Histoire de l’art chinois 中國藝術史

Par Frank Vigneron (Professeur, Fine Arts Department, The Chinese University of Hong Kong)

 
  Le portrait et la peinture de personnages vers la fin du 18e siècle (1)
Les méthodes secrètes du portrait de Ding Gao
十八世紀末的人物和肖像畫 : 丁皋的《寫真秘訣》
 
 

Tout à fait à l’opposé de ces ambitions de l’art lettré, et pour conclure cette revue de la peinture du 18e siècle et de ce qui la prépara, on devra mentionner la pratique d’une certaine peinture par des artistes nés à cette époque, mais produite dans des circonstances fort différentes. Des peintres comme Gai Qi 改琦 (1773-1828) et Fei Danxu 費丹旭 (1801-1850) allaient adopter dans la pratique de la « peinture de beautés » (Meirenhua 美人畫, c’est-à-dire « peinture de belles personnes ») et dans celle du portrait, des idées et des méthodes qui avaient été annoncées dans l’art du 18e siècle. Le style de la « peinture de beautés » fleurit au 19e siècle, particulièrement dans la ville de Shanghai qui allait devenir, grâce à sa prospérité économique en partie due au commerce avec l’étranger, le centre d’un renouveau artistique. Influencée par des courants plus populaires, la peinture pratiquée dans cette cité était destinée à un public moins soumis à la culture des lettrés que dans les autres régions. La « peinture de beautés » qui, comme son nom l’indique, représentait principalement des scènes de genre axées sur un personnage féminin, était marquée par un professionnalisme affiché qui ne cachait pas son but exclusivement commercial. Pour ne pas être trop entachés par cette attitude, qui restait malgré tout condamnable dans les milieux cultivés, des peintres comme Fei Danxu s’efforçaient quand même de montrer dans leurs portraits les anciennes préoccupations des lettrés. Alors qu’ils confiaient souvent à leurs disciples l’exécution de ces « peintures de beautés » (et la surabondance de mauvaises peintures de Fei peut être expliquée de cette façon), ils préféraient garder pour eux la réalisation d’œuvres représentant leurs amis et connaissances, ainsi que les personnalités importantes de la région, dans des attitudes et des décors eux-mêmes inspirés par le style de maîtres plus anciens tels Shen Zongqian 沈宗騫 (c. 1734-1817) ou Zeng Jing 曾鯨 (c. 1564-1647) des Ming.

Les méthodes secrètes du portrait de Ding Gao


Shen Zongqian 沈宗騫 (c. 1734-1817), Lisant sous les saules (Shenliu dushu 《深柳讀書》), détail.

La longueur et la richesse des conseils sont caractéristiques des traités du 18e siècle et donc aussi de celui du peintre de portrait Ding Gao 丁皋 (actif 18e siècle), Les méthodes secrètes du portrait (Xiezhen mijue 寫真秘訣). Celui-ci est un ouvrage fort long exposant en détail tous les problèmes du portrait, depuis les traits du visage jusqu’aux différentes façons de présenter et de dessiner les vêtements, mais aussi des méthodes pour saisir la personnalité du modèle. Les historiens considèrent qu’il a probablement été écrit vers 1800. Bien qu’il représente exactement les changements profonds annoncés par le Traité de Shen Zongqian, il est plus caractéristique de cette nouvelle période dans le développement de la peinture chinoise, période pendant laquelle certains préjugés contre la peinture de personnages et le portait avaient subi non seulement l’assaut de textes théoriques très ambitieux, mais bien plus ceux d’un environnement social complètement différent, milieu dans lequel la culture picturale lettrée était en passe de devenir seulement une des composantes d’un paysage artistique bien plus complexe.

On sait que ce texte a été inclus dans cet ajout anonyme au Manuel de peinture du jardin grand comme un grain de moutarde (Jieziyuan Huazhuan 芥子園畫傳 ou Jieziyuan Huapu 芥子園畫譜), ce qui a permis de l’accompagner de quelques schémas sur la façon de rendre le visage humain. Il est possible que les illustrations qui l’accompagnent n’aient pas été faites par l’auteur, et il est aussi possible, si l’on compare ce texte avec ceux d’autres théoriciens du portrait de l’époque, que l’auteur n’ ait pas eu initialement le désir de l’illustrer. On ne peut que conjecturer sur ces problèmes, mais aussi être heureux de pouvoir enfin trouver des illustrations à un texte théorique sur un domaine aussi technique que le portrait. Ces images sont relativement nombreuses (sur les 56 pages du traité, 15 pages en comportent) et illustrent la plupart des passages importants du texte. Je reviendrai dans les mois qui suivent sur l’importance de ce traité.

 

Gai Qi 改琦 (1773-1828), Dames sous un bamboo 《竹下仕女圖》, Rouleau à suspendre, encre et
couleur sur soie, 129 x 41.5 cm. Musée d’art de
Guangzhou.

 

和文人畫的煌煌論述相反,我們試圖透過回顧一下中國十八世紀繪畫及其形成的背景而作出些結論。我們必須提及那個時代一些畫家的另類繪畫實踐,他們的畫作是在十分不同的情況下完成的。改琦 (1773-1828) 及費丹旭 (1801-1850) 即在創作「美人畫」的實踐中接受了十八世紀興起的繪畫思想和創作方法。「美人畫」在十九世紀大行其道,尤其是在上海。這個通商大埠由於對外貿易,促使它經濟繁榮,亦成了新藝術的中心。受時代風尚的影響,繪畫創作亦面向這個城市的市民。他們與中國其他地區相比,受文人文化傳統的影響相對較少。「美人畫」顧名思義,以表現仕女的生活為主,亦不隱諱自己的宗旨,即以商業為鵠的。這個取向在文人圈裡是不齒於人的。為了不至太被人詬病,一些畫家如費丹旭等便竭力在其肖像畫創作中表現文人畫固有的氣質。他們經常將「美人畫」的創作交給弟子們 (這便解釋了為何他的畫作有如此的劣品),而自己則為朋友及地方的達官顯貴造像。畫中人的姿勢及背景襯托均師承前輩大師沈宗騫 (1734-1817) 或明代的曾鯨 (1564-1647)。

丁皋的《寫真秘訣》
十八世紀的畫論以連篇累牘和內容豐富為特點,丁皋的《寫真秘訣》亦如此。《寫真秘訣》是一部煌煌巨著,它細緻入微的論述了肖像畫創作的各種問題,從人物面部的線條直至表現衣服的種種方法,尤其是如何捕捉及表現人物的性格神態。繪畫史家們認為該畫論寫成於1800年。雖然它重現了沈宗騫畫論裡的深刻思想變化,但它在中國畫發展的這個新階段,則是非常具有特色的。在這個階段,一些對人物和肖像畫的偏見不僅遭遇了一些畫論的攻擊,更遭遇了一個嶄新的完全不同的社會環境。在這個新環境裡,文人畫即將變成更加複雜和豐富多彩的藝術天地裡的一個組成部份。

眾所周知,這篇畫論以匿名的方式加插在《芥子園畫傳》裡。在論及人面創作時有圖像說明。這些插圖很可能不是出自作者的手筆。如將此畫論與當時其他同類畫論相比,作者很可能沒有附圖說明的初衷。對於這個問題,我們只能猜測。但對論肖像畫創作這類極具技術性的文字竟有插圖說明,則是可喜的事。插圖的數量頗豐,五十六頁的文字裡,十五頁有插圖。並置於畫論中的重要章節。在隨後的篇章裡,我將介紹畫論裡的這些插圖。