Littérature des arts martiaux 香港藝術節

Par Gérard Henry

 
  L’écrivain hongkongais Jin Yong entre au Hong Kong Heritage Museum
香港作家金庸進駐香港文化博物館
 
 

Decorative screen depicting the fictional characters of The Eagle-shooting Heroes

« Où que vous trouviez des Chinois, vous trouverez des romans de Jin Yong » rapporte un dicton chinois, car ce romancier chinois de littérature d’arts martiaux est sans aucun doute l’écrivain vivant le plus populaire et le plus lu dans le monde chinois.

Le monde francophone a maintenant accès à un vaste éventail d’œuvres chinoises contemporaines, grâce aux efforts de traduction de nombreuses maisons d’édition. Cependant très peu de personnes, en Occident – hormis les sinologues –, connaissent le nom de l’écrivain hongkongais Jin Yong. En revanche, il suffit de citer ce nom à un Chinois pour que ses yeux étincellent soudainement au souvenir des longues heures pendant lesquelles, oublieux de tout, il s’est plongé avec excitation dans la lecture de ses énormes romans. Jin Yong, nom de plume de Louis Cha, est sans doute l’un des romanciers contemporains les plus lus dans le monde. Il n’existe sans doute pas un foyer chinois de Pékin à Hong Kong, de Singapour à Taiwan, qui n’ait entendu son nom. Plus de 90 séries télévisées et films, tels que ceux de Bruce Lee, King Hu, Wong Kar-wai ou Jackie Chan s’inspirent ou sont parfois des adaptations directes d’épisodes de ses œuvres.

Jin Yong appartient à la grande tradition de la littérature populaire chinoise, celle que l’on appelle les romans d’arts martiaux ou, plus simplement, les romans de kung fu. La littérature populaire chinoise est née il y a plus de dix siècles des récits de conteurs et de bateleurs qui parcouraient la Chine, ses estaminets, ses foires, ses maisons de plaisirs, entretenant le public de leurs histoires, avec pour tout accessoire un éventail, un mouchoir et un bloc de bois pour frapper sur la table et réveiller l’attention du public dans les moments cruciaux. L’éventail replié pouvant devenir un bâton, une arme, une cravache ou, déplié, une lettre.

Sous la dynastie des Song, avec le développement de l’imprimerie, ces contes deviendront romans, sans rien perdre de leur verdeur. Tracés d’une plume vive sur fond historique, ils sont à la fois histoires de mœurs, critiques de la société, faits d’art martiaux campant une galerie de personnages hauts en couleurs. L’un des plus beaux exemples, écrit sous les Yuan et les Ming, en est Au bord de l’eau, traduit admirablement dans La Pléiade par Jacques Dars, qui conte l’histoire de 108 brigands, sorte de chevaliers des grands chemins qui prennent le maquis. Louis Cha est l’héritier de cette tradition et le seul actuellement à l’avoir perpétuée avec une qualité reconnue d’écriture et d’imagination sous le nom de plume de Jin Yong

Jing Yong, 15 romans fleuves et plus de 100 millions de lecteurs
Louis Cha, né le 6 février 1924, maintenant nonagénaire, est un descendant d’une ancienne famille de chinois lettrés, fonctionnaires et poètes. Enfant, il a lu, dans la concession française à Shanghai, presque tout Victor Hugo et Alexandre Dumas. Depuis son arrivée à Hong Kong, en 1948, il a également joué un rôle important dans les affaires publiques, en fondant notamment un groupe de presse dont le journal Ming Pao, l’un des grands quotidiens du monde chinois.

Extrêmement cultivé et fier de son héritage culturel, il a maintenu cette tradition romanesque en écrivant durant un demi-siècle, entre 1955 et 1972, une œuvre gigantesque de 15 romans fleuves qui remplit 36 volumes de plus de 400 pages chacun. Le premier, Le livre et le sabre (The Book and the Sword) fut publié en feuilleton en 1955 dans The New Evening Post.

Dans une précédente interview au magazine Paroles. Il s’exprimait ainsi :
« Les romans d’art martiaux mettent en scène des chevaliers errants chinois. Il n’existe rien de tel dans la tradition occidentale, mais on peut les rapprocher des œuvres de Walter Scott ou d’Alexandre Dumas père, avec cependant de grandes différences car les chevaliers occidentaux croyaient dans la foi chrétienne. Leur concept du bien et du mal était déterminé par Dieu et interprété par leurs prêtres. Les Chinois n’ont pas un sens prononcé de la religion. Ils doivent décider eux-mêmes de ce qui est juste. Devant une injustice, le faible se soumettra, mais le fort résistera, apportera son aide aux autres et n’hésitera pas à se sacrifier. C’est l’esprit du chevalier errant chinois. S’il emploie les arts martiaux, c’est à cette fin chevaleresque et altruiste. »
« Mes héros sont toujours en guerre contre les dictateurs, tous ceux qui abusent du pouvoir, tous les corrompus. »

Son dernier grand roman, écrit entre 1969 et 1972, intitulé Le Cerf et le chaudron, a été traduit en anglais par John Minford et publié chez Oxford University Press. L’action est située au milieu du XVIIe siècle, alors que les Mandchous, les oppresseurs, viennent de prendre le pouvoir en Chine et qu’une société de triades leur oppose une résistance souterraine. Jin Yong s’y montre à la fois historien méticuleux, critique des autorités à la plume acerbe, humoriste et conteur très agile. L’amour idéalisé entre ses héros, qui se retirent du monde pour le vivre intensément, passionne ses lecteurs. La toile de fond est celle d’une Chine grouillante de vie, où se côtoient lettrés, poètes, aubergistes et paysans. Ses héros, chevaliers errants, à demi-brigands, n’ignorent rien des arts martiaux. L’un d’eux, jeune garçon à la paternité trouble, né d’une chanteuse de cabaret, incarne par son incorrigibilité, ses facéties et sa verve populaire tout l’esprit d’une Chine insoumise.

Trois de ses romans ont été traduits en français chez l’éditeur You Feng, à Paris : La légende du héros chasseur d’aigle, Le justicier et l’aigle mythique et Tian Long Ba Bu. Jin Yong nous apprend ainsi sur la Chine beaucoup plus que ne pourrait le faire n’importe quel manuel d’histoire. Chacun de ses lecteurs, qu’il soit historien, poète ou amateur de kung-fu semble y trouver son compte. Et s’il fallait le comparer à un écrivain occidental, on penserait immédiatement à Alexandre Dumas père et à ses Trois mousquetaires.

La galerie Jin Yong au Hong Kong Heritage Museum
Cette nouvelle galerie permanente ouverte le 1er mars 2017 au rez-de-chaussée du Heritage Museum lui est entièrement consacrée. Elle retrace son processus de création et expose à coté d’un espace de jeux interactifs 300 objets sur 2500 pieds carrés : des éditions rares de ses romans, des manuscrits et objets personnels prêtés par l’auteur lui-même, des documents et photos des affiches de films adaptés de ses romans, des enregistrements de feuilletons télévisés, des chansons à thèmes, des illustrations et des jeux vidéo inspirés de ses œuvres.

 

有說:「凡有華人之處,就有金庸小說」,原因是這位武俠小說作家是華人世界中最受歡迎,讀者最多的在世作家。

因為出版社的努力,將中文作品翻譯,現時法語人士也能接觸到很多中文的當代著作。但是卻很少西方人,除了一些漢學家之外,認識香港作家金庸這名字。然而,只要與一個中國人提起金庸,他便會眼放異彩地回想起無數個小時忘我地沉浸在他那些精彩的長篇小說中的日子。筆名金庸的查良鏞絕對是世上其中一位最多讀者的小說作家。由北京到香港,新加坡到台灣,相信沒有一個家庭是從未聽過他的名字。超過九十部電視劇和電影 (包括李小龍、胡金銓、王家衛及成龍的作品) 的創作靈感源自他的作品,或是改編自他的小說。

金庸的作品屬於廣受歡迎的中國傳統通俗文學,人稱的武俠小說。武俠小說已有千年歷史,由那些遊走四方的說書人開始,他們在市集、酒家或妓院為民眾提供娛樂,他們講故事時手執扇子,在關鍵時刻拍着驚堂木來吸引聽眾的注意力。扇子摺起時可作為棍棒,武器,鞭子,打開時又可變成文章書信。

在宋代,隨着印刷術的發展,這些故事被編成小說,但並沒有失去其原有的色彩和趣味。這些以歷史和武俠世界作背景,透過各式各樣的人物來述說一些風俗或警世故事。而其中最精彩的應數創作於元末明初,講述一百零八個被迫上梁山作賊的好漢的《水滸傳》。筆名金庸的查良鏞是這傳統的繼承者,他優雅的文筆是人所公認,再加上豐富的想象力,是現今唯一將這傳統提升至文學經典的水評的作家。

金庸,十五部武俠小說,讀者數以億計
查良鏞1924年2月6日出生,現年九十歲,來自一個歷史悠久,曾出過文人、官員和詩人的世家大族。他童年時在上海法租界居住,雨果和大仲馬的著作幾乎全都閱讀過。他1948年移居香港後,因為創辦了一個傳媒集團,所出版的《明報》更是華人世界其中最具規模的報紙,所以對香港的公共事務也發揮了重要的影響力。
憑着淵博的學識和對文化承傳的使命感,他從1955年至1972年短短的半個世紀一共寫了十五部武俠小說,總共36集,每一集約四百頁。首部《書劍恩仇錄》於1955年在《新晚報》以連載小說形式發表。
在之前一次接受《東西譚》專訪時,他曾這樣表示:「武俠小說是講述俠客的事蹟。西方的傳統中沒有類似的故事,但我們可以在英國詩人華特.司各特 (Walter Scott) 或大仲馬的作品中找到一些近似的,然而也有很大的分別,因為西方的騎士有基督的信仰。他們對何謂善何謂惡的概念來自於神,和牧師的詮釋。而中國人的宗教觀念沒有那麼強,他們自己決定甚麼是正確的。面對不公義,弱者只能屈服,但強者能反抗,並向他人伸出援手,有時甚至不怕自我犧牲。他們使用武功是本着俠義和鋤強扶弱的精神。」
「我書中的主角都是為反抗暴政、強權和腐敗而戰的。」

金庸的最後一部《鹿鼎記》寫於1969年至1972年間,曾被 John Minford 翻譯成英文,由牛津出版社出版。故事寫十七世紀清代初期滿州人對漢人的欺壓,和天地會的義士如何為反清復明而爭鬥。金庸的小說,故事背景均以歷史史實為依歸,書中,他以嚴苛尖銳的文筆批判強權之同時又不失幽默感,故事明快流暢。故事以一個繁華的中國作背景,充斥着文人、詩人、店家和農民。主角是一些亦盜亦俠,武功高強的俠客。主角之一是一個沒有教養、放蕩不羈、滿口粗言穢語,在妓院出生的少年。
金庸的三部小說:《射鵰英雄傳》、《神雕俠侶》和《天龍八部》被翻譯成法文,由巴黎友豐出版社出版。金庸讓我們對中國歷史的認識遠遠超過任何的一部歷史書。他的讀者,不管是歷史學家、詩人或武俠小說迷都能從中找到自己想要找的東西。若果必須找一個西方作家作比較,即時會想到大仲馬的《三劍俠》(Trois mousquetaires)。

香港文化博物館的「金庸館」
這專為金庸而設的長期展館設於香港文化博物館地下,已於3月1日開放。展區佔地約二千五百平方呎,透過三百多項展品,包括早期流通的小說版本、珍貴的手稿、文獻和照片、小說改編的電影海報、電視劇主題曲唱片,以及查良鏞博士的私人物品等,介紹查博士的早期事業、武俠小說創作歷程及其小說對香港流行文化的影響。