Poésie 詩詞

Par Bernard Pokojski

 
  Gaston Miron, le québécanthrope
加斯東.米龍,直立魁北克人
 
 

« Je suis un pitre aux larmes d’étincelles et de lésions profondes. » Miron

« Je vois la poésie comme une anthropologie, comme une défense et illustration d’un être collectif. La poésie est ce qui nous fait être et nous pose dans la durée alors que l’existence se dissout, dans le temps. » - Miron, entretien avec André Laude dans Le Monde.

Le 14 décembre 1996, Gaston Miron « s’est couché dans son ombre » pour reprendre les mots de Jean Royer, à Montréal, né à Sainte-Agathe-des-Monts « dans les vieilles montagnes râpées du nord », en 1928. Il sera l’aîné d’une famille de cinq enfants où l’on était charpentier de père en fils. Son premier choc culturel, il le connut quand il découvrira que son grand-père qu’il adorait, pataugeait dans le plus « noir analphabète »... L’enfant n’a que douze ans quand meurt son père (« mon père est devenu du sol ») et à Sainte-Agathe qui se transformait en lieu de villégiature pour anglophones fortunés, il sera confronté à « son bilinguisme de naissance ». La langue majoritaire alors signe de l’argent et du pouvoir, l’envoyait ainsi que ses semblables dans un état de dépendance servile.

Etudes secondaires cependant auprès des Frères du Sacré-cœur où il sera initié à la poésie ; puis études finies, il rejoint sa mère « aux mains d’obscures tendresses ». On le verra manœuvre pendant un an dans la plomberie et à 19 ans, il partira enfin vers Montréal, « la ville opulente».

Autre choc évidemment brutal « dans les Mille et une Nuits des néons / moi je gis, muré dans la boîte crânienne ». Pour survivre, il exercera un peu tous les métiers, de commis de bureau à instituteur en passant par serveur mais étudiant le soir les sciences sociales à l’Université de Montréal, il rencontrera Olivier Marchand son initiateur à la poésie moderne : Eluard Desnos, Aragon entre autres... Celui-ci l’introduira à un mouvement (l’Ordre de bon temps) issu de la Jeunesse étudiante catholique dont le but était la défense du folklore canadien-français. Ici, nous touchons à la deuxième face de Miron : son goût pour la politique et l’attachement indéfectible à la cause de son peuple. Entre 1947 et 1953, il sillonnera sa province à la découverte de son patrimoine, de ses paysages, de ses habitants et de leurs conditions sociales, trouvant alors qu’il était temps de fonder une maison d’édition consacrée exclusivement à la poésie au Québec. Ce seront les Editions de l’Hexagone où l’accompagneront dans cette aventure Marchand et quelques autres amis fidèles. Miron avait entre temps commencé à publier dans des revues et des journaux, signe d’un éparpillement qui sera, pourrait-on dire, la marque de son œuvre à venir.

Son premier ouvrage, Deux sangs, sorti en 1953, à ces Editiions de l’Hexagone aura tout naturellement pour co-auteur Olivier Marchand et sera le fruit d’une souscription lancée auprès d’amis : 500 exemplaires fabriqués de façon artisanale. L’année suivante, Miron entre dans l’écriture de ses grands cycles poétiques : La Vie agonique, La marche à l’amour et La Batêche. En 1955, il adhère au Parti social démocratique. « Je gueule comme un pendu, au nom du prolétariat, au nom des bêtes que nous sommes devenues. Cette lutte est maintenant ma seule raison de vivre ». C’est à cette époque aussi qu’il découvre qu’en lisant les manuscrits reçus du Québec pour la constitution d’un numéro de la revue Esprit en 1952, Albert Béguin avait employé à propos du Québec l’expression « conscience colonisée ». Celle-ci l’intrigue tout d’abord, puis le choque et l’obsède et il sera à partir de cette date tourmenté par l’idée d’indépendance. « Il va arriver quelque chose d’imminent, je sens ça comme une bête » avait-il déjà écrit dès 1956...

En 1959, s’ouvrira dans sa vie un nouveau chapitre : « Me voici à Paris, moi le Canayen, le pas sortable, l’enraciné, le forestier, l’humusien, le continenteux, l’Américain, oui l’Américain, je le suis, je le constate... J’en suis fier de jour en jour. » « Nous sommes cent fois plus socialistes que l’Europe, du moins que la France » et le socialisme français lui apparaîtra comme un « verbalisme ». Et encore,
« Europe vétuste, formaliste, telle est ma première impression. »

Gaston Miron avait formulé de tels propos auparavant, dans son pays : « Je n’ai plus rien à faire avec l’Europe. » « Au début, j’en étais consterné. Maintenant, je sais qu’ils sont nos frères, des autres nous-mêmes » (il s’agit ici des Américains). Mais que Dieu lui pardonne, Miron n’était à Paris que depuis deux semaines, pour étudier les techniques de l’édition à l’école Estienne sans oublier que culture et littérature françaises trônaient du haut de leur piédestal et que Miron avait justement besoin de défier cette domination et d’établir un échange. Ceci adviendra dans ses rencontres avec André Frénaud, Guillevic, Edouard Glissant, Maurice Roche et que selon ses dires, il avait été « foudroyé » en 1948 par ces deux vers de Patrice de la Tour du Pin : « Tous les pays qui n’ont plus de légende / seront condamnés à mourir de froid ». Deux vers qui lui firent entrevoir aussitôt « le destin d’un pays » qui ne voulait plus être peuplé « de déracinés » atteints de l’angoisse d’une prochaine disparition.

En juin 1960, Miron le crève-la-faim n’arrive plus à supporter Paris : « Le suicide me hante (...) Je suis fatigué d’avoir un visage dégueulasse ».
Il avait connu la misère dans son Québec et dans une lettre datant de 1953, il annonce qu’il ne pourra pas assister à une Fête des poètes à cause de « son extrême pauvreté » qui ne l’utorisait même pas à avoir une chemise propre, encore moins un habit, « chien de ruelles, poète maudit ». A sa disparition, sa situation n’avait malheureusement guère changé mais il n’aura jamais honte de cette pauvreté, l’identifiant jusqu’au bout à la condition de son peuple même en présence d’un parterre d’intellectuels français qu’il saura toujours éblouir par sa faconde et le génie qu’il avait de la langue.

De retour au Québec en 1961, il travaille dans l’édition tout en participant activement à la Révolution tranquille et à tous ses combats. Il redécouvre sa terre, la réinvente, la ressasse, renouant alors avec la poésie. Il publie enfin ses grands cycles poétiques La Marche à l’amour en 1962, La Vie agonique, la Batêche, L’Amour et le militant en 1963, toujours en revues, devenant « Miron le magnifique », cet « homme répandu comme une légende, animateur et agitateur de première force, dont le visage se confond presque avec le visage de notre société » pour citer Jacques Brault. C’est le mythe Miron qui refuse de publier ses poèmes en volume, sans cesse les retouchant et luttant avec les mots « comme un cheval de trait (...) dans les labours ». Il faudra attendre 1970 pour qu’il rassemble ses poèmes auxquels il ajoute quelques textes en prose pour que naisse son grand livre L’Homme rapaillé. Son retentissement est énorme et il devient un phénomène dans l’édition figurant sur la liste des « best-sellers »... Ceci n’empêchera nullement le gouvernement de l’inclure dans les 350 personnes arrêtées en vertu de la « Loi des mesures de guerre », et de se rafraîchir les esprits 13 jours en prison... La poésie mène vraiment à tout... L’Homme rapaillé, une « insurrection » n’en conserve pas moins une poésie amoureuse et charnelle. Gaston Miron y interpelle sa patrie, y chante aussi la femme, et crie son désespoir, homme tourmenté, passionné mais libre qui écrit ou refuse d’écrire. « Il cristallise poétiquement le parler québécois quotidien » comme l’écrit Jacques Rancourt l’infusant de son lyrisme sans perdre des yeux sa seule quête, celle de « rapailler », autrement dit de rassembler les morceaux épars du peuple québécois. Mais dans sa poésie, il n’arrête jamais de chercher, de faire bouger la langue contre ce qui l’étouffe. Il établit des écarts, des accidents et nous offre des surprises afin de briser tout nivellement qui menacerait.

Dans les années 70, il sera écrivain résident aux universités d’Ottawa et de Sherbrooke, enseignera à l’école nationale de Théâtre de Montréal, travaillera dans l’édition et publiera un deuxième recueil Courtepointes. Il fera dans les années 80 de multiples lectures de ses poèmes dans son pays, en Europe et aux Etats-Unis et une nouvelle version de l’Homme rapaillé sortira aux éditions Maspéro à Paris. A partir de 1990, il donnera un peu partout un spectacle poétique intitulé La Marche à l’amour. A sa mort, il aura droit à des funérailles nationales, reconnaissance ou manœuvre pour récupérer le poète national ? Sa vie durant le Québécanthope ne fut qu’ignoré, voire méprisé par le pouvoir alors que son recueil emblématique s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires.

« Oui, c’est sûr que ce sont les autres qui ont publié mes livres. En fait, je suis quasiment un poète malgré moi (...) Combien de fois des syndicats m’ont demandé de parler de la langue et de la poésie dans leur congrès, et j’y allais. Mais j’étais toujours pris avec ma culpabilité, je dirais, qui provenait de ma responsabilité sociale, c’est-à-dire que le temps que je passais à écrire, je me sentais coupable de ne pas être sur le front de lutte. » Ainsi parlait Gaston Miron...

Homme aux labours des brûlés de l’exil
selon ton amour aux mains pleines de rudes conquêtes
selon ton regard arc-en-ciel bouté dans les vents
en vue de villes et d’une terre qui te soient natales
Je n’ai jamais voyagé
vers autre pays que toi mon pays
un jour j’aurai dit oui à ma naissance
j’aurai du froment dans les yeux
je m’avancerai sur ton sol, ému, ébloui
par la pureté de bête que soulève la neige
un homme reviendra
d’en dehors du monde
POUR MON RAPATRIEMENT (La Vie agonique)
Vous pouvez me bâillonner, m’enfermer
je crache sur votre argent en chien de fusil
sur vos polices et vos lois d’exception
je vous réponds non
je vous réponds je recommence
je vous garroche mes volées de copeaux de haine
de désirs homicides
je vous magane, je vous use, je vous rends fous
je vous fais honte
vous ne m’aurez pas vous devrez m’abattre
avec ma tête de tocson, de nœud de bois, de souche
ma tête de semailles nouvelles
j’ai endurance, j’ai couenne et peu de barbiche
mon grand sexe claque
je me désinvestis de vous, je vous échappe
les sommeils bougent, ma poitrine résonne
j’ai retrouvé l’avenir
(La Batêche séquences)
 

『我是一個涕泗滂沱、悲痛欲絕的小丑』- 米龍

『我把詩歌看成是一種人類學,是對一種人群的捍衛和頌揚。詩歌令我們生存,令我們在生命銷蝕毀滅之際永存。』- 米龍,與安德烈.洛德 (André Laude) 的一次對談,《世界報》

借用若望.魯瓦耶 (Jean Royer) 的話說,1996年12月14日,加斯東.米龍於蒙特利爾,『在自己的陰影中睡着了』。他於1928年出生於 Sainte-Agathe-des-Monts『北方的深山老林中』的一個子承父業,世代相傳的木匠家庭裡。五個孩子中他排行第一。他對蒙昧無知的最初感受是當看到自己心愛的祖父由於『目不識丁』,一輩子在痛苦中爭扎的情景…… 他年僅十二歲,父親便離他而去 (『父親已變成一抔黃土』)。Sainte-Agathe 成了富足的英國人的渡假勝地,他『一出世,便置身於雙語世界』。英語這個大多數人講的語言成了金錢與地位的象徵,將他和他的同鄉降至仰人鼻息的附屬地位。


他在聖心兄弟會主辦的中學讀書,並初習詩歌。學業結束後,他回到了『有着溫柔雙手』的母親身邊。他在一個鉛管工場做了一年小工,十九歲時來到了『昌明隆盛』的蒙特利爾。
另一次沉重打擊,『在一千零一盞霓虹燈下的夜晚,我躺下,蜷縮在斗室中』。為了生存,他幾乎嘗試了所有職業,從辦事員到小學教師。白天,是蒙特利爾大學專攻社會學的大學生,晚上是餐館的侍應。他認識了奧利維耶.馬爾尚(Olivier Marchand),他引導他閱讀現代詩歌:艾呂雅、德斯諾斯、阿拉貢等。這位啟蒙老師還帶領他參加由天主教青年學生發起的一場運動 (l’Ordre de bon temps),這場運動的目的是捍衛加拿大 — 法國的民間傳統。這裡,我們窺見了米龍的另一面:他對政治的投入以及對人民事業的始終不渝的堅持。1947年及1953年間,他穿越了整個魁北克省,發現探知該省的文化遺產、山川景色、居民及其社會地位。他發覺是時候創辦一個專為魁北克詩歌的出版社。『六邊形出版社』(Les Editions de l’Hexagone) 便這樣應運而生。馬爾尚及其他摯友都積極參與其中。米龍偶爾零星散亂地在一些報章雜誌發表文章,可以說這成了他未來寫作的特色。

他的第一部作品《兩種血統》(Deux sangs) 於1953年由六邊形出版社出版,合著者當然是奧利維耶.馬爾尚。作品在朋友間認購,由手工製作了五百本。翌年,他投入系列詩歌的創作:《垂危的生命》(La Vie agonique)、《愛情進行曲》(La Marche à l’amour) 及《La Batêche》。1955年,他加入了社會民主黨。『以無產者之名,以我們業已變成的畜牲之名,我向你們大聲吼叫。現在,這場鬥爭已成為我生存的理由。』就在這個時期,在閱讀中,他偶然發現為編輯出版1952年《精神》(Esprit) 雜誌一期收到的來自魁北克的幾篇文章,作者阿爾貝.貝甘 (Albert Béguin) 在論及魁北克時使用了『殖民意識』這個詞。開始時,這讓他感到困惑,後來他感到震驚並揮之不去,從這時起,他便為獨立的思想苦苦纏繞。1956年他這樣寫道:『我像一頭野獸,預感到一場迫在眉睫的大事就要發生。』

1959年,在他的生活裡,展開了新的一頁:『我現身在巴黎,我,一個加拿大人,一個見不得人的人,一個老頑固,一個守林人,一個大鄉里,一個新大陸人,一個美洲人,是的,我是美洲人,我確認,但對此我一天比一天感到驕傲。』『我們是社會主義者,一百倍甚與歐洲,至少甚於法國。』法國的社會主義在他看來顯得『空話連篇』。此外,『破舊老朽、拘泥形式,這便是我對歐洲的第一印象。』

過去,加斯東.米龍在他的家鄉曾經這樣說過:『我和歐洲之間再沒有甚麼瓜葛。』『開始時,我有些沮喪。現在,我知道,他們是我們的兄弟,而我們是美洲人。』但上帝對他頗仁慈,他在巴黎只逗留了兩個星期,在艾蒂安學校學習出版技術。法國文化、法國文學的殿堂君臨頭上,他欲挑戰這個權威並和它進行交流。於是,便有了和安德烈.弗雷諾 (André Frénaud)、吉爾維克 (Guillevic)、愛德華.格利桑 (Edouard Glissant)、莫里斯.羅什(Maurice Roche) 等人的會面。據他自己所言,1948年,他被帕特里斯.德拉圖爾.德班 (Patrice de la Tour du Pin) 的兩行詩所『震懾』了:『沒有傳統的國家,勢必在嚴寒中凍死』。這兩句詩頓時讓他看到了這樣一個國家的命運,在這個國家裡,人民不為自己將被消失而憂心忡忡,也不為此而自覺是一個『無根』的異鄉人。

1960年,這個食不果腹的人忍受不了巴黎的生活:『自殺的念頭常縈繞着我,我受不了自己的一副令人厭惡的尊容。』早在魁北克時,他便嘗到了貧窮的滋味。在一封1953年寫的信裡,他說自己參加不了一場詩人的雅集,原因是『赤貧』令他無法穿上一件乾淨的襯衫,遑論一套體面的禮服,『街上的一隻狗,被咀咒的詩人』。他離世時,境況幾乎沒有甚麼改變。但他甘於貧困,並不以此為恥,他總是和自己的人民看齊,即便他口若懸河、文彩斑斕,令法國的知識界為之着迷。

1961年回到魁北克後,他在出版社工作,並靜悄悄地參加了革命及各項鬥爭。他重新發掘故鄉的土地,琢磨它,賦它以新意,並把它和詩歌連成一體。最後,他發表了他的詩歌系列巨著,1962年,《愛情進行曲》;1963年,《垂危的生命》、《La Batêche》及《愛情和戰士》(L’amour et le militant)。他的作品廣受評論,他被人譽為『傑出的米龍』。雅克.布羅 (Jacques Brault) 這樣評論道:『他好比一個家喻戶曉的傳說中的人物,一流的組織者和煽動家,他的形象和我們的社會融為一體了。』他拒絕將詩歌結集出版,『像一匹辛勤的挽馬』,對詩句反覆推敲,不斷修改,一時傳為佳話。直到1970年,他才將自己的詩歌收集起來,並加上一些散文,結集出版了《L’Homme rapaillé》這部巨著。這部作品得到很大的迴響,頓時成了暢銷書榜上的奇蹟。但這並沒阻止政府將他列入違反『戰爭法』的350人的名單中,他被判入獄十三天,以反省思過。詩歌的確無往而不勝,《L’Homme rapaillé》是『反叛』的詩歌,但箇中不乏濃情蜜意。加斯東.米龍在詩中呼喚他的祖國,讚美他的妻子,發出絕望的呼叫,他是一個被苦惱纏繞又熱情洋溢的人,他寫作不寫作,全憑自己,無拘無束。雅克.朗古 (Jacques Rancourt) 說,『他將魁北克的日常語言提升至詩的境界』,將激情注入語言,卻始終不忘初衷,即將散落各地的魁北克詩文蒐集起來。他在詩歌中,不停地探索語言,活用語言,使他不至於窒息。他離經叛道,創造奇句,饗我們以驚奇,以破除語言流於平庸的危險。

七十年代,他是渥太華及舍布魯克 (Sherbrooke) 大學的駐校作家,並在蒙特利爾的國家戲劇學校任教。他還在出版社工作,發表了他的第二部詩集《絎縫棉被》(Courtepointes)。八十年代,他在加拿大、歐洲、美國舉辦了無數次的詩歌朗誦會。一本新版的《L’Homme rapaillé》在巴黎由 Maspéro 出版社出版. 1990年起,他將他的詩劇《愛的進行曲》搬上舞台,四處演出。他死時,獲得國葬的榮譽,被接受為國家詩人,但這是對他的承認抑或虛與委蛇?在他有生之年,『直立魁北克人』被人忽視,甚至遭當權者蔑視,他的詩歌代表作銷售了過十萬冊。

『是的,毫無疑問,是別人出版了我的著作。事實上,不管我願不願意,我勉強還算是個詩人。不知有多少次,一些社團組織邀請我在他們的大會上談論語言和詩歌,我都應允了。但我總是和一種罪惡感在搏鬥,我認為這來自我對社會的責任感,也就是說當我在寫作時,如果不把自己置於戰鬥的最前線,我自覺有罪。』加斯東.米龍如是說。