Céramique 陶藝

Par Gérard Henry

 
  Chris lo : « Rebuilding Moments »
羅士廉的『片刻』
 
 

Comme coule le fleuve du temps, vint un moment où les souvenirs remontent à la surface et flottent come les feuilles mortes en automne. On ne peut que songer à Marcel Proust et sa A la recherche du temps perdu quand on évoque cette plongée dans le passé, toutes les choses vivantes et les expériences sont par nature impermanentes et finissent par disparaitre, c’est une expérience que chacun vit à divers moments dans sa vie, mais certains artistes ont le talent pour la matérialiser en une œuvre d’art en littérature, musique ou cinéma.

Chris Lo est céramiste, il a derrière lui de nombreuses créations et expositions à Hong Kong et à l’étranger dans les musées et centre d’arts et collections privées. La céramique est son moyen d’expression favori avec la sculpture et l’installation. L’objet le fascine depuis toujours. C’est aussi l’objet qui le replonge dans son passé entrainant dans son sillage un lot de souvenirs, de sensations qu’il tente de saisir à nouveau au creux de ses mains dans l’argile qu’il pétrit et modèle.

« Reconstruire des moments » comme l’indique le titre de cette exposition, mais les reconstruire dans le présent, chargés ou imprégnés de leur histoire, de ses sensations qu’ils ont soulevés chez l’artiste.
Pour beaucoup, ces objets sont simples, anciennes poupées, ustensiles de ménages, téléphone, machine à coudre, piano, radios, et même animaux, tous ont une histoire à raconter comme nous les racontent Chris Lo ci-dessous dans quelques exemples que nous avons choisis, c’est l’histoire de la vie d’individu, d’une famille, d’une ville, Hong Kong.

Ah Bo le kaola
La meilleure amie de maman, tante Lin-yin me rapporta un koala en peluche quand elle rentra de voyage à Hong Kong. J’aimais mon koala, Ah Bo, qui m’accompagnait jours et nuits. Son visage avait la taille du mien. Je le pressais contre le mien et respirais son odeur. Un jour ou j’avais sans doute trop sali Ah Boh et oublié de le ranger à sa place, maman, lorsqu’elle nettoyait le sol, le trouva sous le sofa, sale et nauséabond. Elle était dans un de ses mauvais jours, et de colère, elle arracha la tête d’Ah Bo sous mes yeux. Je pleurai si fort, trouvant que maman était une personne cruelle et déraisonnable. Je fus furieux après elle tout l’après-midi, mais le soir, avant d’aller au lit, maman avait parfaitement recousu la tête d’Ah Bo à sa place et me le rendit. Je me sentais si désolé ! Chaque fil le long du cou d’Ah Bo me rappelait la vie si difficile et misérable de maman et l’amour qu’elle nous portait.

Goldie
Ce minuscule poisson rouge était vendu comme nourriture pour les gros poissons, 5 centimes la paire. Elle était de couleur rouge orangé, minuscule mais avec une grosse tête, très mignonne. Je la ramenais à la maison et l’élevais dans une petite jarre de verre. Je l‘appelais Goldie.
Maman poussa un jour la commode quand elle la nettoyait. L’eau se répandit et maman se pressa avec un chiffon pour essuyer la commode sans voir que Goldie était prise dans le tissu. Goldie fut légèrement blessée de partout. Heureusement nous l’avons trouvée à temps et sauvé sa vie. Elle se remit doucement de son corps et de ses nageoires déformées, cependant les nouveaux tissus de son ventre et les nageoires repoussés étaient de couleur noire. Goldie était plus belle avec un corps orange et une queue noire. Après un certain temps elle fut complétement rétablie. Sa queue était plus belle et plus grosse qu’avant. Elle ne nageait plus de façon équilibrée mais c’était devenu son style, elle était la plus accrocheuse des poissons rouges de l’aquarium, cette expérience de l’avoir presque perdue me la fit aimer plus encore. Goldie fut un bon ami animal de mon enfance, j’ai vu en elle le pouvoir de la vie et appris à chérir la vie.

Le poêle au kérosène
Quand j’étais petit ma famille vivait dans un ensemble d’habitation à bas loyers du gouvernement. Je me rappelle que nous n’avions qu’un poêle au kérosène et que nous devions y faire toute la cuisine. J’aimais l’odeur du kérosène, maman me demandait de le remplir, de tourner le bouton et d’allumer la mèche avec une allumette. J’aimais regarder maman cuisiner sur le poêle. Dès qu’elle tournait le dos pour quelques secondes, je m’approchais, me dressais sur mes orteils pour prendre la spatule et remuer la nourriture en train de cuire dans le wok. En réalité j’ai appris à cuisiner en observant ma mère, je lui dis une fois que je serai un chef quand je serai grand. A cette époque quand tout le monde était pauvre, le poêle à kérosène constituait toute la cuisine et il fallait longtemps pour préparer un simple repas.

La radio magnétophone
Mon premier magnétophone radio était un cadeau de ma tante, je l’aimais beaucoup.
Durant les vacances d’été, je restais à côté de la radio et ne sortait plus du tout. Mon été entier était rempli de chansons de pop cantonaise et occidentale, vieilles et nouvelles et je pouvais presque réciter le contenu de « American Billboard » de Sandy Lamb. J’obtenais des paroles manuscrites ou tapées de ma tante, et curieux, commençais à chercher de la musique pop occidentale de son époque, les années 60. Ce fut le début de ma connaissance et de mon goût pour la musique Je trouvais des endroits offrant un service de duplication des chansons. Tout mon argent de poche allait à l’achat de cassettes et à la duplication de chansons. La musique durant mes années d’écoles primaires et secondaire me fut très précieuse.

Le piano
J’avais acheté un vieux piano dans un bar dans ma quatrième année d’université. Il était si délabré que je n’y avais jamais touché. Après l’incident du 4 juin, la « Hong Kong Alliance in Support of Patriotic Democratic Movements of China », avait besoin d’aider quelques démocrates chinois à atteindre Hong Kong. Une femme professeur appelée Bai Hua se réfugia chez moi.

Mon mandarin était très mauvais et il m’était difficile de communiquer avec elle. Elle s’ouvrit à moi de ses blessures de l’exil et m’expliqua la situation difficile des intellectuels sur le continent.
Bai Hua resta chez moi presque une année. Quand elle fut sur le point de quitter Hong Kong elle me fit un petit cadeau – elle répara le piano !
Elle me raconta que pendant la Révolution culturelle, beaucoup d’intellectuels furent envoyés au « laogai » (rééducation par le travail) et durent faire toutes sortes de travaux. Elle fut métallurgiste, menuisière, agricultrice, manœuvre sur la construction d’une route et réparatrice de piano.

Un professeur qui ne savait pas jouer de piano répara mon piano.
Elle alla en France et s’y maria. Je lui souhaite une vie heureuse.


 

時間像河水,回憶是浮光,正如著名法國小說家普魯斯特 (Marcel Proust)《追憶似水年華》(A la recherche du temps perdu) 中所言,在物質世界裡,所有的生物和經驗在本質上都是無常的:在現實的事過境遷之中生而為人、存活、繼而稍縱即逝,人去樓空,物換星移,過去的總是留不住,但有些藝術家以不同的藝術作品,如文學、音樂或電影來呈現這些回憶。

陶藝家羅士廉主要從事陶藝創作,創作媒體包括雕刻陶藝、裝置藝術及功能器物,多年來在本地及海外舉行展覽,並被很多藝術館、博物館、藝術中心等收藏。他向來對器物特別感興趣。他利用陶土,以雙手重塑物象,重塑那些曾在他生命中出現的物件,象徵一些別具意義的時間及空間。
正如展覽的名稱『片刻』,藝術家試圖透過那些滿載歷史印記的器物在片刻間將自己過去的記憶和感覺在今日呈現出來。

樹熊亞寶
媽媽的死黨蓮英姨,旅外返港,帶回了一隻樹熊毛公仔送給我。我愛樹熊亞寶,日夜無間陪伴左右,他和我的臉大小一樣,我喜歡把他扒壓在我臉上,大力嗅著他的氣味。可能我弄得亞寶太髒,也沒有將他收放好,媽媽掃地時從梳化下掃出髒臭的樹熊亞寶。當日媽媽心情壞透,在我面前狠狠的一手把樹熊亞寶的頭撕掉了。那一刻,我哭昏了,只覺得媽媽殘忍不講理。我惱怒了一整個下午。但到當晚睡覺之前,媽媽居然悄悄地用針線把亞寶的頭和身體從新縫合,完璧歸趙。亞寶的頸項上的一針一線,縫進了媽媽生活的困苦和逼迫,和她對我們的愛。之後,我只感到歉疚。

金魚仔
本來是在街市販賣來餵大魚的一條小金魚,只是五毛錢一對。她個子非常細小,頭卻很大,橙紅色,我倒覺得她十分可愛,就把她買了回家。我叫她金魚仔,把她養在一個小玻璃瓶中。有一次媽媽在清潔時,不小心翻倒了魚缸,水傾倒到櫃後。媽媽連忙用布抹掉積水,但在趕忙之間,不小心把金魚仔卷了在抹布內。抹了一陣子,小魚已經被磨得遍體鱗傷了。幸好我們及時發現,救回小魚的性命。日後我們看著她變了形的身驅和殘破了魚鰭,逐漸復元過來。重生的組織,包括之前變了形的肚和破損了的魚鰭,竟然都變成了黑色,因為這樣,金魚仔變得更漂亮,有橙色的身體和黑色的尾巴。過了很長的日子,她完全康復了,重生的魚鰭比往時更大,更漂亮。縱使她游起來身體有點兒扭曲,但也成為了她的特色。在一缸魚之中,我看得她最清楚。或許是失而復得,我更加喜歡她。金魚仔是我小時候一位動物好朋友。因為她的經歷,我知道了生命的力量和懂得珍惜。

火水爐
小時候我們一家人住廉租屋。記得初搬入時,家裏只得一個火水爐,一切煮食都只靠它。最喜歡那種火水氣味。媽媽會叫我幫她換火水,或用火柴點燃點火水的棉棒,將棉芯抽高並逐一點著。不論將棉棒吹熄的氣味混合著吹熄火柴的氣味,或是加火水入爐時的氣味,現在仍記得十分清楚及回味著。我喜歡看著母親在火水爐前炒餸的模樣。我記得每逢她一走開的時候,我都會把握那短暫的幾秒鐘,用我矮小的身軀,盡量撐高腳,拿起鑊鏟攪幾下。其實我烹飪的知識和經驗,大部分都是從那時看著媽媽煮飯得來的。我還對媽說長大後要當廚師呀!那時代大家生活貧困,煮飯得一個火水爐,只能煮一些簡單的食物,做一頓飯也需要很長的時間。

收音錄音機
第一部收音錄音機是亞姨送我的,我愛不擇手。升中二年的暑假,每日就是伏在收音機前,彷彿甚麼地方也沒去過,只有不斷的中、西流行樂,新舊老歌一大堆,林珊珊的『美國細碟榜』,內容都聽得滾瓜爛熟。從亞姨得到了一些手抄的或是用打字機打的歌詞,好奇之下,找了那些音樂來聽,認識了一些亞姨年代(60年代)的歐西流行曲。我的音樂知識和品味也是從此累積和培養出來。收音機錄音最緊張!要校準時間,在 DJ 陳述完,音樂開始之前,準確按下錄音制。就這樣,便可製作出自己喜歡的雜錦歌曲系列。後來我發現了一些地方提供收費錄音,大家可以自行帶備錄音帶去錄音樂,收費三元一隻歌,自此我的儲蓄都花光在錄音樂和錄音帶上。什麼鉻帶、TDK, Sony 金屬帶之類。金屬帶最貴,音色也最亮麗持久。小學,中學時期的音樂,總是珍貴的。謝謝亞姨的收音錄音機,謝謝一路陪著走過的音樂。

鋼琴
大學四年班,我拾了一座被酒吧棄置的鋼琴回家,因為太殘破,一直閒置在家中,從沒踫過。六四事件後,支聯會安排了一些民運人士來港,需要找學生暫時收留他們。一位叫白樺的教授住進了我家。我的國語很爛,和她的溝通有點難。她給我看過她逃難時留下的傷痕,也解釋了知識份子在大陸的苦難。白樺住在我家差不多一年,即將要離開香港的時候,送了我一份禮物:她把那座舊鋼琴修理好。我又感激又驚訝,她說,文革時很多學者被下放勞改,什麼粗活也得幹著。金工、木工、下田、築路,什麼也會,也學會了修理鋼琴。

一位不會彈琴的教授修好了我的鋼琴。
她去了法國,結了婚。希望她過著幸福的生活。