Le French May - Graffitis 法國五月 - 塗鴉藝術

Texte: Gérard Henry

 
  « Wipe out » : Le retour de Invader
侵略者再次行動:「殲滅」

 
 

Invader, le célèbre artiste français dont les mosaïques graffitis avaient été effacés au grand scandale de ses fans par le service de la voirie (Highways Department) de Hong Kong est de retour, mais cette fois de manière plus officielle, puisqu’il exposera dans le cadre du French May 2015.

Invader est l’un de ces célèbres artistes de rue et de graffitis qui œuvrent souvent dans le plus grand secret et à la faveur de la nuit, laissant leurs traces sur les murs de nos cités. Beaucoup de ces artistes dissimulent leur réelle identité et leur visage afin de pouvoir continuer à faire leurs œuvres, désirant que seule leur signature d’artiste soit reconnue. Pour le public et leurs fans, traquer leurs œuvres dans la cité et tenter de les identifier devient un jeu, une sorte de chasse au trésor, un véritable plaisir d’autant plus que ces œuvres sont souvent placées dans les endroits les plus inattendus. Il en est de même parfois pour la police locale, mais cette fois pour d’autres raisons évidentes, car ces actes ont une valeur de provocation et de défi à l’ordre bien établi de la société.


 Kung Fu Fighting on Temple Street

L’un des plus célèbres de ces artistes est Bansky qui commença sa carrière de graffitis au début des années 70 autour de Bristol et Londres et qui travaille principalement au pochoir créant des images très fortes souvent critiques et satiriques dénonçant la guerre, la corruption, le capitalisme ou autres féaux. Il utilise aussi parfois des images classiques qu’ils détournent et rend subversives telles que les nénuphars de Monet représentés flottant au milieu de débris et de déchets.

Il fut d’ailleurs l’objet d’un documentaire en 2010 Exit Through the Gift Shop qui examine la relation entre l’art de rue et l’art commercial, un problème qui à un moment se pose à tous les artistes de rue lorsqu’ils atteignent une certaine notoriété.

Les Hongkongais ont d’ailleurs eu l’occasion de recevoir un autre de ces artistes de rue lorsqu’en 2006 le Hong Kong Arts Centre présentait avec le French May une rétrospective du cinéma de Chris Marker dans lequel figurait son film Chats perchés (The Case of the Grinning Cat). Ce film documente l’histoire d’un petit chat jaune au large sourire qui apparut à la fin des années 90 haut perché sur les murs, au bord des toits de la petite ville d’Orléans en France, ce petit chat mystérieux gagna ensuite les villes avoisinantes, puis Paris, Londres, Genève et New York où on le remarque dans une manifestation. On le voit même sur les tramways de Sarajevo. Pendant longtemps, on ne connut pas l’identité de son créateur qui signe seulement « M. Chat », mais un jour l’auteur se fit prendre par la police à Orléans et dut dévoiler son identité. Il s’agissait de Thoma Vuille, jeune artiste franco-suisse qui trouvait que « Orléans était une ville grise qui avait besoin de soleil et qu’il fallait y mettre un peu d’humain et d’amour » d’où l’idée de ce petit chat souriant. Une fois démasqué et devenu célèbre, il décida d’exploiter le concept du chat et de travailler avec des institutions. On peut d’ailleurs voir à l’entrée du cinéma agnès b. au Hong Kong Arts Centre une de ses fresques murales avec le portrait du chat qu’il fit lors de sa venue en 2006.

Invader mène trois « invasions » à Hong Kong
Invader a commencé ce qu’il appelle ses invasions à la fin des années 90. Au départ insertions solitaires dont certaines très médiatiques au musée du Louvres, au centre Pompidou et même sur la veste du président Jacques Chirac, celles-ci ont pris de l’ampleur avec ses « invasions » dans les interstices de l’espace urbain dans plus de 60 villes du monde entier en l’espace d’une vingtaine d’années, incognito, car il ne souhaite pas être démasqué. Invader utilise un média de travail très particulier :
les carreaux de mosaïque recouverts d’images pixélisées qu’il cimente sur les murs souvent dans des endroits difficiles d’accès. Il s’est d’abord inspiré de jeux vidéo des années 70-80 comme Space Invaders dont il tire d’ailleurs son nom, et qu’il transfère de la vidéo dans la réalité.

En janvier 2014, 13 ans après sa première frappe dans la cité, l’artiste lança la troisième vague de ses invasions à Hong Kong. Mais tout n’alla pas comme prévu, car comme le fut son prédécesseur hongkongais, sans doute l’ancêtre de tous les taggers de rue, le célèbre King of Kowloon qui pendant près de 50 ans étala sa calligraphie sur les murs de la cité, les œuvres de Invader furent soigneusement et méticuleusement effacées ou arrachées des murs de Hong Kong par les services de voierie du « Higway Department » au grand dam de ses fans. Le 25 février 2015, Invader protesta dans un communiqué en anglais dont voici un extrait traduit:
« Je suis venu à Hong Kong en janvier dernier pour une nouvelle “vague d’invasions” dans cette cité vibrante. J’ai créé et installé 48 nouvelles œuvres, un très bon score. Cette invasion suivait deux premières visites : 2001 avec 19 pièces et 2006 avec 6 œuvres, mais il y a quelques jours, on m’a averti que les ouvriers de la voierie retiraient certaines de mes œuvres exposées dans les rues.

Je suis évidemment très affecté par ces mesures, je savais que le gouvernement de Hong Kong était très strict avec des œuvres affichées dans les rues et qu’il avait supprimé la quasi-totalité des œuvres de Tsang Tsou Choi, the King of Kowloon. Néanmoins je pensais que ces politiques faisaient partie du passé alors que la ville aspire à devenir le centre culturel de l’Asie, que les galeries d’art internationales se rencontrent au coin des rues, qu’Art Basel se tient au Convention Centre et que le passionnant musée M+ est en cours de construction.

Je considère mes œuvres affichées dans la rue comme un cadeau à la ville et à ses habitants, c’est une façon pour moi d’améliorer la vie quotidienne des habitants. Ils peuvent consulter les murs et être touchés par mon acupuncture urbaine... J’aime Hong Kong. Ces habitants m’ont bien accueilli et ce fût un réel plaisir de passer plusieurs semaines à redécouvrir la ville, son patrimoine, son futurisme et son dynamisme... »

90% des œuvres ont été détruites, elles avaient été créées cette fois en lien avec la culture locale et apportaient un regard amusant et poétique sur Hong Kong. L’ironie du sort est qu’une réplique de son œuvre Hong Kong Phooey, Alias HK 58, détruite par les sévices de la voierie a été vendue fin janvier aux enchères d’art contemporain de Sotheby pour la somme de 1,96 millions de dollars HK.

L’exposition dans le French May restaure donc l’univers créatif d’Invader, avec des œuvres de la dernière invasion, des vidéos jamais montrées et des nouvelles sculptures monumentales. Ne comptez pas y rencontrer Invader, peut-être y sera-t-il, mais soigneusement masqué.

 

 


 Invader and King of Kowloon

法國著名塗鴉藝術家侵略者 (Invader) 因其馬賽克塗鴉作品被香港路政署擦去而引起擁躉們的極度不滿,現今獲正式邀請重臨香港,在法國五月藝術節其間展出作品。

侵略者是其中一位著名的街頭及塗鴉藝術家,這類藝術家通常都是利用夜色作掩護,偷偷地在我們城市的牆壁上留下他們的印記。他們大部份都會隱藏自己的真實身份和真面目,只希望自己的藝名為人所認識,以方便繼續創作。而對公眾及他們的擁躉來說,在市內搜尋和嘗試辨別他們的作品已成為一種遊戲,就像尋寶一樣有着無比的樂趣,因為這些作品往往出現在一些令人意想不到的地方。有時在搜尋他們的甚至是地方的警察,這當然是為了別的理由,因為這些藝術家的行為是帶有挑釁性,是要挑戰社會既定秩序。Bansky 是其中一位最著名的塗鴉藝術家,上世紀七十年代他開始在英國布里斯托和倫敦週圍塗鴉,他主要採用模板印圖的方法創作一些令人印象深刻,多數是諷刺戰爭、腐敗、資本主義或其的王室支持者的圖像。他有時亦會將一些經典的圖像改變,使它們變得具顛覆性,例如莫奈那些具代表性的睡蓮在廢墟和廢物之間漂浮。

2010年,一套探討街頭藝術與商業藝術之間的關係的紀錄片《Exit Through the Gift Shop》更是以他作主題,這是所有街頭藝術家,當他們達到一定程度上的知名度是都有機會面對的問題。

而2006年,當香港藝術中心與法國五月藝術節合辦基斯.馬爾卡 (Chris Marker) 電影回顧時,香港的公眾有機會接待了另外一位街頭藝術家。這電影回顧中包括了克里斯馬克的電影《巴黎牆上的貓》(Chats perchés)。影片紀錄了九十年代未在法國小鎮奧爾良的各處牆壁,屋簷上出現的貓樣塗鴉,一隻裂齒而笑的黃色小貓的故事。這神秘的小貓很快便出現在鄰近城市,繼而是巴黎、倫敦、日內瓦及紐約的一次遊行中。

我們甚至在薩拉熱窩的電車中看到它的蹤影。有很長的一段時間,人們都不知道這貓的作者,這位署名「貓先生」的真正身份,直至有一日,作者在奧爾良被警察抓住才不得不揭露身份。他就是 Thoma Vuille,這位法國 – 瑞士籍青年藝術家認為「奧爾良是一座灰暗的城市,需要一點陽光,他必須在當中加入一些人氣和愛心」,因而便有了這笑咪咪的小貓的想法。因身份被揭露而聲名大增後,他決定將這貓的概念充份發揮,並與一些機構合作。因此,當他2006年來港時,我們在香港藝術中心 agnès b. 影院的入口看到他的其中的一幅貓樣塗鴉。

侵略者三度侵略香港
侵略者於九十年代末期開始他的所謂「侵略」行動。開始的時候都是一些單獨低調的塗鴉,但部份在羅浮宮、龐比度中心的卻是十分高調,甚至出現在法國總統希拉克的外套上。而二十年來,他隱姓埋名地(因他不想身份曝光) 將他的塗鴉散佈全世界,有超過六十個城市的都市空間的縫隙中遭到他的「入侵」,而這些入侵也愈來愈具規模。侵略者使用一種非常特殊的創作媒介:他將經過像素化的馬賽克瓷磚用水泥鑲嵌到牆壁上一些難以觸及的地方。他最初是受到七十到八十年代極受歡迎的電子遊戲《Space Invader》(太空侵略者)的啟發 (他的藝名亦是源於此),並將電子遊戲放入現實生活中。

2014年1月,繼十三年前的第一擊後,這位藝術家第三度侵略香港。但這次的行動卻未如理想,他的作品正如所有街頭塗鴉者的祖宗,香港著名的九龍皇帝曾灶財差不多五十年來散佈港九新界牆壁上的書法一樣,被路政署清除得一乾二淨,這讓他的擁躉十分懊惱。2015年2月25日,侵略者用英文發表了一份抗議文章,以下是部份節譯:
「本人去年一月來港,再一次『入侵』這充滿活力的城市。繼2001年的19幅作品及2006年的六幅作品,這次我創作了48幅新作,實在是非常好的成績。但幾日前,有人通知我香港路政署清除了部份我在街上展示的作品。我對此感到非常的震驚,我明白香港政府對於在街頭展示作品的管制非常嚴格,而且已幾乎塗抹去九龍皇帝曾灶財的所有作品。然而,我以為這些都是過去的政策,因為香港希望成為亞洲的文化中心,而且國際藝廊滿街林立,巴塞爾藝術展又在香港會議展覽中心舉辦,以及引人入勝的 M+ 藝術館也正在興建中。

我認為在街頭展示我的作品是我送給一個城市及其居民的禮物,對我來說是用來改善居民日常生活的方法。他們可以仔細觀看那些牆壁,讓我給他們的都市生活注入興奮的一針。我愛香港。香港的居民亦很歡迎我,我很高興有幾個星期的時間重新認識這座城市,重新發掘它過去的歷史,未來的動向和活力……」

這批作品中的百份之九十已遭摧毀,它們都是與本地文化息息相關,為大家提供有趣和詩意的香港景觀。諷刺的是,他的作品《別名:香港第五十八號》被路政署移除,其複製品在拍賣行卻以一百九十六萬港元高價成交。

法國五月藝術節的展覽將透過近日「侵略」香港的作品,一些從未曝光的影片以及一些全新的大型雕塑來還原侵略者的創作宇宙。大家不要指望能在現場見到侵略者本人,他或許會出席,但必定會很小心隱藏身份的。

Wipe out
Famous street artist Invader
1-17/05/2015
Qube, 2/F PMQ, Central