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Depuis octobre 2012, il imagine et présente l’émission « Destination Francophonie » sur TV5Monde. Après différents postes en Ouzbékistan, en Géorgie, à Moscou et au ministère français des Affaires étrangères, Ivan Kabacoff arrive à la chaîne francophone internationale, où il crée son programme hebdomadaire valorisant les actions en faveur du français. 150 émissions plus tard, l’aventure se poursuit. Rencontre.
Quelle est l’ambition de « Destination Francophonie » ?
Ivan Kabacoff : L’émission a un objectif très simple : parcourir la planète pour dénicher les projets de promotion de la langue française les plus innovants et inspirants, ainsi que les acteurs qui les font exister.
Le français est la deuxième langue la plus apprise dans le monde après l’anglais. Il n’y a pas la France d’un côté et le reste du monde de l’autre : la francophonie est partout, c’est quelque chose de transversal, c’est une communauté. Et c’est à cette communauté que s’adresse « Destination Francophonie ». Voilà ce que je veux montrer lorsque je choisis de consacrer une émission à un Master en relations internationales qui s’ouvre sur l’Afrique francophone à l’Université de Szeged en Hongrie, ou à un camion de pompier transformé en salle de spectacle itinérante en Macédoine, qui va donner envie aux enfants d’apprendre le français. Le français est une langue vivante, une langue d’aujourd’hui mais aussi une langue d’avenir.
L’idée de « Destination Francophonie » est de prouver qu’elle est en plein essor. Et pas uniquement pour des raisons démographiques...
Quelles sont ces raisons ?
Des raisons économiques ! Former les francophones de demain est un pari sur l’avenir qui va rapporter, notamment de l’argent. Avoir des francophones à des postes clé dans sûr, certaines grands-messes perdurent, comme les Journées internationales de la Francophonie, mais c’est insuffisant.
Il y a un manque d’ambition pour notre langue que je regrette et il s’accompagne d’un manque d’investissement sur les projets à long terme. La fermeture des Instituts français en est un exemple criant. Où les francophones vont-ils trouver des livres en français ? Où vont-ils pouvoir se rencontrer, échanger ? Il ne faut pas décevoir les amoureux du français en fermant ces lieux dédiés à la francophonie. C’est peut-être moins accrocheur qu’un festival de film avec de beaux acteurs, mais la promotion de la langue française, et des langues en général, demande du temps.
L’enjeu se trouve-t-il aussi du côté des apprenants ?
Évidemment ! Il faut donner la possibilité aux apprenants de voyager dans l’espace francophone mondial et de se l’approprier. Il faut qu’ils sentent que parler français est un plus, qu’ils peuvent se rendre au Québec, en France, au Sénégal, en Belgique, et sentir cette appartenance commune. Tout le monde baragouine l’anglais, c’est devenu basique. Le français doit être perçu comme l’élément qui fera la différence.
Une autre bataille à gagner est celle des tout-petits : le français précoce est une priorité, un milieu très concurrentiel où le français doit se démarquer. À Hong Kong ou en Macédoine, des gens souhaitent que leurs enfants apprennent la langue française dès leur plus jeune âge. Il faut donc que les professeurs soient formés à ce type d’enseignement, qu’ils disposent des outils nécessaires, afin d’introduire le français au primaire, voire en maternelle, de manière ludique. C’est toujours le même credo : il faut donner l’envie de parler français.
Et comment donner envie d’apprendre le français ?
Ce ne sont pas toujours des éléments rationnels qui justifient le choix d’une langue. Le français est une belle langue, qui continue à susciter le désir. Je me souviens qu’en Géorgie, la boulangère de mon quartier me demandait de parler français : elle n’y comprenait rien mais trouvait cela beau.
C’est un grand mystère. Autre exemple : en Colombie, où j’étais il y a deux mois, on va au-delà de la francophilie, on parle de « francophage » ! À l’université de Bogotá, des étudiants qui n’ont jamais fait de français de leur vie choisissent de venir étudier en France, aidés par des bourses du gouvernement colombien. J’étais aussi très étonné en allant à Bornéo ou en Malaisie : certains habitants n’ont jamais vu de Français de leur vie et pourtant leurs gamins décident d’apprendre le français.
Pourquoi notre langue attire toujours ?
Parce que c’est un autre regard sur le monde, une autre façon de penser. La langue française est une langue de culture, elle n’est ni nécrosée, ni ringarde. Les valeurs que la France a véhiculées, les droits de l’homme, la démocratie, ça compte encore. Je rêve que les Français s’intéressent à leur langue. On fête la francophonie dans le monde entier sauf en France ! Ça n’intéresse pas non plus les responsables politiques, car ce n’est pas un enjeu électoral. Sans compter notre rapport même à notre propre langue, avec ces anglicismes qui s’invitent désormais partout. Les Français n’ont pas conscience que leur langue est une richesse.
Avec l’aimable autorisation de la revue Le français dans le monde. Article paru initialement dans le numéro 416 Juillet / août 2016.
En savoir plus
Revoir les différentes « Destination francophonie »
(première diffusion à l’antenne chaque samedi) sur www.tv5monde.com/df |
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自2012年10月起,Ivan Kabacoff 就為法國電視國際五台(TV5Monde)構思並製作《Destination Francophonie》(法語國家目的地)。他曾在烏茲別克、格魯吉亞、莫斯科,以及法國外交部任職,然後進入這間國際法語電視台,製作每週一集的法語推廣節目。至今節目已播放150集,而且仍在繼續。我們訪問了他。
Destination Frocophonie》的目標是什麼?
Ivan Kabacoff:這個節目的目標很簡單,就是到世界各地搜集最具創意和靈感的法語推廣題材,以及能夠體現這些題材的當事人。
法語是繼英語後全球最多人學的語言。而且絕非只有法國獨守一角在講法語:法語國家遍佈世界,橫跨全球,自成一個群體。《Destination Franophonie》的目標觀眾正是這個群體。我拍過的主題包括匈牙利塞格德大學為非洲法語國家學生開設國際關係碩士課程;另外一集講述馬其頓有輛 由消防車改裝而成的移動展覽室,用來吸引小童學法語。我選拍這些主題就是為了向觀眾介紹這個群體。法語是有生命力的語言,今日有人在用,將來也會有人用。
《Destination Francophonie》想要告訴大家,法語仍在蓬勃發展中,而且不只是因為使用人數的緣故……
那還有什麼緣故?
經濟的緣故!造就未來的法語群體,等於向未來押注,認為他們會帶來回報,特別是金錢。有法語使用者在重要職位是必須的,這樣可以令有一定規模的法語群體保持發展,例如舉辦國際法語日,但這樣並不足夠。
我們對自己的語言似乎還是欠缺抱負,所以對長遠項目的投資也不足夠。一些法語文化機構的關閉便是鮮明的例子。這樣要法語用者去哪裏找法文書?他們可以在哪裏聚會和交流?不要關閉這些屬於法語愛好者的地方,這樣會令他們灰心。這些設施可能不及法國電影節裏的俊美演員般炫目,但是,無論是推廣法語,或者任何其他語言,都是需要時間的 。
學生自己也有要盡的本分嗎?
當然﹗法語學生應該盡可能去法語國家旅遊,掌握語言技巧。他們應該覺得會講法語是錦上添花的事,因為這樣就可以去魁北克、法國、塞內加爾、比利時,體驗同氣連枝的感覺。全球各地多少都會講英語,這個已經成為老生常談。法語應該成為人們眼中可令自己更勝一籌的利器。
幼童的起跑線已經燃起戰火:兒童會講法語是優勢,這裏是法語不容有失的要沖。無論是在香港或馬其頓,人們都想子女盡快習得法語。因此,法語教師必須接受有關訓練,懂得如何向小學生甚至幼稚園生講解法語而不失趣味。不變的訣竅:勾起他們講法語的意欲。
那麼應該如何勾起學習的意欲呢?
選學哪一種語言很多時候並不是憑著理性。法語是優美的語言,這就足以保持其吸引力。我記得當在格魯吉亞時,我住那區的麵包店老闆要求我講法語:她其實一點也聽不懂,單單只是覺得悅耳。 真是不可思議。還有另一個例子:兩個月前,我在哥倫比亞遇到那些人,已經不能說是法語愛好者,簡直是法語狂迷!在波哥大大學,有些學生從來沒有接觸過法語,竟然想要去法國讀書。哥倫比亞政府向他們提供了資助。我在婆羅州或馬來西亞也覺得很驚訝:有些人畢生未見過法國人,但他們的子女竟想學法語。
為什麼我們的語言魅力依然?
因為這是另一種世界觀,另一種思維模式。法語是文化語言,而且至今未曾凋零,未曾腐朽。法國為人類帶來的重要價值――人權、民主――仍然閃閃生輝。我但願法國人也對自己的語言感興趣。全球的法語國家都有為自己慶祝,唯法國除外!政客對這個議題也沒興趣,因為與選票無關。
更不用說我們有否重視自己的語言了,現在英語字眼隨處都可見。法國人意識不到自己的語言其實是瑰寶。 |
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