Hong Kong Arts Festival 香港藝術節

Par Geneviève Baraona

 
  Pina Bausch : Café Müller et Le sacre du printemps
翩娜.包殊的《穆勒咖啡室》與《春之祭》
 
 

Pina Bausch nous a quittés le 30 juin 2009 mais son œuvre et son théâtre, le Tanztheatre Wuppertal, sont restés et continuent à vivre dans la tristesse rêveuse de Café Müller et la sauvagerie primitive du Sacre du printemps de Stravinsky.

En 1977, c’est en charge de l’institution de l’opéra de Wuppertal que Pina Bausch invente une nouvelle forme de spectacle qui raconte inlassablement la perte vécue par l’homme dans les systèmes stéréotypés et hypocrites, son thème favori restant la dénonciation des codes de la séduction comme dans son somptueux Barbe bleue donné en 1977 sur la partition du même titre de Bartok. Des créations du début, lyriques, dramatiques, très dansées, accompagnant de grandes partitions musicales (comme le Sacre du printemps brut et primitif créé en 1975 que l’on va revoir cette année au HK Arts Festival), on passe insensiblement à la forme du Tanztheatre qu’elle a inventée : déracinement, coupure de l’histoire de la danse, constitution d’un langage nouveau dont le premier trait est l’apparente perte du mouvement et de la danse, l’organisation dramatique se construisant peu à peu à partir de l’introspection des danseurs pour arriver à de grands rituels collectifs ou des numéros comiques, érotiques ou exhibitionnistes où la discontinuité de la narration, la répétition soulignent quelques anodins, le caractère dérisoire des comportements.

Les danseurs entrainés à la danse classique, chantent, utilisent le langage parlé, agissent, expérimentent des émotions exacerbées, magnifiées jusqu’à la douleur par un geste, un mot, un mouvement mais ne représentent aucun personnage si ce n’est eux-mêmes, chacun avec sa personnalité, sa couleur, sa façon de rire ou de pleurer, sa présence unique sur scène...

De pièce en pièce, Pina Bausch raconte le monde aux prises avec l’incommunicabilité, l’immobilisme, à travers des personnages à la dérive, bloqués dans le temps-de l’histoire ou de l’enfance (Café Müller,1978, aussi présenté dans le festival) signes habituels d’une Europe en décomposition.


• The Rite of Spring © Zerrin Aydm Herwegh

 


• The Rite of Spring © Zerrin Aydm Herwegh

翩娜.包殊於2009年6月30日離我們而去,但她的作品和她的烏珀塔爾舞蹈劇場卻沒有因她的離去而消失,她更藉着淒美夢幻的《穆勒咖啡室》(Café Müller) 和粗獷原始,改編自史特拉汶斯基的《春之祭》(Le sacre du printemps) 而長存我們心中。

她於1977年當上了烏珀塔爾歌劇院舞團藝術總監後創作了一種全新的表演形式,一種不停地描述人類生活在刻板及虛偽的制度下所感受的失落感。然而,翩娜.包殊最喜歡的主題仍然是揭示誘惑的規則,1977年推出,以巴托克的同名音樂作品改編而成,華麗的《藍鬍子》(Barbe bleue) 就是一個很好的例子。她早期的作品熱情奔放,戲劇性濃厚,舞步很多,並以著名音樂作品作配樂 (如創作於1975年,粗獷原始的《春之祭》,這舞劇將在本屆香港藝術節再度演出),而逐漸在不知不覺間演變成她始創的『舞蹈劇場』的形式:撤底摒棄了舞蹈的根基和歷史;構造出一套新的語言,其特點是動作與舞步明顯減少了;戲劇性的組成是每個舞蹈員皆以自身反省為起點,組成一些如集體儀式,又或是性感惹笑或暴露的小品,透過斷斷續續,或反複的敘述使一些本來微不足道的動作或行為上的特徵變得更明顯。

舞蹈員每天練習古典舞、唱歌、說話,利用一個手勢、一個字、一個動作來表達激烈的情感,直至情緒被擴張至痛楚的階段。在舞台上,每個舞者都是一個獨立的個體,有自己的個性,自己的哭笑方式,除了自己的身份外並不代表任何人……
每一齣演出,翩娜.包殊都會借用一些不知所措、被過往經歷困擾的人物來描繪一個冷漠和墨守成規的世界 (同樣在藝術節演出的《穆勒咖啡室》,1978年),這個形像常常被用來形容正在解體的歐洲。