Photographie 攝影

Par Frédéric Lelièvre

 
  Marc Progin, aventurier et photographe
馬克.普羅冉 – 冒險家及攝影家
 
 

Le pélerinage vers l’éternité Monts Jalt Uul, Altay soum, 2014

Il existe encore de nos jours de véritables aventuriers pour qui le voyage est au-delà d’une découverte, une véritable quête intérieure. Marc Progin est de ceux-ci. Neuchâtelois d’origine, hongkongais d’adoption, il revient d’une nouvelle expédition de 2 700 km à pied et à vélo dans le désert de Gobi. A 71 ans, l’ancien horloger suisse assouvit sa passion pour l’aventure, la méditation et la paléontologie.

Le stress est retombé. Oubliés, les mille et un détails à régler avant de se lancer dans la nouvelle odyssée dont il détaillait le plan lors de notre précédente rencontre, début mai 2016. Aujourd’hui, à la veille de l’exposition de ses œuvres, en avril-mai 2017, Marc Progin s’est réhabitué à la jungle urbaine de Hongkong, loin des vastes plaines de Gengis Khan et de leur vent hurlant au cœur des déserts de la Mongolie. Finalement, il aura fait 2 720 km sur les 3 500 prévus. La faute à « une terrible tempête de sable nocturne » qui l’a détourné du parcours minutieusement préparé. Au petit matin du kilomètre 800, il avait retrouvé son vélo emporté par le vent et plié en deux. « J’étais dévasté, souffle le Neuchâtelois d’origine. J’ai dû faire alors 220 km à pied avant de pouvoir souder et renforcer la bécane, dans l’atelier d’un gros bled. »

A 71 ans, Marc Progin n’impressionne pas que son physio, un Australien qui lui a appris comment soigner son corps, seul, pendant ces longues semaines d’effort. Le sportif au long cours se présente volontiers comme « un fou ». Il a posé ses valises à Hongkong en 1977. « Mao venait de mourir, se souvient celui qui travaillait alors pour Ebauches SA, aujourd’hui Swatch Group. A l’époque, tout le monde avait un travail. Alors pourquoi quitter Neuchâtel pour Hongkong? Mais pour moi, on y tournait en rond, à voir les mêmes têtes tous les jours. » Très vite, il crée sa propre entreprise et se lance à l’assaut de l’horlogerie chinoise, à laquelle il va vendre du matériel suisse.
« Je n’étais jamais à la maison, tellement il y avait à faire, raconte-t-il. Et puis, au bout d’un moment, je me suis mis à souffrir d’insomnie, j’étais épuisé. Mon médecin m’a averti qu’à ce rythme j’allais bientôt avoir des problèmes de cœur. J’avais 43 ans. »

Il décide alors de se mettre à la course à pied, au marathon. Il fait quelques courses dans la région et se qualifie pour celui de Boston, qui fête son centenaire, en 1996. Il s’y rend, mais vit « un enfer ». Le décalage horaire, le froid, la foule... plus jamais il ne veut courir ce genre de marathon, auquel il préfère les courses de montagne, « les sentiers sont formidables à Hongkong ». « Rien que le silence, le son des vents cosmiques, la paix des millénaires, de leurs éternités, sous les lumières dansantes des nuits de voies lactées. »
Le coureur de fond n’a encore jamais mis un pied en Mongolie quand, en 1998, un autre Suisse le contacte. Nicolas Musy l’encourage à s’inscrire à une nouvelle course que l’homme d’affaires organise l’année suivante à Hovsgol, au nord du pays. Coup de foudre! « Il n’y avait rien dans ce pays. C’était comme faire un voyage dans le temps ! » conte Marc Progin. Comme un ordinateur, il énumère les expéditions qu’il y a depuis organisées, parcourant de long et en large, été comme hiver, ce pays trois fois plus grand que la France, mais ne comptant que trois millions d’habitants. Des milliers de kilomètres au cœur des déserts, seulement accompagné d’un cuisinier et d’un chauffeur qui le suivent, loin derrière dans une camionnette. Des kilomètres coupés du monde car sans réseau téléphonique, et donc coupé de sa famille. Mi-juin, sa femme, qui tient Parenthèses, la librairie francophone de Hongkong, avouait son inquiétude de le savoir si loin.

Journal de bord, façon Nicolas Bouvier
Le besoin de l’effort assouvi, Marc Progin recherche «une méditation active. Je ne suis pas du genre à faire une retraite pour penser à Dieu ou je ne sais qui pour trouver la lumière. Cette lumière, là-bas, je l’ai tous les jours et personne ne me dérange», dit-il, un brin misanthrope. Pendant trois semaines, il n’a pratiquement pas vu âme qui vive, loups, ibex et chameaux sauvages exceptés.
En Mongolie, il s’extasie devant cette façon de «vivre autrement, sans aucune possession. Un jour, j’ai croisé une famille de nomades. Surpris de me voir, ils m’ont dit : « Nous espérons que votre passage sera bénéfique. Voilà plus d’un an qu’il n’est pas tombé une goutte.» Le lendemain, il pleuvait. » Le soir, Marc Progin tient un journal de bord à la manière d’un Nicolas Bouvier. Des notes utiles aussi pour les légendes des photos qu’il prend par centaines, et qu’il a déjà exposées.

Un œuf de 5 kilos
A sa quête spirituelle, Marc Progin a ajouté une chasse au trésor, trésor paléontologique. Le désert de Gobi est réputé pour ses squelettes de dinosaures. Le cycliste s’amuse en espérant tomber un jour sur « celui de mon semblable, un vélociraptor ! » En attendant, il a trouvé cette année-là un œuf. « Il devait être 13h. J’attendais mon équipe. A son arrivée, j’ai demandé à mon aide de me prendre en photo. En allant me placer où je voulais, j’ai vu quelque chose qui dépassait du sable. Je me suis arrêté, j’ai gratté autour et découvert cet œuf, énorme, intact. »

Après mesure, le fossile fait 66 cm de diamètre et pèse 5 kg, soit parmi les plus gros spécimens découverts. « Les strates dessus ont convaincu les spécialistes du Musée des dinosaures d’Oulan-Bator qu’il s’agissait bien d’un vrai œuf. Ceux qu’ils avaient sont deux fois plus petits. » Un examen approfondi va désormais être mené, mais Marc Progin est déjà invité à donner une conférence et à montrer ses photos lors de l’inauguration du nouveau musée, en construction. Une façon de le remercier de leur avoir donné sa trouvaille, qui, de par la loi, appartient à l’Etat mongol. Et, pour lui, de rendre un peu à ce pays qui lui a tant donné.

A Photography Exhibition
Marc Progin
The Spatial Odyssey Back in Times
13 avril - 9 mai 2017
The Gallery at Latitude 22N
Unit 16B, Man Foong Industrial Building
7 Cheung Lee Street, Chaiwan
Exit B2, Chaiwan MTR Station
Mardi au vendredi de 10h à 17h
Samedi - de 11h au 17h

 

 

我們的時代,還有這樣一些真正的冒險家,旅行對他們而言,除了發現世界,更是一場內心的探索之旅。馬克.普羅冉 (Marc Progin) 即屬此類冒險家。他是旅居香港、來自納沙泰爾 (Neuchâtel) 的瑞士人。他剛從戈壁荒漠2,700公里的徒步和單車跋涉探險歸來。這位71一歲高齡的前瑞士鐘錶師對冒險、沉思、古生物學傾注了滿腔熱情。
緊張和壓力不復存在。2016年5月初,在他出發探險前的一次訪談中,他詳細解釋了他的新冒險計劃,那些事前必須處理的千頭萬緒、種種細節現已被拋諸腦後。今天,在他即將於今年4月至5月舉辦的攝影展揭幕前夕,馬克.普羅冉重新適應並投入到香港這個石屎森林的生活中,遠離成吉斯汗策馬馳騁的廣袤草原和蒙古荒漠上空呼嘯的狂風。

最後,預定的3,500公里的旅程,他完成了2,720公里,可謂功虧一簣。一天晚上,一陣沙漠風暴打亂了他精心策劃的征程。他走完完800公里的一個清晨,發現單車被狂風吹走並折成兩截。「我當時崩潰了」,納沙泰爾人喘着氣這樣說道,『我不得不徒步行走了220公里,在一個窮鄉僻壤的單車修理間重新銲接、加固了我的單車。』

71歲的馬克.普羅冉不僅令他的生理醫生,一個澳大利亞人印象深刻,並教會他在漫長的數星期的孤身跋涉中如何照料好身體。這位長跑健將自嘲是個「瘋子」。1977年他抵埗香江,「那時毛剛剛去世」,他回憶道。當時他在伯晴伊博有限公司 (Ebauches SA) 工作,今天則在斯沃琪集團 (Swatch Group)。「那時,人人有工作,那為甚麼要離開納沙泰爾來到香港呢?我覺得納沙泰爾地方太小,每天見到的都是同樣的面孔。」於是,他很快便成立了自己的公司,進軍中國大陸的鐘錶市場,銷售瑞士的鐘錶器材。

『我從來不待在家裡,有這麼多事情等待我去做。』他這樣說道,『不久,我開始失眠,筋疲力盡。醫生警告我說,如果我繼續這樣緊張下去,很快心臟便會出現問題。』

於是,他決心跑步,跑馬拉松健身。他參加了幾場比賽,並投入波士頓馬拉松百周年的賽事。他首途波士頓,在這裡彷彿過着「地獄」般的生活。時差、寒冷、擁擠的人群…… 自此之後,他不再跑馬拉松,而熱衷於行山,『香港的山路真是妙不可言。』

「只有寧靜、寥廓天宇的風聲、千年永恆的靜謐、銀河璀璨的夜空」
我們的長跑健將從未踏足蒙古的大地,1998年,另一個瑞士人 Nicolas Musy 接觸了他,鼓勵他參加由商業同仁策劃的來年於蒙古北部的庫蘇古爾湖舉行的遠足。他一下子便為之心動!『這個國家一無所有。我彷彿在時間的長河裡漫遊!』馬克.普羅冉如是說。他像電腦一樣,列舉曾經經歷的幾次遠征,東奔西跑,不分冬夏,在這個面積比法國大三倍、人口卻只有三百萬的國度艱苦跋涉。在廣袤無垠的沙漠步行數千公里,只有一個廚師和司機坐在一輛小卡車裡遠遠跟隨相伴。由於沒有了電話網絡,置身數千公里之外,與世界隔絕,與家庭失掉聯絡。6月中旬,他的太太,香港唯一銷售法文書籍的歐陸圖書公司 (Parenthèses) 的老板,知道他身處如此遙遠的地方而深感不安。

Nicolas Bouvier 式的旅行日誌
在用盡了體力,心滿意足之後,馬克.普羅冉尋求『一種積極的沉思。我不是那種隱居避世、冥想上帝的人,我不知道為誰尋找光明。在那兒,我每天都見到光明,沒有人打擾我。』他帶點厭世的口吻這樣說道。整整三個星期,他沒有看到一點人煙,四週只有野狼、羱羊和駱駝。
在蒙古,他陶醉於『這種生活方式,一無所有地活着。一天,我遇到一個遊牧家庭。他們看到我感到驚奇,並對我說「我們希望你一路平安。這裡一年多了,沒下過一滴雨。」然而第二天,卻下起雨來。』夜晚,馬克.普羅冉以 Nicolas Bouvier 的方式寫着日誌,並為一路拍攝的幾百幅照片寫上有用的說明,這些攝影作品已向公眾展出。

五公斤的恐龍蛋
馬克.普羅冉為其精神探索錦上添花,他發現了珍貴的古生物化石。戈壁沙漠以其恐龍遺骸聞名於世。我們這位單車冒險家開玩笑地說:希望有一天能發現『像我一樣的單車冒險家的遺骸!』這年,他果然發現了一只恐龍蛋。『大約下午一點鐘左右,我等待小組的同事。他們來到後,我請我的助手替我照張像。我找了個地方站好準備拍照,突然看見一個東西高出沙面。我停了下來,將週圍的沙扒開,發現了一個完好無損的恐龍巨蛋。』

經過測量後,這個巨蛋直徑為66厘米,重5公斤,屬至今發現的巨蛋之列。『蛋殼的細胞層令烏蘭巴托恐龍博物館的專家確定這是一個真正的恐龍蛋化石。而他們至今擁有的恐龍蛋化石比這顆小兩倍。』今後,還將對這顆蛋作深入研究,而馬克.普羅冉卻已被邀請出席一座新博物館的破土儀式,在典禮上他作報告並展出他在歷險途中拍攝的照片。這是蒙古國對他將蒙古國寶歸還國家的一種謝意;對他而言,則是對這個讓他收獲良多的國家的一點回報。