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Le Bonheur des tristes et l’Apprentissage de la ville sont de grands livres par le ton, par l’ampleur des résonances et par la forme. Peu m’importe de savoir s’ils sont sincères, mais je peux jurer qu’ils sont vrais. Que Luc Dietrich s’invente ou se réinvente, qu’il s’imagine tel qu’il est ou tel qu’il n’est pas, qu’il s’instruise ou enseigne, peu m’importe ! Un certain ton de voix me rend crédule » (Paul Eluard)
La candeur est le trait dominant de Luc Dietrich (...) Ici, l’enfant qui dort en tout homme non seulement se réveille - c’est là le fait de toute poésie - mais renaît tout à fait, retrouve son regard et sa langue, son corps et son cœur, ses jouets et ses cauchemars (...) Dietrich est peut-être l’écrivain qui a le mieux réalisé ce que Nietzsche appelle « écrire avec son sang ». (Lanza del Vasto)
Luc Dietrich n’a publié qu’un seul recueil de poésie (Huttes à la lisière) dont l’intérêt est écrasé par les deux titres cités plus haut qui forment à leur manière une confession poétique aux accents souvent cauchemardesques. Il écrivit « avec son sang », mais fut-il « sincère » ? Et Lanza del Vasto ? Quelle fut sa part réelle dans cette œuvre écrite, nous semble-t-il, à quatre mains selon certaines déclarations même de nos deux protagonistes ? Toujours est-il qu’il nous reste une œuvre étrange qui fait de Luc Dietrich l’égal d’un René Daumal ou d’un Roger Gilbert-Lecomte, écrivains et poètes souterrains. Une vie fulgurante et brève qui commença à Dijon le 17 mars 1913 et s’acheva à Paris, en 1944, des suites d’une blessure jugée sans gravité lors des bombardements alliés de Saint-Lô. Cette vie fascine car elle a un goût d’inachèvement qui confère à l’œuvre sa puissance toujours actuelle... Les parents de Dietrich n’étaient pas non plus gens ordinaires. Le père avait beaucoup voyagé : Madagascar, l’Afrique de nos anciennes colonies et la mère d’origine italienne était infirmière et tous deux s’adonnaient avec la même passion à la drogue... Le couple s’installera à Paris peu après la naissance de leur fils et vivra dans une certaine aisance grâce à la générosité du grand-père maternel de Luc... Mais l’Histoire avançait : le père sera mobilisé en 1914 forçant Luc et sa mère à retourner à Dijon. En 1919, le père meurt des suites d’une blessure de guerre et à partir de là, la mère et le fils connaîtront de longues et difficiles années d’errance. « Un jour (...) j’ai vu ma mère accourir pieds nus et cheveux défaits, elle est allée droit au puits, a fait un mouvement pour se hisser sur la margelle et moi je ne pouvais rien faire, j’attendais, mais des gens sont arrivés en criant et l’ont retenue ». Après cette tentative de suicide, ils repartent à Paris et Luc se retrouvera chez l’oncle « Gustave » car Madeleine, sa mère, doit suivre une cure de désintoxication. Luc sera bientôt placé dans un asile pour enfants anormaux. « On nous a parqués tout nus dans une salle, nous étions honteux. (...) On nous a tondus. Nous avions des crânes bleus. Un homme tirait d'un seau d’eau une colle noire, nous en beurrait la tête et les yeux. Puis on nous poussait, aveuglés, sous une pluie d’eau bouillante sous laquelle nous hurlions. » Il avait alors 11 ans. En 1925, sa mère trouve une place d’infirmière à Carvin dans le Pas-de-Calais où ils resteront un an puis ils déménagent en Haute-Loire. Luc passera alors trois années assez stables découvrant cependant que sa mère avait repris ses mauvaises habitudes. « La première fois qu’elle m’a envoyé à la pharmacie prendre la bouteille, j'étais fier, car il y en avait pour une belle somme. Mais plus tard, je sortais de la boutique en serrant les épaules et craignant la voix de l’homme : Eh ! Là ! Oh ! votre ordonnance ! Qu’est-ce que c’est que cette ordonnance ? » En 1929, de nouveau à Paris, sa mère y est infirmière, mais de mai à novembre, Luc est placé comme valet de ferme dans le Jura. « J’avais un seul pantalon, un seul usagé, usé, inusable et taillé pour un autre (...) Couleur de terre et durci de purin, il fourmillait de petits vers mon pantalon. La crasse de mes cuisses me démangeait comme des croûtes de blessure (...) Les sabots étaient des cercueils pour mes pieds, où mes talons semblaient pourrir comme des pommes talées (...) Je poussais ma brouette entre les pattes des vaches et sur un pont de planches au-dessus de la fosse à purin où je suis tombé quatre fois ».
Luc Dietrich s’en sortira et en 1930, à Paris on le retrouve à l’Argus de la Presse. Il fait la connaissance de Luc Durtain qui l’encourage à écrire, et l’année suivante paraît son recueil de poésie Huttes à la lisière. Comment n’avait-il pas sombré dans la folie et où avait-il trouvé la force d’écrire après toutes les épreuves de son adolescence ? « Je m’étais instruit moi-même après avoir traversé des maisons de force et des lycées, des écoles primaires et des collèges catholiques. Au hasard des bibliothèques, j’avais fait mon profit des contes bien faits et des voyages, des raisonneurs têtus et des géographes. »
Sa mère mourra la même année du tétanos. « Je me souviens des heures où mes doigts continuaient à travailler dans la boutique tandis que, là-bas, elle mourait ; et moi je la sentais mourir peu à peu, je sentais, secousse par secousse, la mort l’arracher à sa chair... » C’est à cette époque qu’il fait la connaissance d’Arlette, femme extraordinaire qui officie dans une haute maison des plus louches « Un rideau s’écarta et une jeune dame vint à nous, gainée dans une robe noire à traîne, mince et d’une beauté si calme qu’elle inspirait de l’inquiétude ».
Il sera mêlé au trafic de la drogue et au milieu politique de la IIIe République. Arlette voulut même faire de lui un homme politique mais devant son peu d'intérêt, elle l’enverra livrer de la drogue à l’étranger et Luc ne fera pas moins de dix voyages à Constantinople... Ses relations avec Arlette furent très houleuses mais celle-ci fut toujours très généreuse avec lui et Luc Dietrich pouvait se permettre toutes sortes de frasques.
Autre moment bizarre de sa vie, sa rencontre avec Lanza del Vasto sur un banc du Parc Monceau « Ce pain est bon », prononça-t-il d’une voix un peu sourde. Il avait fini de jeter les miettes et, les mains ouvertes, regardait les moineaux sautiller, puis se tournant vers moi il continua : « Et vous, êtes-vous vrai comme ce pain ? » (...) « Vrai comme ce pain, oui je le crois... » répondis-je mais je répondais sans assurance, car je me trouvais justement à un tournant et sur le bord de glisser dans les pires égarements de ma vie ». Ils se séparèrent. Quelque temps après, dans une rue, Luc le retrouva par hasard et lui demanda l’heure. Trois jours plus tard, même rencontre rue Lepic qui scella cette fois leur amitié.
Lanza del Vasto part pour Rome, Luc Dietrich effectue encore quelques missions pour Arlette et en mars 1933, il s’enfuit de l’appartement de sa maîtresse. C’est lors de cette escapade qu’il est grièvement blessé dans un combat au couteau qui l’envoie à l’hôpital Lariboisière. Il commence alors à écrire les premières pages d’un roman et en août se rend en Italie chez un ami de Lanza del Vasto pour continuer son livre. Lanza le trouvera mauvais et persuadera Luc de le détruire. Ils partiront ensuite à Florence et Lanza s’attachera à explorer le monde onirique de Luc qui aboutira à l’écriture du Livre des rêves. « Il m’apprit à reconnaître, à sentir pour miens, tous les trésors qui dormaient sous un doigt de vase. Il fortifia mon ambition d’écrire, m’apprit à vivre seul contre les autres, avec pour loi la vérité du dedans ».
En 1934, de retour à Paris, Luc Dietrich porte le manuscrit chez Grasset qui le refuse malgré des éloges. Il repart en juin à Florence et les mois qui suivront seront consacrés au Bonheur des tristes qui aboutira à un manuscrit de 600 pages. Robert Denoël accepte immédiatement de le publier mais négocie avec Dietrich pour que le livre soit réduit de moitié. Le Bonheur des tristes paraît en 1935 et la presse évoque « un Grand Meaulnes au vitriol ». Certaines voix souhaitent même que l’ouvrage obtienne le Goncourt, étonnées surtout devant cet inconnu de 22 ans au long visage marqué et barbu que les journaux leur font soudain découvrir. « J’ai écrit tout cela en trois mois... Après la mort de ma mère, un grand poids m’étouffait. Il fallait que je m’en délivre. Un ami rencontré par hasard, Lanza del Vasto - nommez-le je vous prie - un poète, un essayiste m’a forcé à écrire. Il s’est consacré à mon livre pendant tout le temps que je suis resté près de lui ».
En 1942, l’Apprentissage de la ville sera publié, suite au Bonheur des tristes. Ces deux ouvrages forment une sorte de geste picaresque composée dans un style extrêmement poétique parfois rude où l’on suit notre héros dans ses déambulations à Paris. Tantôt clochard, tantôt choyé par le destin, il enregistre ses états d’âme et ses réflexions, s’efforçant d’atteindre le cœur de l’homme et sa misère. Il serait facile d’en faire un héros dostoïevskien qui dans le mal rencontre sa misère et exorcise dans cette longue confession ses hantises. Luc Dietrich fut sans pitié pour lui-même ne reculant jamais à exposer le spectacle de ses misères qui le définissèrent en tant qu’homme.
« Et vous, qui êtes-vous, que faites-vous de votre vie, que voulez-vous ? » Luc Dietrich
(L’Apprentissage de la ville, chapitre XLVI)
- Le Bonheur des tristes et l’Apprentissage de la ville, existent aux Editions Le temps fait, L’Ecole des conquérants (les chapitres coupés du Bonheur des tristes) a été publié aux Editions Eoliennes
- Aux éditions Le temps qu’il fait, Cahier douze consacré à Luc Dietric (1998)
- Luc Dietrich, biographie de Frédéric Richaud, Grasset (2011)
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憂鬱者的幸福》(Le Bonheur des tristes) 和《城中的學徒生涯 》(L’Apprentissage de la ville),以其文筆、鏗鏘的迴響和形式而論,都堪稱非凡的著作。它們是否真誠,我不在乎,但我可斷言它們是真實的。不管呂克.迪耶特里克是在編造再編造,他想象的是真實的自己或非真實的自己,他自我完善又或誨人不倦,我都毫不在乎!他書中的某種語氣令我信服。」— 保羅.艾呂雅
Centième anniversaire de la naissance de Luc
Dietrich |
「純真是呂克.迪耶特里克的主要特徵…… 這裡,像成人般沉睡的孩子不僅甦醒了 — 這是他全部詩歌的精神 — 而且徹底新生了。他重新獲得自己的目光和語言,身體和心靈,玩具和噩夢…… 迪耶特里克可能是最能體現尼采所謂的『用血寫作』的作家。」 — Lanza del Vasto
呂克.迪耶特里克只發表了一本詩集《田邊茅屋》(Huttes à la lisière),人們對它的關注被上述兩本書所掩蓋。這兩本書以其獨特的方式作了詩意的懺悔,語氣常常恍若在做噩夢。他「用血」寫作,但是否「真誠」?而 Lanza del Vasto 呢?據他們自己所言,這是如四手聯彈鋼琴曲般的作品,裡面究竟哪些是屬於他的?不管怎樣,他為我們留下了一種奇特的文學著作,令他堪與兩位隱蔽的作家兼詩人勒內.多馬爾 (René Daumal) 或羅歇.吉爾貝 – 勒孔特 (Roger Gilbert-Lecomte) 相媲美。呂克.迪耶特里克是於1913年3月17日在第戎 (Dijon) 開始了他精彩和短暫的人生,後因盟軍轟炸聖洛 (Saint-Lô) 時所受的傷而辭世,這傷當時卻被診斷為無大礙。他的一生讓人迷惑,他有未完成的癖好,這賦予他的作品一種強大的現實意義。他的父母也不是凡庸之輩。父親喜歡旅行,足跡遍及馬達加斯加及法國前殖民地的非洲國家。原籍意大利的母親則是一名護士,兩夫妻均嗜毒如命。在孩子出生後不久,他們定居巴黎,並在呂克外祖父的慷慨資助下,過着無憂的生活。但世事隨轉燭,父親於1914年應徵入伍,迫使呂克和母親返回第戎。1919年,父親在戰場負傷逝世。從此,母子倆開始了漫長而痛苦的流浪生活。「一天,我看到母親赤着腳,蓬着頭,一直奔向一口井,試圖爬上井欄跳下,而我甚麼都不能做,只是呆呆的看着。所幸人們喊着趕來把她止住。」這次未遂的自殺之後,他們重返巴黎,由於母親瑪德萊娜需接受戒毒治療,呂克便由他的叔父「古斯塔夫」收養。不久他便被送往一家兒童教養院。「我們被剝光衣服,關進一個大廳裡,感到無比恥辱…… 又被剃光了頭,露出藍藍的腦売。一個男人從一個水桶裡舀出一種黑色的膠水,往我們的腦袋和眼睛塗抹。我們甚麼都看不見,被推向滾燙的水注下,我們大聲尖叫着。」那時,他年僅十一歲。1925年,母親在加萊海峽省的卡爾萬找到了一份護士工作,他們在這裡待了一年後,移居上盧瓦爾省。呂克渡過了相對穩定的三年光景,但母親卻重染了毒癮。「她第一次要我到藥房取藥時,我感到很驕傲,好多錢啊。但後來我是縮着頭走出藥鋪的,生怕聽到店員的叫聲:喂,喂!你的藥方!什麼鬼藥方!」1929年,再次回到巴黎,母親仍舊任職護士,而從5月到11月,他卻被送往汝拉當一名農場工人。「我只有一條磨損的、破舊不堪的褲子,不合身但卻很耐穿…… 褲子呈泥土顏色,因沾滿糞水而變得僵硬,上面佈滿虱子。大腿上的污垢好比傷口的痂蓋,令我癢得難受……木鞋就像兩個小棺材,小腳穿在裡面把腳跟爛成像爛蘋果一樣了…… 我在牛群中、在一條架在糞坑上的木橋上推着獨輪車前行,我已經四次掉到這糞坑裡了。」
他終於擺脫了困境,1930年,人們看到他在新聞剪報 (L’Argus de la presse) 處工作。他結識了呂克.迪爾坦 (Luc Durtain),後者鼓勵他寫作。翌年,便見他的詩集《田邊茅屋》出版問世。在經歷了少年時代的磨難之後,他是怎樣挺得住而沒有變瘋,又從哪裡獲得力量從事寫作的?「在坐過監牢、上過中小學和天主教學校後,我自學不倦。我泡在圖書館裡,從一些故事書、遊記、雄辯滔滔的理論書和地理書裡獲益匪淺。」
同年母親因破傷風逝世。「我記得我在小店裡兩手忙個不停,而她卻在另一邊慢慢死去。我感覺到她一點一點地離去,我感覺到一陣一陣的顫抖,死神把她從肉身中拉出……」就在這一時期,他認識了阿萊特 (Arlette),一個主持着一間高級妓院的不同凡響的女人。「門簾掀開,一個妙齡女郎向我們走來,苗條婀娜的身軀裹在裙裾拖地的黑色長袍裡。如此美麗嫻靜,令人有些不安。」他捲入了毒品的黑市買賣和第三共和的政治圈子裡。阿萊特本想把他造就成一名政客,但他對此缺乏興趣,於是她便派他往國外販賣毒品,他不止十次到過君斯坦丁堡…… 他和阿萊特的關係並不和諧,經常吵鬧,但阿萊特卻十分慷慨大度,呂克.迪耶特里克便過着揮霍無度、放蕩不羈的生活。
在蒙索公園的長凳上和 Lanza del Vasto 的邂逅,可謂他人生中的另一段奇緣。「『這麵包真好』,他用有點低沉的聲音說道,他已經把麵包屑撒在地上,看着麻雀跳着啄食。之後他轉向我道:『而你呢?是不是跟這些麵包一樣真?』『和麵包一樣真,我想是這樣……』我回答道,但回答得並不自信,因為此時我正處在人生的轉折點,處在墮入歧途的邊沿。」他們就這樣分手了。過一段時間,在一條街上,呂克又遇上了他並問了時間。三天之後,勒皮克街的再次相遇確定了他們的友誼。
Lanza del Vasto 去了羅馬,呂克.迪耶特里克為阿萊特又完成了幾樁毒品生意。1933年3月,他逃離了情婦的住所。就在這次逃跑的械鬥中他嚴重受傷,被送進了拉里布瓦西埃醫院。他開始着手寫作一部小說的開頭部份。8月他來到意大利,住在 Lanza del Vasto 的一個朋友家中,繼續寫他的小說。但 Lanza 覺得小說寫得不好,勸他把它毀掉。接着,他們去了佛羅倫斯,Lanza 致力研究呂克的夢幻世界,令他最終寫出了《夢幻書》。「他教會我認識、感受那埋在一指厚的泥下的寶藏,他加強了我寫作的雄心,教會我以內心的真理為信條,與人奮鬥,孤獨地生活。」
1934年,呂克.迪耶特里克回到巴黎,帶着他的手稿去見格拉塞 (Grasset),後者雖然對作品大加讚賞,但卻拒絕出版。6月他又去了佛羅倫斯,接下來的數月,他全心投入《憂鬱者的幸福》的創作,一口氣寫了六百頁。羅貝爾.德諾埃爾立即同意出版,但卻和作者商議把內容壓縮一半。《憂鬱者的幸福》於1935年出版,評論界稱它是「文筆尖刻的大摩爾納」。更有人希望它獲得龔古爾獎,面對媒體為他們發掘出來的這位有着刻滿皺紋的長臉、鬍子拉碴的二十二歲陌生青年而驚詫不已。「我在三個月裡便寫完了這本書…… 自從母親去世後,一塊大石壓得我喘不過氣來,我必須從中解脫。我偶然認識的一位朋友 Lanza del Vosta,請稱他詩人、評論家吧,強迫我寫作。在我和他相處的日子裡,他把心思全用在我這部書上了。」
1942年,《城中的學徒生涯》繼《憂鬱者的幸福》之後出版問世。這兩部書可謂流浪漢小說,以極抒情、有時卻極粗獷的筆調寫成。我們隨書中的主人公在巴黎的街頭游蕩。他有時是一個流浪者,有時卻受到命運眷顧。他記錄下了當時的心情和思考,竭力觸及人的內心和悲慘境遇。我們很可以把他比作陀斯妥耶夫斯基筆下的人物,在痛苦中遭遇貧困,在長長的懺悔中驅除煩擾。呂克.迪耶特里克對自己毫不留情,在揭示作為頂天立地的男人所遭遇的悲慘時從不退卻。
Le lendemain elle reprit :
« Vous êtes vraiment un personnage étrange, car, si vous étiez un clochard l’année dernière, vous avez fait bien vite fortune et vous avez plutôt les allures d’un homme du monde paumé que d’un petit employé parvenu. »
La tentation était grande de lui faire passer une soirée (peut-être deux ou trois), uniquement occupée par le récit de ma pittoresque histoire : de l’attendrir, de l’horrifier, de l’éblouir, et d’ailleurs, en n’ajoutant rien à la stricte vérité.
La tentation était grande, mais je m’avisai à temps que je n’étais pas venu ici pour intéresser autrui à mon personnage, ni pour quêter des bravos et des bis à l’art que je savais déployer à m’exhiber dans des poses avantageuses. Au lieu de cultiver le repentir d’avoir toujours, dans cette grande variété d’aventures, été net dans les paroles et confus dans les faits. |
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