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« Je fais des films pour réaliser mes rêves d’adolescent, pour me faire du bien et si possible, pour faire du bien aux autres ».
Trente ans après la mort de François Truffaut, alors que la Cinémathèque française organise une grande exposition sur le cinéaste et sur son œuvre, le French Cinepanorama présente à Hong Kong « Truffaut et les actrices », une rétrospective de douze de ses films, parmi lesquels 10 ont été récemment restaurés.
« “Je fais des films pour réaliser mes rêves d’adolescent, pour me faire du bien et, si possible, faire du bien aux autres.” Cette phrase de François Truffaut exprime simplement, clairement et pleinement son amour du cinéma et son désir d’en faire » écrit Serge Toubiana commissaire de l’exposition consacrée à Truffaut et dont nous reprenons les propos ci-dessous :
« Cet homme a organisé sa vie afin de parvenir à son but. Disparu le 21 octobre 1984 à l’âge de cinquante-deux ans, il a laissé le sentiment d’avoir mené sa vie à toute vitesse, comme pressé par le temps et comme s’il voulait arriver à tout faire tant que cela était encore possible (...). Vingt-et-un longs métrages, une poignée de courts, plusieurs centaines d’articles sur le cinéma parus dans un grand nombre de journaux ou revues, le fameux livre d’entretiens, Le Cinéma selon Alfred Hitchcock, sans compter le Truffaut acteur ni oublier la publication de sa correspondance qui reprenait de nombreuses lettres, parmi les milliers qu’il écrivit durant sa vie à toutes sortes de gens, proches ou lointains. Bref, contrat rempli, vie rondement menée, bilan globalement positif ».
« Il n’empêche que sa mort a laissé un goût amer, un sentiment d’inachevé, de mélancolie profonde, pas seulement pour les siens, ses proches, ses actrices et acteurs, et sa « famille du Carrosse ». Combien de cinéastes aujourd’hui, jeunes hommes et surtout jeunes femmes, s’inspirent de son œuvre et de son goût du romanesque, regrettant de ne pas l’avoir connu, croisé, côtoyé, et ce non seulement en France, mais au Japon, en Amérique et dans le reste du monde ? » (Extrait de Passion Truffaut de Serge Toubiana, octobre 2014).
Trente ans après sa disparition, les hommages au réalisateur s’accumulent, tant sont nombreux les gens qui l’ont aimé, admiré ou ont été influencés par son œuvre qu’ils soient réalisateurs, acteurs, actrices ou simples spectateurs. « Jules et Jim me parait la plus précise expression de la société contemporaine que j’ai vue à l’écran » écrit Jean Renoir à Truffaut. Jacques Rivette admire la pureté de son regard, Milos Forman son honnêteté absolue. Toutes ses actrices louent sa grande délicatesse. « Il aimait vraiment les femmes et encore plus les actrices » dit Catherine Deneuve à qui il a beaucoup apporté.
• L’Homme qui aimait les femmes de François Truffaut, 1977. Photographie Dominique Le Rigoleur
© Dominique Le Rigoleur
Truffaut, les actrices, l’amour
Truffaut a beaucoup aimé les femmes et les femmes l’ont beaucoup aimé. Dans son dernier film Vivement dimanche ! (1983), il fait dire à Maître Clément, l’avocat assassin : « Je n’ai aucun remords car je ne suis pas de la société des hommes. Tout ce que j’ai fait, c’était pour les femmes. Parce que j’aime les regarder, les toucher, les respirer, jouir d’elles et les faire jouir. Les femmes sont magiques, alors je suis devenu magicien. »
Truffaut a merveilleusement travaillé avec ses actrices qui sous sa caméra ont montré le meilleur d’elles-mêmes. Si elles n’ont pas toujours partagé sa vie, toutes se sont épanouies dans ses films comme Jeanne Moreau (Jules et Jim), Françoise Dorléac (La Peau douce), Claude Jade (L’Amour en fuite), Catherine Deneuve (Dernier métro), Fanny Ardant (La Femme d’à côté), Isabelle Adjani (L’Histoire d’Adèle H.), Jacqueline Bisset (La Nuit américaine), Christine Darbon (Baisers volés), Brigitte Fossey (L’Homme qui aimait les femmes), Bernadette Lafont (Une belle fille comme moi)...
« Le cinéma est l’art de la femme » avait écrit Truffaut en 1958, et à ses débuts de réalisateur il écrit aussi : « le travail du metteur en scène consiste à faire faire de jolies choses à de jolies femmes », propos qui semblent un peu légers mais qui dans leur simplicité décrivent un aspect primordial de son œuvre autour d’un thème majeur, l’amour. Amour à trois. Amour à deux, ou même « passion unilatérale transcendée » comme le décrit si bien l’écrivain Elizabeth Gouslan à propos du film L’Histoire d’Adèle H. avec Isabelle Adjani :
« Truffaut filme comme un peintre, effaçant tout ce qui n’est pas l’essentiel : il efface Guernesey, supprime le lieutenant, éloigne Hugo, estompe les rues, amplifie le brouillard afin de saisir en gros plan la cape pourpre, la démarche chaotique, le visage blafard et les lèvres gercées de celle qu’il aime obstinément, au-delà de l’objet aimé, au-delà de l’amour même. Vue par Truffaut, la fille de Victor Hugo, est une obsession personnifiée, énergique et délirante. En créant Adèle H., il invente Isabelle A. » Le Monde, Hors-série François Truffaut
• Fanny Ardant dans La Femme d’à côté 1981 Photographie Alain Venisse © Alain Venisse
« L’amour »... François Truffaut en parle lui-même abondamment, autant dans ses films que dans ses écrits :
« L’amour est le sujet des sujets. Il prend une telle place dans la vie, dans les appartements, dans les rues, dans les bureaux, dans les journaux, dans la politique, dans la guerre, dans les usines, dans la réussite, dans l’échec, dans les fêtes foraines, dans les squares, dans les écoles, dans les casernes et aussi les avions, que si l’on me prouvait, statistique en main, que neuf films sur dix sont des films d’amour, je répondrais que ce n’est pas suffisant. Un homme de soixante ans et une fille de quinze, c’est Lolita, une femme de quarante et un garçon de vingt, c’est Adolphe. Un garçon et une fille de seize ans, c’est Roméo et Juliette. Une femme s’ennuie en province, c’est Madame Bovary. Son mari est une brute, c’est Le Lys dans la vallée. Elle est trop coquette, c’est La Duchesse de Langeais. Elle reçoit de l’argent des hommes, c’est Nana. Son mari est à la guerre, elle reçoit un jeune garçon, c’est Le Diable au corps. Elle meurt atrocement, c’est encore Madame Bovary. Dans la vie, certains hommes réussissent, d’autres non. Certains sont plus beaux que d’autres, ou plus riches ou plus intelligents. Les hommes sont égaux, certes oui, mais surtout devant Dieu !
En amour il n’y a pas de pauvres. Ce grand moteur humain est aussi notre unique commun dénominateur. » Le Cinéma selon François Truffaut, ©Flammarion, 1988
C’est autour de ce thème que le French Cinepanorama vous invite à découvrir pour les jeunes générations ou à revoir pour les autres, François Truffaut, avec une sélection de ses films restaurés qui ont gardé aujourd’hui encore toute leur fraîcheur et leur pertinence. |
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• François Truffaut lors de la promotion de Baisers volés, 1968, Photographie Pierre Zucca © Succession Pierre Zucca
「我拍電影是要實現我少年時的夢想,是要讓自己開心,可能的話也讓別人開心。」
在杜魯福逝世三十年後,法國電影資料館舉辦一個大型展覽回顧這位電影人和他的作品,在香港,今年的法國電影節將以一個題為「杜魯福與他的女演員」的小型電影回顧來向他致敬,展映的十二部影片中有十部是剛完成修復工程的復刻版。
「『我拍電影是要實現我少年時的夢想,是要讓自己開心,可能的話也讓別人開心。』杜魯福的這句話清楚簡單地表達了杜魯福對電影的熱愛以及他對拍電影的強烈慾望」。是次展覽的策展人 Serge Toubiana 說道:「這名男子生活上的一切安排都是為了要實現自己的目標。他1984年10月21日年僅52歲便與世長辭,留給世人的感覺是他以極速走完他的人生路,似乎是因為時間緊迫,必須在還可以的時候完成所有的一切 (……)。21部長片、少量短片、在不少報章雜誌中發表過數以百計有關電影的文章、著名的希治閣訪談錄《希治閣和他的電影》,當然不能忘記他的演員身份,以及他畢生與各式各樣,或遠或近的人的書信來往,後來被輯錄成書的出版物。總之,他履行合約,生活完滿,整體來說他的人生是正面的。」
「然而,他的逝世多少也留下了苦澀的味道,總好像有甚麼未完成似的,一種深深的哀傷不單只影響着他的家人、他的朋友、他的演員,還有他的『拍攝團隊』。現今年青一代的電影人,尤其是女性的,當中又有多少是沒有受他的作品或浪漫品味所影響,並對沒有機會認識他,與他見面或交往而感到可惜的呢,而這些影響不僅只是局限於法國,在美洲及世界各地也是一樣。」(摘錄自2014年10月 Serge Toubiana 的文章《激情杜魯福》(Passion Truffaut)
他離世的三十年後,悼念他的人也愈來愈多,因為愛他、仰慕他或受他的作品影響的人,不論是導演、男女演員或普通的觀眾都實在太多了。尚雷諾亞 (Jean Renoir) 在他寫給杜魯福的信中這樣寫道:「我認為《祖與占》(Jules et Jim) 是我在大銀幕上看到最能準確地描寫當代社會的電影」。積葵利維特 (Jacques Rivette) 欣賞他純正的目光,米洛斯福曼 (Milos Forman) 則欣賞他的絕對真誠。曾與他合作過的男女演員均對他的優雅講究深表讚揚。極受杜魯福賞識的嘉芙蓮丹露說:「他真的很喜歡女性,尤其是女演員」。
杜魯福,他的女演員、他的致愛
杜魯福非常喜歡女性,女性也非常喜歡他。在他1983年的遺作《情殺案中案》中,殺人兇手,律師 Clément 有一句對白是這樣的:「我絕不後悔,因為我並不屬於男人的社會。我所作的一切都是為了女性。因為我喜歡看她們,觸摸她們,呼吸她們的氣味,從她們身上得到滿足和滿足她們。女人是充滿魔力的,我亦因為她們而成為魔術師。」
杜魯福很懂得與他的女演員合作,她們在他的鏡頭底下能展現出最美好的一面。雖然她們並非全都曾跟他一起生活,但卻全都在他的電影中得到充份的發揮,如《祖與占》中的珍摩露、《柔膚》中的法蘭絲娃杜莉、《愛情逃跑》中的葛洛特乍德、《最後一班地鐵》中的嘉芙蓮丹露、《隔牆花》中的芬妮雅當、《情淚種情花》中的伊莎貝雅珍妮、《戲中戲》中的積琪蓮貝西、《偷吻》中的姬絲丁達邦、《女人的男人》中的碧姬科西、《像我這樣美麗的女子》中的珮娜達拉福……
• Claude Jade et Jean Pierre Léaud dans Domicile conjugal de François Truffaut,
1970. Photographie Pierre Zucca ©Succession Pierre Zucca
杜魯福於1958年這樣寫:「電影是女性的藝術」,而在他初出道任導演的時候也曾這樣寫道:「導演的工作是讓美麗的女子做些美麗的事」,這句話似乎沒有甚麼份量,但它在簡單之中卻能表達瀰漫在杜魯福的作品中的一個重要主題:「愛」。三人戀、二人戀,或甚至是「不顧一切的單戀」。作家 Elizabeth Gouslan 非常貼切地描寫了《情淚種情花》:「杜魯福的拍攝手法像一位畫家,去掉所有不必要的:他抹去 Guernesey,刪掉那名上尉,遠離雨果,模糊了街景,加強霧迷濛的效果,這一切都只是為了要以大特寫鏡頭捕捉那個他癡癡愛戀着,那個身穿紫色斗篷、腳步凌亂、臉容蒼白、嘴唇乾裂的女子,這超越了一切被愛之物,甚至超越了愛本身。在杜魯福的眼中,雨果的女兒是迷戀的化身,是活生生的和瘋狂的。他在創造雅黛兒這個人物之同時亦成就了伊莎貝雅珍妮。」《世界日報-杜魯福號外》
「愛」…… 杜魯福本人也講了很多,不管是在他的電影中或在他的寫作中:「愛是眾多題目中的主題。它在我們的生命中的任何時刻,無論是在寓所中、在街上、在辦公室中、在報章上、在政治中、在戰爭中、在工廠中、在重生中、在失敗中、在市集上、在廣場上、在學校中、在軍營中或甚至在飛機上都佔有非常重要的位置,根據手上的統計數字,每十部電影中有九部都是愛情片,若問我說,我的回答是仍未足夠。一個60歲的男人和一個15歲的少女之間的愛是《一樹梨花壓海棠》,一個40歲的女人和一個20歲的青年的愛是《Adolphe》,兩個16歲的少男少女的愛是《羅密歐與茱麗葉》。在鄉間過着沉悶生活的女人的愛是《包法利夫人》。有個粗暴的丈夫的愛是《幽谷百合》。風情萬種的愛是《La Duchesse de Langeais》。收取男人金錢的愛是《蕩女娜拉》,丈夫上戰場,妻子在家與年輕男子偷情的愛是《肉體的惡魔》。殘酷死亡的愛也是《包法利夫人》。現實生命中,有些人成功,有些人失敗。有些人的樣子較其他的人長得好,或是更有錢或更聰明。人是平等的,的確是,尤其是在神面前!在戀愛中是沒有貧窮的。這人類偉大的動力也是我們唯一的共通點。」《杜魯福眼中的電影》©Flammarion, 1988
Le French Cinepanorama 2014
Truffaut et les actrices
Tirez sur le pianiste 射殺鋼琴師 (1960)
Jule et Jim 祖與占 (1962)
La Peau douce 柔膚 (1964)
La Mariée était en noir 奪命佳人 (1967)
Baisser volés 偷吻 (1968)
Domicile conjugal 婚姻生活 (1970)
Les Deux anglaises et le continent 兩個英國女孩與歐陸 (1971)
L’Histoire d’Adèle H. 情淚種情花 (1975)
L’Homme qui aimait les femmes 愛女人的男人 (1977)
Le Dernier métro 最後一班地鐵 (1980)
La Femme d’à côté 隔牆花 (1981)
Vivement Dimanche ! 情殺案中案 (1983) |
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