : Bernard Pokojski

 
  Jean-Paul de Dadelsen, en automne
秋天裡的尚-保羅.達德爾森
 
 

J’étais sorti de mon corps endormi
J’étais debout sous l’arbre à songes
Près de la citerne à souvenirs
Le gardien me rappela que la pêche est
Interdite en cette saison et qu’il faut laisser
Mûrir les songes
                (Dadelsen, Les vergers de Tombouctou)

De tous ceux qui furent ses camarades de travail à cette époque, je crois bien qu’aucun ne savait que ce journaliste écrivait des poèmes [...]. La poésie (non plus que la musique), n’était du domaine des conversations, il y aurait eu comme une étrange inconvenance à l’y mentionner, [...] et Dadelsen, de tout son être, participait à l’ordre profond, qui veut que la poésie soit non pas cachée mais essentiellement lointaine en tous.
                                (Henri Thomas, vers 1948)


Portrait par Robert Breitwieser

Dadelsen ? Né à Strasbourg, alors encore ville du Reich, le 20 août 1913 et couronné par certaines du titre dérisoire du plus grand poète alsacien du XXe siècle, n’en continue pas moins d’être le parfait inconnu. Sa famille avait des origines allemandes, suisses et danoises, ce qui ne l’empêchait pas de déclarer que « nous autres en Alsace, on est celtico-germano-romano (et donc aussi égypto-syriaco-illyrio-ibério-dalmato-partho-soudano-palestinien) - français comme Minuit chrétiens et au-dessous d’un certain niveau de bourgeoisie, catholiques comme un seul homme ». Dadelsen était cependant luthérien et considéré, encore une fois, comme le plus grand poète protestant depuis Agrippa d’Aubigné. Mais Henri Thomas nous rappelle que la poésie n’était pas pour lui du domaine des conversations mais d’un domaine plus secret et se dire poète n’était pas jeté à la face du monde entier. De plus Dadelsen disparaîtra trop tôt, à l'âge de 44 ans, accompagné qu’il aura aussi été tout au long de sa vie par ce que Gérard Pfister appelle ses trois freins. Une formation religieuse culpabilisante, l’influence maternelle et les racines profondes d’une sensibilité germanique... Alors ce silence pour que mûrissent les songes et Henri Thomas pour nous dire : « Il ne vient à la suite de personne ; il ne cadre avec rien dans nos lettres ; ni terroristes, ni rhéteurs n’y trouveront leur compte [...] S’il frappe à l’improviste, ce n’est pas qu’il veuille nous surprendre ; à nous de comprendre qu’il EST. »

Dadeslen passera les treize premières années de sa vie à Muttersholtz, près de Sélestat où son père était notaire. Ensuite, ce sera Hirsingue dans le sud de l’Alsace et il fréquentera le lycée de Mulhouse puis celui d’Altkirch. Il y fera la connaissance de Guillevic dont le père était gendarme et du poète d’expression alsacienne Nathan Katz qui nous livre ces quelques lignes : « Il était jeune, grand, mince. Il avait à peu près 17 ans. Il était beau garçon. Nous parlions littérature. Je le vois encore devant moi. Ses yeux rayonnaient dans l’enthousiasme de sa saine jeunesse ».
Cette jeunesse et cette beauté feront qu’il connaîtra ses premières liaisons avec des « mères de famille » pour reprendre les mots du digne pasteur luthérien Hoffet et qu’il commencera à écrire ses premiers vers.


Jean-Paul de Dadelsen à Londres

En 1930, il sera à Paris à Louis-le-Grand ; années de Khâgne avec Senghor et Pompidou qu’il présentera plus tard à notre Général, dans d’autres circonstances...

En 1936, il sera reçu premier à l’agrégation d’allemand, deviendra professeur de lycée et traduira, entre autres, Keyserling. Mobilisé comme interprète, il fera la campagne de Belgique dans une unité de chars, ce qui lui vaudra la Croix de guerre. Mais notre guerre vite finie, il enseignera en octobre -décembre de l’année suivante, dans un lycée à Lyon et après certaines péripéties, nommé à Oran, il fera la rencontre d’Albert Camus. Dadelsen cependant ne tenait pas en place et en 1942, il passe clandestinement en Angleterre à bord d’un pétrolier pour s’engager dans les Forces françaises libres et obtenir un brevet de parachutiste. On le verra aux services d’information du Gouvernement Provisoire en 1943 et de retour à Paris, il rejoindra le Ministère de l’Information. En 1945, il entre à Combat que dirige encore à cette époque Albert Camus. L’année d’après, il sera correspondant du journal à Londres et donnera des chroniques régulières à la BBC. Camus parti, il quittera également Combat pour entrer à Franc-Tireur. Le tourbillon ne s’arrête pas là : il voyagera au Chili, en Afrique du Sud, donnera des conférences à Berlin, Moscou, Strasbourg, New York.

En 1951, il s’installe à Genève et collabore avec Jean Monnet à Luxembourg... Mais qui était-il ? « Il était parfois triste et sérieux, et puis, tout à coup, il était pris d’une humeur folle, tantôt gai jusqu’à rire ou vous faire rire aux larmes, tantôt orageux et sombre, accumulant les imprécations sur la conduite des hommes et le monde et n’y voyant que “bordel” et “confusion générale”. On sentait que, derrière tous ces mouvements en sens contraire, se cachait une souffrance et une grande difficulté à vivre » (Michel Saint-Denis)

« Grand et large, massif, personne n’eût songé à dire qu’il était un gros homme : il m’apparut plutôt comme un géant. Nous paraissions de faible poids à côté de lui. Quand il s’assit, je crus que le vieux fauteuil allait s’effondrer. Mais non, et Jean-Paul commença de parler ». (Jacques Brenner)

Jusque là, Dadelsen avait très peu écrit: de 1929 à 1934 se situe sa correspondance avec l’Oncle Eric, plusieurs versions d’un Tristan et Iseult, Narcisse, le Poème pour la naissance de Jean-Louis Hoffet, La folie de Hölderlin et puis il y eut ce long silence qu’il allait rompre ici à Genève de 1952 à 1954 par notamment Bach en Automne qui paraîtra dans le numéro 35 de la Nouvelle revue française en 1955, suivi de l’Invocation liminaire de Jonas dans les Cahiers des saisons l’année suivante et La dernière nuit de la pharmacienne en 1957.

Jacques Réda dira que Dadelsen s’avance dans la poésie de manière à la fois grandiose et simple et que son humilité se marque dans le choix d’une forme presque narrative. A la fin, la prosopopée se renverse et on ne sait plus si c’est encore Bach ou Dadelsen qui parle. Ses grands poèmes commencent souvent d’une manière à nous imposer un certain calme qui suspendra le flux désordonné des pensées. Il y a chez lui un appel au recueillement ainsi qu'une recherche de la juste tonalité et l’ampleur mélodique et rythmique du vers tendra à soumettre tout désordre. L’ironie, la familiarité, voire une certaine truculence alliées à une étourdissante allégresse virtuose ne sont pas absentes même si Jacques Réda souligne une proximité avec Jean Grosjean. « Je serai désormais la voix du silence, l’ombre à votre gauche, les jours/de grande lumière, les pas sur les cailloux, / le temps qui passe et passe, si lentement, si vite / je suis votre silence et ce qui est autour, je suis / votre silence dans ce qu’il a rarement de plus profond. » Dadelsen rejoindra ce silence le 22 juin 1957 à Zurich terrassé par un cancer au cerveau. Evelyne Frank écrira qu’il était « le païen, le protestant, le vigneron qui soupe avec Luther, Bach ou Rabelais ». Mais n’avait-il pas aussi écrit « soyez humbles devant la voix qui parle en vous et vous donne la force de créer et la joie de l’assouvissement... car la voix vous a choisis et vous n’êtes plus libre dès maintenant (...), pas de littérature, rien qui ne soit senti. Si on n'a rien à dire, on se tait. » Ce n’est qu’en 1962 que paraîtra son unique recueil Jonas avec une préface de Henri Thomas qui nous rappellera que « le génie poétique se moque de nos conformistes errances »... Mais le premier tirage de Jonas ne sera toujours pas épuisé vingt ans après la mort de Dadelsen... Dans l’invocation liminaire, il fait appel aux disparus, à ceux que « la baleine a craché sur l’autre rivage » et celle-ci devient aussi comme une figure du monde pour recouvrir ensuite guerres, villes, société tout autant qu’amour de soi.

Il s’agira pour l’homme d’aimer ce monde, cette création car« la baleine, c’est la vie incarnée ». Dans la troisième et dernière partie, Jonas, tenté de rester dans le ventre de la baleine, arrive à se lancer dans le monde afin de l’aimer : « celui qui n'aime assez Ni son Moi ni Dieu / Celui qui a été craché des ténèbres de la baleine personnelle / Sur un rivage vide où il n’a pas su parler à Dieu / celui-là que fera-t-il ? »

Il nous reste peu de choses de Dadelsen, sinon cette poésie étrange et lointaine venue et partie comme à l’improviste...

- Jonas, suivi des Ponts de Budapest et autres poèmes. Poésie / Gallimard
- Gœthe en Alsace, éditions Le Temps qu’il fait
- La beauté de vivre, J.P. de Dadelsen, Arfuyen.
- Bach en Automne, Les Bibliophiles de l’Est
- Evelyne Frank, La sagesse de l’en-bas, éditions Arfuyen 2013.

 


 

我 從沉睡的軀體走出
佇立在夢幻樹下
靠近回憶池邊
看守提醒我說
這是禁漁季節
讓夢變得更深沉吧
                (達德爾森:《通布圖的果園》)

「那個時期,他的同事中,我相信沒有一個知道這個記者在寫詩…… 詩歌 (以及音樂) 不是他們閒談的話題,彷彿提起它,就顯得突兀、不合時宜…… 達德爾森終其一生都作嚴肅思考,他希望詩歌不必隱藏,但卻離人遠遠的。」
                                (亨利.托馬,約1948年)

達德爾森1913年8月20日出生於當時仍屬德意志帝國的斯特垃斯堡,他雖然被一些人冠以二十世紀阿薩斯最偉大的詩人這個帶點嘲諷的頭銜,但卻一直鮮為人知。他的家族源於德國、瑞士和丹麥,這並不妨礙他宣稱「我們阿爾薩斯人是凱爾特 – 日耳曼 – 羅曼 (因此亦是埃及 – 敘利亞 – 伊利里亞 – 伊比利亞 – 達爾馬提亞 – 安息 – 蘇丹 – 巴勒斯坦) – 法國人,是做子夜彌撒的基督徒,是虔誠如一人的天主教徒。」然而達德爾森卻是一個路德教徒,再重複一次,他被人視為是繼阿格里帕.杜比涅 (Agrippa d’Aubigné) 之後的最偉大的新教詩人。但亨利.托馬卻提醒我們,他言談中隻字不提詩歌,深藏不露,內心卻自視為詩人,這無需為人所知。他英年早逝,44歲便撒手塵寰,終其一生,借用熱拉爾.普菲斯特 (Gérard Pfister) 的話說,為三樣東西所羈絆:其一是令人產生犯罪感的宗教教育,其次是母親的影響,最後是日耳曼民族根深蒂固的善感…… 這個讓夢幻變成深沉的寂靜。亨利.托馬說:「他不學任何人,與我們的文學格格不入;他的詩中既無恐嚇,亦無雄辯滔滔…… 如果他即興而作,並非故作驚人;我們應學會瞭解他。」


Portrait par Maurice Adrey

達德爾森在塞萊斯塔 (Sélestat) 附近的穆特索爾茲 (Muttersholtz) 渡過了他孩提時代的十三年,父親在塞萊斯塔當公證人。後來,他來到阿爾薩斯南部的希爾森格 (Hirsingue),先後在米盧斯 (Mulhouse) 和阿爾特基茨 (Altkirch) 的中學求學。在學校裡他認識了父親為警官的吉爾維克 (Guillevic) 以及用阿爾薩斯方言寫作的詩人納坦.卡茨 (Nathan Katz)。後者是這樣描畫他的:「他年輕,又高又瘦,大概十七歲左右,是一個漂亮的小伙子。我們談論文學。現在他彷彿就在我面前。他風華正茂,兩眼閃燦着激情的光輝。」

他的青春和俊朗,用尊貴的路德教牧師奧費 (Hoffet) 的話說,令他獲得了一些「良家婦女」的友誼,他也開始寫了早期的一些詩。

1930年,他身處巴黎 Louis-le-Grand,在法國高等師範學校就讀期間,和桑戈爾 (Senghor)、龐比度一起,後來還把他們介紹給戴高樂將軍。

1936年,他在高中德語教師會考中以第一名獲得通過,成為中學教師並翻譯了吉塞林 (Keyserling) 等一些德語作家的作品。他應徵入伍,在軍中當口譯,隨一個坦克部隊參加了比利時戰役,並因此獲得了十字軍功章。戰爭在法國很快結束,翌年的10月至12月,他 在里昂的一家中學任教。在經歷了一些波折後,被派往阿爾及利亞的奧蘭 (Oran),在那兒結識了阿爾貝.加繆。達德爾森是一個坐不住的人,1942年,他乘上一艘油船秘密來到了英國,參加了自由法國武裝力量,並獲得了傘兵合格證。1943年,他在臨時政府的情報處工作,回到巴黎後,便在情報部供職。1945年,他參加了當時仍由阿爾貝.加繆領導的報刊《戰鬥》(Combat) 的工作。翌年,擔任該報駐倫敦的通訊記者,並為 BBC 電台定期寫專欄文章。加繆離開了《戰鬥》報,他也隨之離開,並轉至《自由射手》(Franc-Tireur) 工作。他奔波忙碌,從未停止過:他到智利、南非旅行,在柏林、莫斯科、斯特拉斯堡、紐約等地舉行講座。

1951年,他定居日內瓦,並在盧森堡和尚.莫內 (Jean Monnet) 合作…… 然而他究竟是誰?「有時候,他顯得憂鬱、嚴肅,突然間,卻勃然大怒,時而開懷大笑,令你笑得流眼淚,時而卻陰沉狂躁,怨天尤人,把世界看得『漆黑』和『一團糟』。大家感到在這一切反常舉動背後,隱藏着內心的痛苦和生活的煎熬。」- 米歇爾.聖 – 德尼

「他虎背熊腰,身材魁梧,沒有人認為他是個胖子。我覺得他是個巨人。在他身邊,我們都顯得微不足道了。他一坐下,我真擔心那破舊的扶手椅就要坍塌下來。好在沒事,於是尚.保羅便開始侃侃而談了。」-雅克.布雷尼

直到這時,達德爾森很少寫作:1929年至1934年間,他和埃里克叔叔 (l’oncle Eric) 有書信來往,此外還出版了幾個版本的《特里斯丹和伊瑟》(Tristan et Iseult)、《納喀索斯》(Narcisse)、《尚-路易.奧費誕辰獻詩》(Poème pour la naissance de Jean-Louis Hoffet)、《荷爾德林的瘋狂》(La folie de Hölderlin) 等。後來他打破了自1952年至1954年寓居日內瓦長達兩年的沉默,於1955年,在《新法蘭西評論》(Nouvelle revue française) 第35期發表了《秋天裡的巴赫》(Bach en automne),接着翌年又在《四季手冊》(Cahiers des saisons)發表了《若納斯的祈禱》(L’invocation liminoire de Jonas),1957年發表了《女藥劑師的最後一夜》(La dernière nuit de la pharmacienne)。

雅克.雷達 (Jacques Réda) 說達德爾森以既宏偉又簡單的方式進行詩歌創作,而他幾乎近敘事風格的詩歌則顯露了他的謙遜。最後,激烈的詩句顛倒過來,以致一時間辨別不出究竟是巴赫抑或達德爾森在說話。他的長篇詩作常常一開始便強迫我們安靜下來,暫時忘卻雜亂無章的心緒。在他的詩裡有一種邀人沉思的呼喚以及對音調的追求,詩句強烈的旋律和節奏戰勝了一切紊亂無序。譏刺、親切甚至某種粗獷和令人暈眩的狂喜融為一體,出現在他的詩中,儘管雅克.雷達指出他的詩接近尚.格羅讓 (Jean Grosjean)。「從今以後,我將是寂靜的聲音,你左邊的影子,陽光明媚的日子,踩在石子路上的腳步聲。時間流逝再流逝,如此緩慢,如此迅疾。我是你的寂靜,你週遭的一切,我是你那罕有的深處裡的寂靜。」1957年6月22日,惡性腦瘤擊倒了達德爾森,從此他跌入了深深的寂靜。埃弗利娜.弗蘭克 (Evelyne Frank) 這樣寫道:「他是和路德、巴赫或拉伯雷一起晚餐的一名異教徒、新教徒和葡萄種植者。」他自己不也這樣寫道:「在你內心呼喚並賜你以創造力和狂喜的聲音面前,請保持謙卑…… 因為這聲音選擇了你,從現在起你已身不由已…… 沒有文學,我感受不到一切。如果你無話可說,便保持緘默。」一直到1962年,他的唯一的一本詩集《若納斯》(Jonas) 才出版問世,由亨利.托馬作序,序中他提醒我們「天才詩人嘲諷我們的因循守舊。」然而,第一版詩集在他逝世後的二十年仍沒售罄。在若納斯的祈禱裡,他呼喚那些死去的人,那些「被鯨魚吐向彼岸的人」,而鯨魚也幻變成了這個世界,帶着戰爭、城市、社會以及自愛。

人應愛這個世界,這天地萬物。「鯨魚是生命的化身」。在第三章即最後一章裡,若納斯本想留在鯨魚肚裡,但為了愛這個世界,他終於衝了出來,投向這個世界:「這個對自己、對上帝都愛得不夠的人,這個從鯨魚陰暗的肚裡出來的人,在荒蕪的海岸,不知如何和上帝傾談,這個人還能有甚麼作為?」

達德爾森沒有給後人留下甚麼,除了這個倏然而來、遽然而去的奇特而遙不可及的詩歌。

Extrait de Bach en automne
J’ai connu jadis les jours de marche, les ormes vers le soir énumérés.
De borne à borne sous le soleil chromatique,
L’auberge à la nuit où fument quenelles de foie et cochon frais.
Jadis à libres journées j’ai marché
Jusqu’à Hambourg écouter le vieux maître.
Haendel en chaise de poste s’en est allé
Distraire le roi de Hanovre ; Scarlatti
vagabonde dans les fêtes
d’Espagne
Ils sont heureux

Voici fermée la porte qui menait aux eaux sombres et souterraines.
Certes, il y a encore du dégât. Un œil fermé, une ample cicatrice du crâne.
L’insomnie de la première partie de la nuit.
Les dents piteuses. La mémoire
encore médiocre. Mais tout ceci vivant.
Que fera-t-on désormais ?
Un travail sédentaire, un peu solitaire.
Un séjour principal à la campagne.
Que fera-t-on ? Ce qui demandera à être fait.
Ce qui se présentera. Ce qui
insistera. Que fera-t-on ? On vivra.
Longtemps. Patiemment. Sans protestations.
On vivra parce qu’il faut vivre, parce qu’il faut
Faire ce que l’on est né pour faire.
On ne cherchera plus à fuir. Il n’y a
Que la possibilité de faire ce qu’on est né pour faire
(Texte écrit en mai 1957, un mois avant son décès)