Le French May - Théâtre 法國五月 - 戲劇

Texte : Théatre de l’Ordinaire et professeur Li Ma* / Photos : Asian People’s Theatre festival Society

 
  On the way to the front
《西線無戰事:一戰華工版》
 
 

L’histoire des travailleurs chinois présents en France durant la Première Guerre mondiale est un épisode méconnu de notre histoire moderne et coloniale. Recrutés par les armées britanniques et françaises, engagés comme main d’œuvre à l’arrière des champs de bataille, ils seront pourtant plus de 130 000 à traverser les mers et les continents pour se retrouver sous le sifflement des bombes et face à l’hostilité de leurs employeurs, qui ne les considèrent que pour leur force de travail.

Regroupés dans des camps de travail, isolés, sous-payés et victimes du regard d’un monde qui les fantasme et les méprise pendant qu’il envoie ses propres citoyens à la boucherie. Ils s’organiseront pourtant afin de survivre et créer des liens. Une partie de ces travailleurs immigrés trouveront cependant la mort, dans les affres du travail, de la guerre ou de la grippe espagnole. A Ruminghem (Pas-de-Calais), un cimetière chinois, l’un des plus importants de la région, fait écho à cette histoire. « A good reputation endures forever ». Cette inscription funéraire présente sur les tombes des travailleurs illustre à elle seule les imaginaires et les attentes des empires coloniaux français et anglais envers ces populations auxquelles on avait pris soin de cacher les réalités d’une Europe en guerre. Elles ne trouveront sur place que peu de soutien et de compréhension de la part de leurs interlocuteurs, et n’apparaîtront trop souvent aux yeux des habitants qu’à travers les chroniques recensant leurs habitudes étranges ou leurs supposés agissements « illégaux ».

Une faible minorité d’entre eux resteront pourtant en France, œuvrant notamment dans les usines Renault de Boulogne-Billancourt et contribuant ainsi à la formation de la diaspora chinoise de France d’aujourd’hui.

Parcourant les traces laissées par ces hommes, notamment dans le nord de la France, le Théâtre de l’Ordinaire, compagnie de théâtre masqué du Nord-Pas de-Calais et l’Asian People’s Theatre Festival Society (créée à Hong Kong en 1994 par Mok Chiu Yu, compagnie qui monte des spectacles et des ateliers afin de promouvoir la culture et le théâtre populaire), veulent revenir sur les conditions de leur exil, sur les lieux de travail et dans les camps, ainsi que sur leurs rapports avec l’armée et les populations locales.
Ces artistes chinois et français ont travaillé ensemble autour de cette mémoire et de ses répercussions pour créer une forme théâtrale originale intégrant les manières de faire et de voir le monde propre à chacun.

L’Asian People’s Theatre Festival Society et le Théâtre de l’Ordinaire qui se sont rencontrés pour la première fois en 2007, lors du Congrès international de IDEA, réseau international de Théâtre-éducation, organisé à Hong Kong, se retrouvent autour de la pratique du masque qui relève en Asie et en Europe d’esthétiques et de codes de jeux différents mais répond souvent aux mêmes questionnements quant à la représentation de l’altérité. Le masque peut ainsi servir de support physique à l’image d’une figure mythique, ou bien marquer symboliquement un groupe, une condition sociale. En s’emparant de cette pratique commune et à partir d’improvisations de plateau, ils écriront collectivement un spectacle joué dans la langue maternelle de chacun. Le jeu des corps, le travail visuel sera donc déterminant : le spectateur français ne comprendra du texte que les parties énoncées par les comédiens français, et inversement pour le public chinois. Ce choix leur permettra de jouer sur l’incompréhension, les difficultés de la communication, mais dans un souci de mettre en avant d’autres formes de langage compréhensibles par tous. La musique jouera notamment un rôle prépondérant en favorisant le rythme, l’écoute, la compréhension entre les comédiens mais aussi avec le public.

Commémorant le 100e anniversaire de la Première Guerre mondiale ce spectacle qui tourne dans le nord de la France en mai, sera en Chine à la fin de juin. Les compagnies ont également été invitées à présenter leur travail en 2016 dans le cadre de festivals internationaux en Corée et en Turquie.

* Professor Li Ma, professeur à l’ Université du Littoral Côte d’Opale, Conference Director of Chinese Workers in the First World War (2010)

 

一戰期間旅居法國的華工血淚史是我們的現代和殖民史裡被忽略的一幕。十三餘萬華人為英法軍方所招募,千里迢迢,橫渡重洋來到西線後方充當勞工,置身於砲彈轟鳴呼嘯的環境裡,還要遭僱主的惡待,他們只將這些華人視為一種勞力。

這些華工集中在一個工地,與外界隔離,工資微薄,還要遭人們的冷眼、鄙視和視為異類。另一方面,我們卻將自己的同胞送上屠場。然而為了生存,這些華工自己組織起來,彼此扶持相助。他們其中一些人因過度勞累、戰爭和西班牙流感而客死他鄉。在加萊海峽省 (Pas-de-Calais) 有一個華人墓地,它是該區最大的墓地之一,令人憶起這段歷史。墓園上方「萬世流芳」的墓碑題詞,傳達出華工刻苦耐勞的高尚品格,這正是英法殖民帝國的統治者們所期盼的。但另一方面,他們卻竭力對這些華工隱瞞了歐洲正處於戰亂的真象。華工們孤立無援,不為人理解,在當地居民眼中,只是一些傳聞中所渲染的行為古怪、從事違法勾當的一群異鄉人。
他們之中一小部份人戰後留了下來,定居法國。許多人在布洛涅.比揚古 (Boulogne-Billancourt) 的雷諾汽車廠工作,促進了今天法國華人社會的形式。

平民劇團是法國北部加萊海峽省的一個面具劇團,而香港亞洲民眾戲劇節協會則是1994年由莫昭如所創建。為促進民間的文化和戲劇,協會進行演出和舉辦工作坊。這兩個劇團沿着華工尤其是在法國北部留下的足跡,重返了他們往昔勞作的工地,重新回顧了他們悲慘的流亡生活以及與軍隊及當地居民的關係。

中法藝術家們圍繞着這段歷史及其影響,糅合了各自的世界觀和處世態度,創作了這齣獨特的形體音樂面具劇。亞洲民眾戲劇節協會和法國平民劇團初次相會於2007年,那年正值於香港舉行 IDEA 的國際大會,這是戲劇教育的國際組織。這次他們再度重逢,對面具藝術的表演實踐作了切磋探討。面具藝術在歐亞的美學語言和表演手法上雖然不盡相同,但在表演相異性方面卻有共同應對的課題。面具可作一個神話或想像人物的面容,或者象徵一個群體,一個社會階層。他們利用面具這個共同的表演藝術,透過舞台上的即興動作以及各自的母語,鋪寫了這齣絕妙的戲劇。身體的動作、視覺形象的營造成了關鍵:法國觀眾只明白法國演員說的台詞,同樣中國觀眾只聽懂中國演員的對白。他們選擇這種合作方式,雖然互不瞭解、溝通困難,但卻令他們更專注於另一種人人皆懂的語言形式。音樂起了主導作用,促進了節奏、聆聽、演員和演員以及和觀眾之間的溝通。

在紀念第一次世界大戰百週年之際,這齣戲將於5月在法國北部地區演出,6月底轉往北京表演。兩個劇團還應邀於2016年前往韓國和土耳其的國際盛會中演出。

On the way to the front
19-20/06/2015 8pm
21/6/2015 3pm
Auditorium,
Ko Shan Theatre New Wing
77, Ko Shan Road,
Hung Hom, Kowloon
Coprésenté par Théâtre
de l’Ordinaire
et Asian People’s Theatre
Festival Society