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Arles, en bordure de la Camargue est une petite ville enfermée dans ses murs, dont personne ne pourrait résister au charme de ses petites ruelles, de ses monastères, de son amphithéâtre et de son théâtre antique romain. Son passé avait d’ailleurs resurgi il y une dizaine d’années avec la découverte dans le Rhône d’un splendide buste grandeur nature en marbre de Jules César, le seul réalisé de son vivant. C’est aussi Arles qui abrita Gauguin et Van Gogh avant qu'ils ne deviennent frères ennemis.
Mais c’est en juillet qu’a lieu chaque année depuis 45 ans ses Rencontres de la photographie créées par le grand photographe Lucien Clergue disparu en novembre dernier, rencontres qui attirent durant tout le mois photographes, artistes et visiteurs de tous horizons. Pendant la semaine d’ouverture du 6 au 12 juillet, la ville vibre de vernissages, de débats, de fêtes autour de la photo qui en font la capitale mondiale de la photographie. Les expositions durent jusqu’au 20 septembre. Elles ont lieu dans le centre ancien dans douze bâtiments du patrimoine (musées, églises, cloitres) qui leur prêtent leur âme, mais aussi dans d’immenses anciens ateliers industriels autour de sa périphérie.
• © Marcus Brunetti |
Elles connaitront un grand changement cette année car elles auront un nouveau président, Hubert Védine, l’ancien ministre des affaires étrangères, et François Hébel qui a assuré leur succès pendant 12 ans ayant rendu son tablier, un nouveau directeur, Sam Stourtdzé qui le remplace et qui définit les grandes lignes de sa politique :
« Cette année, la photographie fera des incursions dans le monde de la musique, du cinéma, de l’architecture, réaffirmant avec malice qu’elle se trouve bien souvent là où on ne l’attend pas ! Incubateur culturel, le festival, entre événements et expositions, combine temps court et temps long. Il est une radiographie annuelle de la création photographique doublée d’un esprit festif. Chaque année, il révèle les tendances, ouvre des voies, décrypte les images, produit du sens, fabrique du contenu. Centre d’expérimentations et de recherches transversales, le festival s’interroge avec les artistes sur l’état du monde. » Le festival est organisé selon de grands axes :
Histoire de la photographie revisitée
Histoire de la photographie est une section autour de deux grands photographes américains. Walker Evans (1903-1975) reste l’un des photographes les plus importants et les plus influents de l’histoire de la photographie. Sa carrière couvre une période qui va de l’émergence dans les années 1920 de ce media de masse jusqu’à la reconnaissance de la photographie comme forme artistique à part entière dans les années 1960 et 1970.
Cette exposition innovante porte un regard nouveau sur l’œuvre d’Evans en mettant l’accent sur son travail imprimé, en particulier celui réalisé pour des magazines américains. Evans commença à publier en 1929 et fut très vite en mesure de choisir ses sujets, de définir les textes accompagnant ses photographies ainsi que la mise en page de ces dernières. Il travailla en couleur et en noir et blanc. Pendant presque quatre décennies, il utilisa les magazines populaires pour produire un commentaire critique sur la société américaine et ses valeurs. Là où les médias de masse vantaient la culture de la célébrité, Evans photographiait des citoyens anonymes. Là où les médias de masse célébraient le consumérisme, Evans valorisait les objets durables et la persistance du passé dans le présent.
Né en 1947 à New York, Stephen Shore est l’un des photographes les plus emblématiques et influents de ces trente dernières années. Son œuvre est indispensable pour appréhender la jeune scène de la photographie et certaines des pratiques dominant la photographie actuelle. Cette rétrospective est à ce jour la plus importante consacrée à Shore. Réévaluant des séries telles que Uncommon Places ou American Surfaces à la lumière d’œuvres moins connues, voire inédites, du photographe, l’exposition montre également comment son travail incarne à lui seul les relations complexes qu’entretiennent le monde de l’art et la photographie depuis 1965.
Résonnances, la photographie en dialogue avec l’architecture, la musique et le cinéma
C’est le gros morceau du festival avec 9 expositions. En architecture Robert Venturi (né à Philadelphie en 1921) et Denise Scott Brown (née en Zambie en1935) qui ont ouvert leurs archives sur leur projet Las Vegas studio, considèrent la photographie comme un précieux outil d’argumentation et de figuration. Toon Michiels, né aux Pays-Bas en 1950, présente American Neons by Night and Day, néons qu’il a photographiés de façon frontale dans les années 1970 de sa voiture de location sur les autoroutes américaines. La plus étonnante exposition est celle des façades du bavarois Markus Brunetti qui en 2005 entame un long voyage à travers l’Europe qui aura duré dix ans. Son engouement pour les façades d’édifices sacrés n’a cessé de croître tout au long de ce périple. Au cours de son voyage, il développe sa propre méthode de prise de vue et de reproduction d’images, qui dépasse largement l’idée que nous nous faisons de la photographie. Il suit une stratégie visuelle complexe basée sur la perspective centrale et initiée par une intense période de recherches autour des édifices et de leurs façades. Les façades de Markus Brunetti provoquent l’enthousiasme ou au contraire un sentiment de mise à distance. Imprimées sur du papier grand format, elles mettent le spectateur au défi, l’invitant à prendre le temps de les observer attentivement et non à succomber à l’habitude de la consommation rapide.
En musique, une histoire de la photographie et de la musique underground (L P Company) au travers d’une exposition de milliers de pochettes de disques (Total Record) qui montrent l’influence de la photographie sur ce nouveau média et une rencontre entre Martin Parr et Matthieu Chédid (MMM).
Enfin en cinéma, le cinéaste Abbas Kiarostami expose sa série Regardez-moi (voir photo de couverture), les photos de ses nombreuses visites au musée et l’américain Sandro Miller. Malkovitch, Malkovitch, Malkovitch, un hommage aux maîtres de la photographie.
Mais les rencontres ne s’arrêtent pas là, il y a aussi dans Je vous appelle d’un pays lointain, un coup d’œil sur le monde avec une expo de huit photographes japonais et un rare reportage du polonais Martin Gusinde (1886-1967) L’Esprit des hommes de la Terre de feu réalisé en Terre de feu entre 1918 et 1924.
Il faut encore ajouter un nouveau regard sur la photographie documentaire, la série émergences sur les nouveaux photographes qui attribue un prix découverte, les expositions des collectionneurs, les rencontres autour du livre de photo et des centaines d’événements satellites de jour comme de nuit, Arles est un grand festival dans une petite ville bi-millénaire fondée en 46 ans avant Jésus Christ , on ne s’y s’ennuie pas !
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• © Sandro Miller
位於卡馬爾格邊陲的亞爾勒是一座被城牆包圍着的小城,所有到過亞爾勒旅遊的人都會愛上它的小街道、修道院、古羅馬圓形劇場和古劇院等。十多年前,在羅納河中發現了一座真人大小的凱撒大帝的半身石像,這發現使人再次喚起了亞爾勒曾經受羅馬管治的歷史。而高更和凡高這兩位藝術家還未反目成仇之前也是住在亞爾勒的。
自四十五年前由攝影大師 Lucien Clergue (去年11月辭世) 創辦至今,國際攝影節每年7月在亞爾勒舉辦,吸引了來自世界各地的攝影家、藝術家及觀光人士。由7月6日至12日攝影節開放期間,市內熱鬧非常,一切與攝影有關的活動如開幕禮、研討會及慶祝活動等相繼舉行,讓亞爾勒成為攝影界的世界首府。展覽的展出日期一直延至9月20日,而場地則遍佈於舊城區內的十二座具歷史價值的建築物 (博物館、教堂、修道院),以及設於城市外圍的一個舊大型工業區的工場內。
今年的攝影節出現了重大的轉變,原因是新任主席Hubert Védine上場,他是前外交大臣,而出色地帶領攝影節走過十二個年頭的總監 François Hébel 也退了下來,由 Sam Stourtdzé 接任,他還製訂出一套新的政策:「今年,攝影將介入音樂、電影、建築等領域,而且它往往會在你意想不到的地方出現!攝影節的活動和展覽的時間有長有短,是孕育文化的好地方。在節日的氛圍下將每年的攝影創作全面地公諸於世。每年,攝影節都會揭示新的趨勢、開闢新的方向、破解圖像的秘密、帶來新的意義、創造內涵。攝影節是跨學科的實驗和研究中心,與藝術家一同思考世界的狀態。」藝術節分為幾個重要的環節:
重溯攝影歷史
攝影歷史這環節介紹兩位偉大的美國攝影家。Walker Evans (1903-1975) 至今仍然是攝影史上最重要及最具影響力的其中一位攝影家。他的攝影生涯由1920年代攝影這從大眾媒體的誕生一直到1960年至1970年代攝影被接受為一種真正的藝術形式。
這創新的展覽將重點放於 Evans 的印刷作品,尤其是他為一些美國雜誌所攝製的,讓觀眾重新審視他的作品。Evans 1929年開始出版他的作品,而且很快便取得選擇拍攝對像、照片的說明文章以及如何排版的決定權。他從事彩色和黑白創作。有接近四十年的時間他透過流行雜誌的專欄來批判美國社會及其價值觀。當媒體或大眾傳媒大力吹捧名人文化,Evans 拍攝一些不知名的人士。當大眾傳媒鼓吹消費主義,Evans 卻看重耐用和能從過去持續到現在的事物。
1947年在紐約出生,Stephen Shore 是過去三十年來最具代表性和影響力的攝影家之一。他的作品是了解攝影初期和現今攝影藝壇中一些主流手法的必備之選。這是迄今為止,為 Shore 舉辦最具規模的回顧展。根據這位攝影家的一些較少人認識,或甚至未發表過的作品來重新評估他那些著名的作品系列如《Uncommon Places》或 《American Surfaces》,是次展覽同時讓觀眾看到自1965起,Shore 是如何以自己獨特的方法體現藝術世界和攝影之間的複雜關係。
共鳴,攝影與建築、音樂與和電影的交流
這部份包括九個展覽,是攝影節的最重要環節。建築方面有 Robert Venturi (1921年費城出生) 及 Denise Scott Brown (1935年贊比亞出生),展覽公開了他們建造拉斯維加斯工作室的資料檔案,他們認為攝影是論證和圖像化的最佳工具。Toon Michiels 1950年在荷蘭出生,他的展覽「American Neons by Night and Day」展出他於1970年代駕駛着一輛出租汽車在美國公路上以正面拍攝的霓虹燈飾。而最使人意想不到的展覽是巴伐利亞攝影家 Markus Brunetti 拍攝的那些正面外牆,他2005年開始了歷時十年的跨越歐洲之旅。這漫長的旅程增加了他對拍攝建築物正面外牆的興趣。在旅途當中,他研發了一套與別不同的拍攝和複製影像的手法,這概念遠遠超出了我們對攝影所認知的傳統概念。他先對建築物的週圍和外牆作深入的研究,再依據一種以中央角度為基礎,複雜的視覺策略取景。Markus Brunetti 的正面外牆一方面能勾起人們的興趣,或相反地予人一種疏離的感覺。這些巨幅的照片邀請觀眾花時間細細欣賞,而不是慣性地如囫圇吞棗般匆匆一覽。
音樂方面,透過展出數以千計的唱片專輯的封套 (L P公司) 來講述攝影和地下音樂的故事。這些封套顯示了攝影對這種新媒體的影響,以及 Martin Parr 和 Matthieu Chédid (MMM) 之間的交流。
最後是電影方面,電影人 Abbas Kiarostami 展出他的《Regardez-moi》(參看本期封面)系列,他多次參觀博物館的照片,以及美國攝影家 Sandro Miller 特別向所有攝影大師致敬的展覽:Malkovitch, Malkovitch, Malkovitch。
但攝影節的活動並不止於此,在一個題為「我在遙遠的國度向你呼喚」(Je vous appelle d’un pays lointain) 的展覽中,八位日籍攝影家讓大家一覽這個世界;還有波蘭籍攝影家 Martin Gusinde (1886-1967) 於1918年至1924年間在火地島實地製作的珍貴報導《L’Esprit des hommes de la Terre de feu》。
必須一提的還有紀錄攝影的新觀點;介紹攝影新秀的新晉系列,當中會頒發一個新秀大獎;收藏家的展覽;攝影著作的研討會以及散佈市內數百個不分晝夜舉行的活動,亞爾勒國際攝影節在這有着兩千年歷史,建於公元前46年的小城市中舉辦,絕對是值得一遊的。 |
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