French Cinepanorama 2016 香港法國電影節

Par Xavier Mahé

 
  French Cinepanorama : Benoît Jacquot et les adaptations littéraires
第四十五屆法國電影節:賓諾雅積高與改編自文學的作品
 
 

« Les choses que je préfère en ce monde, mes raisons de vivre ce sont les livres et les femmes, pour moi le cinéma est la meilleure façon de les réunir » Benoît Jacquot, interview The New York Times

Benoît Jacquot invité par l’Alliance Française viendra le 13 et le 14 décembre présenter au public hongkongais son dernier film À jamais et la rétrospective sur les adaptations littéraires au cinéma.
Un domaine qu’il connait très bien, les adaptations prennent une grande part dans son cinéma et au Salon du Livre de Paris 2015, il s’était déjà exprimé sur les liens entre cinéma et littérature :
« Depuis que je sais lire, je suis un lecteur toxicomane. Les livres occupent donc une place très importante dans mon activité de cinéaste. Le cinéma et la littérature entretiennent depuis toujours des rapports très serrés, parfois conflictuels. La littérature est la machine à fiction par excellence. On raconte la même histoire que l’objet littéraire, mais on l’adapte. En ce qui me concerne, je place le cinéma assez haut. De fait, si je me sers d’un livre pour faire un film, seul le film compte : je me fous du livre. Chacun prend dans une œuvre littéraire ce qui l’intéresse et fabrique un objet singulier avec des morceaux d’idées. Le livre est le destin du film. A la fin, des monuments peuvent être déchiquetés tout comme il peut y avoir de très bonnes adaptations.

« Pour Marguerite Duras, le geste d’écrire était l’inverse du geste de filmer. En ce qui me concerne, il y a un moment terrifiant : celui où je montre le film à l’auteur. Il s’agit néanmoins d’une expérience passionnante ! Si l’adaptation ne plait pas, on peut enlever la citation à l’œuvre d’origine. Une fois, un écrivain m’a cependant dit que le film était mieux que le livre ! De toute façon, le cinéaste est un voyou, un pirate. Il s’implique dans les œuvres pour y mettre les pieds dans le plat. Il faut espérer que cela continue ! »

Benoît Jacquot est un réalisateur exigeant qui a un parcours de créateur hors normes : assistant de Marguerite Duras dans India Song, il a d’abord fait des documentaires sur le psychanalyste Lacan et des adaptations d’œuvres de Kafka ou de Blanchot. Son premier film, L’Assassin musicien, en 1975 était tiré d’une œuvre de Dostoïevski. Il s’interroge ensuite sur le sentiment amoureux au travers de l’opéra, du théâtre avec toujours des actrices de grand talent, Judith Godrèche, Dominique Sanda, Isabelle Adjani, Catherine Deneuve, Virginie Ledoyen, Isild Lebesco et particulièrement Isabelle Huppert avec laquelle il entretient un rapport étroit.

Villa Amelia par exemple est l’adaptation remarquable d’un roman de l’écrivain Pascal Guignard transposé en langue cinématographique loin des mots de l’écrivain : les dialogues sont plutôt rares. Benoît Jacquot nous fait au contraire vivre l’histoire dans l’instant présent au même titre que son héroïne. Tout se joue de façon physique, sur les gestes, les pas et surtout le visage de Isabelle Huppert, personnage qu’il nous fait suivre de très près. La caméra étant posée sur elle ou parfois nous faisant partager son regard.

Les Adieux à la reine, roman de Chantal Thomas qui conte par la lectrice de Marie Antoinette fascinée par la cour, la grâce et la beauté de la reine, l’effondrement rapide et brutal de la royauté entre le 14 et 16 juillet 1789 a été adapté par Benoît Jacquot :
« un faux huis clos, dit-il, car Versailles est une ville en soi avec un contraste entre le faste, style galeries des glaces et chambres de bonne ou les cuisines, cette concentration spatiale et temporelle provoquait une accélération formidable des états physiques, sociaux et mentaux. » Parlant de cette expérience, Chantal Thomas dit : « je pense que c’est le désir qui nous fait créer, et l’une des choses qui attitrait Benoît et que l’histoire est contée d’un pont de vue entièrement féminin, la façon de regarder et l’intelligence de Benoît sont inséparables d’un certain érotisme. »

Pour l’actrice Léa Seydoux : « Benoît est lui-même très féminin et attiré et obsédé par la féminité, la façon dont il filme les actrices est sa façon de faire l’amour avec elles. »

Le denier film de Benoît Jacquot À jamais trouve son inspiration dans le roman Body Artist de l’écrivain américain Don Delillo qui conte la solitude d’une femme esseulée après la mort de son mari réalisateur et la présence d’un homme qui prend la voix de son mari et commence à la hanter. Benoît Jacquot en a fait un huis clos autour de la figure de Laura, jeune artiste performeuse (Julia Ray) hantée par la présence de son amant décédé (Mathieu Amalric) : Laura et Rey vivent dans une maison au bord de la mer. Il est cinéaste, elle crée des « performances » dont elle est l’actrice. Rey meurt — accident, suicide ?—, la laissant seule dans cette maison. Mais bientôt, seule, elle ne l’est plus. Quelqu’un est là, c’est Rey, par et pour elle, comme un rêve plus long que la nuit, pour qu’elle survive. Le film torride à ses débuts quand Jacquot met en valeur la beauté de cette jeune comédienne, devient inquiétant avec l’apparition de cet amant fantôme. Selon le critique canadien Charles Dutoit qui l’a vu au festival de Toronto en octobre « la première partie, somptueuse, emporte par son esthétique hypnotisante et le jeu puissant des deux comédiens, notamment de Mathieu Amalric, profondément touchant avec sa voix tremblotante et son œil sombre. Benoît Jacquot livre ici une histoire d’amour sublime, qui semble emprunter à Don Delillo sa prose surréaliste (dialogues du quotidien, tout à fait banals, qui, dans les bouches des comédiens et mis ainsi en scène, confèrent aux scènes une allure ambiguë tout à fait charmante). Une belle histoire d’amour, nimbée dans les belles lumières de ce décor (quasi) unique naît sous nos yeux...

Si la plongée schizophrénique dans l’âme de cette amante confrontée au deuil (car c’est bien de ça qu’il est question ici, plus que de folie) dont la maison soudain bien vide peut se lire comme une projection et continuation de ses tourments, est évidemment plus absconse et dénote donc violemment d’avec la première, elle n’en demeure pas moins une intéressante démonstration d’une mise en scène subtile qui coule de source. »


 

『這世上,我最喜歡和賴以生存的東西是書本和女人,而我認為電影就是將他們結合一起的最佳途徑』- 賓諾雅積高在《紐約時報》的專訪

賓諾雅積高應香港法國文化協會的邀請,於12月13至14日來港介紹他的新作《永不離棄》(Á jamais),並出席一個題為從文學到電影的電影回顧展。

這是一個他非常熟悉的範疇,他的電影大部份都是改編自文學作品,在2015年巴黎書展,他解釋了電影和文學之間的關係:『自我懂得閱讀開始,我便是一個書不離手的書迷。因此,書本在我的電影生涯佔非常重要的位置。電影與文學從來都有着非常緊密的關係,有時甚至是衝突的。文學是最出色的虛構故事機器。我們講述的與文學中所講的是同一個故事,但我們會改編。在我來說,我會將電影的位置擺得更高。事實上,若我利用一本書來拍電影,我在乎的只是電影:我才不管那本書。每個人會從文學作品中挖取自己有興趣的部份,再用那些片段的思想來製造一件獨一無二的東西。該書成為了那電影的命運。最後,改編可以將一些偉大的巨著完全摧毀,同樣,也可以有很好的改編作品。』

『而對瑪嘉烈杜克絲來說,寫作的行為剛好與拍電影的行為相反。就我而言,有一個時刻是特別可怕的:就是當我讓作者看電影的時候。然而,這亦是令人興奮的經驗!若改編不被接納,我們便不會提原作。不過有一次,有個作家跟我說電影好過他的書。無論如何,電影導演不算是一個好人,他是一個抄襲者。他在別人的作品中橫插一腳。不過,真希望這種情況能持續下去!』

賓諾雅積高是一位要求極高的導演,而他的創作生涯亦十分與別不同:瑪嘉烈杜克絲拍攝《印度之歌》(India Song) 時他曾任她的助手,他初期製作了一些有關法國精神分析學大師拉岡 (Lacan) 的紀錄片以及一些改編自卡夫卡或布朗修(Blanchot) 的作品的短片。他1975年拍攝的第一部長片《L’Assassin musicien》是改編自俄國作家陀思托耶夫斯基 (Dostoievski) 的作品。之後,他又透過歌劇、話劇來探討愛的感覺。他尤其喜歡與演技精湛的女星合作,如茱迪芙葛瑞奇 (Judith Godreche)、多明妮桑達 (Dominique Sanda)、伊莎貝阿珍妮 (Isabelle Adjani)、嘉芙蓮丹露 (Catherine Deneuve)、維珍妮雷黛恩 (Virginie Ledoyen)、伊希兒勒貝斯高 (Isild Lebesco),以及他最喜愛的伊莎貝雨蓓 (Isabelle Huppert),他與後者一直保持着緊密的關係。

例如,《阿瑪利亞別墅》(Villa Amelia) 以電影的語言改編了作家 Pascal Quignard 的小說,完全脫離了作者的文字,對白很少。賓諾雅積高反而讓我們緊隨着片中的女主角的腳步,與她在同一時間面對並體驗故事情節的發展,而這一切都全賴伊莎貝雨蓓的身體語言和動作,她走路的姿態,尤其是她的面部表情的幫助。鏡頭被置於伊莎貝雨蓓的上方,讓我們分享她的目光所看之處。

女作家 Chantal Thomas 的小說《別矣,瑪麗皇后》(Les adieux à la reine) 講述皇后的近身侍讀羨慕瑪麗皇后的美貌,忌妒其優渥生活,甚至迷戀她目中無人的脾氣,故事以1789年7月14至16日間皇室在短短幾日間突然倒台作背景,由賓諾雅積高改編成電影。他表示:『本片不算完全在室內拍攝的,因為凡爾賽宮本身就是一座城市,富麗堂皇的擺設,金壁輝煌的大廳與僕從的房間和廚房形成強烈的對比。這種高密度及過度集中的生活空間對肉體、社會和精神都產生很大的影響。』

賓諾雅積高的最新影片《永不離棄》之創作靈感來自美國作家 Don Delilloqui 的小說《Body Artist》,內容講述一個因愛人離世而感到極之孤單,之後,她身邊便開始出現一個聲音好像她的丈夫的男子。這是一部全室內拍攝的電影,寫女主角 Laura (Julia Roy 飾) 是一名表演製作人,她一直擺脫不了已經逝去的愛人 (Mathieu Amalric 飾) 的陰影:Laura 與 Rey 住在海邊的一間大屋。他是個電影製片人,她則從事製作一些由她自己主演的表演節目。Rey 離奇身亡,是意外?抑或自殺?大屋中只留下 Laura 孤單的身影。但很快她便不再孤單了。屋裡多了一個人。哦,是 Rey!他的出現就像在長夜中一個無止境的夢,令 Laura 可以繼續活下去。