Exposition 展覽

Par Gérard Henry

 
  Tsang Kin-wah : « Nothing » au Pavillon M+
曾建華:『無』
 
 

C’est une exposition de l’artiste hongkongais Tsang Kin-wah qui a été choisie pour inaugurer « le Pavillon M+ », première construction du nouveau Musée de culture visuelle dessiné par Herzog et de Meuron, et prévu pour ouvrir sur le site de West Kowloon en 2019.

Ce Pavillon M+ est une petite structure surélevée avec une terrasse ouvrant sur une vue magnifique sur le port. Ses murs extérieurs recouverts de miroirs reflétant son environnement immédiat, il apparaitra flottant au-dessus du feuillage de Art Park quand les arbres auront eu le temps de pousser. Dessiné par l’équipe Vpang Architect Ltd. + JET Architecture Inc. + Lisa Cheung, il couvre au sol 878 mètres carrés, mais sa galerie d’exposition à l’étage est plus réduite, 310 mètres carrés, modulable, elle permet cependant de belles expositions dans un intérieur minimaliste aux murs blancs et au sol de simple béton. Il s’ouvre au rez-de-chaussée mais un escalier extérieur menant directement à la salle d’exposition y pénètre tournant autour d’une petite pelouse de gazon ou pousse un unique arbre. Ce pavillon permet à l’équipe de M+ d’organiser des expositions ou autres événements sans avoir à chercher des espaces extérieurs en attendant l’ouverture du musée. Puiseurs expositions y sont déjà programmés pour 2017.

Tsang Kin-wah est un des jeunes artistes dont la carrière artistique, commencée à Hong Kong, s’est développée rapidement sur un plan international. Né en 1976 à Shantou, dans la province du Guangdong, il déménagea à Hong Kong en 1982. Il fit des études d’art au Camberwell College of Arts à Londres et au Département des Beaux-Arts de l’Université chinoise de Hong Kong.
Tsang est un artiste dévoué à son art, travailleur, réfléchi et non prétentieux, un atout important dans le monde de l’art, il ne semble pas trop se préoccuper de sa renommée et est très ouvert à la discussion et aux débats d’idées.

La première exposition qui attira l’attention sur lui, eut lieu dans une petite galerie alors connue pour découvrir de jeunes artistes mais maintenant fermée, la galerie John Batten au 64, Peel Street, Central.
En arrivant dans cette expo dénommée « White Cube » en 2005, la première sensation était celle de la blancheur intense des murs, mais l’œil commençait à distinguer des motifs de différente tonalité, comme des rubans s’enroulant au vent de façon gracieuse et légère. En approchant de plus près, apparaissaient leur réalité : non des rubans, mais des phrases faites d’insultes en anglais et chinois dirigées vers le monde de l’art, commissaires, galeristes, collectionneurs, du genre FUCKINGARTLOVERS ou autres insultes.

C’était un projet qui avait pris naissance en 2003 dans son collège d’art et qu’il va continuer de développer par la suite. Pour la biennale de Hong Kong de 2005, il fit une magnifique exposition wallpaper avec la répétition d’un même motif fleuri en couleur bleue, blanche ou rouges. Les bleus notamment donnaient l’impression d’un plafond de mosquée, Mais en s’approchant on découvrait de même que ces motifs floraux c’étaient des mots, une grande variété de « fuckings », questionnant l’art et le langage, l’art et le commerce, etc. Son exposition au musée d’art de Hong Kong était cependant différente, allant dans une nouvelle direction, questionnant le sens de la vie humaine dans l’univers, une pensée spirituelle et philosophique sur le monde.

La forme d’exposition changea, à la place des wallpapers, c’était un ordinateur et une vidéo projetant au plafond dans une salle obscure des mots simples comme L’UNIQUE, LE BAISER, L’AMOUR, LE CORPS, L’ÂME, LE MAL, L'ARGENT, puis venaient les pêchés capitaux de la Bible ; L’ORGUEUIL, L’AVARICE, L’ENVIE, LA COLÈRE, L’IMPURETÉ, LA GOURMANDISE, LA PARESSE. Les phrases s’allongeaient ensuite dans une vitesse de plus en plus folle, comme si votre corps courait vers la mort. « J’essaye, disait l’artiste, de décrire la condition psychologique plongée dans la confusion quand toutes réflexions et notions de morale s’entrechoquent et se brisent comme dans la situation de Judas prêt à la trahison. » Tsang a eu une éducation catholique qui a marqué son enfance. Cette expo intitulée « It would be better if you have never been born » (Il aurait été mieux que vous ne soyez jamais né) était une lutte spirituelle où mal et bien finissaient par s’annihiler vers une sorte de rédemption, car la fin était VICTOIRE SUR LE MONDE MATERIALISTE, VICTOIRE SUR LE MONDE SPIRITUEL, les mots disparaissaient sur le plafond et étaient remplacés par une lumière blanche de plus en plus forte.

Après de nombreuses autres expositions à l‘étranger, Tsang Kin-wah représenta Hong Kong a la biennale de Venise en 2016 par une expo intitulée « The Infinite Nothing », placée sous l’influence de la pensée de Nietzsche.
Revenu de Venise, il prolonge ou répond à cette expo par « Nothing », présenté dans le Pavillon M+. Un titre qui indique une évolution tendant vers le vide, sans même l’avènement d’un surhomme à la façon de Nietzsche comme on aurait pu l’imaginer au vu de sa dernière exposition.

C’est une installation qui inclut le pavillon dans son entier et qui approfondit la question du vide de la vie en plongeant le public dans une atmosphère ou expérience culturelle plutôt sombre qui inclut vidéos, textes et musiques comme dans l’exposition de Venise. L‘entrée se fait par l’escalier extérieur le long d’un jardin de terre nue ou l’artiste a arraché le gazon, donnant un sentiment de désolation, mais où subsiste l’arbre encore bien vert, seul élément vivant de l’installation. Les murs de la terrasse sont recouverts de miroirs comme l’extérieur du bâtiment, est-ce une invitation à l‘introspection devant notre propre image constamment reflétée ?

Nous rentrons ensuite dans la demi-obscurité et le silence de l’intérieur, un paysage flou figurant un autre arbre solitaire à l’aspect maladif est projeté, symbole de notre grande solitude en ce monde comme le souligne la co-commissaire de l’expo, Stella Fong, qui a longtemps interviewé l’artiste. Nietzsche est indirectement présent par la projection sur un panneau de verre de cet arbre extrait du Cheval de Turin de Béla Tarr, un nom en ce moment très en vogue puisque ce cheval constituait cette année le poster du festival de théâtre d’Avignon. Sur le sol, la projection de l’image d’un petit âne lourdement chargé, « Il porte le poids du monde » me précise Tsang avec un air fatigué. La musique entendue est belle et spirituelle, La Passion de Saint Matthieu de Jean Sébastien Bach. Une expo nihiliste à la manière d’un Cioran mais pas totalement désespérée.

Le petit catalogue de la commissaire Stella Fong disponible sur l’expo est indispensable à ceux qui veulent comprendre tous les détails et les nombreuses références philosophiques dans lesquels il vaut mieux se laisser imprégner en silence pour saisir l’univers nihiliste de l’artiste.

 

Entrée dans l'expo © Tsang Kin-wah et M+

 

 

 

 

是次『曾建華:無』展覽為西九文化區內首個永久設施『M+展亭』揭幕。M+博物館大樓由 Herzog and de Meuron 設計,預計於2019年落成。

M+展亭是一座懸空的小型建築結構,展亭的露台眺望維港美麗的景色。鏡面外牆倒影着周邊的綠色環境,讓建築物像懸浮於西九藝術公園之上。M+展亭由彭耀輝建築師事務所 (VPANG) + JET 建築事務所+ 張勵繡設計,佔地八百七十八平方米,但樓上的面積較小,可提供三百一十平方米的展覽場地,內部的展覽空間則以拋光混凝土樓板及白牆組成,可靈活地舉辦多元化的藝術展覽。M+展亭的開放意味着M+博物館不需要再外借地方來舉辦展覽及其他活動,2017年已計劃舉辦多個展覽。
青年藝術家曾建華的藝術生涯始於香港,之後很快便走向國際化。1976年在廣東汕頭出生,1982年移居香港,曾建華在香港中文大學修讀藝術,並於倫敦坎伯韋爾藝術學院攻讀書藝。他是一位對藝術創作充滿熱誠,勤奮,不斷思考和謙遜的藝術家,謙遜在藝術領域是一項很難得的優點。他似乎並不太在意自己的聲望,而且很樂意公開討論和與人分享心得。

他第一次引起公眾注意的展覽是在一間現已休業的小型畫廊中舉辦,該畫廊就是以發掘年輕藝術家見稱,位於中環卑利街64號的約翰百德畫廊。

2005年,當我到畫廊參觀他那題為『White Cube』展覽時,第一個感覺是白得耀目的牆壁,但很快眼睛便分辨出一些不同色調的形狀來,它們如一些隨風捲動,輕盈優美的絲帶。走近觀看,才發現真相,它們是一句句以英文和中文書寫,辱罵藝術界、策展人、畫廊、收藏家等的粗言穢語。

2003年他還在藝術學院攻讀時便開始了這創作計劃,之後一直發展下去。2005年,他在香港藝術雙年展中展出一幅漂亮的牆紙,牆紙上重覆着一個藍色、白色或紅色的碎花圖案。藍色使人聯想到清真寺的天花板。但走近一看,會發現這些碎花圖案全都是文字,是形形種種類似『他媽的』的罵人字句,藉此表達他對藝術和語言,藝術和商業的質疑。而他在香港藝術博物館的展覽卻是朝着一個新的方向,他透過屬靈和哲學的角度思想世界,質疑人類生命在宇宙間的意義。

展覽的形式也改變了,牆紙被電腦和錄像取代,投映在天花板上的是一些簡單的字詞如:獨特、吻、愛、軀體、靈魂、邪惡、金錢,然後是《聖經》中的一些大罪:如驕傲、貪婪、妒忌、憤怒、淫亂、貪吃、懶惰。跟着是一些長句子,而且影像轉換的速度也愈來愈快,好像身體正高速地跑向死亡。曾建華表示:『我嘗試描繪的是當所有道德思想和觀念發生衝突並打破了,人的心理會進入一個怎麼樣的迷茫狀態,就像猶大準備出賣主耶穌時的心態。曾建華童年在天主教學校就讀,深受天主教所影響。這題為『活著即是作孽』的展覽是對善與惡的一種屬靈爭戰,結局是趨向某種毀滅性的救贖,因為最後出現字詞的是『戰勝世界』、『物質主義』、『戰勝屬靈世界』等字句,字句在天花板上逐漸被強光取代,繼而消失得無影無蹤。
在外國舉辦了多個展覽後,曾建華以題為『無盡虛無』的展覽代表香港參加2016年威尼斯雙年展,這展覽以尼采的思想貫穿始終。

自威尼斯歸來後,他以M+展亭的展覽『無』來延續或回應威尼斯的展覽。展覽的題名顯示出對生命的虛空有更深的體會,甚至不再像之前的展覽般處處流露出受尼采『超人』的影響。

《無》是一個場域特定的裝置,如威尼斯的展覽一般,包括錄像、文字和音樂,曾建華試圖建構一個讓人沉浸其中的獨特體驗,探索生命的本質以及無法逃避命運的事實。M+展亭露天平台的天空、通道和旋轉樓梯,統統成為了他作品的一部分。這位藝術家將戶外樓梯前的空地上的草剷去,露出光禿禿的土地,只留下一棵仍然青蔥翠綠的樹,成為整個裝置中唯一有生命的元素。同時場館四圍外牆的光面物料也自然創造出了一個特別的鏡光反射效果,藝術家莫非是藉此邀請我們對着自己的倒影作自我反省?

從明亮的室外走入半陰暗和寂靜的室內,投映在玻璃幕牆上是另一幅模糊的風景,當中長着另一棵病奄奄的樹。展覽聯席策展人方詠甄表示,它象徵我們在這世上的無限孤寂。這投映在玻璃幕牆上的樹間接地帶出了尼采的思想,其靈感來自導演貝拉.塔爾 (Béla Tarr) 的電影《都靈之馬》(Cheval de Turin)。地上是一隻載着沉重貨物的小驢。『牠背負着人類的重擔』曾建華疲憊地說道。背景音樂是巴哈的《聖馬太受難曲》(La Passion de Saint Matthieu)。這是一個充滿蕭沆 (Cioran) 虛無主義思想的展覽,但幸好卻並不完全使人感到絕望。