Photographie 攝影

Par Anne Mak

 
  Love Hong Kong : La photographie hongkongaise : 1950-2015 Les Photaumnales 2016
藝術節的愛情故事 — 香港
 
 

C’est une occasion rare : le festival français Les Photaumnales, le Hong Kong International Photo Festival et l’Alliance Française de Hong Kong s’unissent pour présenter la photographie hongkongaise à nos amis étrangers et particulièrement français. Un projet fascinant car bien que la cité ne soit pas sur le devant de la scène internationale de la photographie, elle dispose d’un riche patrimoine photographique.

De ses débuts à nos jours, les changements liés aux différentes époques et modèles sociaux ont influencé le développement de la photographie d’art à Hong Kong. La photographie fut rapidement introduite à Hong Kong par les Européens dans les années 1840, peu de temps après que l’invention de la photographie a été répertoriée en France. Vers 1846, le premier studio de photographie y faisait son apparition. Toutes les techniques provenaient alors de l’Ouest, y compris le style qui était alors essentiellement pictural. En ce qui concerne la photographie contemporaine, on peut ainsi distinguer trois étapes distinctes: les années 60, les années 80 et le nouveau millénaire. Les neuf photographes hongkongais qui prendront le chemin de la France pour cette exposition illustrent ces trois différentes périodes.

Les années 60, une société en construction
C’est une période où l’économie s’est incroyablement développée et où la situation politique chinoise du continent a été confrontée à des défis majeurs. Des centaines de milliers d’immigrés sont arrivés de Chine à Hong Kong et l’industrie hongkongaise s’est développée à vitesse grand V stimulée par cette vague d’immigration. Logements, routes, ponts, infrastructures transforment le paysage, les Hongkongais expérimentent un nouveau mode de vie, l’influence de l’Occident se manifeste dans la mode et les loisirs, une identité distincte du continent commence à se manifester. La plupart des thèmes de la création photographique de cette époque sont liés à la vie, aux gens, aux choses et aux événements de la vie quotidienne, s’attachant aux détails de la vie réelle.

Ho Fan, Yau Leung et Chak Wai Leung représentent bien le travail photographique de cette période. Ho Fan (1931-2016) considéré comme le grand maitre de la photographie en Asie est connu pour son utilisation unique des angles géométriques, des contrastes entre lumière et ombre. Son travail, non seulement nous ramène à un passé devenu poétique, mais aussi nous montre une facette très humaine de Hong Kong. Les travaux de Yau Leung (1941-1997) sont généralement beaucoup plus réalistes. Son style est simple et direct, ses visuels vifs et animés portent tous sur la vie de Hong Kong dans les années 60 notamment parmi les couches populaires. Chak Wai Leung (né en 1942) est un photographe amateur mature. La photographie était une sorte de passe-temps en vogue à cette époque. Ses sujets étaient principalement liés aux détails de la vie, à l’histoire de la société et des gens alors que les travailleurs peinaient sur leurs tâches et que les industries fluctuaient, ces trois photographes laissent un précieux témoignage de ce passé qui a marqué la formation de la société hongkongaise.

Les années 80, une photographie plus personnelle et engagée
Dans les années 1980, certains des jeunes photographes retournés à Hong Kong après leurs études à l’étranger ont introduit de nouvelles visions sur la photographie - une photographie qui devait refléter le vrai visage du sujet et des impressions personnelles. De nouveaux horizons ont ainsi été ouverts. A partir de ce moment, l’accent mis sur la photographie est passé d’une approche technique à une approche centrée sur des concepts et points de vue personnels. Derrière ces derniers, le fondement de leur travail s’est appuyé sur le changement de la société et de l’esprit de cette période. Cela est un élément essentiel pour bien comprendre la valeur artistique de leur travail.

Les travaux de Vincent Yu, Wong Wo Bik et Lau Ching Ping représentent un témoignage intéressant de la vie à l’époque où Hong Kong était encore colonie du gouvernement britannique. Dans les années 1980, l'économie de Hong Kong a explosé. Beaucoup de monuments historiques ont été voués à la démolition de manière drastique. Avant la disparition de ces points de repère et que nos souvenirs s’estompent, Wong a fixé sur la pellicule tous ces souvenirs évanescents - des édifices patrimoniaux qui étaient riches en valeur historique et qui étaient étroitement liés à la vie des gens de Hong Kong. Son style narratif n’était pas documentaire, mais impromptu et délibéré. Ses images nous ramènent à une terre abandonnée qui a déjà disparu du monde.
Mince comme l'air, le travail de Lau Ching Ping présente une série de paysages flous comme une hallucination de la fin d’un monde émergeant face à vous. Ils révèlent une sorte d'hésitation ambiguë. Cet effet de flou crée une pénombre profonde dans ses visuels.

« Si je témoigne de la fin de Hong Kong, disparaissant dans une mer de blanc, écrit Lau, je souhaite à tous ses habitants de se relever encore une fois et de vivre intensément les jours restants. »
Vincent Yu est un photojournaliste. Mcfugees est une série inspirée d’un événement réel arrivé dans un lieu de restauration rapide 24h/24h. Une femme sans domicile y avait trouvé refuge et avait été retrouvée morte après qu’elle a été découverte le visage immobile couché sur la table depuis plusieurs heures. Yu travaille dans le style instantané. De la vie de ces rodeurs de la nuit, on peut lire la solitude profonde de la ville.

Le nouveau millénaire, l’ínfluence du post-modernime
A partir des années 1990, en raison de l’influence du post-modernisme et du post-colonialisme certains photographes se sont engagés dans une direction moins conventionnelle. D’autres, non photographes de spécialité, ont adopté l’image et la photographie dans leurs œuvres.

Avec la série Blitz de Dan Leung, les photographies peuvent sembler, au premier coup d’œil, être celles de paysages ordinaires de Hong Kong. En fait, il en est tout autre lorsque vous découvrez le petit personnage placé sous le flash dans ces environnements étranges, désordonnés, dérangeants, mais familiers. C’est un éclair d’« identité » comme une évocation de l’émotion perdue, comme un processus de recherche de lui-même dans un pays perdu.

Lau Wai This et Album est la combinaison de deux séries. Celles-ci, sans rapport l’une avec l’autre, ont été intentionnellement regroupées et créent une approche non-linéaire de l’histoire racontée qui est un intéressant défi à la narration traditionnelle. La photographe découvre l’histoire de sa famille au travers de la réalité d’aujourd’hui et d’un album de photos. Objectivité et Subjectivité de Eason Tsang montre une vision exquise d’une création sur les normes. Ceci est une nouvelle expérience sur les représentations s’appuyant sur une sorte d’observation expérimentale. Il nous montre un Hong Kong insolite au travers de ses toits, espaces oscillant entre le public et le privé.
Ces trois jeunes photographes ont assisté à la rétrocession de Hong Kong à la Chine continentale et montrent dans leur travail leurs points de vue au regard de leur vie quotidienne.

A travers cette exposition, c’est une expérience passionnante que la photographie hongkongaise vous invite à vivre. Nous attendons tous beaucoup de cet échange, c’est ce qui en fait le charme. Quand nous sommes placés dans un même environnement avec un héritage culturel différent, quand la vision et les messages de chacun diffèrent les uns des autres ou que nous ayons d’autres représentations de la réalité naturelle. Ce processus nous ouvre de nouveaux horizons, de nouvelles manières de penser, de voir les choses. Le moyen d’améliorer notre compréhension de l’autre et des arts.

 


La série McRefugees de Vincent Yu. Photo courtoisie d'Associatied Press et de l'artiste

這是一個難得的機會, 法國 Les Photaum-nales 攝影藝術節、香港攝影節和香港法國文化協會能有機會携手合作,把香港的攝影發展介紹給異國的朋友。這是一項有趣的工程,香港雖然不是擁有國際攝影主流的地位,但香港是一個攝影題材豐富的城市。

從開埠至今,時代和社會模式的轉變直接影響著香港攝影藝術的發展,這樣的影響大致分為三個階段,上世紀六十年代、八十年代和千禧年代;今次展覽為觀眾介紹九位攝影家的作品,便是以這三個時期為基礎。

六十年代
香港的攝影早出現在十八世紀四十年代,即法國宣佈發明攝影術不久,由歐洲人傳入;一八六零年間已有首家華人照相館,在技巧上,全然是跟西方學習,主要是室內拍攝肖像及紀念照相,作風趨向畫意;上世紀六十年代,中國內地的政治出現如電光火石般的急劇變化;大量資金湧入香港,促使本土輕工業急劇發展,而新移民的加入,便成為主要的生產力,居住、醫療,教育或交通需求為整個社會帶來沉重的壓力和改變;而在攝影方面,由於攝影技術改良和相機設計輕便,促使戶外寫真流行,拍攝的題材離不開生活,以周遭環境的人和物為主題,著重日常生活細節客觀的描寫,從生活中細看這個城市,儼如清明上河圖的局部剪輯。
何藩、邱良和翟偉良的作品成熟於這個時期,何藩獨特的角度和線條、善用光線和陰影的對比,不但把我們帶回從前,也讓我們看到了另一面的香港;邱良的作品充滿著寫實主義,手法質樸而直接,影像生動而活潑地呈現當時香港的生活面貌;翟偉良是當時業餘攝影愛好者,攝影是當時的時尚玩意,取材來自生活的點滴,他的作品猶如活著的歷史。

八十年代
至上世紀八十年代,部份從海外留學回歸的攝影家,對攝影藝術抱有新觀點,強調表達被攝物的真確面貌和個人觀感,為藝術攝影帶來新的面貌;他們竭盡心力在創作上表達自己的語言,因此從這些攝影家開始,作品的重點便把概念和個人觀點轉移至技術之上,這些概念和觀點的背後,都是建基於時代精神和社會形態的轉變,而至作品的藝術性更為踏實。
余建偉、王禾璧、劉清平的作品,見證英屬殖民地的時代下的點滴。八十年代香港的經濟發展蓬勃,許多歷史性的地標建築難免被清拆的命運,王禾璧以鏡頭保留著我們漸漸失去的記憶,見證了逝去的建築的歷史意義或是與市民生活的息息相關,這樣即興的、意識流的敘述方式,把我們帶回一個被遺棄的迷失世界;劉清平《薄如空氣》系列的模糊景觀,仿如世界末日般的幻象逼在眼前,是一種欲言又止的曖昧,那種矇矓似是拒絕視線的沉鬱,隱晦中誘惑著我們更深層的想像;余建偉是攝影記者,《麥難民》是基於一則新聞而誘發的作品,在廿四小時快餐店內,發現一名伏屍在桌上數小時的女子,攝影家以抓拍的手法拍攝,從城市中的夜行者的生活,看到一個城市的孤獨。

千禧年代
及至九十年代,在後現代主義和後殖民主義思想影響下,部份攝影家的作品選擇不再以傳統手法傳意,一些非攝影主流藝術工作者亦以攝影或影像進行創作。
梁譽聰《閃》系列作品,乍看是一組很樸實普通的城市景觀,小人物隱蔽在怪誕雜亂、令人煩躁焦慮,卻又那麼熟悉常見的港式景觀裏。閃光召喚「身份」,如同一種情緒的釋放、尋找自我的方法。劉衛的《此》和《相》是由兩組作品交錯而成,以不同相關的影像,編輯排列成組合,這種非線性的敍事形式是向傳統紀實一個瓦解式的挑戰;曾家偉主觀性和客觀系列,表現了年輕一代攝影師所具有敏銳創意的目光,這種實驗性的觀察為我們慣常的認知經驗,帶來新的體驗。這三位攝影家的作品,代表著香港回歸中國後,年輕新一代的內心境界。
交流的意義

今次的展覽,香港的攝影作品能有機會展現在異地文化之前,將會是一個興奮和令人期待的體驗;交流的魅力在於文化背景的不同,思想和信息亦各有出入, 對現實的認知自然有所差異, 透過跟不同文化背景的交流和對話,透過比較,透過權衡及思索,思想得以互相滋潤,信息得以互相碰撞,繼而認識「不一樣的現實世界」,開拓更廣闊的視野,經歷幾番的碰撞和解構之後,進入的是更嶄新鮮明的現實世界,這正是藝術層次提昇的基礙,亦是交流活動所追求的功能之一。