Le French May - Arts du son 法國五月 - 聲音藝術

Texte : Anne Laure Chamboisier*, Beyond the Sound, extraits du catalogue édités par Gérard Henry

 
  « Beyond the Sound »
「眾聲之外」:當代新媒體藝術展
 
 

« L’exposition Beyond the sound pensée comme un dialogue entre des artistes français et hongkongais, est une invitation à une traversée sonore dans le champs de la création au travers de dispositifs variés :
sculpture, installation, vidéo... La notion d’écoute est centrale dans le contexte dans lequel s’inscrit l’exposition, c’est à dire la métropole de Hong Kong, où nos oreilles sont constamment bombardées par des sons, qui pour la plupart échappent à notre attention et les espaces d’écoute partagée de plus en plus rares.

Ces artistes sont habités par des préoccupations communes dont je vais tenter d’en esquisser les contours autour de deux vastes topologies que sont le paysage sonore et l’expérience perceptive auquel nous invite le son, dont les frontières restent poreuses. » A. L. Chamboissier

Anne Laure Chamboissier expose ainsi le travail de 14 artistes et propose, entre autres projets, une cartographie sonore de la cité de Hong Kong et par là, de nouvelles pistes de découverte de la ville et de notre environnement sonore que nous subissons passivement sans en reconnaître souvent les qualités et les richesses. Ce sera aussi pour le public la découverte des arts sonores dont elle est spécialiste, un domaine encore peu connu.
L’environnement immédiat passé ou présent, est souvent la première source de travail des artistes hongkongais : Originaire d’Aberdeen et d’une famille de pêcheurs, Edwin Lo est habité depuis son enfance par la mémoire sonore de ce territoire. Sea Wall en est la traduction, retenant au final la matérialité du son des bateaux et plus particulièrement le bruit des moteurs, de ronflements des navires... l’artiste met le visiteur dans une situation de réception intime du son. Joe Chan avec Jing Ting puise, également, la source de son œuvre dans sa propre histoire personnelle. Originaire d’une zone rurale du district de Yuen Long, il vivait dans une maison chinoise traditionnelle et focalisait son attention les jours de pluie sur les tambourinements des gouttes sur les tuiles du toit. Il a reproduit la structure du toit traditionnel, sous lequel le visiteur est invité à s’assoir et à partager avec lui.

Certaines œuvres ont un caractère plus politique : De 2012 à 2014, Samson Young a quant à lui, focalisé son travail autour d’une zone géographique et politique, celle de la séparation physique entre Hong Kong et la Chine continentale, délimitée par la rivière Shenzhen et une grande barrière grillagée. Le projet Liquid Borders est alors né. Par un processus d’enregistrement systématique des sons des lieux ou/et des objets qui séparent les deux régions, il a constitué une archive sonore du lieu.

Dans Many small people, Jasper Fung confronte deux territoires géographiques différents. Superposant les enregistrements des événements de protestation à Hong Kong et du site de l’ancien mur de Berlin en Allemagne. L’artiste crée un paysage sonore non existant mais dont certains événements historiques, inhérents à chacun de ces lieux, lui semblent proches.

Le processus d’enregistrements de sons d’un lieu donné auquel s’accompagne un travail de composition est une démarche que l’on retrouve également chez d’autres artistes invités :
Pascal Broccolichi réalise sa Table d’harmonie, en deux temps: l’enregistrement subaquatique dans le port Victoria et la mise en place de la trame visuelle dans laquelle s’inscrit cette matière sonore. Deux paysages se dessinent alors, un paysage sonore et un autre visuel, lesquels s’entremêlent et mènent le spectateur à sa propre expérience de l’écoute.

Eddie Ladoire nous offre à Hong Kong un quatrième opus de sa pièce Intimité. Partant du Comix Home Base dans le quartier de Wanchai, il procède à un enregistrement du lieu et de ses abords. Ses fragments sonores, figés dans le temps, sont ensuite mixés avec des compositions électroacoustiques faites, entre autre, de micro-fictions, de conversations... Le visiteur, muni de casque, est invité à déambuler dans l’entièreté du lieu où il va osciller alors entre réalité et fiction.

Inviter le spectateur à se concentrer sur le monde intérieur des sons
Vidéaste, Pierre Jean Giloux entretien une collaboration étroite depuis de nombreuses années avec le compositeur Lionel Marchetti. Avec Invisible Cities, il centre ce travail autour de la mégapole de Tokyo et emmène par un long travelling, de manière progressive, le regardeur, d’une ville réelle vers de nouvelles formes urbaines virtuelles.

Cédric Maridet délaissant les environnements urbains et subtropicaux s’est confronté à une nouvelle situation, celle d’un désert balayé par les vents. La caractéristique du vent est qu’il n’est pas sonore en tant que tel et le devient uniquement dans sa confrontation avec d’autres éléments. Il a tenté de dégager une certaine variété de sons, et nous en offre, à travers cette installation, paradoxalement une expérience marquée en même temps par l’absence du son.

Le travail sur le paysage sonore devient alors à proprement parler un travail sur la plasticité perceptive
L’expérience perceptive auquel nous invite le son est un des autres paramètres importants de l’exposition. La question de l’écoute est là encore centrale.
Cécile le Talec explore la perception de l’espace dans sa dimension sonore avec Panoramique poliphonix. La première approche que l’on a est tout d’abord visuelle. Il faut franchir le seuil de ce dispositif architectural (imposante tapisserie sonore) afin qu’un détecteur de mouvement déclenche une bande sonore, composée d’enregistrements de « chants de vibrations » de la terre et de « chants des étoiles ». Le visiteur est confronté, à la fois, à une expérience auditive et perceptive où viennent se superposer des sons de natures différentes dans un même espace.

Pierre Laurent Cassière aime à jouer dans ses œuvres avec les limites de la perception. TACTU joue d’une forme d’invisibilité, la vibration du mur n’étant perceptible que par le sens du toucher. Distorsions à la physicalité impose par sa présence sculpturale composée de trois miroirs suspendus verticalement à des potences en bois, dont les feuilles d’acier adoptent différents états vibratoires qui fragmentent, flouent et démultiplient les reflets.

Dans Sans Titre, Bertrand Lamarche explore les effets sonores et vibratoires de différents éléments: un amplificateur et deux haut-parleurs dont l’un se trouve relié à une platine, par un fil long de plusieurs mètres, sur laquelle tourne un dub plate, disque fragile en acétate. L’espace est alors envahi d’une atmosphère vrombissante et inquiétante à la fois.
Pierre Bastien et Phoebe Hui se focalisent sur les propriétés sonores inhérentes aux objets et nous invitent à une expérience perceptive du son d’un autre ordre centré sur l’attention donné à des objets à priori banaux, appartenant au quotidien et l’audition de ceux-ci. Dans Paper Orchestra de Pierre Bastien, le papier devient l’élément central d’un orchestre automatique de quatorze pièces.

L’artiste nous invite à une expérience auditive, musicale et poétique.
Quant à Vexation de Phoebe Hui, dont le dispositif sculptural relève aussi de l’instrument, il a été conçu pour jouer la pièce Vexations (1893) d’Erik Satie. L’artiste s’appuie sur du matériel de dessin en jouant de ses propriétés sonores. Les différentes tonalités sont obtenues par les variations des nuances de crayon sur la table d’harmonie.

Rainier Lericolais est plasticien et musicien. Son travail, protéiforme, explore principalement les liens entre arts plastiques et musique. Et même si ces œuvres Journal et Abstrakt sont silencieuses, elles nous parlent également de la matérialité du son à travers la trace qu’il en réside par l’enregistrement. Et nous parlent de l’expérience de l’écoute à travers l’idée de reproduction.

« Tout en essayant de mettre en dialogue les œuvres de l’exposition autour de deux grandes topologies, les frontières s’avèrent pour certaines d’entre elles extrêmement poreuses, conclut Anne Laure Chamboissier. En effet, le champ des arts sonores est par nature hybride et interdisciplinaire, ce qui en fait un univers complexe et riche. Par cette déambulation dans l’exposition, le spectateur est alors confronté à ses habitudes perceptives pour ouvrir le champ à de nouveaux espaces cognitifs et sensoriels. »

*Anne Laure Chamboissier, commissaire de l’exposition beyound the sound est historienne d’art et coréalisatrice notamment du documentaire Bernard Heidsieck, la poésie en action (2004).

 


 Distorsions, Pierre Laurent Cassière, 2013

「『眾聲之外』展覽旨在為法國和香港藝術家建立一個對話平台,邀你穿過由雕塑、裝置、錄像等手段構成的藝術天地,作一次聲音之旅。聆聽為該展覽的主題,在這背景下,展出喧囂的大都會香港。身處鬧市,我們的耳朵為各種聲音所衝擊,但許多聲音卻從我們的耳邊掠過,可供分享的聲音似乎愈來愈少。參展的藝術家都有共同的關切,我試圖圍繞『音景』和『聲音體驗』這兩個領域,對他們的關切作個簡介,這兩者間的界限疏鬆,互相滲透。」 ─ 安妮洛.珊布絲雅

策展人安妮洛.珊布絲雅精選了十四位藝術家的作品,展示了一幅有聲音的香港地圖,透過它,為我們提供了認識自己城市和週圍嘈雜環境的新途徑。我們被動地接受着這些聲音,卻很少發現它的豐富多彩。這也是讓觀眾認識一下這個至今仍鮮為人知的聲音藝術,安妮洛.珊布絲雅是這方面的專家。

無論過去或現在的週邊環境,常是香港藝術家借以創作的第一手材料。羅潤庭出生於香港仔一個漁人之家,自童年起,便對故鄉的天籟之聲有美好的記憶。他的作品《海牆》(Sea Wall) 便是最好的明證。作品捕捉了漁船破浪前行的真實聲音,尤其是馬達的隆隆聲和輪船的嗡嗡聲。藝術家把觀眾置於一個親切聆聽的環境中。陳翹康的作品《靜聽》,取材於他個人的生活經歷。他生於元朗鄉下,生活在傳統的村屋裡。雨天,他屏息聆聽拍打在屋瓦上的雨點的聲音。他再造了這個傳統的屋頂,邀你坐在這屋頂下和他一起聆聽嘀嘀嗒嗒的雨聲。

一些作品更具政治色彩。楊嘉輝自2012年至2014年,將創作集中於一個地理和政治區域,那由深圳河和一個鐵柵欄把中國大陸和香港隔開的區域。他的作品《流動的邊界》(Liquid Borders) 便因此產生。他系統地錄下了兩地的不同聲音,從而製作出一種地方的聲音檔案。
馮俊彥在他的作品《芸芸眾生》(Many small people) 裡,對比了地理上完全不同的兩個地區。他將香港示威遊行的聲音和德國柏林牆舊址的聲音錄下來重疊一起,創作了一個並不存在的「音景」,但一些屬於兩個地方的歷史事件,在他看來卻極其相似。

對某地的聲音環境進行錄音再伴之以視覺藝術,這種創作程序在其他應邀參展的藝術家的作品中亦可見到。
帕斯卡爾.布可告力奇 (Pascal Broccolichi) 分兩個步驟製作了他的作品《音板》(Table d’harmonie):他在維港錄下了水下之音,然後將它置於系列的視覺藝術作品上。兩種風景呈現了出來,音景和圖景,兩者融合一起,引領觀眾親自去聆聽感受。
艾迪.勒杜瓦 (Eddie Ladoire) 展出了他的作品《親密》(Intimité) 的第四號作品。他從灣仔區的「動漫基地」(Comix Home Base) 出發,將這一地區及其週邊的聲音錄了下來。接着,他把這些聲音片斷混合在一些電聲作品中,如微型短片、對話等。觀眾可戴上耳機,漫遊在整個灣仔區,在現實和幻象之間搖擺。


 Pierre Bastien, Paper Orchestra 3

邀請觀眾聆聽聲音的內部世界
錄音製作者皮耶.讓.智盧 (Pierre Jean Giloux) 長年以來和作曲家利奧奈爾.馬爾塞蒂 (Lionel Marchetti) 保持緊密合作。他的作品《看不見的城市》(Invisible Cities) 把焦點集中在日本的東京,以漸進的方式,帶領觀賞者做一個長途旅行,從一個現實城市到達一個嶄新的虛擬城市。
西杜力.馬希德 (Cédric Maridet) 厭倦了城市和亞熱帶的風光,從而轉向一個新天地,那風塵滾滾的大漠。風的特點是本身並無聲息,只是在和其他物體碰撞時才發出聲響。藝術家試圖製作出一些不同的聲音,並透過這裝置,讓觀眾於無聲中去感受體驗。


 Panoramique Polyphonique, Cécile Le Talec, 2013

「音景」創作變成了感知塑性的創作
對聲音的感知經驗是這場展覽的另一個重要主題,聆聽始終是主調。
Cécile le Talec 透過她的作品《Panoramique poliphonix》探索聲音的感知空間。我們首先接觸的是可見的東西,必須先跨過一道門檻,即一張厚重的有聲掛氈,令探測器感應動作,發出一段聲帶,錄有大地的「顫動之歌」及「星星之歌」。觀眾同時經歷聽覺和感覺兩種經驗,不同性質的聲音重疊在同一個空間裡。

皮耶.羅朗.加西雅 (Pierre Laurent Cassière) 喜在作品中玩感知的極限遊戲。他的作品《TACTƱ》玩起無形遊戲,那堵牆的震動全靠觸覺才能感受到。《畸變》(Distorsion à la physicalité) 是一個由垂直懸掛在木柱上的三面鏡子構成的裝置,鋼片的葉子可隨意作各種顫動,分割、模糊、減弱了反光。

貝特朗.勒馬殊 (Bertrand Lamarche) 則在他的作品《無題》(Sans titre) 中探索各種不同物體發出的聲音和顫動:一個擴音機和兩個喇叭,其中一個由一根幾米長的繩子和一個唱機連結起來,唱機上一張易碎的醋酸纖維唱片在旋轉,整個空間彌漫在令人不安的嗡嗡聲中。

皮耶.巴斯迪安 (Pierre Bartien) 和許芳華專注於各種物體固有的聲音,邀我們聆聽感受那日常生活平凡物體發出的聲音。在皮耶.巴斯迪安的《紙樂團》(Paper Orchestra) 作品裡,紙變成了由十二個部份組成的樂隊的主要音素。觀眾同時在聽覺、音樂和詩歌三方面做了一次感官體驗。

而許芳華的《煩惱》(Vexation) 裝置藝術同樣與樂器有關,它是為演奏法國音樂家埃里克.薩蒂(Eric Satie)的作品《煩惱》(Vexations, 1893年) 而構思的。藝術家利用繪畫工具奏出它們固有的聲音。不同的聲調由鉛筆在音板上的色調變化奏出。

蘭尼埃.勒希歌利 (Rainier Lericolais) 是一位造型藝術家兼音樂家。他的作品形式多樣,探討造型藝術和音樂之間的關係。儘管他的作品《報紙》(Journal) 和《抽象》(Abstrakt) 靜默無語,但卻通過錄音向我們談論聲音的物質性,透過再現向我們講述聆聽的經驗。

「我們試圖圍繞兩個領域,讓展品相互對話,有些作品之間的界限並不明確,可互相滲透。確實,聲音藝術性質駁雜,跨學科,這是一個複雜和豐富多彩的天地。在這個展覽裡消遙漫步,觀眾可挑戰自己平素的感知經驗,開拓一個嶄新的認知和感受空間。」

Beyound the sound
New Media Art Exhibition
8/5-8/6/2015
Comix Home Base
7, Mallory Street Wanchai