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« Vêtu de sombre, le teint blême, roulant des yeux effarés d’oiseau de nuit, il tenait du clown et du sacristain. Un sacristain goguenard ou un clown ayant eu des ennuis (...) Le matin, chaussé de sabots, il allait tirer de l’eau à la borne-fontaine : Pas pour boire, tu me connais ! ... et entrait chez Frédé prendre son petit noir. » (Roland Dorgelès)
Erik Satie (1866-1925), « Pour moi, ça n’est pas un exemple à célébrer. Je refuse que l’argent public serve à honorer un membre du parti communiste alcoolique », propos de Monsieur DenisTruffaut, conseiller FN à Arcueil, tenus lors de délibérations autorisant le maire à solliciter des subventions à l’occasion du 150e anniversaire de cet oiseau de nuit...
Erik Satie, le musicien, tiré dans la rubrique poésie ? Oui, parce qu’existent des Ecrits, réunis par Ornella Volta et publiés la première fois en avril 1977 qui attestent l’existence d’un écrivain que l’on avait classé tout d’abord chez les faiseurs de bons mots. Et puis, ce personnage excentrique et réfractaire qui nous envoie du côté de Dada... « Le musicien est peut-être le plus modeste des animaux, mais il en est le plus fier. C’est lui qui inventa l’art sublime d’abîmer la poésie » Les raisonnements d’un têtu. Têtu dont les premiers mots de ses Mémoires d’un amnésique affirment que « tout le monde vous dira que je ne suis pas un musicien ». Plus tard encore, lorsqu’une revue avant-gardiste lui demanda quelques précisions biographiques, il révéla juste qu’il ne mangeait que « des aliments blancs : des œufs, du sucre, des noix de coco, du poulet cuit dans de l’eau blanche, des moisissures de fruits, du riz, des navets, du boudin camphré, des pâtes, du fromage (blanc), de la salade de coton et de certains poissons (sans la peau) ». Force détails qui durent laisser les lecteurs sur leur faim... mais qui allaient dans le sens de son refus de s'attirer toute sympathie et compréhension de ses contemporains.
Erik Satie naîtra à Honfleur, d’un père courtier maritime et d’une mère d’origine écossaise. La famille s’installe en 1870 à Paris, le père ayant obtenu un poste de traducteur mais deux ans plus tard, à la mort de sa mère, Erik Satie retourne avec son frère à Honfleur, chez ses grands-parents. C’est là qu’il prendra ses premières leçons de musique avec un organiste, jusqu’en 1878, date à laquelle sa grand-mère décède. Il repart à ce moment à Paris, chez son père qui eut entre temps l'heureuse idée de convoler avec une jeune professeur de piano qui enseignera à Erik Satie les bases de l’instrument.
En 1879, il entre au Conservatoire de musique d’où il sera tout naturellement renvoyé après deux ans et demi mais magnanimement, il y sera réintégré en 1885 pour connaître le même sort que précédemment, n’ayant su impressionner plus favorablement ses professeurs. « Pour fuir ce carcan musical » comme il le dira, Satie s’engage dans l’armée d’où là-aussi il s’échappera « par la grâce d’une pneumonie volontairement attrapée », poitrine au vent un soir d’hiver. L’ami bidasse sera réformé du 3ème régiment d’Arras où il avait passé tout de même quatre mois qui lui furent 4 siècles... Retour au domicile paternel ; après trois mois, il se sentira « aussi à l’aise qu’un hypocondriaque à un congrès de médecine ». « Demain je quitte la cellule (qui n’aura jamais si bien porté son nom) familiale. J’emménage dans une petite chambre rue Condorcet ». Mais en 1886, il compose déjà, malgré toutes ces tribulations quatre Ogives. « Mes Ogives sont pures. Je ne les ai pas recouvertes de toutes ces lourdeurs orchestrales qui épatent tant la galerie “des oreilles poussiéreuses”, vous savez, celle qui vassalise et fait l’opinion. Mais un temps viendra ». Œuvres brèves et sérieuses écrites dans un style plain-chant, elles révèlent son intérêt pour un Moyen-Age quelque peu rude et stylisé...
Suivront en 1887 Sarabandes, plus tard louées pour leur simplicité et leur harmonie, novatrices par leur « tâchisme », puis il nous donnera l’année suivante « Trois gymnopédies pour piano et en 1890-91 les Six gnossiennes ; tout ce qui constitue en fait le Satie aimé du grand public, empreint d’une inimitable mélancolie. A cette époque, il s’installe au 6 rue Cortot en plein cœur de Montmartre. « De ma piaule, au dernier étage, la vue s’étend jusqu’à la frontière belge ».
Il a été engagé au Chat Noir comme pianiste. « Les quelques sous qui entrent dans ma poche ne font pas long feu certes, mais qu’importe, je me sens autant à ma place dans cet endroit qu’un pape catholique au Vatican. » Satie brûlera ses nuits au Chat Noir en compagnie de Verlaine, Mallarmé et autres illustres inconnus, jusqu’à ces petits matins où, plombé de fatigue et lesté d’alcool, le chemin du retour lui semblera aussi éprouvant que marcher dans la mer... comme dans ces rêves où « faire un pas demande un effort surhumain... comme une étrange impression de courir derrière les escargots. » Mais que diable : « La nuit s’annonce, il est temps pour moi de m’absinther. » Il s’absentera du Chat Noir et tant pis « quand se ferme une porte, s’en ouvre une autre, et dans mon cas celle de l’auberge du Clou, sur l’avenue Trudaine. J’y officiè aujourd’hui comme tapeur à gages (...) primordial en cette période de disette qui s’éternise ». Il avait entre temps rencontré Debussy et tous deux aimant fureter à la librairie de l’Art indépendant, tombèrent un jour sur Joséphin Péladan, auto-proclamé Grand Maître et fondateur de l’Ordre kabbalistique de la Rose-Croix qui lui proposa l’important rôle de maître de chapelle, qu’il accepta. Il ira même jusqu’à composer les Sonneries de la Rose-Croix et le Fils des étoiles et fort de son engouement mystique, il élèvera de ses propres mains « l’Eglise métropolitaine de l’Art de Jésus-Conducteur », dont il sera à la fois le trésorier, le grand-prêtre et l’unique fidèle. Autre manifestation sans doute de son goût pour la dérision car de sa chaire il lancera ses bulles contre tous les « malfaiteurs spéculant sur la corruption humaine ».
Vaste programme... En 1893, Satie tombera follement amoureux de Suzanne Valadon, son unique amour qu’il demandera même en mariage mais leur séparation après six mois, le laissera dans « une solitude glaciale » lui remplissant la tête de vide et le cœur de tristesse. Pour se punir, dira-t-il, il composera Vexations (retrouvé après sa mort) dont le thème construit à partir d’une mélodie courte devait être répété 840 fois. Etait-ce une nouvelle farce ? Par sûr, car ce morceau auto-hypnotique sera joué dans son intégralité durant presque 20 heures par John Cage qui tenait Satie en très haute estime...
Il rencontre la même année Ravel qu’il fustigera plus tard par ces mots cinglants : « Ravel vient de refuser la Légion d’Honneur, mais toute sa musique l’accepte ». En 1895, il fera un héritage inespéré qui lui permettra de faire imprimer plus d’écrits et d’acheter de nouveaux vêtements. Il abandonnera le style écclésiastique et endossera un costume unique, couleur moutarde, reproduit en sept exemplaires... Malheureusement, son héritage fondant et l’argent rentrant difficilement, il devra quitter son minuscule espace où « tout est tellement compact que même la porte ne peut plus entrer dans la pièce quand on la pousse », pour Arcueil. Là, il se repliera sur lui-même, deviendra encore plus excentrique et misanthrope avouant ne plus s’intéresser qu’aux enfants, aux pauvres et aux animaux. De 1898 à 1908, il écrira très peu de pièces notables si ce ne sont les Trois morceaux en forme de poire, réponse à Debussy qui dénigrait sa musique, n’y trouvant aucune forme définie... A 39 ans, il s’inscrira à la « Schola Cantorum » de Vincent d’Indy pour étudier le contre-point classique avec Albert Roussel, envahi de doutes sur sa propre musique... A Arcueil, il embrassera alors le socialisme et participera au Patronage laïc, y faisant une nouvelle fois une mue vestimentaire pour enfiler le costume du « fonctionnaire bourgeois » avec chapeau melon et parapluie...
En 1915, il fera la connaissance de Cocteau avec qui il commencera à travailler l’année suivante et en 1917, naîtra le ballet Parade auquel s’était joint Picasso. Ce sera un scandale retentissant : l’imagination débridée de Cocteau s’alliera à la musique répétitive de Satie pimentée de sirènes, machine à écrire, revolver en plastique, bouteillophone, tuyau d’orgue. Décors évidemment provocants ayant su mêler figuralisme et cubisme. Un critique louant la représentation pour l’assassiner ensuite recevra cette carte postale de Satie « Monsieur et cher ami, vous n’êtes qu’un cul, mais un cul sans musique. » Satie comparaîtra en correctionnelle pour injures publiques et diffamation : la carte postale envoyée telle quelle offrait librement à la concierge son contenu... Il écopera d’une semaine de prison avec sursis. En 1918, il nous donnera son second chef-d’œuvre Socrate, pièce dans laquelle il atteint perfection et équilibre entre imagination toujours décalée et écriture toute harmonique... Les années qui suivirent, Satie se retranchera encore davantage dans la provocation et prendra partie pour Tristan Tzara et Dada, contre Breton et Aragon. En 1924, Mercure, en collaboration avec Picasso et Relâche, ballet instantanéiste avec des décors de Picabia, verront le jour. Relâche fut qualifié de « bastringue à l’état pur » ; les foules hurlèrent et la critique se déchaîna. Roland-Manuel fut le seul à prendre la portée du phénomène : « Une telle œuvre qui touche le fond de la misère esthétique, porte en soi un incomparable enseignement. Une hérésie achalandée illustre ici sa déchéance. Remercions-la de proclamer sa propre faillite, de se suicider aussi bien et de mourir sans beauté... »
A l’entracte, il y eut la projection d’Entr’acte, et il va sans dire que la danseuse à barbe et le chameau funéraire furent accueillis par des hurlements et des quolibets qui mirent le désordre à son comble. Clameurs et sifflets s’étaient déjà fait entendre aux premières images, se mêlant harmonieusement aux bouffonneries mélodieuses orchestrées par Satie...
Cependant hélas, début 1925, Satie tombe malade et se fait hospitaliser à l’hôpital Saint-Joseph dont il ne sortira pas vivant, victime semble-t-il, d’une cirrhose du foie soigneusement cultivée.
« C’est bizarre, faisait-il remarquer. On trouve dans tous les bars des gens disposés à vous offrir un verre. Aucun ne songera à vous lester d’un sandwich. »
Seuls quelques-uns se doutaient de sa misère dont ils prirent la vraie mesure à la vue de son studio à Arcueil où trônait un piano désaccordé rempli de correspondances non-ouvertes... Un placard doté d’une collection de parapluies et de faux-cols, une armoire avec ses éternels costumes de velours... C’était toute la misère dans laquelle il vivait et qu’il avait baptisé « la petite fille aux yeux verts... »
« Pour s’intéresser à Satie, il faut commencer par être désintéressé, accepter qu’un son soit un son et qu’un homme soit un homme, renoncer aux illusions qu’on a sur les idées d’ordre, les expressions de sentiments et tout le reste des boniments esthétiques dont nous avons hérité ». (John Cage, Silence, discours et écrits, Denoël, 1970)
A l’époque de la Préhistoire, les novateurs n’étaient certainement pas mieux vus qu’ils ne le sont aujourd’hui. Alphonse Karr nous a raconté les ennuis qu’eut dans le temps, le très vieux temps... un savant primitif, lequel osa proposer de compter jusqu’à vingt, au moyen des doigts des pieds.
Pensez donc : ... un révolutionnaire !
Qu’on se figure les difficultés que dut vaincre le premier homme qui descendit un escalier ! Ses amis se moquèrent forcément de lui, ... et en rirent à se tenir le ventre... Un « épateur ».
Et la surprise publique à la vue de la première Dame qui porta un collier tout de têtes de veaux... Quelle coquette !...
Par contre, il y a lieu de supposer que le premier pot de confiture a été découvert mystérieusement par un enfant. Les parents n’apprirent l’événement que lorsque le pot fut vide — bien entendu — « Il n’y a plus d’enfants » dirent-ils
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身着深色的衣服,蒼白的臉龐,轉動着夜鳥般恐懼的眼睛,他既像小丑,又像一個虔誠的教徒。一個嘲弄人的教徒,一個心煩意亂的小丑…… 早上,他腳踏木鞋,來到龍頭取水:你知道我,不是拿來喝!…… 他走到 Frédé 家喝一杯清咖啡。』(Roland Dorgelès)
埃里克.薩蒂 (1866-1925),『我認為這不是一個值得紀念的人物。我反對將公帑用於紀念一個嗜酒的共產黨員。』這是阿爾克伊 (Arcueil) 國民陣線顧問 Denis Truffaut 先生在商討是否委托市長為紀念這隻夜鳥誕生150周年申請資助時的講話。
埃里克.薩蒂是一個音樂家,竟出現在文學欄裡?不錯,因為他有文章傳世。這位人們將之歸類為善於遣詞造句的作家的文字,由 Ornella Volta 蒐集,編纂成書,以《Écrits》的書名出版問世。此外,這個怪僻和倔強的人物還向我們顯露他達達派的一面,他說:『音樂家也許是最謙卑的動物,他為此感到驕傲。是他創作了破壞詩歌的卓越藝術。』(《一個固執者的論證》(Les raisonnements d’un têtu)。這個固執的人在他的《一個遺忘症患者的回憶》(Mémoires d’un amnésique) 一書開篇裡這樣寫道:『大家都對你說我不是一個音樂家。』稍後,當一份先鋒派雜誌要他寫幾句他的傳略時,他透露他只吃『白色』的食物:雞蛋、糖、椰子、清水煮雞、水果、米飯、蘿蔔、禽肉白香腸、花式麵、乳酪、生菜和一些魚類 (去皮的)。』林林總總直令讀者飢腸轆轆…… 但他拒絕世人的同情和理解。
埃里克.薩蒂誕生於翁弗勒爾 (Honfleur),父親是船舶經紀人,母親為蘇格蘭裔法國人。1870年,舉家定居巴黎,父親謀得一份翻譯工作,兩年後母親離世,他和弟弟便回到翁弗勒爾祖父母家中。就在這裡,他跟一位管風琴師開始學音樂,直至1878年祖母謝世,他重新回到巴黎父親身邊。不久,父親和一個年輕的鋼琴女教師結婚,並由她教授埃里克.薩蒂彈奏鋼琴的初步知識。
1879年他入讀音樂學院,兩年半後,被開除學籍。1885年他再度進入音樂學院,然而終究不能討好老師而遭到和前一次一樣的命運。正如他所說的,『為擺脫音樂這個桎梏』,他應征入伍,但同樣當了逃兵。他在一個冬夜敞開胸膛躺在風中,『有意令自己得了肺炎』好離開隊伍。我們這位兵哥哥是由阿拉斯 (Arras) 第三兵團復員的,他在部隊裡度過了如同四個世紀的漫長的四個月。他回到父親身邊,只住了三個月,他便感到和『一個疑病患者身處醫學大會那樣「自在」。』『明天,我便離開這個家庭牢籠,住進 Condorcet 街一間小房。』1886年,雖然有這些磨難,他卻創作了四首《Ogives》(尖形穹窿) 鋼琴曲。他說:『我的《Ogives》是純粹的,我沒有為它配上令充滿外行耳朵的音樂廳震驚的沉重的音樂,你知道,音樂廳總是逼人就範,自有主見。但一個時代就將來臨。』這是些以素歌風格寫下的簡潔、嚴肅的作品,揭示了薩蒂偏愛中世紀有點粗獷、單調的音樂。
1887年,他創作了《薩拉班德舞曲》(Sarabandes),由於音樂的簡潔、和諧以及具『點彩派』風格,顯得清新,富於創意,備受讚賞。翌年,他又為世人譜寫了《三首裸體歌舞》(Trois gymnopédies) 鋼琴曲,1890年至1891年,創作了《Six gnossiennes》。這些作品均帶有獨特的憂鬱色彩,成為薩蒂最受人喜愛的音樂作品。這個時期,他居住在蒙馬特爾中心的Cortot 街六號。他說:『從我頂樓的陋室極目遠眺,可一直看到比利時邊界。』
他受顧於黑貓舞廳 (Chat Noir) 任鋼琴師。『當然,袋裡的幾塊錢不足於維持生計,但這沒關係,我在這裡打這份工感覺良好,就好比教皇坐鎮梵蒂岡一樣。』他在黑貓舞廳和魏爾蘭、馬拉美以及其他陌生的名流共度良宵,直至翌日凌晨,才拖着沉重的步履,醉醺醺地走出舞廳。回家的路途顯得異常艱辛,彷彿在海中載浮載沉,彷彿在夢中,『每邁一步都需超人的力量…… 有一種彷彿在後面追逐蝸牛的奇異感覺。』但管他呢!『夜幕降臨,對我來說,是對酒當歌的時候。』後來他離開了黑貓舞廳,這沒甚麼,『一門關閉,另一門打開,位於 Trudaine 大道的 Clou 旅館的大門為我敞開。我在這裡好像四處告借的人,對於身處遙無盡期的貧困中的我,這很重要。』他結識了德布西,兩人喜歡到獨立藝術書店淘書,他們偶然認識了自稱『薔薇紅十字會』創辦人的 Joséphe Péladan,他建議薩蒂擔任唱經班的指揮,他接受了,並譜寫了《薔薇紅十字會的鐘聲》(Sonneries de la Rose-Croix) 及《星星之子》(Fils des étoiles) 兩首聖曲。他篤信宗教,親手建立了『大都會耶穌基督教派』,並親自擔任寶庫管理員和大祭司,是虔誠的教徒。他從講道台上對『藉人性的腐敗牟利的歹徒』發出嚴厲的譴責,這是他性喜嘲弄的又一次表現。
人生大事……1893年,薩蒂瘋狂地愛上了 Suzanne Valadon,這是他一生中唯一所愛的人,他甚至向她求婚。相愛六個月後他們分手了,這令他陷入『冰冷的孤獨』中,他腦袋空空,滿懷憂傷。為了自懲,他創作了《煩惱》鋼琴曲 (Vexations,他死後才被發現),曲中簡短的主旋律被重覆了840次。這是否一個新的玩笑?約翰.凱奇 (John Cage) 花了整整20個小時完整地演奏了這首自我催眠曲,他對薩蒂評價甚高。
同年,他遇見了拉威爾,後來他以這樣尖刻的語氣抨擊他:『拉威爾剛剛拒絕了榮譽勳位,但他的整個音樂都是接受它的。』1895年,他意外地得了一筆遺產,這讓他可出版更多的作品,購置新衣。他拋棄教士款式的服裝,穿起一件芥末色的獨特西裝,一共訂製了七套。不幸,遺產愈用愈少,入息又不多,他只好離開他的斗室移居阿爾克伊。『在那間斗室裡東西塞得滿滿的,甚至連門都推不進去。』他蜷縮家中,反省自己,變得更加乖戾、悲觀厭世,他承認自己只關心兒童、窮人和動物。
1898至1908年,他沒有創作出多少重要的音樂作品,只寫了《Trois morceaux en forme de paire》,這是回應德布西而寫的,德氏認為他的作品沒有任何形式,對他的音樂甚為貶抑。39歲時,他進入樊尚.丹第 (Vincent d’Indy) 的巴黎聖樂學院師從阿爾貝.魯塞爾 (Albert Roussel) 研習古典對位法,對自己的音樂充滿懷疑。在阿爾克伊,他信奉了社會主義,並加入了世俗少年之家,在服飾上又做了一次轉變,穿上了公務員的服裝,頭戴圓頂禮帽,手持一把雨傘。
1915年,他認識了科克托 (Cocteau),並在翌年和他一起工作。1917年,他創作了芭蕾舞劇《遊行》(Parade),畢加索亦參於其事。這引起了劇烈的轟動:科克托天馬行空的想象和薩蒂不斷重覆的音樂融成一體,其中穿插着氣笛聲、打字機聲、塑膠手槍聲、瓶擊樂、管風琴聲。舞台背景極具挑戰,形象派和立體派互相混合,相得益彰。一個藝評人先是對它大加讚賞,繼而將之貶得一文不值。後來他收到薩蒂寄來的一封明信片,上面寫着:『先生,親愛的朋友,你簡直是一個飯桶,一個不知音樂為何物的飯桶。』薩蒂因辱罵和誹謗罪被傳召輕罪法庭受審。一封這樣寄出的明信片,內容公開,連大廈的女看更都一目瞭然。他被判一星期監禁,緩期執行。1918年,他為世人創作了另一部代表作交響戲劇《蘇格拉底》(Socrate),劇中他將總是與現實錯位的想象與和諧的音樂結合得非常完美平衡。接下來的幾年,薩蒂益發四處挑釁,他站在特里斯坦.查拉一邊,反對布勒東和阿拉貢。1924年,他和畢加索合作創作了《墨丘利》(Mercure),並創作了即興芭蕾舞劇《鬆弛》(Relâche),由皮卡比亞設計佈景。《鬆弛》被認為是『純粹的喧鬧』。觀眾喝倒采,批評界群起攻之。Roland-Manuel 對它作了這樣的評論:『這樣一部作品已跌至美學最底層,但本身卻也包含教益。內容豐富的異端展現了它的墮落。感謝它宣告了自己的失敗,自我了斷和醜陋的死去……』
幕間休息時,放映了《幕間節目》,毫無疑問,當長着鬍子的舞孃和奔喪的駱駝一出場,觀眾的尖叫聲和咒罵聲,令混亂的場面達至頂峰。在最初的幾場戲,喧囂和噓聲已經四起,卻和薩蒂創作的悅耳、滑稽的音樂和諧地融為一體。
1925年,薩蒂病倒了,住進了 Saint-Joseph 醫院,從此再也沒出來,據說他是死於慢性肝硬化。
『這真怪,他這樣指出,在所有的酒吧裡,大家都會請你喝一杯,但卻沒有一個人會請你吃一塊三文治。』只有幾個人發現他的貧困,因為人們看到,在他阿爾克伊的畫室裡,在一架走音的鋼琴上堆滿未拆開的信件,一個壁櫃裡塞滿了各種雨傘和假領。這便是他潦倒度日的陋室,他給它取了一個美麗的名字:『綠眼的小姑娘』。
『要親近薩蒂,首先必須公正,不偏不倚,接受一個聲音即為一個聲音,一個人即為一個人,並拋開我們一向以為天經地義的秩序結構、感情表達以及所有有關美學的陳腔濫調。』
(John Cage:《寂靜、演說和文字》Denoël,1970年) |
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