Histoire de l'Alliance Française de Hong Kong 香港法國文化協會歷史

Par Gérard Henry

 
  Le chemin vers la Chine
通往中國之路
 
 

A son arrivée à l’automne 1986, Francis Hetroy, le nouveau directeur de l’Alliance Française de Hong Kong qui succède à Jean Souillat, déclare d’emblée : « Je formule le vœu que l’Alliance française prenne lentement et progressivement le chemin de négociations et que peut-être, tout comme la Grande Bretagne a su négocier avec les autorités chinoises, l’Alliance trouve, elle aussi, le chemin de la Chine. »

L’un des vieux rêves de l’Alliance française de Paris, était en effet d’effectuer un retour en Chine, abandonnée par la force des choses, en l’occurrence le refus de son existence par les nouvelles autorités communistes, quelques années après la Révolution chinoise, et pour cela, l’Alliance Française de Hong Kong était la mieux placée. Mais avant même de fouler à nouveau le sol chinois, il restait à s’établir à la plus ancienne porte « occidentale » de la Chine, celle qu’empruntèrent les Jésuites au 16e siècle pour gagner la Cité interdite et le Palais du fils du ciel, la petite colonie portugaise de Macao, établie en 1557, et qui sera rétrocédée à la Chine 442 ans plus tard, en 1999.

Macao, la cité de tous les contrastes
On pourrait se demander pourquoi l’Alliance a mis si longtemps à s’établir à Macao, mais peut-être était-ce en raison de l’histoire coloniale des deux pays, la France et le Portugal, chacun cherchant à préserver son influence sur ses anciennes colonies. Ainsi quand les Missions étrangères de Paris cherchèrent à agrandir leur Fondation Nazareth à Macao en 1885, l’accueil des autorités portugaises fut plutôt froid et causa leur déménagement sur le site de Pokfulam à Hong Kong (Béthanie et Nazareth).

La raison la plus probable est cependant plutôt la petitesse de la communauté française de Macao qui ne dépassait pas la vingtaine de personnes, si l’on excluait les danseuses de French Cancan du Paris Crazy Show qui se produisaient au Casino Lisboa du milliardaire Stanley Ho. Ce sera une jeune française lusophone, débordante d’énergie, animatrice hors pair et danseuse infatigable, Catherine Pasquier, qui mettra en 1987 sur pied les bases de cette nouvelle Alliance, lui donnera son premier essor et viendra pour l’établir officiellement le 20 juillet 1987, demander l’aide de l’Alliance Française de Hong Kong. Elle en deviendra la première directrice et son premier comité sera présidé par un notable portugais, M. Joaquim Perestrelo Neto Valentee. Le directeur de L’Alliance Française de Hong Kong sera membre consultatif de son comité directeur et l’Alliance de Hong Kong lui octroiera une petite subvention de départ en sus de celle de Paris, ainsi qu’une aide pédagogique en personnel et en matériel qui se poursuivra pendant une dizaine d’années.

Cette Alliance qui a fêtera en 2017 son trentième anniversaire se porte aujourd’hui très bien et même si elle reste de taille très modeste, perdure au milieu de cette forêt de casinos qu’est devenue Macao, capitale mondiale du jeu et accueille 950 d’étudiants par an tout en assurant une programmation culturelle française à Macao.

C’est au légendaire Hôtel Bela Vista de Macao (devenu en 1999 résidence du consul général portugais) que la constitution de l’Alliance française de Macao fut signée et que Francis Hetroy, succombant sans doute au charme magique du lieu se prit, sous la statue de Napoléon, dans une envolée lyrique, à rêver à la Chine : « Le soleil tentait de percer les nuages et de pénétrer la bâtisse centenaire du Bela Vista. Dans la pénombre de la salle, la statue de Napoléon écoutait, impassible, la voix plaintive et prenante de la môme Piaf, qui criait qu’elle ne regrettait rien, qu’elle aimait son beau légionnaire, et nous, nous étions là, parmi tous ces souvenirs d’une époque qui s’enfuit, à bâtir l’avenir d’une nouvelle Alliance.
Macao ! Qui, parti de l’Occident lointain, n’a pas rêvé de visiter ce port où se sont rencontrés les conquistadores du Portugal et les grands seigneurs de la Chine ancestrale ?
Quatre siècles ont passé, et avec le même espoir, intrigué, ce jour-là à Macao, j’ai regardé au bout de cette grande rue la porte de Chine. Alors oubliant les astreintes, les interdits, les jeux de la politique et les raisons d’état, j’ai rêvé d’aller implanter d’autres Alliances dans toutes ces villes, bordant le grand Fleuve jaune, qui aspirent tant à nous connaître et que nous cherchons à redécouvrir. » (Juillet/Août 1987 Paroles)

Canton, Shanghai, Pékin
Ce rêve se réalisa relativement vite, puisque dix ans avant le retour de Hong Kong à la Chine, L’Alliance Française de Hong Kong, profitant d’un afflux considérable d’étudiants désireux d’émigrer vers le Québec et donc d’une situation financière confortable, s’engagea résolument dans une politique de développement en Chine.
La première fut Canton. « Dix-sept voyages à Canton, deux à Pékin, de nombreuses interventions à Paris, vinrent à bout des réticences des autorités françaises et chinoises pour un projet jugé insensé en pleine crise entre la France et La Chine », précise Francis Hetroy, évoquant à demi-mots l’affaire de la vente par la France de vedettes militaires à Taïwan en 1991. Une des difficultés était qu’une Alliance française est autonome et indépendante, association de droit local, gérée par un comité de personnalités locales. L’Alliance dut donc trouver une autre forme de structure qui soit acceptable pour la Chine où la création d’une association indépendante n’était point possible. La solution fut trouvée lorsque le bureau de l’Education de la province de Canton, manifesta son intérêt d’installer l’Alliance française au sein de l’Université des cours du soir et lui offrit d’occuper pour dix ans le huitième étage (600m2) d’un bâtiment en cours de construction, à charge pour l’Alliance française d’en supporter le coût de l’installation complète. En septembre 1989, cette Alliance ouvrit donc sous la direction de Jean-Pierre Dumont sous le nom de Centre Franco-Cantonais de formation linguistique, avec les moyens d’installation les plus modernes grâce à un généreux mécène de Hong Kong, M. Ho Tim.

Au même moment, des contacts étaient pris à Shanghai avec des hauts fonctionnaires de l’éducation et, après avoir été invitée à coopérer avec diverses institutions, l’Alliance française choisit le même partenaire qu’à Canton, L’Université du temps libre, située à deux pas du Bund. L’Alliance y construisit un étage supplémentaire pour abriter huit salles de classe, un laboratoire de langues, une bibliothèque, une salle de cinéma et une cafétéria. Le protocole d’accord fut signé en mai 1991 par François Hingue, directeur de L’Action à l’étranger, en présence du vice-maire de Shanghai et de Jean-Pierre Montagne, consul général de France.

Ce moment fut mémorable et chargé d’émotion, car il y avait, selon Francis Hetroy, trois tables de vieux professeurs émus jusqu‘aux larmes, qui avaient dû quitter l’Alliance de Shanghai, quand elle ferma en 1952 et liquida ses avoirs au profit du Cercle francophone, lui-même démantelé pendant la Révolution culturelle, tandis que sa bibliothèque, après avoir été amputée de 1 500 livres de ses éditions les plus rares mais jugées subversives, fut évacuée vers l’Alliance de Yokohama au Japon. Elle avait ouvert en 1911, et contribua, avec la célèbre Université Aurore au rayonnement de la culture française. Certains des anciens étudiants d’Aurore ayant émigré à Hong Kong se retrouvèrent d’ailleurs régulièrement dans les années 50 à la toute nouvelle Alliance de Hong Kong.

Il ne faut non plus oublier que cette renaissance de l’Alliance française de Shanghai est due à la générosité d’un illustre mécène hongkongais, Monsieur Louis Cha, fondateur du groupe de presse hongkongais Ming Pao, haute figure littéraire, auteur contemporain sous le nom de plume de Jinrong, des plus grands romans d’art martiaux chinois, à l’origine de centaines d’adaptations cinématographiques et, ce qui n’est pas le moindre et explique peut-être cette donation, grand lecteur et admirateur de Alexandre Dumas. L’Alliance de Shanghai fut inaugurée le 21 novembre 1992 en présence de Jean Harzic, secrétaire général de l’Alliance française de Paris.

Après Canton et Shanghai, la route était toute tracée : Pékin
En 1995, Francis Hetroy, qui après son poste à Hong Kong, avait été nommé à Paris, en charge du développement des Alliances françaises, se rendit à Pékin, et sur la demande de l'Ambassade de France qui n’avait pas encore le projet de création d’un centre culturel, a cherché des partenaires et un bâtiment susceptible d’accueillir une Alliance. Patronnée par un comité de personnalités locales, l’Alliance de Pékin, qui avait pour but de se consacrer uniquement à l’enseignement du français, trouva un ancien bâtiment qui appartenait à une fondation portant le nom du philosophe français Auguste Comte, fondation fondée par des intellectuels chinois et qui disparut pendant la révolution culturelle. Le bâtiment, très délabré, était situé à 200 mètres de Donghuamen, la porte orientale de la Cité interdite, en plein centre historique de Pékin. Il fut transformé en huit salles de classe, trois bureaux et une bibliothèque et cette nouvelle Alliance ouvrit en mars 1996. Là encore, ce fut Hong Kong qui fournit le soutien financier grâce à des donations de M. Simon Murray, de M. MacAulay, gendre de Sir Lawrence Kadoorie et de M. James Kong, président de la Chekiang First Bank.

La connexion Hong Kong s’arrête là. L’Alliance de Pékin déménagera ensuite au sein des locaux du nouveau Centre culturel français de Pékin et les Alliances de Chine continentale voleront de leurs propres ailes. Elles se développeront ensuite très rapidement et sont aujourd’hui au nombre de douze : Shanghai, Canton, Xi’an, Chengdu, Chongqing, Wuhan, Jinan, Hangzhou, Qingdao, Dalian, Shenyang, Nanjing regroupées avec les Alliances de Hong Kong et Macao sous une Délégation générale à Pékin.

Le statut des Alliances de Chine continentale reste cependant très différent de celui de Hong Kong et Macao qui, grâce au principe d’« Un pays, deux systèmes » dont bénéficient les Régions administratives spéciales, jouissent d’une totale indépendance.


 


L'écrivain Louis Cha dont la donation permit l'ouverture de l'Alliance de Shanghai

1986年秋,接替 Jean Souillat 的新任法協總監 Francis Hétroy 甫抵香江便宣稱:『但願法國文化協會能像英國文化協會那樣,通過談判、協商,慢慢地、循序漸進地走出一條通往中國之路。』
中國大陸政權易幟後的幾年,形格勢禁,共產黨政府不容法協存在,於是香港的法協便成了一枝獨秀。重返中國大陸,這是巴黎法協長久以來夢寐以求的。但在重新踏足中國大地之前,還必須借助澳門做橋樑。澳門,是西方通向中國的大門,十六世紀耶穌會教士通過它直達紫禁城謁見天子。這個葡萄牙於1557年建立的小小殖民地,經過442年的悠悠歲月,於1999年回歸中國。

澳門,充滿對比的城市
若問法協為何長期坐鎮澳門,這大概得從法葡兩國的殖民歷史找原因。這兩個老牌殖民帝國都竭力想維持對舊殖民地的影響。因此,1885年,當巴黎的海外傳教團欲於澳門擴大拿撒勒基金會,卻遭到澳門葡國政府的冷待,後來只得遷往香港的薄扶林。
這很可能因澳門的法國人社區規模細小,如不計長駐億萬富翁何鴻燊賭場的法國癲馬夜總會的肯肯舞孃,總共不超過二十幾人。Catherine Pasquier 是一個講葡語的法國年輕婦女,她精力充沛,是一位出色的主持人和不倦的舞蹈家。是她於1987年奠定了澳門法協的基礎,並為其初期的發展貢獻了力量。她請求香港法協出手相助,最終,澳門法協於1987年7月20日正式成立,並由她出任第一任總監,而葡萄牙貴族 Joaquim Perestrelo Neto Valentee 先生則任協會委員會主席。香港法協總監亦成為協會諮詢委員會委員。除巴黎法協外,香港法協亦給以資助,十幾年來,在師資和教學器材方面鼎力相助。

2017年,澳門法協慶祝其三十周年華誕,雖然它規模不大,身處澳門這個賭場林立的國際賭城,卻生機勃勃,運作良好,每年都接受不少學生,在澳門有計劃地傳佈法國文化。
澳門法協於傳奇的峰景酒店 (Hôtel Bela Vista de Macao),1999年成為葡國駐澳門總領事館) 正式成立,香港法協總監 Francis Hétroy 在拿破崙塑像下,在充滿詩意的氣氛裡,也許為週遭的神奇高雅所感動,說出了對中國魂牽夢縈的的一段話:
『太陽試圖穿過雲層,滲入峰景酒店百年建築厚厚的圍牆。在半明不暗的大廳裡,拿破崙的石像靜默無語,聆聽着 Piaf 這個「小妞」如泣如訴的感人歌聲,她呼喊道:我此生無悔,我愛我的兵哥哥。沉浸在這個已然消逝遠去的時代的回憶裡,我們同時也在思考如何締造一個新法協的未來。

澳門!來自遠方的歐洲人,有誰不夢想一睹這個海港,這個葡萄牙征服者和天朝大臣相會的地方?
四百年悠悠歲月過去了,今天,我身處澳門,抱着同一個夢想,懷着忐忑的心情,遠眺這條大街盡頭的中國國門。忘掉一切艱難險阻,政治扞格,我渴盼在中國大地,黃河之畔的各大城市建立一個又一個法國文化協會,他們欲瞭解我們,而我們也極想對他們有新的認識。』

廣州、上海、北京
這個夢想可說很快便得以實現。話說香港回歸前十年,人心惶惶,人們爭相移民,而加拿大的魁北克更是首選之地,當時的經濟形勢亦良好,於是法協便應時順勢,展開了在中國發展的政策。
首先是廣州。Francis Hétroy 在隱約提到1991年法國政府向台灣出售軍艦這件事時這樣明確說道:『為籌辦法協,去了廣州十七次,北京兩次,往返巴黎無數次,終於得到了法中兩國政府對這個被視為大膽冒險的計劃的首肯。』在諸多困難中,其中一項是,法協為一個獨立自主的機構,由一個地方人士組成的委員會主持,這在中國是不允許的。因此,必須尋找一個可被中國政府接受的組織形式。可巧此時,廣東省教育局表示有興趣邀請法協在大學的夜校舉辦法語課程,並答應將一座正在建築的大樓的第八層 (600平方米) 租給法協,為期十年,由法協承擔一切設備費用。1987年9月,在 Jean-Pierre Dumont 的領導下,法協以「法粵語言培訓中心」之名正式成立,並在香港名宿何添的慷慨資助下,擁有一流的教學設備。
與此同時,在上海也和教育部門的高層官員進行了接觸。在經過和一些機構的合作之後,最終選擇了和廣州一樣的合作夥伴,即位於外灘附近的一所業餘大學,並在該校新建了一層樓,設置了八間課室,一個語言室,一個圖書館,一間電影放映室及一間快餐廳。1991年5月,在上海市副市長及法國駐上海總領事 Jean-Pierre Montagne 的觀禮下,合同由法國對外行動部長 François Hingue 簽署。

這是難忘的、感人的一刻,Francis Hétroy 回憶道。坐滿三張枱的上海舊法協老教師感動得老淚縱橫。他們是在1952年法協關門結業時離開的。法協將一應設備轉讓給法文俱樂部 (Cercle francophone),而這俱樂部在文化大革命期間亦宣告解散,1 500本藏書被認為內容具煽動性而被沒收充公,圖書館後輾轉撤退到日本橫濱的法協。舊上海法協於1911年成立,和著名的震旦大學一起,積極弘揚法國文化。移居香港的震旦校友於上世紀五十年代常於香港法協聚會。
上海法協的成立,亦勿忘了查良鏞先生的慷慨資助。他是明報集團的創辦人,著名的武俠小說家,他的許多作品都被改編成電影。他崇拜大仲馬,是他的忠實讀者。上海法協於1992年11月21日正式成立,巴黎法協總書記 Jean Haric 專程抵滬觀禮。

廣州、上海之後,一路直通北京
Francis Hétroy 離開香港法協後,回到巴黎工作,被任命負責發展法協的工作。他於1995年前赴北京,受駐京法國大使之托,為籌建法協尋找合夥人和地址。北京的法協由當地人士組成的委員會所主持,其唯一宗旨為教授法語。最終在一個屬於以法國哲學家 Auguste Comte 命名的基金會的舊大廈找到落腳處。這個基金會由一些中國知識份子所創立,文化大革命期間被取締。這座破舊的大樓離東華門200米之遙,處北京古城中心。大廈被改建成八個課室,三個辦公室和一個圖書館,1996年3月,北京法協正式成立。法協同樣得到香港的資助,資助人有 Simon Murray 先生,MacAulay 先生,他是嘉道理爵士的女婿,以及浙江第一銀行行長孔祥勉先生。

和香港的因緣到此為止。之後,北京法協移師北京法國文化中心新址。從此,在中國大陸的法協展翅高飛,迅猛發展,如今遍佈十二個城市:上海、廣州、西安、成都、重慶、武漢、濟南、杭州、青島、瀋陽、南京,和香港及澳門的法協一起,由駐北京的一個總部領導。

香港和澳門的法協和中國大陸的法協地位完全不同。得益於特區的一國兩制,港澳的法協完全獨立自主。