Portrait 人物誌

Texte : David Cordina, photo @ Mark O’Neill, Joint Publishing (HK)

 
  Mark O’Neill, en quête d’altruisme
Mark O’Neill ―― 尋索大無私的精神
 
 

Mark O’Neill est un homme surprenant. Quand il m’accueille à la station Mei Foo, sur Kowloon, il me guide dans ce quartier dont il connaît parfaitement l’histoire, s’y étant installé, il y a de nombreuses années. S’exprimant dans un français parfait, il m’indique, sur le chemin du café vers lequel nous nous dirigeons, les particularités, l’histoire, les origines des différentes populations qui nous entourent dans son quartier.

En quelques phrases, je mesure la curiosité, le puits de connaissances et le goût prononcé de ce fringant septuagénaire curieux de toutes les communautés qui ont construit les grandes villes asiatiques dans lesquelles il a vécu durant sa carrière de journaliste international.

Né à Londres, d’une famille originaire d’Irlande du Nord, Mark O’Neill a fait ses études au Marlborough College et au New College d'Oxford. Le début de sa vie professionnelle s’est partagée entre les Etats-Unis et l’Irlande du Nord avant que l'Asie ne devienne la grande aventure de sa vie.

Mark O'Neill a passé toute sa carrière sur ce continent (surtout en Chine, entre Pékin, Shanghai, Hong Kong et Taipei, mais aussi en Inde avec New Delhi et également au Japon).

Comme pour beaucoup d’occidentaux, Hong Kong est sa première destination asiatique. Il s'y installe pour la première fois en 1978. Ayant obtenu un poste pour la radio locale, il y vit durant deux ans et demi des expériences enrichissantes qui lui permettent de mieux comprendre le monde chinois et de progresser dans son métier. « Lors de mon premier séjour, Hong Kong était encore une colonie et il était intéressant de voir comment la société fonctionnait dans la ville, me dit-il, et il était facile de mesurer les distinctions, les hiérarchies et les tensions sociales entre les hongkongais et les occidentaux. »

Après une longue carrière, il revient séjourner à Hong Kong, la ville de son épouse, où il se consacre à son écriture. Il délaisse les sujets économiques et financiers que l’actualité lui ordonnait de couvrir. Il choisit alors de raconter l’existence exemplaire de figures historiques hors du commun, qui, le plus souvent, ont vécu dans la période chinoise de prédilection de Mark O'Neill, à savoir la transition du XIXe siècle de la dynastie Qing à l'avènement de la première République chinoise.

En effet, Mark O'Neill a toujours témoigné d’un goût prononcé pour les langues et les cultures. Il parle quatre langues et garde un souvenir ému de son apprentissage du mandarin à Taïwan qui dura deux ans et demi : c'est d'ailleurs là qu'il fait connaissance pour la première fois avec la vie et l'œuvre du docteur Hu Shih, objet de son dernier ouvrage. A cette occasion, il donne une conférence sur Hu Shih, à l’Alliance Française de Hong Kong en octobre 2022.

L’attrait pour les personnes illustres qui ont marqué sa propre vie ou la Grande Histoire constitue le point commun de ses douze ouvrages dans lesquels il cherche à rendre hommage à des héros inspirants qui ont fait preuve d’un altruisme extraordinaire. Prenons trois exemples : Maître Dharma Cheng Yen, son grand-père, Frédéric O'Neill et le docteur Hu Shih.


Tzu Chi : serving with compassion, Mark O’Neill, édition Wiley 2010

La fondation Tzu Chi
Son premier ouvrage se consacre à la vie de la nonne, Maître Dharma Cheng Yen, fondatrice de la fondation Tzu Chi. Suite à la demande d'un collègue qui, dans l’impossibilité d’honorer la commande, lui confie le projet, Mark O'Neill part en long reportage. La rencontre avec cette personne exceptionnelle, le séjour dans ces communautés et l’engagement pour la fondation le marquent profondément. Plusieurs années plus tard, il aide toujours l’organisation pour des écrits ou traductions.

La fondation taïwanaise bouddhiste Tzu Chi (Buddhist Compassion Relief Tzu Chi Foundation) a été créée en 1966 par la nonne, Maître Dharma Cheng Yen à Hualien, dans l'est de Taïwan. Cette éminente nonne a reçu au fil des années de nombreuses récompenses pour son action auprès des déshérités. La fondation est la plus grande organisation non gouvernementale du monde de langue chinoise, avec 10 millions de bénévoles dans 50 pays et 502 bureaux dans le monde. Elle a construit six hôpitaux à Taïwan, a constitué la première banque de moelle osseuse en Asie, a fondé des écoles, des académies et deux universités à Taïwan et à l'étranger.

Le livre de Mark O'Neill décrit la vie de Maître Dharma Cheng Yen et l’essor de la fondation. Un autre de ses livres a marqué son lectorat et tient une place importante à la fois dans sa bibliographie mais également dans le récit familial O'Neill. Cette figure paternelle semble donner beaucoup de clés pour comprendre l’écriture et la vie de Mark O'Neill.

Frederick, la vie de mon grand-père missionnaire en Mandchourie.
Frederick O'Neill, missionnaire presbytérien irlandais, a vécu pendant quarante-cinq ans à Faku, petite ville de Mandchourie, au nord-est de la Chine. De 1897 jusqu'à son expulsion par l'armée japonaise en 1942, il a été témoin des événements extraordinaires qui ont secoué la Chine de cette époque; la rébellion des Boxers, la grande peste, le renversement de la dynastie Qing et l'invasion japonaise de la Mandchourie.

Il a également servi avec le China Labour Corps (CLC) en France durant la Première Guerre mondiale. De son éducation aisée en Irlande du Nord au choc culturel qu'il vécut à son arrivée en Mandchourie, Mark O'Neill rend hommage à l'héritage de son grand-père qui reçut la médaille Wen-Hu pour son travail avec le CTC durant la guerre. Traduit en chinois traditionnel et simplifié, le livre raconte le récit extraordinaire d'un homme dans un chapitre largement oublié de l'histoire.


Le douzième ouvrage consacré à Hu Shih, édition Joint Publishing (HK), 2022

Douzième et dernier ouvrage : Le docteur Hu Shih, le pionnier de la langue chinoise moderne
Selon MarK O'Neill, l’héritage de cet intellectuel (Hu Shih, 胡適 1891-1962) n’est pas assez connu du grand public alors que son action dans le domaine linguistique et son parcours politique ont été déterminants pour la modernisation de la Chine. Membre du mouvement du 4 mai, il est l’auteur d’un manifeste retentissant publié dans la revue Nouvelle Jeunesse en janvier 1917. L’introduction de la langue vernaculaire comme standard de la langue écrite chinoise a été une révolution, donnant la possibilité à des millions de locuteurs de rentrer dans le monde de la langue écrite qui, jusqu’à alors, restait une langue classique et littéraire difficile d’accès.

L’opportunité d’étudier aux États-Unis, où il voyage très souvent au point qu’il y passe presque un tiers de son existence, lui offre une ouverture d’esprit et une sensibilité à des nombreuses influences étrangères, occidentales avec John Dewey, ou Bertrand Russell, également indienne : Rabindranath Tagore sera l’un de ses correspondants et invités à l’université de Pékin, où il est professeur, doyen de la faculté des arts et même président en 1946.

Son parcours politique est complexe, comme le contexte de l’époque en Chine. Libre, indépendant, attaché à la liberté, à la science et à la modernité, il deviendra un des premiers ambassadeurs de la République de Chine durant la deuxième guerre mondiale. En 1949, il immigre, de nouveau, en Amérique, puis retourne à Taiwan pour occuper un poste de doyen de l'Academia Sinica. Durant toute sa vie, Hu Shih fut un universitaire curieux des autres cherchant à donner à son pays la modernisation qu’il mérite.

Les ouvrages de Mark O'neill sont accessibles dans les librairies et maisons d’édition Joint Publishing (HK) et Commercial Press. Huit ouvrages sont traduits en chinois traditionnel et simplifié.

 


Mark O'Neill

訪問當日,我先與 Mark O'Neill 在美孚站會合,之後由他帶我走入區內的橫街窄巷。在美孚生活多年的他,對這地的歷史瞭如指掌。前往咖啡室的途中,O'Neill 以完美的法語向我提到他在美孚遇過的不同群體,講解他們的特點、歷史、起源。

就是這樣,在我們到達目的地品嚐咖啡之前,我已經見識到這位爽朗健談、已屆古稀之年的文人雅士的旺盛好奇心、豐富的知識、鮮明的興趣。原來他在擔任國際記者的職業生涯裏,已對亞洲大城市的所有主要社區蘊釀起濃厚的興趣。
Mark O'Neill 出生於倫敦,家族源自北愛爾蘭,年少時求學於Marlborough College 以及牛津大學新學院。O'Neill 在事業剛起步時就已經頻頻穿梭於美國及北愛爾蘭之間,之後更開展他的亞洲大冒險,在此度過整個事業生涯(尤其是在中國),來回於北京、上海、香港、台北之間;他亦曾在印度新德里以及日本駐足。

O'Neill 與許多西方人一樣,以香港為其亞洲之旅的第一站,在1978年初到香港後,先在電台工作兩年半,從中汲取的寶貴經驗,成為他日後理解華人的世界並在的事業上穩步前進的基礎。O'Neill憶述道:「我初抵達時,香港還個殖民地。我覺得當時香港社會運作的方式很有意思,而且香港人與西方人之間的分野、地位階級、社會張力甚為明顯,並不難察覺。」

經過一段漫長的事業階段後,他再次回到他妻子的家鄉――香港,並拋開他專長的經濟及金融類新聞工作,專心從事寫作。他決定要以不平凡歷史人物的不平凡事跡為主題,而正好他們大部分活在Mark O'Neill最喜愛的中國時期,即清朝十九世紀至第一共和國(中華民國)的過渡期。

事實上,O'Neill 對語言及文化一直深有興趣,能通四種語言。他覺得在台灣學習國語的兩年半裏充滿美妙的回憶。正是這段歲月使他有機會了解胡適的一生及其著作。他的最新著作亦是以胡適為主題,為此他更於2022年10月在香港法國文化協會擔任會議講者。

O'Neill所著的十二本書有個共同點,就是著墨於偉人之所以能奠定非凡人生或創造偉大歷史所憑藉的魅力;他要向那些鼓舞人心、表現出偉大利他精神的英雄致敬。以下有三例:證嚴法師、O'Neill的祖父Frederick、胡適。

滿洲傳教士Frederick――我祖父的生平。
O'Neill 的第一本書是慈濟基金會創辦人證嚴法師的傳記。著書的原因是 O'Neill 的同事無法履行委託,於是請求接手,最後由 O'Neill寫成洋洋灑灑的數百頁。與證嚴法師這位非凡人物的會面、在台灣各地的居留經歷,以及慈濟基金會關懷濟世的善舉,都深深打動了O'Neill。著書後的數年,他仍有幫助慈濟寫文章或翻譯。

佛教慈濟基金會是由證嚴法師於1966年在台灣花蓮創辦。證嚴法師因為多年來關懷弱勢社群的工作獲得無數獎項。慈濟基金會是全球最大的華語地區非政府組織,在50個國家有一千萬名義工,在世界各地設有共502個辦事處;在台灣興建了六間醫院;建立了亞洲第一個骨髓庫;在台灣及國外創辦多間學校、學院以及兩間大學。

O'Neill的書記述了法師的生平,以及激勵了全球成千上萬人的基金會創辦經過。之後的這本書是O'Neill的成名作,而且堪稱是其重要作品,並對其家族別具意義。這位長輩級人物的事跡似乎甚能幫助讀者理解O'Neill的寫作風格以及人生經歷。


Frederick, the Life of My Missionary Grandfather in Manchuria, Mark O’Neill, édition Joint Publishing (HK), 2012

慈濟基金會
愛爾蘭長老會傳教士Frederick O'Neill在中國東北的滿洲小鎮法庫生活了45年。由1897年起,至1942年被日軍驅逐,Frederick目睹當時震撼中國的多件大事――義和團之亂、大瘟疫、滿清被推翻、日本入侵滿洲。

他更在第一次世界大戰時在法國參加中國勞工旅。在北愛爾蘭富裕家庭成長的Mark O'Neill,抵達滿洲時亦遭遇文化衝擊,他要向在戰爭期間參加勞工旅並獲得文虎章的祖父致敬。在浩瀚史冊中幾乎被遺忘的小篇章裏的這個人,他身上所發生過的不尋常事跡,都記載在這本書裏(已有繁體及簡體中文譯本)。

第十三部作品(新作):胡適――現代漢語先驅
據 Mark O'Neill 所述,一代鴻儒胡適(1891–1962年)雖然在語言領域推動革新以及在政治上推動中國現代化均有舉足輕重的影響,但大眾對他的一生卻並非十分了解。胡適是五四運動的成員,他於1917年1月在《新青年》雜誌發表一份轟動全國的宣言,推動當時改以白話文為標準中文書面語。這場革命使數以百萬中國人得以擺脫當時門檻甚高的古典及文學體――文言,改為學習較容易的白話文體。

胡適在美國求學時經常旅行,以至於在美國渡過將近三分之一的人生。留學的經歷使他的思想開放,並接收許多外國的影響,有西方杜威(John Dewey)、羅素(Bertrand Russell),亦有印度的泰戈爾(Rabindranath Tagore)。泰戈爾與胡適有書信來往,更曾獲他邀請至北京大學(胡適曾在北大任職教授、文學院院長,1946年更任校長)。

胡適的政治生涯則如中國的局勢一樣複雜。個性自由、獨立的胡適,主張中國要推行自由、科學、現代化。二次大戰期間,他擔任中華民國最早期的大使之一。1949年,他再次移居美國,然後返回台灣擔任中央研究院院長。胡適是一生都在探索他國的學者,而且一生致力為本國爭取應有的現代化。

Mark O'Neill 的作品於 Parenthèses 書店有售,並於[法國文化協會多媒體圖書館提供參考]。著作均由三聯書店出版。有八部作品已翻譯成繁體及簡體中文。

 
 

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