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Danseur et chorégraphe exeptionnel, Thomas Lebrun créa sa propre compagnie de danse illico en 2000 avant de devenir directeur du Centre national de Tours en 2012. Grand pédagogue, il enseigne aussi au Conservatoire de musique et danse de Paris. S’inspirant de deux grandes formes artistiques du début du 18e siècle, il a présenté au festival d’Avignon 2014, Lied Ballet, une nouvelle chorégraphie contemporaine, dont il il présente lui-même la forme et le contenu :
« Lied Ballet est une pièce d’aujourd’hui qui croise deux formes majeures de l’époque romantique : l’une chorégraphique, l’autre musicale utilisant les textes des lieder comme livret et comme source première de l’écriture chorégraphique, cette création pose ses empreintes sur les courants du passé, flirtant avec la composition narrative ou formelle du ballet, se glissant dans les mélodieuses thématiques chères au romantisme... La mort, l’amour, la nature, l’errance, la solitude, sont autant de points communs entre ces deux formes qui ont toutefois connu un parcours inversé : chants populaires devenus savants ou spectacles adressés à la bourgeoisie se retrouvant aujourd’hui dans les Zéniths tout en étant boudés par les arts “innovants”, le lied et le ballet questionnent par leurs évolutions distinctes la place du social et de la tolérance dans le milieu culturel. Avec et à travers eux, je souhaite interroger “l’espace libre” possible pour la création contemporaine, convoquant ici les notions de patrimoine et de transmission, dans un climat artistique fragile où le spectacle vivant se voit souvent taché d'éclaboussures commerciales ou d’inaccessibilité volontaire.
« Un premier acte, axé sur la force du geste simple, guidé par les vers et les rêves, rythmé par les photos post-mortem de l’époque victorienne, croise enfants disparus ou douce jeune fille pâle, bourgeoise esseulée au bord de la folie, poète maudit se courbant sous le poids du monde... Porté par les cordes insistantes de Chukrum, une pièce pour orchestre à cordes de Giacinto Scelsi, cet acte enracine une pantomime picturale et épurée, bousculée par le bouillonnement intérieur de l’interprète.
« Un deuxième acte, sur des lieder de Berg, Mahler et Schönberg chantés par le ténor Benjamin Alunni accompagné par le pianiste Thomas Besnard, offre aux huit danseurs des partitions chorégraphiques précises et enlevées traçant les espaces, qui donnent échos aux variations, pas de deux ou de trois... que l’on connaît dans le ballet. Avec un rapport à la musique minutieux, cet acte questionne également l’idée d’une virtuosité d’aujourd’hui, qui n’est peut-être pas celle que l’on attend. La place est alors donnée aux qualités et aux singularités des danseurs, à l’interprète, ce qui est pour moi primordial... mais également à la poésie, au lyrisme et au plaisir de la danse. Un acte de résistance enchanté ?
« Un troisième acte chorus, écrit sur une composition musicale de David François Moreau, dilue et recentre la question sociale, accélère le rythme, piège l’individu dans une boucle infinie, sur les pas des anciens, des inconnus, des disparus, des effacés... Il est toutefois porté par les nôtres, au moment même de l’action, dans une écriture sans échappatoire. Quand la même danse surgit différemment dans le même corps ou dans d’autres corps. Un acte de résistance et de références assumées. La danse d’aujourd’hui n’est pas née de la dernière pluie. Celle de demain le sait déjà. » |
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才華橫溢的舞蹈家兼編舞家湯馬.利布恆 (Thomas Lebrun) 2000年創辦他的舞蹈團 illico,之後於2012年成為杜爾國立舞蹈中心的總監。他亦醉心教育,同時在巴黎音樂及舞蹈學院任教。受到十八世紀的兩種重要藝術表現手法所影響,他為2014年的阿維儂藝術節創作了《藝歌芭蕾》(Lied Ballet),那是一種全新的現代舞蹈形式,結合藝術歌曲及芭蕾這兩項浪漫時期 (十九世紀上半葉) 的重要藝術形式。在《藝歌芭蕾》中,藝術歌曲既是舞蹈配樂,更是舞蹈編排的主要靈感來源。與傳統芭蕾舞劇一樣,《藝歌芭蕾》分為三幕,但這齣別開生面的舞蹈演出將從抽象 (第一幕) 走到現代 (第三幕),同時保留傳統芭蕾的色彩:在第二幕中,一位男高音會聯同一位鋼琴手,現場唱響伯克、馬勒或荀白克的藝術歌曲名作,八位芭蕾舞者將隨藝歌翩翩起舞。
Thomas Lebrun
National Choregraphic Centre of Tours
Lied Ballet
19-20/6/2015 8:00pm
Y-Theatre, Youth Square, Chai Wan, Hong Kong
1-2/5/2015 8:00pm
Macao Cultural Centre Grand Auditorium
French May |
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