Film & multi-média installation 電影及裝置藝術

Par Gérard Henry / Photos : © Spring Workshop Hong Kong & Galerie Isabella Bortolozzi, Berlin

 
  Wu Tsang : Duilian ou la relation amou reuse de Qiu Jin et de Wu Zheying
曾吳作品:《對聯/對練》
 
 

Cette installation multimédia de l‘artiste chinoise Wu Zhang, centrée sur son nouveau film Duilian est une interprétation personnelle de la vie et des écrits de la poète révolutionnaire Qiu Jin (1875-1907) et surtout de sa relation intime avec son amie, la calligraphe Wu Zheying (1868-1934). La première est devenue mythique en Chine, la deuxième est peu connue. Quant à leur relation amoureuse, elle est ignorée de beaucoup et évidemment peu mentionnée, sinon jamais, dans l’histoire officielle chinoise communiste qui a fait de Qiu Jin une martyre révolutionnaire.


• Qiu Jin, photo d’époque

Qiu Jin, née à Xiamen au Fujian, mariée en 1896, suit son mari à Pékin mais ne tarde pas à se rebeller contre le traitement et la position réservés aux femmes sous la dynastie des Qing. Féministe, elle s’habille en homme et pratique les arts martiaux, notamment le sabre. En 1906, elle laisse famille et mari et part étudier au Japon ou elle rejoindra la « Gong Ai Hui » (Société d’amour mutuel), un groupe de « sœurs jurées » (jin lan mei mei) radicales qui dans le film de Wu Tsang deviennent les « sœurs du sabre ».

Rentrée en Chine, elle dirige en 1906 la revue Femmes de Chine (Zhongguo nubao), enseigne dans une des premières écoles de filles, et révolutionnaire, tente de provoquer un coup d’état pour renverser les Qing qui échoue et elle finit décapitée le 15 juillet 1907 à Shaoxing. Sun Yat Sen érigera un monument à sa mémoire en 1913. De son œuvre littéraire il reste peu, six des vingt chapitres de son roman Pierres de jingwei, (Jingwei Shi), une sorte de chanson ou d’épopée populaire (tanci). Héroïne, son portrait figure aujourd’hui dans le musée communiste de Shanghai, et de nombreux films l’immortalisent sous le nom de Chevalière du lac Miroir (Jianhu Nuxia).

L’histoire n’a malheureusement pas rendu le même culte à la compagne de Qiu Jin, la calligraphe Wu Zhiying qui, en février 1908, prit l’initiative avec Xu Zhihua (1873-1935), une autre poète révolutionnaire féministe, de donner une sépulture décente à Qiu Jin, funérailles qui attirèrent des centaines de personnes et obligèrent les deux auteurs à disparaitre de la vue des censeurs Qing qui firent raser aussitôt la tombe près du Lac de l’Ouest. Wu Zheying restera très active dans le mouvement révolutionnaire mais son image se ternira alors que celle de Qiu Jin grandira.

C’est sur ce fond historique que s’appuient les recherches de Wu Zhang qui portent surtout sur la relation intime entre ses deux femmes et sur le personnage de Wu Zheying. Les relations homosexuelles, gay ou lesbiennes sont toujours occultées dans l’histoire officielle chinoise et doivent se lire entre les lignes. Wu Zhang travaille sur ce sujet depuis plusieurs années, ayant épluché lettres et documents concernant ces deux femmes. En résidence de près d’un an à la Spring Worshop, elle a pu monter ce projet avec le directeur de la galerie, Christina Li.

Filmé en partie sur une jonque de type colonial à Aberdeen, le film chevauche le temps et les époques, mais s’attache à la communauté de ces sœurs jurées qui initièrent Qiu Jin aux arts martiaux et au désir. Le film montre d’impressionnantes scènes de danse du sabre entre ces femmes et joue avec deux images complémentaires ou deux symboles qui s’opposent et se complètent, Qiu Jin, la femme guerrière et le sabre, jouée par l’artiste de performance Boychild, face à Wu Zhiying, la femme calligraphe avec son pinceau jouée par Wu Tsang elle-même. L’un plonge dans le sang, l’autre dans l’encre, amour et révolution, sensualité et détermination comme un seul corps déchiré en deux.

L’exposition comprend aussi des performances et des objets : fragments de textes, sur le papier ou sur le fer de la lame du sabre. Qiu Jin se lamente sur la cession du pays et Wu Zhiying sur la perte à jamais de la compagne de sa vie.

Le titre chinois Duilian fait référence aux sentences parallèles, au couplet de tonalités opposées en poésie ainsi qu’à une paire de combattants dans la danse du sabre.

Duilian
12/03 - 22/05/2016
Spring Workshop
3/F, Remex Centre
42, Wong Chuk Hang Road
Aberdeen, Hong Kong
Tel: (852) 21104370

 


Duilian, la danse du sabre © Ringo Tang

這組媒體影裝置作品是以華裔藝術家曾吳的新片《對聯/對練》為展覽核心,以視覺藝術演繹著名中國革命家暨詩人秋瑾 (1875-1907) 的寫作與人生。內容着重於描寫她與其書法家朋友吳芝瑛 (1868-1934) 之間的親密關係。前者成為了中國富傳奇性色彩的人物,而後者則較少人認識。她們之間的愛情關係鮮為人知,就算中國共產黨將秋瑾塑造成為革命而犧牲的英雌,但官方史料對她這方面的資料幾乎是隻字不提。

秋瑾出生於福建的廈門,1896年結婚,之後隨丈夫遷往北京,但沒多久便挺起反抗社會在清政府管治下對女性的不公平對待。她穿著男性化的服裝,喜習武術,尤其是劍術。1906年,她拋下家人和丈夫獨自到日本留學,並加入「共愛會」── 由一群特立獨行的金蘭姊妹所組成的秘密團體,她們就是曾吳的電影中的「刀劍姊妹」。

1906年秋瑾回到中國,之後創辦了《中國女報》,又與人一同創辦了明道女子學堂。這位革命家為了推翻滿清政府多次嘗試起義均告失敗,最終於1907年7月15日在紹興被斬首。1913年,孫中山為她建造了一座紀念碑。她的著作只有很少得以留存於世,其中包括她的小說《精衛石》二十章中的六章。她的《巾幗英雄》像立於上海共產主義博物館內,亦有不少電影是以「鑑湖女俠」來描寫這位女革命家的。

可惜歷史對女書法家吳芝瑛並沒有像對秋瑾那樣推崇備致。1908年2月,吳芝瑛與另一位主張女權主義的詩人徐自華將秋瑾葬於杭州西泠橋畔,當時有百多人出席喪禮。之後二人為了逃避清政府而躲藏起來,而秋瑾在西湖的墓亦隨即被清政府拆毀。吳芝瑛一直都活躍於革命運動,然而,當秋瑾的形像日益光芒四射,她的形像卻愈來愈變得暗淡無光。

曾吳的研究便是以這段歷史為背景,並着重描寫這兩位女性的親密關係和吳芝瑛這個人物。在中國的歷史文獻中,同性戀關係,無論是男同性戀或女同性戀往往都是被隱沒的,或被表述為某種隱晦的暗示。曾吳的這個研究計劃歷時多年,她翻查了無數與這兩名女性有關的書信文獻。曾吳在 Spring 工作室進行將近一年的駐留計劃,這《對聯/對練》項目是由 Spring 工作室總監李綺敏協助發展。

影片有部份是在香港仔的一艘富殖民時代色彩的帆船上拍攝,影片中不同的時代重疊交替,着重描寫一群金蘭姊妹的生活,是她們讓秋瑾發現了自己對武術的興趣和性取向。片中有精彩的劍舞。女劍俠秋瑾由行為藝術家 Boychild 飾演,而女書法家吳芝瑛則由曾吳親自演繹。她們分別代表兩個對立但卻又互相補足的象徵。她們對愛情和革命有着同樣的熱誠,一個以血洗禮,另一個利用筆墨,她們就像一個被一分為二的軀體。