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• Photographie de Guillaume Apollinaire soldat au printemps 1916 après sa blessure à la tempe. (Source : wikimédia commons)
A quelques mois du centenaire de la mort de Guillaume Apollinaire et en plein cœur du mois de la francophonie, le magazine Paroles vous propose de redécouvrir l’histoire de cet illustre poète naturalisé français, intimement liée au mouvement surréaliste et aux plus grands artistes du début du XXe siècle. Le poète inclassable, témoin de l’effervescence artistique de son époque ainsi que de la Grande Guerre s’est indéniablement placé comme un poète de la modernité. Précurseur du mouvement surréaliste, compagnon de l’arrivée du mouvement Dada, ouvert à « l’Esprit nouveau » sans totalement tourner le dos à la tradition, Guillaume Apollinaire est probablement l’un des poètes français les plus remarquables du XXe siècle. Né en Italie en 1880 d’une mère polonaise, Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare de Kostrowitzky vit la majeure partie de son enfance et de sa scolarité au bord de la Méditerranée, de Monaco à Nice en passant par Cannes. Il découvre très tôt son amour pour la littérature et pour la poésie et écrit ses premières œuvres dès le lycée. L’année 1900 marque un tournant pour le jeune Apollinaire qui s’installe à Paris. Le jeune homme voit dans cette ville les prémices d'un grand chambardement artistique. Néanmoins, ces premières années parisiennes se révèlent difficiles car les faibles ressources financières familiales ne lui permettent pas encore de vivre de sa plume. De retour d’un voyage en Rhénanie, Guillaume Apollinaire est employé dans une banque parisienne. Ce travail pénible ne peut cependant satisfaire sa créativité et il se rapproche donc de plusieurs revues littéraires de mouvements variés comme La Revue blanche, La Plûme ou encore La Grande France pour lesquelles il devient un collaborateur régulier. Ces diverses collaborations lui permettent de fréquenter le milieu intellectuel parisien. Un précurseur des artistes de l’avant-garde
Paris, en ce début de XXe siècle, offre à Apollinaire un lieu d’ébullition créative, le faisant plonger au cœur des principales tendances esthétiques de l’époque. Suite à ses nombreuses collaborations, Apollinaire fonde en 1903 la revue Le Festin d’Ésope dont il devient le rédacteur en chef au côté de son ami, l’artiste Jean Mollet. Dans le même temps, Apollinaire fréquente également les soirées artistiques et littéraires de Paris afin de réciter ses nouveaux poèmes. C’est au cours d’une de ces soirées que Jean Mollet le présente à Pablo Picasso dans un bar proche de la gare Saint-Lazare, accompagné de Max Jacob. Les soirées de Paris – sa seconde revue artistique et littéraire – voit le jour en 1912. Portée par Apollinaire et quatre de ses amis artistes que sont André Billy, René Dalize, André Salmon et André Tudesq, cette dernière devient un terrain d’expression privilégié de l’art et de la poésie d’avant-garde. Ses collaborateurs se réunissent régulièrement au Café de Flore, au cœur de Saint-Germain des Prés, le quartier de résidence d’Apollinaire. De 1916 à 1917, Apollinaire entretient par ailleurs une collaboration littéraire régulière pour la revue avant-gardiste parisienne SIC aux côtés des très modernes et dadaïstes Tristan Tzara et Philippe Soupault. Le 27 novembre 1917, Apollinaire donne un nom à cet élan de modernité qui souffle sur les artistes de l’époque : « L’Esprit nouveau ». La préface de sa pièce de théâtre Les Mamelles de Tirésias, « drame surréaliste », trace les contours du futur mouvement surréaliste qui prendra forme après lui. Apollinaire évoque ainsi les besoins de nouveaux moyens esthétiques et artistiques pour exprimer cette surréalité.
Les innovations poétiques d’un artiste de la modernité
Guillaume Apollinaire n’appartient pas entièrement au mouvement surréaliste. Décédé avant sa véritable naissance, le poète a néanmoins affirmé une modernité remarquable au travers de nombreux nouveaux procédés poétiques qui annoncent son goût pour la nouveauté et le rapproche des surréalistes. Notons tout d’abord la géniale invention des poèmes conversations, conçus à partir de bribes de conversations entendues au détour d’un bistro ou d’un parc.
En 1913, son recueil de poésie Alcools se démarque également par son absence totale de ponctuation et renouvelle ainsi les règles traditionnelles d’écriture poétique. La même année, il rédige ses premiers poèmes cartes postales dont la Lettre-Océan, adressée à son frère Albert parti vivre au Mexique. Enfin, entouré de nombreux peintres, Apollinaire tend à mettre en mot la modernité, comme Picasso le fait alors avec la peinture. Cette influence picturale donne naissance aux calligrammes, les « poèmes-dessins ». La modernité naît ici de la tentative de traduction du bruit et de la fureur de la guerre sous une forme poétique. Apollinaire s’est en effet engagé lors de la Première guerre mondiale. Mobilisé au front en 1915 et blessé en 1916, le poète met en mots et en images cette guerre à la fois terrible et magnifique.
« Ah Dieu ! que la guerre est jolie »
Ce mélange des genres au cœur des œuvres d’Apollinaire témoigne aujourd’hui encore du syncrétisme si cher au poète qui s’est placé au carrefour des mouvements artistiques naissant du XXe siècle. Ce syncrétisme s’explique également par son passage dans des lieux parisiens emblématiques de ce tourbillonnement artistique. Parmi ces lieux, on retrouve le bateau-lavoir. Cité des artistes située à Montmartre, Apollinaire y retrouve Pablo Picasso, Max Jacob, l’artiste surréaliste Marie Laurencin, René Magritte et beaucoup d’autres. Il correspond également avec le futur chef de file du surréalisme, André Breton, après que Soupault ait provoqué une rencontre entre les deux artistes.
L’immense héritage poétique que nous livre Guillaume Apollinaire est ainsi à l’image de sa vision de la vie, toujours transfiguré par la beauté, inspiré de multiples mouvements artistiques et résolument magnifique. |
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適逢法語月暨紀堯姆.阿波利奈爾 (Guillaume Apollinaire) 逝世百週年紀念前夕,《東西譚》誠邀您探索這位法籍偉大詩人的故事。阿波利奈爾生平與超現實主義運動以及一眾二十世紀初最偉大的藝術家關係密切,其詩作卓爾不群,令人難以界定其派別。他經歷過第一次世界大戰,同時見證了其年代波瀾動盪的藝術運動,是公認的現代主義詩人。
阿波利奈爾是超現實主義運動的先驅者,同時支持達達主義運動的展開,對「新精神」(Esprit nouveau) 保持開放態度,但卻不完全離棄傳統價值,堪稱二十世紀最傑出的法國詩人之一。阿波利奈爾於1880年在意大利出生,原名為Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare de Kostrowitzky,母親為波蘭人,其童年和求學時期的大部分時間均在地中海沿岸的摩納哥、康城和尼斯等地渡過。阿波利奈爾自小便鍾愛文學和詩詞,早於中學時代便寫下其首批作品。
1900年,年輕的阿波利奈爾在巴黎迎來其人生的轉捩點,見證了一場偉大的藝術變革在巴黎展開。然而,由於家庭僅僅只能夠給予他微薄的經濟支持,他在巴黎首數年的生活過得頗為艱苦,仍未能以寫作為生。自萊茵蘭(Rhénanie)旅行歸來後,阿波利奈爾便成為巴黎一間銀行的職員。他的創意未能在銀行繁重的工作中得以發揮,所以他分別聯絡了數本支持不同文藝運動的文學雜誌,包括《La Revue blanche》、《Plûme》以及《La Grande France》等,並與他們展開定期合作。他亦因此而得以經常與巴黎的知識分子交流。
前衛藝術家中的先驅者
二十世紀初的巴黎對阿波利奈爾來說是洋溢創意之地,讓他置身於當時主要美學潮流的中心。阿波利奈爾和不同文學雜誌多次合作後,於1903年與其藝術家好友Jean Mollet一同創辦了《Le Festin d’Ésope》雜誌,並出任雜誌總編輯。與此同時,阿波利奈爾亦經常出席巴黎的文藝晚會,期間朗讀其新的詩作。在聖拉查 (Saint Lazare) 車站附近一家酒吧的晚會上,阿波利奈爾透過Jean Mollet認識了畢卡索 (Pablo Picasso) 和馬克斯.雅各布 (Max Jacob)。1912年,阿波利奈爾創辦的第二本文藝雜誌《Les soirées de Paris》正式出版。這本由阿波利奈爾和四位藝壇好友(包括André Billy、René Dalize、André Salmon和André Tudesq)共同創立的雜誌為前衛藝術和詩詞提供了專門的發表空間。阿波利奈爾與合作夥伴們經常在他居住的聖日耳曼德佩區大道上的花神咖啡館 (Café de Flore) 聚會。在1916年至1919年間,阿波利奈爾亦定期與巴黎前衛主義雜誌《SIC》合作,發表文學作品,而該雜誌的合作夥伴還包括極富現代風格和達達主義風格的Tristan Tzara及Philippe Soupault。
1917年11月27日,阿波利奈爾將這股衝擊當代藝術家的現代文藝風潮命名為「新精神」。其戲劇劇本《蒂雷西亞的乳房》(Les Mamelles de Tirésias) 的序言中所述的「超現實主義戲劇」,啟迪了將來的超現實主義運動。阿波利奈爾喚起了藝壇對使用新的美學和藝術方法來表達超現實概念的需要。
創新的現代詩詞表達方法
紀堯姆.阿波利奈爾在超現實主義真正流行前便已經去世,所以他並不完全是超現實主義詩人。然而,他以多種嶄新的詩詞創作方法,確立了鮮明的現代風格,彰顯了他對創新的追求,令他更貼近超現實主義。阿波利奈爾自小酒館或公園角落聽到的對話涉取靈感,創作了絕妙的對話詩。
1913年出版的詩集《醇酒集》(Alcools)亦因為完全不使用標點符號而別樹一幟,同時改寫了詩詞創作的傳統規則。同年,他創作了首批明信片詩,其中《字海》(Lettre-Océan)一詩更獻給他遠赴墨西哥生活的弟弟Albert。
另外,阿波利奈爾亦廣結一眾畫家,他像其好友畢卡索般以現代方法演繹藝術,利用新的方式譜寫詩詞,「圖形詩」亦因而誕生。他嘗試以詩詞形式演繹噪音和激烈的戰爭,展現了全新的現代風格。而實際上,阿波利奈爾亦參與了第一次世界大戰。這位詩人於1915年參軍,並於1916年因傷退役。他其後以文字和圖像一一細述這可怕而宏壯的戰爭。
「神啊!戰爭真的很美麗。」
阿波利奈爾的作品糅合了不同類型的藝術。時至今天,這種風格依然印證著在二十世紀藝術運動中誕生,對阿波利奈爾彌足珍貴的融合主義。另外,一些巴黎名所亦瀰漫著這股融合主義藝術風潮。「洗濯船」公寓便是當中的著名地點。這座位於蒙馬特區的公寓是一眾藝術家的聚會場所,阿波利奈爾曾在此與畢卡索、馬克斯.雅各布、超現實主義藝術家瑪麗.羅蘭珊(Marie Laurencin)和雷內.馬格利特 (René Magritte) 等人聚會。阿波利奈爾亦在Philippe Soupault的介紹下認識了後來的超現實主義領導者安德烈.布勒東(André Breton),並與其互相交流。
阿波利奈爾為我們帶來精彩的詩詞文學作品,他的作品自不同的偉大藝術運動中涉取靈感,總是因為美而幻化不定,反映了他對生活的看法。
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