Littérature 文學

Par Julia Besnard

 
 

Marie Darrieussecq
瑪麗.達麗耶塞克

 
 

Plus de vingt ans après la parution de Truismes, premier roman au succès immédiat, Marie Darrieussecq demeure un auteur primordial dans le paysage littéraire français. Auteur prolifique, elle est surtout connue pour ses romans, mais s’est également illustrée dans le domaine du livre d’art, de la traduction ou encore de la littérature jeunesse. Avant de se consacrer pleinement à l’écriture, elle a travaillé comme psychanalyste – un métier très particulier qui semble transparaître dans tous ses livres. Nous aurons la chance de recevoir Marie Darrieussecq à la médiathèque de l’Alliance Française, le samedi 24 mars (16h). En attendant son arrivée, nous vous proposons un portrait de l’auteur.

Le « roman des origines »
Née au Pays-Basque en 1969, Marie Darrieussecq est très attachée à son village d’origine. Si le basque est sa langue maternelle, c’est en français qu’elle a choisi d’écrire, par désir d’être lue par le plus grand nombre. Devenue adulte, elle a réappris la langue basque qu’elle avait oubliée. De cette volonté de retour aux sources est né son livre Le Pays, paru en 2005. C’est une œuvre complexe que nous livre Marie Darrieussecq : étudiante brillante, psychanalyste puis auteur à succès, l’écrivain semble ne jamais se départir d’une profonde curiosité pour la « chose humaine », les tréfonds de la psychologie, les mécanismes obscurs qui lient et délient les êtres. Les relations mère-fille sont un motif récurrent dans son œuvre. Le Mal de mer (1999) débute par un dialogue des consciences entre une mère et sa fille : alors que la mère emmène la petite voir la mer pour la première fois, la narration passe de l’intériorité de l’une à celle de l’autre, dans un flux de conscience qui n’est pas sans rappeler Mrs Dalloway de Virginia Wolf, et qui semble imiter le roulis marin, l’éternité à la fois menaçante et accueillante de la mer.

Dans Le Bébé (2005), la narratrice s’interroge sur la maternité, l’omniprésence des bébés dans le discours social, concomitant à leur absence dans la littérature ; en somme, elle interroge l’essence même d’un nouveau-né. Que voit-il ? Qu’entend-il ? Comment donne-t-il du sens au monde qui l’entoure ? Tom est mort (2007), quant à lui, explore un thème difficile : une mère endeuillée par la mort de son fils de quatre ans. Un pari risqué, un récit terrible qui ne laisse pas indifférent. « La fiction peut et doit tout prendre en charge, affirme l’auteur. Aucun sujet n’est interdit. Il fallait donner de la hauteur à la souffrance. Seule la médiocrité est insupportable. » En somme, un écrivain se doit, selon elle, d’explorer le monde, de dire le non-dit, quel que soit le niveau d’indécence dont l’on affuble. Les rêves, dit Darrieussecq, sont d’ailleurs un thème plus indécent encore que la mort. Elle explore cette matière intime, aux accents inavouables, dans Bref séjour chez les vivants (2005) : sous la plume virtuose de l’auteur, les rêves de personnages inconnus prennent vie au gré des monologues intérieurs dont est fait le texte.

Un auteur féministe ?
Evoqué plus haut, Le Mal de mer évoque le style de Virginia Woolf. Marie Darrieussecq a affirmé son admiration pour ce grand écrivain anglais, notamment en proposant une nouvelle traduction de l’œuvre A Room of One’s Own (essai sur la place des auteurs féminins dans la littérature, paru en 1929), sous le titre Un lieu à soi. Cette traduction est, selon elle, un « vrai geste », une contribution pragmatique à l’avancée du combat féministe. Clèves est un livre qui explore la sexualité féminine. Marie Darrieussecq a évoqué, à plusieurs reprises, son admiration pour le célèbre roman de Madame de Lafayette, dont le roman La Princesse de Clèves montre qu’elle avait, dès le 17e siècle, déjà « tout compris à l’adolescence féminine ». « On peut aimer ou ne pas aimer mes livres, dit-elle, je sais qu’ils ne sont pas niais. Et Le Bébé est sur le même ton que les autres. C’est un livre très sérieux et un peu militant, mais militant littérairement, avec la volonté de faire entrer le bébé et la jeune mère comme des sujets littéraires sérieux. »

Sexualité féminine, maternité – le choix des thèmes est un élément important à considérer lorsque l’on songe au féminisme de l’auteur. Cependant, si Marie Darrieussecq affirme son appartenance au féminisme, elle ne se prétend pas pour autant auteur féministe. Selon elle, cette posture s’apparente en effet à une forme de danger ; elle renvoie aux minorités, à une sorte de ghettoïsation. Ses livres abordent des thèmes féminins, mais de même que l’esprit n’en a pas, l’écriture n’a ni genre, ni sexe. La force de l’écriture de Marie Darrieussecq réside certainement dans le fait qu’elle s’adresse au grand public, tout en faisant appel à l’intelligence de ses lecteurs. Si elle souhaite proposer une littérature accessible, que l’on ne puisse pas accuser d’élitisme, elle ne renonce cependant pas à emmener ses lecteurs au cœur des pensées extravagantes et complexes de ses personnages. Comme elle le dit elle-même, « si [ses] personnages avaient fait une psychanalyse, [elle] n’écrirait pas de roman ».

Rencontre avec Marie Darrieussecq
Samedi 24 mars à 16h
La Médiathèque, AFHK - Jordan Centre
Entrée gratuite : RSVP mediatheque@afhongkong.org
 

瑪麗.達麗耶塞克 (Marie Darrieussecq) 的《小姐變成豬》(Truismes) 令她一朝成名。即使處女作出版至今超過二十年,她仍然是法國文壇的一線作家。瑪麗.達麗耶塞克創作豐碩,特別以小說聞名,然而她的藝術書、譯作、兒童文學作品也相當優秀。在全時間投入寫作之前,她是精神分析學家――她的所有作品都似乎流露著這種不尋常職業的痕跡。3月24日星期六下午4時,我們有幸邀請她到法國文化協會的媒體圖書館與大家見面。等待她光臨期間,我們會有作者簡介環節。

「原創小說」
瑪麗.達麗耶塞克在1969生於北巴斯克,她深愛自己的家鄉小村。她的母語是巴斯克語,但她選用法語寫作,為要讓更多人讀到她的作品。成年後,她已將母語忘掉,於是毅然重學巴斯克語。作品《家鄉》(Le Pays,2005年出版) 的創作靈感,就是她回歸鄉土的願望。 呈獻這部複雜作品給我們的瑪麗.達麗耶塞克,是優秀學生、精神分析學家、成功作家,她對「人性事物」、深層次心理、離與合的奧妙原理抱著強烈好奇,探索之路似乎從未止息。 母女關係是她作品裏經常出現的動機。《暈海》(Le Mal de mer,1999出版) 的開頭是一對母女的良心對話。在母親帶女兒第一次看海之際,敘述的對象由一方的內心變成另一方,而敘述的方式頗有Virginia Woolf (維珍尼亞.伍爾芙) 作品《達洛維夫人》(Mrs. Dalloway) 的意識流味道;模彷海浪翻騰,大海永恆不變的驚駭,還有安祥。

在《寶貝》(Le Bébé,2005年出版) 裏,敘述者質疑母性、詰問為何社交談話恆常圍繞嬰兒、為何嬰兒總出現在文學裏。簡單而言,她在質問嬰兒的意義。他看到什麼?他代表什麼?他賦予周圍的世界什麼意義? 《湯姆死了》(Tom est mort,2007年出版) 卻在探討一個棘手主題:某位母親因為四歲兒子的死而痛不欲生。這是冒險的嘗試,其可怕的敘事方式令人莫不動容。「小說可以駕馭一切,也務必駕馭一切。」作者按瑪麗.達麗耶塞克所表示。「寫作沒有所謂的禁忌題材。而作者須要為苦難找到崇高的意義。唯一令人難以忍受的只有平庸。」簡單而言,按瑪麗.達麗耶塞克所述,作者必須探索整個世界,道出未有人道的事物,不論挖出來的真相多麼不體面。 瑪麗.達麗耶塞克指出,夢這個題材比死亡更加令人難堪。在《在活人間短暫停留》) (Bref séjour chez les vivants,2005出版) 中,她以令人感覺羞恥的腔調探討這個私密主題。在這位名作家的健筆之下,幾位無名角色以深入獨白方式道出自己的夢境。

她是女權主義作家嗎?
剛才提及,《暈海》令人聯想到維珍尼亞.伍爾芙的風格。瑪麗.達麗耶塞克也承認她敬重這位英國大作家,還為作品《自己的房間》(A Room of One’s Own,討論文學女作家的地位,1929年出版) 重新翻譯,冠上法文名《Un lieu à soi》。據她所述,推出這譯本是她支持推動女權主義的「實際行動」。 《Clèves》是她探討女性性愛的作品。瑪麗.達麗耶塞克多次表達了她對拉斐特夫人作品《克萊芙王妃》的敬佩。從作品可知,作者早在十七世紀已擁有「青春期少女應有的一切」。 「讀者喜不喜歡我的書我都接受。」她說,「我知道他們不蠢。我寫《寶貝》的語調與其他書一樣。這本書內容嚴肅,甚至帶點挑戰的意味,我指的是文學上的挑戰,目的是帶領嬰兒和年輕母親進入嚴肅文學世界,成為內容題材。」女性性愛、母性 ― 當我們想起作者的女權意識時,會明白這些都是不得不考慮的主題。 然而,即使瑪麗.達麗耶塞克表明她支持女權的立場,她也不會稱自己為女權作家。據她所講,這種姿態近乎危險,因為這樣等同表示自己是小眾,強行將自己劃入小圈子。雖然她的書論述了女性題材,但正如思想一樣,寫作也沒有男女之分。 瑪麗.達麗耶塞克的作品有力量,是因為她的聽眾是普羅大眾,而且作品能觸發讀者思考。即使她想寫出平易近人、沒有精英主義味道的文學,也不表示她放棄引導讀者邁進精采思想的殿堂,發掘作品角色的複雜心靈世界。正如她自己所說:「如果我的故事角色有機會接受精神分析,我的小說就會變得無話可說。」