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• Agnès Varda fait un pied de nez dans cet autoportrait tiré de Visages villages ©Agnès Varda-JR-Ciné-Tamaris, Social Animals 2016
Agnès Varda, une des rares femmes réalisatrices de la Nouvelle Vague du cinéma français, en est aussi la seule survivante aujourd’hui avec Jean-Luc Godard. Très créative, puisqu’en 2017, Agnès Varda reçoit avec Visages villages l‘Œil d’or (prix du documentaire) au festival de Cannes puis, lors de sa sortie en début d'été de la même année, un accueil favorable à la fois des critiques et des spectateurs. Oscar d’honneur à Hollywood 2017, Palme d’or d’honneur à Cannes 2015, Léopard d’or à Locarno 2014, Lion d’or à Venise en 1985, partout où Agnès passe, souffle un vent d’air frais sur le cinéma. L'Alliance Française et la Broadway Cinematheque lui consacrent une rétrospective du 6 au 24 juin.
Agnès Varda fait un pied de nez dans cet autoportrait tiré de Visages villages © Agnès Varda-JR-Ciné-Tamaris, Social Animals 2016
Née le 30 mai 1928 à Ixelles en Belgique, d’un père grec et d’une mère française, elle est de nationalité française et aujourd’hui à 90 ans, vit une « vieillesse très heureuse dit-elle, une vie de photographe, de cinéaste et d’artiste plasticienne ». Ce travail qui couvre plusieurs décennies, elle le raconte magnifiquement dans Les Plages d’Agnès, césar du meilleur documentaire en 2009, une œuvre dans laquelle elle revient sur sa vie et les événements marquants de sa carrière, ses rencontres, les lieux de la Belgique, de Sète en passant par l‘Amérique des sixties et des Black Panthers, les personnages disparus qu’elle a aimés comme Jean Vilar, Jim Morrison, Calder, Chris Marker et bien sûr son compagnon et grand amour Jacques Demy : « c’est un film d’amour car on y ressent, très présente, l’absence de Jacques ».
Un film réalisé de sa célèbre maison-atelier rue de Daguerre à Montparnasse, « ma maison de famille, dit-elle, au départ un vrai taudis où travaille ma tribu » On ne trouve dans cet atelier que les films d’Agnès Varda et Jacques Demy, ils vécu en famille, travaillé, mais curieusement n’ont jamais fait un film ensemble. Agnès Varda a cependant rendu hommage à Jacques Demy, décédé en 1990, à qui elle rendra hommage par trois films, Jacquot de Nantes, Les demoiselles ont eu 25 ans et l’Univers de Jacques Demy. Sa filmographie est prodigieuse, constituée de plus de cinquante fictions et documentaires.
Un long chemin créatif
Elle étudie la photographie à l’Ecole des Beaux-arts de Paris et l’histoire de l’Art à l’Ecole du Louvre et débute comme photographe au Théâtre national populaire de Jean Vilar. C’est son premier long métrage, La Pointe courte en 1954, avec Philippe Noiret et Sylvia Monfort et monté par Alain Resnais, qui la lancera sur la planète cinéma en apportant un souffle de liberté. Elle rencontre Jacques Demy, son futur époux, en 1958, et devient partie de cette Nouvelle Vague du cinéma, aux côtés de Demy, Marker et Resnais avec des films comme Cléo de 5 à 7 en 1961, Les Créatures et Le Bonheur. Sa carrière sera marquée par de nombreux prix, dont en 1985 le Lion d’or à Venise pour Sans toit ni loi, un étrange film sur la rébellion dont on parlera beaucoup, mettant en vedette Sandrine Bonnaire dans un personnage insaisissable.
Mona et Patrick Lepcinsky dans Sans toit ni loi, un film d'Agnès Varda, photo DR © Ciné Tamaris
« Dans la création, il y a le désir d’être heureux et en même temps, de servir à quelque chose »
On ne manque pas de remarquer Agnès Varda dans la rue : « Je suis tendance, j’ai des cheveux de deux couleurs, je suis punk, c’est plus facile quand je me perds dans la foule, on me reconnait. J’ai toujours l’idée de ne pas faire comme tout le monde, c’est plus par esprit d’indépendance que pour me faire remarquer ». Elle est d’une curiosité insatiable : « je n’ai pas basé mon travail sur mes souvenirs d’enfance ou mes racines mais sur mes découvertes »
« C’est très amusant que mon travail d’artiste se nourrisse de mon ancien travail, mais sans l’abîmer. Ça raconte que j’étais cinéaste... Pour le film, c’est une nouvelle vie, ça devient une cabane. Il y a des gens qui vont passer, pour moi, c’est une expérience. »
La réalisatrice a aussi une activité d’artiste plasticienne qui la passionne maintenant, elle expose en ce moment à la Galerie Nathalie Obadia à Paris jusqu’au 31 mai 2018 ; une « cabane de cinéma » : une petite serre baignée de soleil, dont elle a remplacé les parois de verres par des pellicules 35 mm de cinéma de son film Le bonheur, sorti en 1964, dans laquelle elle a placé des fleurs de tournesol en pot. Mode d’emploi : « Se rappeler les 16, 18, 24 images par seconde, imaginer l’infinité des images fixes, imaginer par exemple que notre œil fait le cinéma, rétablit le mouvement de la vie en les balayant. S’asseoir au milieu de cet espace, et regarder les tournesols se lever vers la lumière. Nous voilà, à l’abri du présent ». |
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艾麗絲華妲 (Agnès Varda) 是法國電影新浪潮少有的女導演。她與尚盧高達 (Jean-Luc Godard)是最後兩個仍然在生的新浪潮導演。艾麗絲華妲至今仍然致力創作,她憑《眼睛相旅行》(Visages Villages) 在2017年康城影展奪得紀錄片獎項金眼睛 (l’œil d’or);影片在同年夏天的首映中,還得到影評人與觀眾一致的好評。2017年的荷李活終身成就獎、2015年的康城金棕櫚獎、2014年的盧卡諾金豹獎、1985年的威尼斯金獅獎…… 每當華妲亮相,電影界都彷似吹起了一陣清風。法國文化協會與百老匯電影中心合作,於6月6日至24日為她舉辦電影回顧展。
• © Agnès Varda-JR-Ciné-Tamaris, Social Animals 2016
1928年5月30日,艾麗絲華妲生於比利時伊克塞爾市,父親是希臘人,母親是法國人。法國藉的華妲今年剛好90歲,據她所言,「暮年的生活很愉快,生活就是攝影、製片、視覺藝術。」她這種已經維持數十年之久的工作模式,在其作品《沙灘上的華妲》(Les Plages d’Agnès,2009年凱撒最佳紀錄片)中有精采的描述。華妲在這部作品裏回顧人生、事業上的里程碑、各種邂逅、比利時的地方;她還論到塞特(Sète)、六十年代美國、黑豹黨;她所喜歡的人,如Jean Vilar、Jim Morrison、Calder、Chris Marker,當然還有她最愛的伴侶積葵丹美(Jacques Demy):「這套是愛情電影,因為我們可以感受到片中帶著對積葵強烈的思念。」她那間位於巴那斯峯達格爾的著名工作室,正是這電影的誕生地。『那裏是我們的住宅」她說「起初我們家就在這殘破凌亂的地方工作。』華妲和丹美兩位大導演在這裏生活時有拍過電影,但卻從來沒有合作拍片。丹美在1990年辭世,華妲於是拍了三套向他致敬的電影:《童年拾趣》(Jacquot de Nantes)、《她們25歲了》(Les Demoiselles ont eu 25 ans)、《丹美的電影宇宙》(L’Univers de Jacques Demy)。華妲的作品豐碩,共有超過50套劇情片和紀錄片。
漫長的創作之旅
華妲曾在法國美術學院(École des Beaux-Arts)學習攝影,及在羅浮宮學院(Ecole du Louvre)學習藝術史,然後她到國立人民劇院(Théâtre national populaire)擔任Jean Vilar的攝影師。她第一套長片是1954年的《短角情事》(La Pointe-Courte),由Philippe Noiret及Sylvia Monfort主演,負責剪接的阿倫雷里(Alain Resnais)後來在發佈這電影時,給人一股自由的氣息。華妲與未來丈夫丹美的邂逅是在1958年,她後來更與丹美、Marker、雷里一同憑著1961年的《五時到七時的琪奧》(Cléo de 5 à 7),還有《創造物》(Les Créatures)、《幸福樂園》(Le Bonheur)等作品,加入了法國電影新浪潮的大軍。她在導演生涯中獲獎無數,包括1985年憑《無法無家》(Sans Toit Ni Loi)獲得威尼斯金獅獎。這套關於反叛的奇作中,Sandrine Bonnaire將女主角無從捉摸的性格演繹得淋灕盡至。
Mona et Patrick Lepcinsky dans Sans toit ni loi, un film d'Agnès Varda, photo DR © Ciné Tamaris
『創作之中我們渴望自己愉快,同時還渴望能成就某些事情。』
當華妲走在街上,我們都不會與她擦肩而過:『我愛好時尚打扮,頭髮有兩層顏色,算是punk的風格。即使混入人群中,也很容易被認出。我一直都認為行事為人不要落於俗套。與其說我想標奇立異,不如說我其實是在追求獨立的精神。』華妲的好奇心無窮無盡:『我的作品並不是建基於童年回憶或文化根源,而是我所發現的事物。』
『我的藝術作品承襲了自己過往的作品,卻沒有被舊作破壞,這點可算是新奇有趣,但也證明了我是個電影製作人……每套電影都是新生命,然後會變成棚屋。有些人會繞過棚屋,但我覺得它其實也是一種經歷。』
艾麗絲華妲大導演還是個視覺藝術家,現在它更醉心於這項活動。她的作品目前正在巴黎Nathalie Obadia 藝廊展出,展覽至2018年5月31日結束;電影棚屋(cabane de cinéma):一間沐浴於陽光下的小溫室,華妲將其玻璃牆壁換成她1964年作品《幸福樂園》的35毫米菲林條,然後在裏面放入一盤盤的向日葵。鑑賞指南:『回憶一下每秒16、18、24格的電影菲林;想象這些硬照所包含的「無限」;想象我們用雙眼製作電影,用雙眼掃過這些菲林,重塑生命的動態。然後坐在棚屋中間,看著這些向日葵花向著陽光盛放。你現在身處的,就是現在的棚屋。』 |
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