Musique 音樂

Texte : Arnaud Lanuque

 
  Quand la French Touch met en musique le cinéma de Hong Kong
港產片與法國音樂的情緣
 
 

La scène musicale française est constamment en ébullition. Et la musique de films made in France a aussi réussi à imposer sa marque. De George Delerue à Maurice Jarre, nombreux sont les compositeurs français dont le talent a été reconnu internationalement. Certains d’entre eux ont même travaillé à Hong Kong !

La musique, le point faible du cinéma de Hong Kong ?
Bien que son impact sur des images ne soit plus à démontrer, la musique occupe une place ambiguë dans le cinéma de Hong Kong. Durant les années 1950, les films d’opéra faisaient partie des genres les plus populaires pour le public de la colonie. La comédie musicale demeura un des genres les plus appréciés des spectateurs de Hong Kong durant la décennie suivante. Mais elle prit des formes différentes. Du côté du cinéma en mandarin, ce furent les Huangmei Diao, des comédies musicales situés dans la Chine ancienne mélangeant musique traditionnelle et arrangements pop, qui dominèrent. Pour le cinéma en cantonais, ce furent des numéros pop dans un Hong Kong moderne qui apparurent régulièrement dans les productions, souvent basés sur des succès étrangers. Dans les deux cas, les musiques françaises étaient foncièrement absentes.

Mais les années 1970 changèrent drastiquement les choses. La comédie musicale disparut des écrans de la ville et les musiques originales furent systématiquement maltraitées par les producteurs. Ces derniers cherchèrent en effet à faire des économies en piochant dans des bandes originales existantes ou les standards du moment pour créer de toute pièce la musique de leurs films. Si ce furent surtout les influences américaines qui dominèrent, la musique française fut également mise à contribution. Ce fut tout particulièrement le cas de la musique électronique et de la disco. Ainsi, dans Snake in the Eagle’s Shadow, le film qui fit de Jackie Chan une star majeure, on peut entendre des chansons du groupe Space (fondé par Didier Marouani) et des morceaux de Jean-Michel Jarre ! Cette tendance à emprunter dans le répertoire musical français s’amenuisa durant les décennies suivantes mais on en trouvera quelques survivances à certains moments. Ainsi dans le Wu Xia déjanté Flying Dagger que Chu Yen Ping réalisa en 1993, une séquence comique est mise en musique avec des bouts de la bande originale de Banzai composée par Vladimir Cosma. Plutôt adapté vu que le film de Claude Zidi se déroulait en partie à Hong Kong !

Quand le cinéma de Hong Kong connut son âge d’or, durant les années 1980 et jusqu’au milieu des années 1990, l’industrie corrigea en grande partie le tir en faisant appel à des compositeurs talentueux comme James Wong ou Michael Lai. Mais les conditions de production de l’époque ne leur facilitaient pas la tâche. Obligés de travailler à l’économie avec des délais extrêmement courts, les compositeurs hongkongais firent des miracles mais durent quasi-systématiquement jouer sur des synthétiseurs. Ce recours à l’instrument a apposé une forte identité sonore aux films de Hong Kong de cette période et a parfois valu des railleries de la part des spectateurs habitués aux amples compositions orchestrales privilégiées par Hollywood.

Xavier Jamaux et Johnnie To, l’élégance du film noir
La crise que connut le cinéma de Hong Kong à partir de la seconde moitié des années 1990 obligea l’industrie cinématographique hongkongaise à se remettre en question. Certains cinéastes comprirent que la musique avait été trop souvent traitée comme la cinquième roue du carrosse et qu'il y avait une large marge de progression. Un des cinéastes les plus sensibles à cet aspect fut Johnny To. Le réalisateur/producteur qui, jusqu’ici était passé d’un compositeur à un autre tout au long de sa fructueuse carrière, fut réceptif aux retours négatifs sur la qualité des compositions de ses films et décida de faire appel à Xavier Jamaux pour les besoins de son Mad Detective.

D’une formation de batteur, le compositeur français participa à plusieurs groupes pop durant ses jeunes années et œuvra également dans la musique électronique, tendance électro-soul. Son style éclectique l’amena à travailler pour le réalisateur Jean-Pierre Limosin sur sa co-production franco-japonaise Tokyo Eyes. Quand Johnnie To chercha à faire monter ses films en gamme, il s’orienta vers la France et fut mis en contact avec Xavier Jamaux. La collaboration sera un succès et s’étendra sur dix ans et huit films. Le compositeur français signera des bandes originales aux styles variés, toujours en phase avec les différents films concernés. Il apporta une richesse texturale à la noirceur et au cynisme inhérent à la plupart des productions de la Milkyway Image. Le sommet de leur collaboration fut probablement Sparrow où les nombreux clins d’œil aux comédies musicales de Jacques Demy s’harmonisaient à la perfection à la partition ludique et décontractée du compositeur français.

Alexandre Desplat, co-production et internationalisation
La mise en place des accords de co-production avec la Chine continentale en 2004 donna un coup de fouet à une industrie hongkongaise alors en sérieuse difficulté. Le dynamisme croissant du marché continental et une relative politique d’ouverture des autorités chinoises attira également les équipes de tournages du monde entier. C’est dans ce contexte que le réalisateur Ang Lee entreprit d’adapter un récit de la célèbre écrivaine Eileen Chang, Lust, Caution.

Pour cette ambitieuse co-production entre la Chine, les États-Unis, Taiwan et Hong Kong, le réalisateur fit appel à Alexandre Desplat. Aujourd’hui solidement établi à Hollywood, Desplat était alors une étoile montante de la musique de film. Sa participation illustre à quel point ce projet prestigieux était ouvert à tous les talents impliqués. Connu pour son approche cérébrale de la musique de film, le compositeur s’attacha à refléter les sentiments complexes des personnages avec l’élégance et la subtilité qui le caractérisent. Le choix d’un orchestre symphonique et d’une composition classique fait écho à l’approche hollywoodienne ultra mélodique de la grande époque (pensons à John Williams) et achève de faire du film d’Ang Lee un classique. Grâce à leurs budgets conséquents, les co-productions entre la Chine et Hong Kong font maintenant régulièrement appel à des compositeurs étrangers, une tendance à laquelle Alexandre Desplat avait donc été à la pointe.

Nicolas Errèra et Benny Chan, la French Touch au service de l’action hongkongaise
Un autre réalisateur à avoir été sensible aux charmes de la musique made in France est Benny Chan. Connu pour ses films d’action à grand spectacle capables de rivaliser avec les blockbusters Hollywoodien, Benny Chan trouva son âme sœur musicale en 2008 en la personne de Nicolas Errèra.

Diplômé de l'Ecole Normale de Musique de Paris, Nicolas Errèra se fit surtout connaître par sa participation à « la French Touch », mouvement des années 90 de musique électronique français, ayant cofondé avec le trublion Ariel Wizman le Grand Popo Football Club. Grand cinéphile, il s’orienta naturellement vers la composition pour le cinéma et proposa de sa propre initiative à travailler pour des cinéastes hongkongais. Son travail séduisit Benny Chan qui l’engagea pour son remake du film américain Connected. De par la tendance polar urbain d’action propre au réalisateur, Nicolas Errèra a surtout composé des partitions dans les sillons de celles imposées depuis près d’une décennie par Hans Zimmer et ses associés, des musiques rythmées et percussives, mais tout en ne perdant pas de vue les émotions liées au récit. Son travail le plus impressionnant pour le cinéaste hongkongais se trouve sur son Shaolin où il parvint à allier, avec harmonie, sonorités et philosophie chinoise tout en conservant une composition orchestrale sophistiquée et mélodique.


Andy Lau dans Shaolin, 2011, de Benny Chan

Des situations de crise naissent des opportunités. Et c’est quand le cinéma de Hong Kong se retrouva en difficultés que des synergies ambitieuses entre industries cinématographiques de la ville et monde musical français se mirent en place. Cette alliance de talents permit d’élever les nombreux films sur lesquels elles eurent lieu à un niveau qualitatif supérieur. On ne peut donc qu’espérer que cette dynamique continuera dans les années à venir !

 

法國樂壇璀璨四射,長年保持著火熱。而法國電影的配樂亦早已留下難以磨滅的印記。眾多法國配樂人,例如 George Delerue、Maurice Jarre,均已在國際闖出名堂,其中有幾位甚至曾經在香港工作!話說回頭,配樂到底算不算是香港電影的弱項?

雖然配樂對香港電影作品的影響無容置疑,但其在電影的地位確實比較模糊。1950 年代,粵劇歌唱片大行其道,成為最熱門的片種之一。之後的十年,音樂劇片仍然深受觀眾喜愛,但漸漸已經兵分兩路。國語歌唱片以黃梅調為主,這種古裝戲曲的特點是揉合了中國傳統音樂與流行樂編曲。至於粵語音樂劇片,一般是由外國大熱作品改編而成的時裝流行劇。但無論是粵語片或國語片,均未有法國音樂介入的痕跡。

直至1970年代,就在音樂劇片從香港大銀幕消失,原創音樂普遍不受製作人重視之際,法國音樂才有機會走進香港影壇。事實上,當時的製作人為節省成本,會嘗試沿用現成樂曲或當時的經典樂曲來為電影製作全新的配樂(主要採用美國音樂,但有時也會選用法國音樂),特別是遇到需要電子音樂或的士高音樂的時候。例如,在成龍的成名作《蛇形刁手》裏,我們會聽到「Space」樂隊(由Didier Marouani創立)的歌曲以及 Jean-Michel Jarre 的作品!之後的幾十年,借用法國作品的趨勢有所下降,然而法製音樂仍然有零星的踪迹。例如,在朱延平於 1993 年執導的武俠喜劇《神經刀與飛天貓》裏,某個搞笑片段的配樂就採用了由 Vladimir Cosma 為《萬歲》(法文名:Banzai)創作的幾首作品,而且經過相當程度的改編,因為原作(由 Claude Zidi 執導)有一部分是在香港拍攝!


Affiche française du film Sparrow, 2008, Johnnie To

直至 1980 到 90 年代中期,即香港影壇的黃金時代,黃霑、黎小田等有才華的作曲家冒起,借用外國作品的情況大為減少。然而,當時的創作條件甚為嚴苛。配樂人必需以有限的預算,並在極短時間內完成工作(儘管不時能熬出佳作),而且作品幾乎都是電子合成音樂。這項音樂特色成為了當時期香港電影的一項標誌;聽慣荷李活大型管弦樂配樂的影迷,甚至會取笑這些音樂是「港產片音色」。

Xavier Jamaux 與杜琪峯 —— 黑色電影美學
踏入九十年代後期,香港影壇遭遇危機,陷入迷失與自我懷疑。有些電影業者意識到,以往他們太過理所當然地認為電影的配樂無足輕重,但其實大有改進的餘地。杜琪峯正是其中一位對這方面最為敏銳的電影人。身兼導演及製作人的他,認識不少配樂人。杜Sir 當年已經享負盛名,他接納外界對其作品配樂質素的批評,並決定邀請 Xavier Jamaux 為《神探》助陣。

這位法國作曲人在早年學習打鼓時曾經加入幾個流行樂團,亦製作過電子音樂(Electro-soul類型)。他不拘一格的風格得到導演 Jean-Pierre Limosin 的賞識,更獲邀為法日合拍電影《東京之眼》(Tokyo Eyes)製作配樂。當時,杜Sir為求提升作品的水平,將目光移到法國,此時有人向他推薦 Xavier Jamaux。此後,二人更不經不覺合作超過十年,共製作出八部作品。Xavier Jamaux 的配樂作品風格迥然多變,然而始終能貼合電影的內容情節;銀河映像旗下大多數作品素來有黑暗及玩世不恭的味道,而他的配樂更進一步為電影增添了豐富的層次感。《文雀》或許是二人的巔峰之作。片中的配樂多處流露出向積葵丹美(Jacques Demy)的音樂劇電影致敬的痕跡,但又與 Xavier Jamaux 的俏皮及輕鬆曲風結合得天衣無縫。

Alexandre Desplat —— 共同製作,邁向國際
2004 年,中國內地與香港簽訂更緊密經濟合作安排協議,為當時陷入嚴重困難的香港電影業帶來轉機。大陸市場迅速增長的活力以及中國政府相對以前的開放,亦吸引到世界各地的電影人員前來試水。於是,導演李安率先開拍改篇自張愛玲小說的電影《色,戒》。

在這部集合中美港台四地人員的鉅作裏,李安起用了現時已經馳名於荷李活,但當時仍是新秀的 Alexandre Desplat 負責配樂,反映了這部大製作用人唯才的開放態度。Alexandre Desplat 以其理論派的配樂風格而聞名,在《色,戒》中,他以優雅及微妙的方式突出人物的細膩情感。李安選擇了交響樂團及古典曲風,令人不禁想起荷李活經典時期的著名旋律(例如約翰威廉士的無數作品)。《色,戒》亦一如所料,成為一代經典。中港合拍的電影作品一般有充足預算,經常會邀請國際級配樂師來助陣,Alexandre Desplat 亦借勢快速冒起。

Nicolas Errèra 與陳木勝 —— 法式音樂風格點綴港式動作電影
陳木勝導演是另一位明白法國音樂魅力的知音,他的動作片素以大場面聞名,足以媲美荷李活猛片。他在2008年邂逅了自己的最佳配樂拍擋Nicolas Errèra。

Nicolas Erèra 畢業於巴黎音樂師範學院,最聞名的事跡是參與九十年代法國電子音樂運動「French Touch」,以及與鬼馬男星Ariel Wizman共同創立「le Grand Popo」足球會。身為發燒戲迷的Nicolas Erèra,涉足電影配樂是意料中事,後來甚至自薦與香港影壇合作;其作品引起陳木勝的賞識,獲聘請為《保持通話》(由美國電影《保持通話》(Cellular)改編)配樂。為了切合導演對這部動作片的都市與驚悚兩種元素的追求Nicolas Errèra不惜走到配樂大師Hans Zimmer及其他工作人員十年前為原作所挖的坑裏,最後創作出節奏強烈但又不會偏離故事氣氛的敲擊音樂。Nicolas Errèra最令香港影壇印象深刻的作品是《新少林寺》,其精緻、旋律動聽的管弦樂曲風中,竟能將和聲與中國哲學徹底融合。

正所謂絕處逢生,有危就有機。如非香港電影走進困局,香港電影業就沒有機會與法國音樂界結下動人的情緣。各地人才匯萃,得以令電影作品的素質提升,達到前所未有的水平。但願這股力爭上游的動力今後能夠繼續保持!

 
 

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