Exposition Centre Pompidou 龐比度中心展覽

Texte: Gérard Henry
Sources : Trajectoire de Wifredo Lam . Chronologie établie par Anne Egger, Editions Seven Doc/ Biographie par Jean-Louis Paudrat, el monte y el mundo de Catherine David. Catalogue publié par le Centre Pompidou
Photos : ©Centre Pompidou

 
  Wifredo Lam, acteur essentiel de l’art moderne
林飛龍 – 現代藝術的重要角色
 
 

Au moment où à Paris, le Centre Pompidou présente une grande rétrospective du peintre Wifredo Lam, le sud de la Chine est peut-être l’endroit idéal pour parler de cet artiste cubain puisque c’est de cette région que viennent ses ancêtres, notamment son père, un Chinois lettré nommé Enrique Lam-Yam qui émigra de la région de Canton à Cuba où il devint écrivain public pour ses compatriotes vivant à Cuba et qui soutiendra le parti réformateur de Sun Yat Sen. Wifredo Lam aura dès le berceau un riche héritage culturel car sa mère, Ana Seraphina Castilla, née en 1862, était, elle, une mulâtresse descendant de Noirs déportés et d’Espagnols.

C’est au milieu des champs de canne à sucre de Cuba que naîtra, à Sagua la Grande, le 8 décembre 1902, Wifredo Lam. Il vivra une enfance heureuse à la croisée de trois civilisations, la religion catholique, le culte des ancêtres du côté paternel et les traditions africaines du côté maternel, éléments qui transparaîtront plus tard dans ses œuvres.


 Fata Morgana, 1941
Livre imprimé (illustration page 9). Colorié à la main
par Wifredo Lam, signé par André Breton et Wifredo Lam
Épreuve des Éditions du Sagittaire, Marseille, 1941
26 pages, 28 × 22,5 cm
Photo : Suzanne Nagy
Chancellerie des Universités de Paris
Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris

Très jeune, doué d’une imagination foisonnante et d’un vrai don pour le dessin, il esquisse, dès l’âge de 10 ans, paysage et portraits. Son père, qui le dénomme Lucero « étoile ou porteur de lumière », ne décourage pas son talent et à 16 ans, il rentre dans une école d’art à la Havane où il pourra aussi s’adonner à son autre passion, qui l’accompagnera toute sa vie, la musique. En 1923, il expose ses premières toiles à la Havane et obtient une bourse de 40 dollars par mois pour continuer ses études en Espagne. Ce sera le début d’un long chemin.

L’Espagne, terre de l’engagement
Les premières années en Espagne seront celles de la formation. Le directeur du musée du Prado oriente Wifredo vers l’académie Fernando qu’il trouve cependant trop conformiste, aussi étudie-t-il de lui-même les grands maîtres du Prado comme le Greco, Velasquez, Goya, et se tourne-t-il vers une formation plus ouverte. Quand il perd sa bourse en raison de changements politiques à Cuba, il est alors plongé dans une situation financière très difficile et cherche de l‘aide auprès de ses amis. En 1926, son père meurt à l’âge de 106 ans, Wifredo qui s’immerge de plus en plus dans la vie espagnole, s’installe en communauté avec des amis et fréquente l’hôtel Iberia et la librairie Escobar où artistes et intellectuels se rencontrent. En 1927, l’amour survient pour la première fois avec la rencontre à Madrid d’une très belle femme, « une beauté grave aux yeux mélancoliques », Sebastiana Piriz, dite Eva. C’est aussi à ce moment qu’il entend parler du surréalisme, et qu’il découvre en 1929 dans une exposition des peintres espagnols de Paris, les œuvres de Picasso qui le marquent beaucoup. Durant cette période, sa peinture évolue, il abandonne les formes traditionnelles et se rapproche des avant-gardes, de Gauguin aux expressionnistes allemands mais surtout de Gris, Miro, Picasso et Matisse. Il se marie la même année avec Eva et ils célèbrent dans la joie la naissance d’un fils, Wilfredo Victor. Un bonheur très court puisqu’en en 1931, mère et fils atteints de tuberculose, décèdent. Ce drame le plonge dans le désespoir.

Les années qui suivent vont être celles de la réflexion et de l’engagement, une prise de conscience de la naissance du fascisme en Europe, de la révolte avortée à Cuba, du retour de la droite réactionnaire en Espagne, de la propagande raciste. Wifredo s’engage alors à gauche. Pris de doutes qui l’empêchent de peindre, il se plonge dans la lecture des classiques de la littérature espagnole et de la poésie contemporaine (Lorca), des théoriciens révolutionnaires russes et allemands, de la Montagne de l’âme de Thomas Mann et dévore la littérature russe. A Madrid, il retrouve ses amis au lancement du premier numéro de la revue de poésie de Pablo Neruda. En 1936, ils fêtent tous la victoire du Front populaire et entrent directement dans la lutte quand débute la guerre civile en juillet.Lam réalise des affiches à la gloire des Républicains et travaille dans une usine d’armement, mais intoxiqué par les produits chimiques, il est envoyé dans un sanatorium au nord de Barcelone. Au début de 1938, rétabli, il rencontre Helena Holzer, une jeune allemande, docteur en chimie, qui prendra une grande place dans sa vie et après la grande offensive de Franco le 15 avril, décide de quitter l’Espagne et prend à Cerbère un train rapide pour Paris.

La rencontre avec Picasso et l’avant-garde européenne
A Paris, il retrouve Pablo Neruda, visite le Louvre et rencontre enfin Picasso qui l’accueille à bras ouverts. Il découvre aussi au musée de l’Homme, avec Michel Leiris, l’art africain. Picasso le présente à Matisse, Léger, Braque, Miro, Eluard et Tzara. En septembre, il rencontre André Breton avec qui il aura de riches entretiens. Widfredo va alors peindre beaucoup à cette époque, Picasso le présente au galeriste Pierre Loeb qui va le représenter.
Lors de l’invasion allemande, il rejoint Marseille avec tous les artistes à la villa Air Bel, retrouve Helena Holzer, libérée du camp des Pyrénées où elle avait été enfermée en tant qu’allemande et illustre le long poème Fata Morgana de Breton. Ses dessins au trait empruntent aux mondes humain, animal et végétal, des éléments divers recomposés en figures hybrides.
Le 21 mars 1941, pour fuir le régime de Vichy et le nazisme, il embarque avec 350 autres intellectuels dont André Breton et Claude Levis-Straus pour la Martinique où il redécouvre la nature et la luxuriance. Il y rencontre avec enthousiasme le jeune poète martiniquais Aimé Césaire qui lutte contre l’injustice et le despotisme colonial et qui deviendra un grand ami dont il illustrera les œuvres. « Là, dira Césaire, il s’est révélé à lui-même, le regard tropical a remplacé le regard espagnol. Ça a été un choc profond. Sa peinture a changé. »

« La jungle, poème barbare, sauvage »
Mais n’obtenant pas de visa pour transiter vers le Mexique avec Breton, il doit rentrer à Cuba. Au départ, la réadaptation est difficile, il retrouve sa famille et s’installe avec Helena dans une vaste maison entourée d’un grand jardin, remplit sa bibliothèque de recueils poétiques indispensables à son inspiration et de musique. C’est aussi un retour aux croyances de son enfance, à la culture afro-cubaine. Sa peinture prend alors un tournant décisif marqué par un tableau qui va fasciner tous ses amis, La Jungle, un « rêve d’Eden » pour André Breton, un « délire végétal » pour Michel Leiris, un « poème barbare, superbe » selon Max Paul Fouchet. La Jungle est achetée par le MoMa de New York et accrochée aux côtés des Demoiselles d’Avignon de Picasso, c’est la consécration.

Les années suivantes sont mouvementées et faites d’allers-retours entre New York, Cuba et la France selon les aléas de la politique, de ses expositions, voyages et rencontres. Il divorce d’Helena et recrée une famille avec la jeune artiste suédoise Lou Laurin qu’il épouse en novembre 1960. Il saluera l’arrivée de Fidel Castro à Cuba mais choisira de rester en Europe, à Paris et à Albissola près de Gênes ou il installera son atelier et croisera les artistes de CoBrA avec lesquels il a beaucoup d’affinités. Il fera de la sculpture et de la céramique et beaucoup de gravure sur des textes de ses amis poètes comme Alain Jouffroy ou René Char. Des années 60 jusqu’à sa mort en 1982, Wifredo Lam restera basé à Paris et à Albissola et ne cessera jamais de travailler. Selon Catherine David, commissaire de l’exposition au Centre Pompidou, « l’œuvre de Wifredo Lam occupe aujourd’hui une place singulière et paradoxale dans l’art du XXe siècle et son histoire, exemplaire des circulations plurielles des formes et des idées dans le contexte des avant-gardes, échanges et mouvements culturels inter et transnationaux qui ont constitué le “modernism at large” (modernisme élargi) bien avant que la question de la globalisation ne soit posée dans les années 1990. »

 


 La Jungla, 1943
Huile sur papier marouflé sur toile - 239,4 × 229,9 cm
The Museum of Modern Art, New York, 2015.
Digital Image, The Museum

目前,巴黎龐比度博物館正舉行畫家林飛龍的一場大型的回顧展。中國南方似乎是談論這名古巴藝術家的理想地方。原因是他的先人來自這個地區,尤其是他身為文人的父親林顏由廣東移民至古巴,並在異鄉成了為旅居古巴華人寫作的作家。他堅決支持孫中山的革命事業。林飛龍自襁褓始,便繼承了豐富的文化遺產,母親 Ana Seraphina Castilla 誕生於1862年,是黑人和西班牙人的黑白混血兒。

1902年12月8日,林飛龍於 Sagua La Grande,古巴的甘蔗園中誕生了。他在天主教文化、父親方面的中國傳統文化和母親方面的非洲傳統文化,三種文化交融的氣氛中渡過幸福的童年。這三種文化後來被他移植到自己的作品中。

他年紀輕輕即有豐富的想像力,繪畫天份極高,十歲開始便畫些風景畫和肖像畫。他父親給他取了 Lucero 這個名字,意為「星星,或光輝」。他鼓勵兒子發揮繪畫才能。十六歲時,林飛龍入讀哈瓦那的一家藝術學校。他在學校裡還沉迷於另一種愛好,音樂陪伴了他終生。1923年,他在哈瓦那舉辦第一次畫展,並獲得每月四十元的獎學金,令他可以在西班牙繼續他的學業。這是一條漫長道路的開始。

西班牙-戰鬥的土地
他在西班牙的最初幾年,是學習和深造。普拉多博物館館長引領他面向費爾南多學院,但他卻覺得該學院太墨守成規。因此,他自己師學了普拉多博物館裡的一些大師,如格列柯 (Greco)、委拉斯貴支 (Velasquez)、戈耶 (Goya),使自己的視野更加廣闊。由於古巴政局的改變,他失去了獎學金,經濟上頓時陷入困境,需求助於友人的接濟。1926年,父親以106歲的高齡離開人世。林飛龍愈來愈融入西班牙的生活,於是和一班朋友一起在西班牙安頓下來。他經常出入於伊比利亞公館和 Escobar 書店,這是藝術家和知識份子聚會的地方。1927年,愛情第一次駕臨,他在馬德里邂逅了一位美艷絕倫的女人 Sebastiana Piriz,又名 Eva,這是「一個眼神憂鬱的端莊美人」。也是在這個時候,他聽人說起超現實主義,並於1929年,在一次旅居巴黎的西班牙畫家的畫展中發現了畢加索,這對他影響極大。這個時期,他的畫風有所改變,他拋棄了傳統形式,學習前衛派畫家,從高更到德國的表現主義畫家,尤其是格里斯 (Gris)、米羅 (Miro)、畢加索和馬蒂斯。同年,他和 Eva 結縭,並為兒子 Wilfredo Victor 的誕生而歡天喜地。但幸福的日子並不長。1931年,母子倆感染了肺結核,雙雙離世,這使他深陷絕望之中。

接下來的是反思和戰鬥的幾年。他認識到了歐洲法西斯主義的誕生,古巴的流產暴動,西班牙反動右派的復辟以及種族主義的興起。他堅決站在左派一邊。許多疑慮使他無心繪畫,於是他盡情閱讀起西班牙古典文學、當代詩歌、俄國和德國的革命理論著作,以及托馬斯.曼的《魔山》(La Montagne de l’âme),他貪婪地閱讀俄國的文學作品。在馬德里,他和朋友重逢,他們正忙於巴勃羅.聶魯達詩歌雜誌第一期的出版。1936年,他們慶祝人民戰線的勝利。7月西班牙內戰爆發時,更直接投入戰鬥。林飛龍為共和黨人的勝利繪製海報,並在一家兵工廠工作。但由於中了化學物品的毒,被送往巴塞隆那北部的一家療養院。1938年初,他康復後,遇上了年輕的德國女子 Helena Holzer,她是一名化學博士,在他生命中佔有重要地位。4月15日,在弗朗哥的一次大規模的進攻之後,他決定離開西班牙,在塞爾貝爾 (Cerbère) 乘上一列快車前赴巴黎。

和畢加索及歐洲前衛派的相見
在巴黎,他和巴勃羅.聶魯達重逢,參觀了羅浮宮博物館,終於見到了畢加索。畢加索敞懷迎接他。他還和米歇爾.萊里斯 (Michel Leiris) 一起在人類博物館發現了非洲藝術。畢加索將他介紹給馬蒂斯、萊熱 (Léger)、布拉克 (Braque)、米羅、艾呂雅及查拉等人。9月,他認識了安德烈、布勒東,暢談甚歡。這段時期,林飛龍畫了很多畫,畢加索將他推薦給畫廊東主Pierre Loeb,後來成了他的代理人。

在德國人入侵期間,他和其他一些藝術家一起到了馬賽的 Air Bel 別墅,並與從比利牛斯集中營釋放出來的 Helena Holzer 重逢,她是因德國人身份而被關押的。他還為布勒東的長詩《Fata Morgana》作插圖。他的繪畫取材於人類、動物、植物世界,各種元素構成了駁雜錯綜的形象。

1941年3月21日,為逃避維希政府和納粹,他和其他350名知識份子,其中包括布勒東和克洛德.萊維 – 斯特勞斯 (Claude Levis-Strauss),乘船抵達馬提尼克。在這裡,他發現了自然和熱帶的繁茂花草。在這裡,他充滿激情地認識了馬提尼克的年輕詩人艾梅.塞澤爾 (Aimé Césaire),這位詩人對殖民者的不公和暴政進行鬥爭,成了他的摯友。他並為這位年輕詩人的作品作插圖。「在這裡,他發現了自己,熱帶的視覺代替了西班牙的視覺。這是一個深刻的衝擊。改變了他的繪畫。」塞澤爾這樣說道。

《熱帶叢林》- 野蠻、粗獷的詩歌
由於得不到簽證和布勒東一起過境到墨西哥,他只好回到古巴。初時,生活難於適應。他重新見到了家人,和 Helena 一起住在一座被花園包圍的寬敞的大屋裡。書架上塞滿了啟發他靈感的各類詩集以及有關音樂的書籍。這也是對童年的信仰、對非洲古巴文化的一種回歸。他的繪畫以《熱帶叢林》(La Jungle) 為代表,到了一個轉折時期。這幅畫迷醉了眾多朋友。安德烈.布勒東說這是「伊甸園之夢」,米歇爾.萊里斯則說這是「植物的夢幻世界」,而馬克斯.保羅.富歇 (Max Paul Fouchet) 卻說這是一首「野蠻、高貴的詩篇」。《熱帶叢林》這幅畫由紐約的 MoMa 購得,並置於畢加索的《阿維儂少女》一畫的旁邊展出,這可說是對他的一種確認。

接下來的幾年甚為奔波忙碌,隨着政治、展覽、旅遊、約會等等,他不停地穿梭於紐約、古巴和法國之間。他和 Helena 離異,認識了年輕的瑞典女藝術家 Lou Laurin,1960年11月結為秦晉,重建了家庭。他歡迎菲德爾.卡斯特羅在古巴執政,但卻選擇旅居歐洲,在巴黎和鄰近熱那亞的阿爾比索拉安置畫室,和眼鏡蛇集團的畫家交往頻密,意氣相投。他從事雕塑、陶瓷藝術,並為詩人朋友如阿蘭.茹弗魯瓦 (Alain Jouffroy) 或勒內.夏爾 (René Char) 的詩歌作版畫插圖,從60年代直至1982年他離世,林飛龍一直以巴黎和阿爾比索拉為基地,從不間斷地創作。龐比度中心策展人 Catherine David 說:「今天,林飛龍的作品在二什世紀的現代藝術史裡佔有一席奇特的地位,是前衛藝術形式和思想複雜交流、形成『寬廣的現代主義』的國與國之間、跨國之間的文化交流的典範。而這,比1990年代提出的全球化遠遠要早。」

 
 

 

Stéphane Lam : « mon père peignait en écoutant de la musique classique russe »
林王明:「家父繪畫時喜歡聽俄國古典音樂」


Wilfredo Lam, Cuba, 1956
Photo : Jesse A. Fernandez
© Estate Jesse A. Fernandez
Collection France Mazin Fernandez


• Lam-Yam, le père de Wifredo Lam,
originaire de Canton, émigra à Cuba

Stéphane Lam, comédien et musicien, fils aîné de Wifredo Lam, réside en ce moment à Hong Kong, il nous a conté quelques souvenirs de son père lorsqu’il passait ses vacances d’été à Albisola avec toute sa famille.
« L’atelier de mon père était à Albissola, près de Gênes en Italie, il aimait beaucoup cet endroit car c’était un centre où il pouvait pratiquer la poterie et la céramique et retrouver tous ses amis artistes du mouvement CoBrA qui étaient installés là. De plus son atelier de gravure où il se rendait souvent n’était pas très loin, à Milan. Je me souviens très bien de son atelier, c’était une maison aménagée, une maison de chasseur, qui avait été en partie creusée dans la roche. La chambre était très sombre et derrière, il y avait une porte qui ouvrait sur l’atelier. Quand on entrait c’était la surprise, le contraste avec la chambre était grand, on était baigné dans une grande lumière, la lumière de l’Italie, une odeur de peinture et le son d’une musique classique, tout ceci reste pour moi l’ambiance de son atelier. Mon père peignait toujours en écoutant seulement de la musique classique russe, comme celle de Moussorgski. Et si je ne l’ai jamais vu vraiment peindre, je l’ai accompagné souvent à l’atelier de gravure, soit à Milan ou soit en Suisse quand il venait à Lausanne et que j‘habitais là avec ma mère. Je pouvais observer tout le travail minutieux qui se faisait quand mon père cherchait les pigments. Là, c’était l’art du travail, on restait facilement 2 ou 3 jours, et après à Milan, nous allions dans un restaurant qui s’appelle l’Assassin. Et il disait quand la note arrivait : “Attention, c’est maintenant qu’ils t’assassinent”.

« Autre souvenir inoubliable d’Albissola, les grands repas et la cuisine. Il cuisinait ses propres recettes, un mélange de cuisine créole des caraïbes et de plats italiens. Vu que c’étaient les vacances, il y avait de grandes tables. On était nombreux, souvent plus de 20, déjà toute la fratrie, et des Italiens, des Nordiques, des Espagnols, de la musique avec de la guitare, il y avait des discussions politiques très fortes, très engagées. Je me souviens que lorsqu’il cuisinait, les gens discutaient si passionnément que les plats risquaient de brûler et il s’exclamait toujours : “la politique et la cuisine, cela ne va pas ensemble !”

« Plus tard, quand il est devenu hémiplégique, cela est devenu plus difficile entre lui et moi, car, je le voyais essayer de peindre et ne pas y arriver, non qu’il avait perdu son talent, mais parce qu’il ne pouvait plus le faire comme auparavant malgré les efforts qu’il faisait pour bouger son bras. Au bout d’un moment, il ne lui resta plus que le discours... »

Stephane se souvient aussi de tous ses amis proches qui passaient dans l’appartement parisien, Gabriel Garcia Marquez, Aimé Césaire, René Char, Chris Marker, etc.

現時在香港居住的演藝工作者兼音樂人林王明是畫家林飛龍的兒子。他向我們憶述他與家人夏季到意大利阿爾比索拉渡假時,他對父親的一些記憶。

「家父的畫室位於在義大利 Gênes 附近的阿爾比索拉 (Albissola),他很喜歡這地方因為在那兒,他既可以製作陶器和陶瓷,又可以常常與那些在阿爾比索拉定居的「眼鏡蛇」(CoBrA) 畫派的藝術家朋友見面。此外,那兒離開他父親位於米蘭的雕塑工作室也不遠。我清楚記得他的工作室,那是由一間獵戶的房子改建而成的,房子的一部份是建在挖空的岩石中。房間非常陰暗,而屋後有一扇門是通往工作室的。當我們進入房間時嚇了一跳,反差實在太大了,我們沐浴在義大利的豔陽下,週圍都是油彩的氣味和古典音樂的聲音,這就是我對他的工作室之記憶。家父繪畫時只喜歡聽俄國古典音樂,例如穆索斯基 (Mussorgski) 的音樂。雖然我從未真正見過他繪畫,但我經常陪他去米蘭的雕塑工作室或當他來洛桑探我和母親時,我跟他去他的瑞士雕塑工作室。我有機會看到家父是如何仔細地尋找心目中想要的色調。那才是創作的藝術,在那兒我們很容易就渡過兩三天,去完米蘭,我們會去一間名叫刺客的餐廳。當結賬的時候,家父會說:『小心,他們就是在這時刺殺你的』。

「在阿爾比索拉另外的一些難忘的記憶就是大餐和烹飪。他喜歡煮一些混合了加勒比海的克里奧爾菜和義大利菜的一些自創的食譜。既然是假期,餐桌當然是很大。人數很多,經常都有二十多人,有兄弟姊妹,還有義大利人、北歐人、西班牙人,也有音樂和結他,還有非常激烈和投入的政治討論。我還記得,當他煮食時,遇到討論太過激烈時,菜餚會有機會燒焦,而他就會大聲說:『政治和廚房,兩者是不能並存的!』

後來,當他患了半身不遂,我和他的關係也變得困難,原因是我看着他嘗試繪畫但卻做不到,並不是因為他失去了天賦,而是他無論如何努力為手臂做復健運動也不能回復到從前一樣,久而久之,他能做的只是講話了……」
林王明還記得他父親的老友 Gabriel Garcia Marquez、Aimé Césaire、René Char、Chris Marker 等曾到訪過他們巴黎的寓所