Art et Histoire 藝術與歷史

Texte : Frank Vigneron*

 
  Entre le 17e et le 18e siècle en Chine, splendeur sans décadence :
Peinture et théorie à la Cité interdite (3)
十七、十八世紀之間的中國:興盛不衰 : 紫禁城的繪畫及其理論(三)
 
 

Les échanges entre les peintres jésuites et les peintres de la cour de Beijing
Nous nous rendons donc à la cour dans les chapitres suivants qui traitent de théoriciens importants et qui furent en contact étroit avec les Jésuites présents dans leur entourage. L’extraordinaire traité intitulé Etude de la vision (Shixue 視學) et écrit par un Mandchou, Nian Xiyao 年希堯 (? -1739), est un ouvrage essentiel pour la compréhension de ce qui a pu se passer dans les échanges entre les peintres jésuites et les peintres de la cour de Beijing. Ses deux introductions ont été entièrement traduites par Jacques Giès dans le magnifique catalogue qui accompagne l’exposition de nombreuses peintures et objets de la cour faite au musée Guimet en 2006 et intitulée Les Très riches heures de la cour de Chine. Comme le dit Jacques Giès, on connaît fort peu de choses sur Nian Xiyao même si sa carrière de lettré est assez bien connue. Membre chinois de la bannière jaune et donc très proche de l’aristocratie mandchoue, il vécut sous les empereurs Kangxi et Yongzheng et ne connut donc pas les développements de l’ère Qianlong. Nian Xiyao commença une carrière brillante mais, étant aussi le frère de Nian Gengyao 年羹堯 ( ? - 1726), célèbre général à qui l’empereur Yongzheng ordonna le suicide après avoir été impliqué dans une affaire de détournement de fonds, il fut aussi soupçonné d’avoir trempé dans ce complot. Malgré le coup porté à sa carrière d’officiel, l’empereur se montra clément et il fut bientôt nommé ministre de la maison impériale. C’est à ce poste qu’il devint l’un des intimes des missionnaires jésuites, en particulier Giuseppe Castiglione, qui lui donnèrent accès à la connaissance de ces « méthodes occidentales » qui sont au cœur de son œuvre. Peintre lui-même de paysage et d’autres sujets en vogue à la cour, il montra un intérêt pour les sciences et les mathématiques très tôt, tendance qui en fait caractérisa aussi plusieurs des représentants du mouvement contemporain des « recherches textuelles » (kaozheng 考證). Ceux-ci, intrigués par les mathématiques apportées par les Jésuites, cherchèrent et trouvèrent des traités de mathématiques chinoises de la dynastie Song qui montraient que les Chinois aussi s’étaient essayés brillamment à cette discipline.

Inspiré par le traité d’Andrea Pozzo (1642-1709), Perspectiva pictorum et architectorum, publié entre 1693 et 1700, Nian Xiyao recopia dans son Etude de la Vision de nombreuses planches de l’ouvrage italien tout en y ajoutant quelques notes et en retranchant quelques éléments. On notera dans cet exemple que l’artiste chinois n’essaya pas de faire projeter une ombre par le piédestal qu’il représentait, bien qu’au vue des deux images, il ait certainement vu que l’original en comportait une. C’est donc un choix, conscient ou non, que Nian Xiyao fit en recopiant l’original italien dans son édition chinoise. Cette absence n’a peut-être pas d’autre raison que l’incapacité des graveurs chinois de l’époque, travaillant toujours sur bois, de faire des hachures assez fines pour représenter les ombres car Nian Xiyao mentionne très clairement l’ajout d’ombres créées par une source lumineuse, détails que l’on observe dans de nombreuses peintures de la cour inspirées par les Jésuites (toutes les traductions qui suivent les passages de Etude de la vision sont de Jacques Giès) :
« Soit, il est question d’exécuter la peinture d’un sujet unique, un objet par exemple. La méthode, ici, consiste [à reporter sur le schéma perspectif] sa figure en trois dimensions, [comme idéalement] se verrait l’ensemble de ses caractéristiques physiques sous tous les angles. On le peindra, ensuite, tel que l’objet apparaît sous une source lumineuse, [veillant à reproduire] l’ombre portée de sa forme et [à rendre manifestes] les ombres propres de ses volumes. Et ce, [avec une telle exactitude] qu’il confonde l’œil du spectateur par sa vérité. »

Cependant, cette absence dans les illustrations est doublée par l’absence, dans les textes liminaires du traité, de nombreuses précisions nécessaires à une claire compréhension de ces passages techniques. Jacques Giès, avec une science consommée a noté, et rajouté pour plus de compréhension, tous ces manques en notant que le texte chinois s’inspire d’autres textes comme celui d’Alberti sans en traduire toutes les phrases, laissant ainsi ce traité « plein de trous » (dans sa traduction, Jacques Giès complète ces trous avec des explication rajoutées entre parenthèses et commentées dans des notes). Il faut s’interroger sur ces absences : sont-elles le résultat d’un manque dans le vocabulaire de la peinture chinoise de l’époque, ce qui expliquerait comment Nian Xiyao s’arrange pour créer de nouveaux binômes, ou bien le résultat d’une sorte d’aveuglement épistémologique qui aurait rendu littéralement invisible à l’artiste chinois des formes et des idées venant d’un savoir très différent. L’une et l’autre réponse sont certainement inextricablement liées mais on verra dans les chapitres suivants que ce que j’appelle « aveuglement épistémologique » fut aussi la source de nouvelles idées et de nouvelles formes.

« ...ce que serait l’exécution d’une peinture chinoise réalisée à la lumière de la méthode occidentale... »
Ce sont surtout les deux textes liminaires du traité qui ont été marqués par les conversations de l’auteur avec Castiglione :
« Assidu dans l’étude de la science de la vision, je le fus durant des années ; et tel, soumettant mes expériences et les tentatives à toutes sortes de spéculations miennes. Je finissais par y épuiser les ressources de ma sagacité sans toujours parvenir à saisir le fil directeur [des principes et des applications], quand j’eus l’heur, finalement, à la faveur d’entretiens avec le savant occidental, Sieur Lang [Castiglione], de lever grâce à lui les questions restées pour moi les plus épineuses. [Aussi est-ce en connaissance de cause] qu’à présent, il m’est permis [d’exposer] ce que serait l’exécution d’une peinture chinoise réalisée à la lumière de la méthode occidentale [et de ses procédures particulières]. »

Comme Giès y insiste, Nian Xiyao parle déjà d’un processus d’hybridation : il s’agit bien « d’une peinture chinoise » qu’il faut accomplir mais appuyée, soutenue par un certain emploi de la perspective mathématique. Nian Xiyao continue à accorder une place prépondérante au pinceau et à la liberté que les lettrés chinois associaient à son emploi, liberté qui devait sembler manquer cruellement à tout artiste voulant se plier à la discipline de la perspective en peinture. Nian Xiyao évoque ainsi le pinceau très tôt dans ce texte et tout de suite après un passage très technique :
« Je commence par établir un plan de projection constitué de lignes [de fuites spatiales] tracées à partir d’un point [de fuite] préalablement fixé. Par ce procédé, il m’est permis de saisir toutes les apparences changeantes des figures [sous lesquelles les choses se présentent à moi]. En effet, dès lors que j’aurais su ainsi dresser [sur ce dispositif] une figure dans une position donnée, je pourrai aisément décliner à la suite tous les autres aspects sous lesquels [la même] chose peut apparaître [relativement à son orientation et à sa position dans l’espace]. Et quand bien même, ces figures montreraient d’infimes différences entre elles, je n’aurai garde, de la sorte, de les confondre. [Que le tracé du contour des] figures vienne à être modifié, selon que leurs lignes et leurs angles deviennent plus aigus ou plus obtus, ou bien qu’ils forment un angle droit au croisement de deux droites perpendiculaires ; que, d’autre part, les lignes circonscrivent, soit un cercle rapporté au compas, soit un quadrangle dressé à l’équerre ; mon exécution picturale [n’en sera nullement freinée], s’effectuant au contraire sous le régime rapide et libre du pinceau. Et ce, lors même que j’aurai conçu que ces effets [et ces décompositions qu’autorisent les surfaces] participent des aspects d’une figure plénière vue en trois dimensions. »

C’est très clairement à l’étude d’une tradition et à des méthodes picturales étrangères que Nian Xiyao se livre et, pionnier d’une compréhension plus que pratique de ces techniques venant d’un autre monde, il se livre donc à la création de nouveaux binômes, de nouveaux concepts, qui pourraient à la fois clarifier ces techniques et leur trouver une place dans la théorie picturale chinoise. Ce « plan de projection » (fayi 法貽) est, selon Jacques Giés, « un terme entièrement forgé par Nian Xiyao, que nous interprétons comme ‘schéma, structure’, et dans le contexte, suivant un terme technique de la perspective, par "‘plan de projectio"’, ou "dispositif perspectif", lequel est une condition de possibilité de représentation de la peinture. » Un autre terme, wulei 物類, est traduit par Giés en « figures » et semble aussi avoir été forgé par Nian Xiyao « pour répondre au concept, propre à cette "ressemblance de choses changeantes"… Ces figures ne renvoient certes pas à des choses chaque fois nouvelles, mais aux différents aspects d’une seule et même chose, proportionnellement à la section sur le dispositif perspectif. ». Encore plus indicatif du fait qu’il s’agisse d’idées étrangères, Nian Xiyao n’utilise pas l’idée néo-confucéenne de « principe » (li ) dans ces textes, pensant certainement qu’il n’avait pas de relation directe avec les concepts qu’il tâchait d’expliquer et d’appliquer. En fait, s’adressant aux peintres de paysages de la tradition lettrée, Nian Xiyao rappelle que la peinture, si elle peut fleurir aussi sous le joug de règles strictes comme dans la peinture de la cour, est aussi l’expression d’une liberté réelle trouvant sa source dans le pinceau-encre. L’ignorance des règles de la perspective n’a aucun effet négatif sur la pratique du paysage :
« S’agissant de l’exécution picturale d’œuvres à caractère proprement chinois – illustrées par ces compositions élaborées, nommées “Mille cimes et dix mille falaises” ou “Forêts profondes et bosquets de bambous dans les vals” –, il est dit de tradition que de telles œuvres étaient des recréations de l’esprit manifestées dans une expression picturale. De fait, ces peintures, montrant une extrême liberté d’exécution, expriment si pleinement l’inspiration qui les a fait naître qu’elles suscitent [toujours] l’adhésion admirative de ceux qui les contemplent ; et ce, indépendamment de la connaissance [pour ces derniers] des règles de proportions et de réduction d’un paysage [au format d’une peinture]. »

Mais Nian Xiyao avait une tâche sans doute plus ardue que lui-même ne le croyait et cela l’amena à réfléchir à l’inadéquation de certains termes souvent employés dans la théorie picturale en ce qui concerne l’analyse de la perspective. La création de nouveaux concepts dans des textes aussi sibyllins que ces préfaces aux planches gravées pose d’ailleurs aussi la question du public de cet ouvrage. Pour qui Nian Xiyao écrivait-il ? Il semble certain que la publication de ce livre tentait de satisfaire une demande d’explications pratiques de la perspective linéaire puisqu’il était accompagné de planches. Le rapprochement avec des manuels tels que le Manuel de peinture du jardin grand comme un grain de moutarde met en évidence que cet ouvrage aurait dû connaître une diffusion assez large. Mais l’emploi de la perspective en peinture n’était pas encore dans l’air, en particulier dans la région du Jiangnan où se trouvait une si grande part de la population lettrée. C’est à la cour que cet engouement pour la perspective, engouement qui ne survécut pas vraiment à l’empereur Qianlong d’ailleurs, était le plus fort. En tous les cas, les « trous » dans les explications de Nian Xiyao n’auraient pas réussi à faire de son Etude de la vision l’ouvrage de pratique utile que fut le Manuel de peinture du jardin grand comme un grain de moutarde, et il faut comprendre dans ce contexte pourquoi il n’eut qu’une diffusion assez limitée même si on peut reconnaître chez certains peintres du 18e siècle, chez Shen Zongqian en particulier, des traces de l’enseignement qu’il essaya de promouvoir.

* Frank Vigneron (Professeur, Fine Arts Department, The Chinese University of Hong Kong)

 

 Joseph Panzi (Pan Tingzhang
潘廷章, actif 18e siècle), Portrait de
l’Empereur Qianlong
《乾隆像圖》,
détail, rouleau à suspendre, encre
et couleurs sur soie, 273,4 x 143,2
cm. Musée du Palais, Beijing.

 

「耶穌會畫家和宮廷畫家的交流」
讓我們步入皇宮,在接下來的篇章裡,探討一下一些重要的畫論家以及他們和身居宮廷的耶穌會教士的親密交往。一本名為《視學》的奇特畫論是由一名叫做年希堯 (?-1739) 的滿州漢人所寫的。這是了解耶穌會畫家和宮廷畫家如何交往的一本重要著述。書中的兩篇導論已由 Jacques Giès 全文譯出,載於2006年於巴黎集美美術館 (Musée Guimet) 舉辦的名為「中國皇朝極盛時期」的中國宮廷繪畫和藝術珍品展覽的精美圖錄裡。正如 Jacques Giès 所言,我們對年希堯所知甚少,雖然他在文人圈裡頗有名氣。他是鑲黃旗漢人,因此和滿州貴族關係密切。他生活在康熙、雍正兩朝,無緣認識乾隆盛世。年希堯初時官運亨通。其兄年羹堯 (?-1726) 為雍正著名將軍,因捲入一樁侵吞公款案被投入獄,後被賜死,他亦被懷疑參與其中。雖遭此一劫,仕途蹭蹬,但雍正卻寬待他,並很快授他予皇室大臣一職。這職位令他成了耶穌會教士的知交,尤其與郎世寧過從甚密。這為他打開了認識「西洋畫法」之門,西洋畫風在他的畫作裡明顯可見。他本身亦是一名山水畫家,並作些宮中流行題材的畫。他很早便對科學數理感興趣,這亦是當時考證派代表人物所共有的特徵。考證派的一些人為傳教士帶來的西洋數學所激勵,亦在古籍中上下求索,發掘出來了宋代的數論,證明了中國人在這一領域的才智亦不遑多讓。


 Jean-Denis Attiret (Wang Zhicheng 王致誠, 1702-1768), L’Empereur Qianlong tirant une Flèche 《乾隆射箭圖屏》, paravent, huile sur papier, 95 x 213,7 cm. Musée du Palais, Beijing.

受 Andrea Pozzo (1642-1709) 於1693及1700年間發表的《繪畫與建築的透視學》(Perspectiva pictorum et architectorum) 一書的啟發,年希堯在他的《視學》中摹畫了這部意大利著作中的許多插圖,並加上一些註解,略去了畫中的一些細節。我們看到中國畫家將底座背光所形成的陰影給略去了,但他明知原畫裡這陰影是存在的。不管他有否意識到,這是年希堯在摹擬意大利原作時所做的選擇。之所以略去陰影,唯一的解釋大概是當時慣於作木雕的藝人技有不逮,雕刻不出足以表現陰影的細密影線。而年希堯非常明確地提到那由光源形成的陰影,這個細節在受耶穌會教士影響而創作的眾多的宮廷畫中都可見到:「或繪成一物,若懸中央,高凹平斜,面面可見,借光臨物,隨形成影,拱凹顯然,觀者靡不指為真物。」

 Giuseppe Castiglione (Lang Shining 郎世寧, 1688-1768) ,Nouvelle d’un Printemps
de Paix pour l’Empereur Qianlong
《弘曆平安春信圖》, rouleau à suspendre, encre et couleurs sur papier, 68,8 x 40,8 cm. Musée du Palais, Beijing.

然而,除了插圖上的這些缺失外,在這兩篇畫論裡,也缺少了有助對畫技理解的詳細說明。Jacques Giès 巧妙地作了註解並加以說明,彌補了這個缺憾,並指出中文文本應來自其他文本如 Alberti 的文本,並沒將原文全部譯出,因此作成了這篇「佈滿漏洞」的畫論。Jacques Giès 在他的譯文裡彌補了這些漏洞,在括弧裡加上了說明和註評。我們應問一下為甚麼有這些闕如,是因為當時的中國繪畫語言裡沒有足以表達的詞彙,這也解釋了為何年希堯創造了一些新詞;又或者因認識上的盲點,令中國藝術家面對來自域外的完全不同的形象和思想視若無睹。兩者誠然糾纏不清。我們將在後文裡看到這個我所謂的「認識盲點」亦成了新思想、新形式的源泉。

「如何根據西洋畫法則創作中國畫」
畫論的前兩篇尤受作者和郎世寧切磋論藝的影響:「余曩歲即留心視學,率嘗任智,殫思究,未得其端猪;迨後獲與泰西郎學士,數相晤對。即能以西法作中土繪事。」

正如 Giès 所強調的,年希堯談及中西合璧的作畫程序:即借鑒西洋畫的透視法創作中國畫。他非常重視畫筆及創作自由,予以重要地位,這種無拘無束,正是中國畫家嘗試以透視法作畫時所缺乏的。年希堯在這篇畫論裡一開始便提及畫筆,之後很快便轉入非常專業的技巧論述:「始以定點引線之法貽,余能盡物類之變態,一得定位,則蟬聯而生。雖毫忽分秒,不能互置。然後物之尖斜平直規圓矩方,行筆不離乎紙,而其四周全體,一若空縣中央,面面可見。」

年希堯專心致志於中國繪畫傳統和西洋畫法的研究,他是來自域外的繪畫技巧的先知先覺者,並創造了一些新詞、新概念以便闡明這些新技巧並移植到中國畫論中。根據 Jacques Giès 的看法,「『法貽』便完全是年希堯的創造,我們常稱之為『簡圖、結構』,而在這裡,用透視法的術語來說,即為『射影平面』或『透視佈局』,這是繪畫表現的條件。」另一個詞「物類」,Giès 將之譯為「形象」(Figures),大概也是年希堯的創造,「用以表達『變態物類的相像』這個概念……物類與每次出現的不同物體無涉,而與同一個物體的各個面有關,比例符合透視佈局。」由於涉及的是外來的思想觀念,因此年希堯在畫論中沒有使用新儒學的「理」這個字,認為這與他眼下試圖闡述和運用的概念無直接關係。確然,在談及傳統的文人山水畫家時,他提醒眾人,如果繪畫,譬如宮廷畫,在極嚴苛的戒律下都能綻放異彩,則它亦可藉筆墨的恣肆狂放表現出來。對透視法則的無知並不妨礙山水畫的創作:「嘗謂中土工繪事者,或千巖萬壑,或深林密箐,意匠經營,得心應手,固可縱橫自如,淋漓盡致,而相賞於尺度風裁之外。」

年希堯肩負連他自己都沒想到的艱鉅任務,他對畫論中探討透視法時所用的一些術語的不恰當作了思考。畫論中創造的一些新概念和介紹插圖的兩篇導論都一樣晦澀難懂,這便令人質疑這本《視學》的受眾問題。年希堯究竟為誰而寫?可以肯定的是這本書的出版是為了滿足人們對如何在繪畫中運用透視法的要求,這從書裡配有許多插圖可見。它和其他一些論畫的書如《芥子園畫譜》常被人相提並論,這說明它流行得相當廣。然而透視在中國畫中畢竟未成氣候,尤其是在文人聚集的江南。它只是在清朝宮中才為人着迷,但也超越不過乾隆朝。總之,由於年希堯的畫論中佈滿許多「漏洞」,致使《視學》一書不能像《芥子園畫譜》那樣成為一本繪畫入門書。因此它的流佈是有限的,即使十八世紀的一些畫家,尤其是沈宗騫的畫中能見到它的一些痕跡。